En préambule de ce roman, le traducteur offre au lecteur une préface excellente qui présente le Yemen des années quarante avec ses troubles sociaux. Ils sont à l'origine de la pratique d'enlèvements d'enfants-otages enfermés pour la plupart en forteresse et ordonnés par l'imam-roi Yahya pour s'assurer ainsi de l'obédience de leurs pères, leurs tribus et leurs villages.
Le récit se tient à la première personne. Les premières paroles de ce jeune garçon, emmené en otage, montrent une naïveté certaine face à ce qu'il lui arrive: il est à la fois émerveillé par les uniformes bleus de la garde privée de l'imam qui l'ont arraché des bras de sa mère et triste que sur les ordre de l'imam, le cheval de son père ait été également enlevé.
II se retrouve dans le palais du gouverneur, où on le confie au "beau duwaydar" qui le prend vite en amitié et lui offre de partager sa chambre. Il est heureux de trouver un compagnon qui lui fait découvrir le palais du gouverneur et lui présente des femmes de tout âge y résidant et auxquelles il offre ses services.
Peu après son installation, il réalise de quelle sorte de service il s'agit: un bruit, un prénom chuchoté, une femme qui entre dans la chambre, et rejoint le beau duwaydar dans son lit. le garçon comprend alors, que régulièrement la nuit, des femmes rejoignent le beau duwaydar dans son lit ou ailleurs: une prestations supplémentaire et tacite à laquelle le jeune conssent. Peu après le beau duwaydar le présente à sa maîtresse, Sharifa Hafsa, soeur fortunée du gouverneur. Une caresse sur la tête du nouveau venu, suffit à "effarer" le garçon. de son coté Sharifa fait en sorte qu'il passe à son service, rapidement il montre son efficacité. Mais un jour, pour une désobéissance, elle lui inflige un châtiment corporel bien malgré elle. Ces sentiments naissants sont-ils réciproques? Et surtout parviendront-ils à se jouer des barrières sociales qui les interdisent?
Dans ce climat lascif et doucereux, la mort va faire son entrée et semer le trouble au sein du palais.
Portée par des personnages symboliques, cette histoire plonge le lecteur dans une certaine déconvenue lui laissant un sentiment plutôt mitigé après lecture. L'écriture est belle, avec une touche d'occidentalisation, probablement dû au traducteur, qui ne dérange pas vraiment. Les évènements dans le Yémen des années quarante, sont évoqués plutôt en trame. Par ailleurs, les personnages chargés de symboles tel que
le bel otage auraient mérités d'être plus étoffés.
Que dire du livre en son entier: l'historique et le culturel est intéressant, dérangeant aux yeux de certains probablement, et d'une certaine froideur, difficile à cerner.
Mijouet remercie Babelio et les organisateurs de masse critique, ainsi que la maison d'édition Zoé, établie depuis 1975 à Carouge, aux portes de Genève.