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EAN : 9782881829017
156 pages
Editions Zoé (05/09/2013)
3.29/5   7 notes
Résumé :
Le jeune narrateur a douze ans lorsqu’il est enlevé à sa famille pour servir comme duwaydar au palais du gouverneur. Mais qu’est-ce qu’un duwaydar ? Sa question fait sourire.

C’est en partageant la chambre de son ami, le « beau duwaydar » qu’il va peu à peu comprendre ; la nuit, les femmes du palais viennent le rejoindre et l’étreindre. Alors, quand la très belle sœur du gouverneur le réclame à son tour, le jeune otage sent gronder en lui deux forces ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique

En préambule de ce roman, le traducteur offre au lecteur une préface excellente qui présente le Yemen des années quarante avec ses troubles sociaux. Ils sont à l'origine de la pratique d'enlèvements d'enfants-otages enfermés pour la plupart en forteresse et ordonnés par l'imam-roi Yahya pour s'assurer ainsi de l'obédience de leurs pères, leurs tribus et leurs villages.
Le récit se tient à la première personne. Les premières paroles de ce jeune garçon, emmené en otage, montrent une naïveté certaine face à ce qu'il lui arrive: il est à la fois émerveillé par les uniformes bleus de la garde privée de l'imam qui l'ont arraché des bras de sa mère et triste que sur les ordre de l'imam, le cheval de son père ait été également enlevé.
II se retrouve dans le palais du gouverneur, où on le confie au "beau duwaydar" qui le prend vite en amitié et lui offre de partager sa chambre. Il est heureux de trouver un compagnon qui lui fait découvrir le palais du gouverneur et lui présente des femmes de tout âge y résidant et auxquelles il offre ses services.
Peu après son installation, il réalise de quelle sorte de service il s'agit: un bruit, un prénom chuchoté, une femme qui entre dans la chambre, et rejoint le beau duwaydar dans son lit. le garçon comprend alors, que régulièrement la nuit, des femmes rejoignent le beau duwaydar dans son lit ou ailleurs: une prestations supplémentaire et tacite à laquelle le jeune conssent. Peu après le beau duwaydar le présente à sa maîtresse, Sharifa Hafsa, soeur fortunée du gouverneur. Une caresse sur la tête du nouveau venu, suffit à "effarer" le garçon. de son coté Sharifa fait en sorte qu'il passe à son service, rapidement il montre son efficacité. Mais un jour, pour une désobéissance, elle lui inflige un châtiment corporel bien malgré elle. Ces sentiments naissants sont-ils réciproques? Et surtout parviendront-ils à se jouer des barrières sociales qui les interdisent?
Dans ce climat lascif et doucereux, la mort va faire son entrée et semer le trouble au sein du palais.

Portée par des personnages symboliques, cette histoire plonge le lecteur dans une certaine déconvenue lui laissant un sentiment plutôt mitigé après lecture. L'écriture est belle, avec une touche d'occidentalisation, probablement dû au traducteur, qui ne dérange pas vraiment. Les évènements dans le Yémen des années quarante, sont évoqués plutôt en trame. Par ailleurs, les personnages chargés de symboles tel que le bel otage auraient mérités d'être plus étoffés.
Que dire du livre en son entier: l'historique et le culturel est intéressant, dérangeant aux yeux de certains probablement, et d'une certaine froideur, difficile à cerner.

Mijouet remercie Babelio et les organisateurs de masse critique, ainsi que la maison d'édition Zoé, établie depuis 1975 à Carouge, aux portes de Genève.
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A l'âge de douze ans, le narrateur du roman est enlevé à sa famille pour servir au palais du gouverneur comme duwaydar. Nous sommes dans les années quarante au Yémen, pays en proie à un début de révolution visant l'imam-roi Yaya
La traductrice du récit précise par une note de bas de page ce qu'est un duwaydar : « Un jeune garçon à l'esprit vif que les princes et les gouverneurs de l'imam employaient dans leurs palais».
Le narrateur partage la chambre d'un ami qui est nommé, tout au long du texte le « beau duwaydar ». Il découvre les moeurs, coutumes et usages du palais .Ainsi, la soeur du gouverneur, femme très séduisante et ravissante le poursuit-elle de ses assiduités et de ses avances : elle le tente par de multiples invites et l'embrasse avec fougue : « Elle a pris ma tête entre ses mains …et….elle a posé sur mes lèvres un baiser où j'ai goûté le nectar d'une reine abeille. J'ai eu le vertige et tout s'est mis à tourner autour de moi. » Pourtant, en soignant son ami, en proie à la maladie, et en ne parvenant pas à établir de liens égalitaires avec Sharifa Hafsa, nom de la soeur du gouverneur, le narrateur prend conscience de l'impasse dans laquelle il se trouve : il est otage, il est captif et découvre qu'il peut vivre libre. C'est ce qu'il décide à la fin du roman en s'évadant du palais à la faveur de la mort de l'imam-roi et d'un changement politique proche.
Ce roman est significatif à plus d'un titre : il est habité par l'érotisme, le culte du désir, de la liberté amoureuse ; il participe aussi d'un message plus politique et plus contemporain, celui des printemps arabes récents en décrivant l'oppression du régime de l'imanat en 1940, comme par une intuition prophétique.
Le roman se lit avec plaisir ; sa traduction bienvenue contribuera à faire connaître cette littérature moyen-orientale d'expression arabe.

