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Citations sur Ecoute le chant du vent (suivi de) Flipper, 1973 (88)

Elles ôtèrent leur sweat en silence, les échangèrent, et les enfilèrent de nouveau.

- Je suis 208, dit 209.
- Et moi 209, dit 208.

Je poussai un soupir.

Pourtant, dans les moments où il me fallait absolument différencier les jumelles, j'étais forcé de m'appuyer sur ces numéros, car je n'avais à ma disposition aucune autre méthode.
En dehors de ces sweats, les jeunes filles n'avaient pour ainsi dire pas de vêtements. Comme si, au cours d'une promenade, elles avaient soudain décidé de s'introduire chez quelqu'un et de s'y installer. Ce qui, en fait, n'était guère éloigné de la réalité. Au début de la semaine, je leur donnais toujours un peu d'argent pour qu'elles puissent s'acheter ce dont elles avaient besoin, mais en dehors de leurs repas, elles ne s'offraient qu'une boîte de biscuits à la crème au café de temps en temps.

- Ça ne vous gêne pas, de ne pas avoir d'habits ? leur demandai-je.
- Pas du tout, répondit 208.
- Les vêtements, ça ne nous intéresse pas vraiment, dit 209.

Une fois par semaine, toutes deux lavaient amoureusement leur sweat dans l'eau du bain. Lorsqu'il m'arrivait de lever les yeux depuis mon lit, où je lisais la Critique de la raison pure, je voyais les jumelles nues, l'une à côté de l'autre, occupées à leur lessive sur le carrelage de la salle de bain. À de pareils instants, j'éprouvais pleinement la sensation d'être parti très loin. Je ne sais pas pourquoi. Depuis que j'avais perdu une couronne sous le plongeoir de la piscine, l'été dernier, j'avais cette impression de temps à autre. Quand je rentrais chez moi après le travail, j'apercevais fréquemment ces sweats et leurs numéros 208 et 209, mis à sécher aux fenêtres exposées au sud. Ces moments- là me faisaient monter les larmes aux yeux.

Extrait de la nouvelle : Flipper, 1973.
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Il y a des jours où certaines choses s’emparent de nous. Des petits riens, des choses sans importance. Un bouton de rose, un chapeau égaré, un pull qu’on aimait, enfant, un vieux disque de Gene Pitney… On pourrait dresser une liste impressionnante de toutes ces choses modestes qui n’ont plus nulle part où aller. Elles errent en nous durant deux ou trois jours puis retournent d’où elles sont venues… dans les ténèbres. Nous creusons toujours des puits dans notre esprit. Et, au-dessus de ces puits, vont et viennent des oiseaux.
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"Comme l'a dit Tennessee Williams, le passé et le présent sont tels qu'ils sont. Avec le futur, il existe un "peut-être"."
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"Avec les bonnes questions, il n'y a jamais de réponses."
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"Toutes les choses finissent un jour. Personne ne peut les retenir. C'est ainsi que nous vivons."
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Il y eut un léger tremblement dans l'atmosphère, le vent se mit à rire.
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J’ai toujours quelque part sur une étagère le disque avec « California Girls ». Chaque été, je le ressors et je l’écoute encore et encore. Et je bois de la bière en songeant à la Californie.
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Comparé à la complexité de l'univers, disait Hartfield, notre monde est semblable à la cervelle d'un ver de terre.
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C'était une époque où subsistaient des " interstices " par lesquels on pouvait encore se glisser dans le corps du monde.
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Comme à mon habitude, je poussai avec le dos la lourde porte du J’s Bar puis respirai bien à fond l’air frais de l’espace climatisé. Dans le café stagnaient des odeurs diverses qui se superposaient distinctement, comme dans un gâteau fourré : cigarettes, whisky, pommes frites, aisselles, égout.
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