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Philippe Jaccottet (Traducteur)Adolf Frisé (Éditeur scientifique)
EAN : 9782020134002
232 pages
Seuil (03/10/1991)
3.73/5   11 notes
Résumé :

« Rien de ce qu'a écrit cet auteur n'est insignifiant. Musil sait en effet que chaque ligne produite fait irrémédiablement partie intégrante de son projet, parce que chaque mot est une partie de lui-même, un indivisible petit morceau qui vient s'ajouter aux autres. » - Laurent Lemire, La Croix - « Il est difficile d'accepter que L'Homme sans qualités n'ait que deux volumes et que l'oeuvre entière de Musil... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Il y a plusieurs années, j'ai lu "L'homme sans qualités" de Robert Musil et me suis alors trouvé en Europe centrale au début du XXe siècle en face d'une oeuvre immense que Thomas Mann a comparé à La recherche du temps perdu ou à l'Ulysse de Joyce au titre des romans "fondateurs" du siècle dernier.

C'est donc avec un préjugé favorable que j'ai entrepris la lecture de Proses éparses. Alors que notre monde vit actuellement une période de réflexion sur l'organisation à venir de la société, je pensais en effet y retrouver un climat comparable à celui qui a prévalu après la Première Guerre mondiale et à la grippe espagnole et opérer ainsi, grâce à Musil, un rapprochement éclairant.

Mais non. J'ai trouvé un écrivain éclectique, touchant au sport (tennis, crawl), écrivant à une inconnue, rapportant des anecdotes de voyage ou des séances au palais de justice, faisant des considérations sur la fin de la guerre ou des élucubrations sur la forme de notre planète et le nom des rues. On ressent cependant à travers cette collection d'articles hétéroclites combien la guerre, notamment l'évacuation des blessés, a marqué cet ingénieur-écrivain et à quel point l'avenir l'inquiétait.

le recueil est assez déroutant parce que les textes choisis, bien qu'ils aient été publiés dans des journaux de Berlin ou de Vienne dans les années vingt, donnent l'impression d'une forme inachevée où les points de suspension abondent. Mais il procure également la sensation d'avoir affaire à un formidable écrivain observateur, cynique, désabusé et inquiet.

Finalement, le remède que je cherchais pour alléger la pesanteur du confinement ne se trouve pas dans ce recueil. En revanche et en compensation, j'y ai trouvé une belle série de réflexions sur la société future, hypothétique et potentielle, et sur son "aristocratie intellectuelle".
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
pêcheurs de la mer Baltique


Sur la plage, ils ont creusé de leurs mains un petit abreuvoir, et on y a versé les gros vers de terre d'un sac de terre noire ; la terre noire meuble et les vers donnent la nausée, laideur incertaine et attirante dans le sable nu. Un tiroir en bois très soigné est placé à côté. Il ressemble à un long tiroir ou à une planche à compter, pas très large, et est plein de fil soigné ; et de l'autre côté du chariot une autre arche semblable, mais vide, est placée.

Les cent crochets attachés au fil d'une arche sont soigneusement enfilés sur une petite tige de fer à l'extrémité, et sont maintenant retirés un par un et déposés dans l'arche vide, dont l'extrémité est remplie uniquement de sable propre et humide. Un travail très correct. Entre-temps, cependant, quatre mains longues, maigres et fortes veillent aussi soigneusement que des infirmières à ce qu'un ver se coince à chaque hameçon.

Les hommes qui font cela s'accroupissent à genoux et talons par deux sur le sable, avec des dos osseux puissants, de longs visages bienveillants et une pipe à la bouche, et ils échangent des mots incompréhensibles qui sortent d'eux aussi doucement que les mouvements des leurs. Mains. On prend un gros ver de terre avec deux doigts, on apporte les mêmes deux doigts avec l'autre main et on le déchire en trois morceaux, aussi tranquillement et précisément qu'un cordonnier casse un morceau de papier après avoir mesuré ; l'autre glisse alors doucement et soigneusement ces pièces de tronçonnage sur le crochet. Lorsque cela est arrivé aux vers, ils sont rafraîchis avec de l'eau et placés dans le tiroir avec le sable doux dans de petits lits délicats les uns à côté des autres, où ils peuvent mourir sans perdre immédiatement leur fraîcheur.

C'est une action tranquille et délicate, avec les doigts grossiers du pêcheur marcher tranquillement comme sur la pointe des pieds. Tu dois être très prudent. Quand il fait beau, le ciel bleu foncé s'arque au-dessus de nos têtes et les mouettes volent au-dessus de la terre comme des hirondelles blanches.
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La naissance d'un style n'est pas pur mystère, le style est toujours produit par des suiveurs; quand ils courent assez loin pour ne plus voir les hommes de tête, ils deviennent des précurseurs.
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Mais la vérité ultime de la mode, c'est : je ne peux plus me voir.
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Nul besoin d'avoir vécu très longtemps pour se rappeler des expériences qu'on ne peut plus avoir.
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Videos de Robert Musil (5) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Robert Musil
Avec Rainer J. Hanshe, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico, Pierre Senges, Martin Rueff & Claude Mouchard
À l'occasion du dixième anniversaire de la maison d'édition new-yorkaise Contra Mundum Press, la revue Po&sie accueille Rainer Hanshe, directeur de Contra Mundum, Mary Shaw, Kari Hukkila, Carole Viers-Andronico & Pierre Senges. Rainer Hanshe et son équipe publient la revue Hyperion : on the Future of Aesthetics et, avec une imagination et une précision éditoriales exceptionnelles, des volumes écrits en anglais ou traduits en anglais (souvent en édition bilingue) de diverses langues, dont le français.
Parmi les auteurs publiés : Ghérasim Luca, Miklos Szentkuthy, Fernando Pessoa, L. A. Blanqui, Robert Kelly, Pier Paolo Pasolini, Federico Fellini, Robert Musil, Lorand Gaspar, Jean-Jacques Rousseau, Ahmad Shamlu, Jean-Luc Godard, Otto Dix, Pierre Senges, Charles Baudelaire, Joseph Kessel, Adonis et Pierre Joris, Le Marquis de Sade, Paul Celan, Marguerite Duras, Hans Henny Jahnn.
Sera en particulier abordée – par lectures et interrogations – l'oeuvre extraordinaire (et multilingue) de l'italien (poète, artiste visuel, critique, traducteur, « bibliste ») Emilio Villa (1914 – 2003).
À lire – La revue Hyperion : on the Future of Aesthetics, Contra Mundum Press. La revue Po&sie, éditions Belin.
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