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Si vous avez envie d'un dépaysement total, et d'une belle écriture, ce roman est fait pour vous. L'auteur nous met en immersion totale dans la société Yéménite des années 40 bien difficile à cerner pour nous occidentaux du 21ème siècle.

Telle ne fut pas ma surprise d'y découvrir que les femmes, même enfermée pouvaient exercer une véritable dictature sexuelle sur les hommes. C'est ce qui arrive à notre narrateur, qui se retrouve au service du gouverneur et qui tombe sous la domination quasi castratrice d'une femme pour laquelle il éprouvera des sentiments ambigus, et, contradictoires.

On en apprend finalement beaucoup sur cette organisation sociétale. A cet égard, l'éditeur a judicieusement ajouté une préface instructive.

Ce roman vaut pour son originalité, et l'éclairage qu'il donne à propos d'un pays fort méconnu, et à une société aux us et coutumes déstabilisantes. Il vaut également pour la sensualité qu'il dégage, la liberté amoureuse assumée étonnante dans ces contrées, et paradoxalement au désir de liberté légitime dont le jeune garçon est privé.


Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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il m'a été difficile d'apprécier vraiment ce roman ne connaissant pas bien l'histoire du Yemen.
Lien : http://www.lapetitechronique..
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
"Vous ne vous intéressez qu'à vous-même.
- Et à ceux que j'aime.
- Balivernes!
- Tu le nies?
- Oui.
- Tu insistes?".
Je ne lui ai pas répondu. Elle s'est contrôlée et m'a pris par la main jusque dans un coin de la cour où elle m'a fait asseoir à côté d'elle. Elle a dit sur le ton de la défaite et du désespoir:
"Je veux que tu me sauves!"
Je ne sais pas comment ces mots tristes ont percutés mes tympans. Sa voix montrait une faiblesse que je ne lui connaissais pas. J'ai cherché à la réconforter.
"Et qui va me sauver, moi, et sauver ce pays!?
- Je suis la maîtresse de mon troupeau et le palais a un maître qui le protège.
- Je n'ai pas compris!
- Ah bon!
- Non.
-Tu n'as pas lu les livres d'histoire?!
- Les livres d'histoire?! Non! Mais mon père en lisait."
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"Sharifa Hafsa me regardait tout installer depuis la porte de la salle à manger. Elle m'a appelé d'une voix si tendre que j'ai couru vers elle. Je suis resté planté devant la porte, incapable de sortir puisqu'elle y était appuyée. J'avais peur. Mon souffle frôlait son beau visage rond comme la lune. Pris de panique, mon cœur battait la chamade et ma bouche était sèche. Elle m'a murmuré, de sa voix enchanteresse, teintée de cet enrouement si cher à mon cœur, de m'approcher d'elle… Je me suis approché, un peu. Elle m'a demandé de m'approcher un peu plus… Et je me suis approché… Son souffle brûlait presque mon visage. Elle m'a ordonné de m'approcher plus près que je ne l'avais été de personne, pas même de ma mère. Elle a pris ma tête entre ses mains… et… elle a posé sur mes lèvres un baiser où j'ai goûté le nectar d'une reine abeille
J'ai eu le vertige et tout s'est mis à tourner autour de moi. Elle a dit pour justifier son acte: "Je ne pensais pas que tu avais si bon goût."
Quelque chose m'a frappé comme la foudre. J'ai répondu désemparé:
"C'est vous qui le dites"
Elle n'a pas répondu."
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