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3,02

sur 1813 notes
Impression contrastée pour ce Goncourt de 2009. Les trois histoires qui le composent ne se répondent que par de faibles passerelles parfois anecdotiques. J'ai finalement préféré les plus courtes qui encadrent l'histoire centrale que j'ai trouvé plus lassante. La dernière histoire est très forte émotionnellement et fait en contrecoup pâlir un peu les deux autres, les rendant dérisoires malgré les drames présents dans chacune.

Le thème de la famille est plutôt bien abordé par Marie N'Diaye mais son style fait de longues phrases où l'on se perd est assez assommant. Il rend certes bien les errements internes de chaque narrateur mais a néanmoins tendance à tourner en rond, à se noyer dans les répétitions.

L'usage du contrepoint à la fin de chaque histoire est plutôt intéressante... mais pourquoi si chiche ? L'éclairage ainsi jeté donne un autre relief à certaines histoires mais bien trop court.

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Dès le début, ce roman déroute par son style : très littéraire, puis alambiqué, puis carrément ampoulé. Mais pourquoi ? Pour raconter ces trois histoires de femmes, certes pas inintéressantes mais franchement pas passionnantes. Rien de bien novateur, des complications pour rien, on s'y perd. Long, exagérément intello et précieux, ce livre a été un calvaire pour moi. Et une question : pourquoi le Goncourt ?
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Après des années sans nouvelles, Norah doit retourner en Afrique auprès de son père, monstre d'égoïsme et de cruauté...
Au bout du rouleau, Rudy Descas pense subir les griefs de sa femme Fanta dans les assauts d'une buse agressive qui le pourchasse...
A la mort de son mari, la jeune Khadi Demba est rejetée par sa belle-famille. Seule sur les chemins de l'errance, elle n'a plus que son nom auquel se raccrocher...

Trois histoires de femmes qui endurent avec la même détermination les mauvais coups que la vie leur inflige.
Trois récits qui peignent avec minutie le portrait de trois femmes africaines confrontées à l'amertume, la désillusion, l'humiliation ou la violence.
Bien campées dans le réel ou incarnée par le regard d'un tiers, les trois femmes de Marie Ndiaye ont en commun leur détermination farouche à préserver leur dignité, unique rempart pour tolérer l'ignominie.
En lentes circonvolutions et mots répétés comme autant de refrains lancinants, l'auteur sonde les consciences, révèle les blessures et exprime au plus juste les souffrances physiques et morales.
Prix Goncourt 2009.
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Trois histoires très décousues sur des femmes africaines, endurantes, passives mais résolument puissantes.

La plus explicite et étonnante histoire, celle de Norah, avocate à Paris revenu au pays retrouver son père qui a le besoin de témoigner, de soulager ses actes passés, son existence sans saveur.

Puis la plus longue, le destin de Fanta, dans les pensées de son mari Rudy ou nous serons en Gironde avec une écriture plus inconfortable, avec cet homme écrasé par la conscience de son échec devant ses rêves gâchés de bonheur avec Fanta.
Déchéance sociale et culturelle. Fanta n'apparaîtra pas dans ce récit, seulement dans les pensées de son mari et enfin la relation toxique qu'il vécu avec sa mère.

Et enfin nous partons en Afrique ou Khady Demba, femme recluse, littéralement effacée quand son mari meurt.
Sans enfant, sans famille, chassée de sa belle famille et envoyée en France chez la cousine Fanta.
Avec un trousseau réduit, peu d'argent suivra un passeur de migrants.
Blessée, désorientée, Khady déambulera dans des camions pour une traversée dans le Sahara accompagné d'un jeune homme Lamine qui l'aidera à disposé de faux papiers. Sera volée et contrainte à la prostitution pour récupérer de nouveau de l'argent et pour pouvoir manger. Elle constituera une échelle pour escalader le rideau de fer aux portes de l'Europe au Maroc, à quelques mètres de l'Espagne.

Des phrases très longues, un récit étouffant nous menant très rarement au bout du tunnel.
Il faut à chaque fois dans chaque chapitre, avoir la patience d'attendre un lieu, un détail, une conversation pour que l'histoire se dénoue. Par contre une fois cet exercice accompli, Marie NDiaye conte avec prouesse la misère et la douleur de ces femmes.
Des rêves gâchés, la cruauté de l'homme, le vol des oiseaux comme fil conducteur…
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Il faut bien sûr noter l'écriture superbe de cet ouvrage. La première histoire, avec la branche de flamboyant qui revient tout au long du récit, le porte même, est absolument magnifique, on se délecte des mots et des phrases de l'auteur, de ce style si littéraire qu'on rencontre peu de nos jours. Sauf que. Sauf que c'est très beau, mais très lassant. Un peu fatiguant à lire. On se prend à souhaiter moins de beauté et plus de vie, plus de coeur...

Lecture en demi-teinte donc pour cet ouvrage dont on a beaucoup parlé cet hiver. Tout d'abord, je ne m'attendais pas à trois nouvelles différentes, mais à un roman incluant 3 récits de caractères de femmes. D'autre part, j'ai vainement cherché ces femmes puissantes, car pour moi, les femmes dont il est question ici ne sont en rien puissantes. Elles sont courageuses, obstinées, volontaires, entêtées parfois, mais elles sont également empêtrées dans leurs souffrances, dans leur souvenirs, dans leurs angoisses et leurs regrets. Alors puissantes... non.
Suite sur Les lectures de Lili
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C'est une belle écriture, des intrigues très prenantes, les personnages, touchés dans leur amour propre, subissent une espèce de crise de conscience, choqués par des événements, ils repassent en revue leur vie, ils dissèquent avec détails des drames qui ont fustigé leur vie et qu'ils avaient certainement refoulés dans leur subconscient...
Mais quant au titre, il n'y a vraiment pas de rapport entre ces nouvelles et ce titre, surtout pour la deuxième nouvelle, je me demande en quoi une femme adultère est-elle puissante...
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J'ai eu du mal à entrer dans le premier récit et au moment où mon intérêt s'éveille : on passe au second. Je n'ai pas pu continuer. Dommage sûrement. Mais l'écriture de l'auteure ne me convient pas avec des phrases trop longues dont on perd le sujet, avec des métaphores obscures qui m'ont perdue.
Au suivant !
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Trois femmes impuissantes.
Trois désespoirs africains,à bercer entre France et Sénégal, Sénégal et France,trois errances entre indignité et dignité pour retrouver la puissance de l'identité qui leur est propre.
Alors là le titre, ligne mélodique superposée aux autres prend toute sa valeur et monte fort comme un cri de révolte.
Trois femmes puissantes!
Norah.Avocate en France vient revoir son père à présent vieux,égoïste et vulnérable,à sa demande.
Une maison vide,une "odeur de fleurs pourrissantes".
Où est passé le père de jadis élégant et intraîtable? Celui qui leur parlait comme à des femmes,à sa soeur et elle, comme si elles avaient un pouvoir de séduction, alors qu'elles étaient des gamines et qu'elles étaient ses filles?
La rancune sourd,la haine est tenace.
Et lorsqu'elle rencontre son frêre Sony jadis "doux et satiné" accusé à tort d'un meurtre commis par l'infame elle se jure de les "délivrer Sony et elle des démons qui s'étaient assis sur leur ventre quand elle avait huit ans et Sony cinq".
Inceste?
Fanta,elle, beaucoup plus discrète est l'épouse d'un sous-homme jadis figure angélique aux cheveux blonds de sa maman,jadis aussi roué de coups et sans doute agressé plus profondément par une bande de lycéens qui avaient traité son père d'assassin et qu'il s'était défendu,un ancien prof de lettres,craint par les femmes mais "que ne respectent nullement les autres hommes",Fanta qui aime tendrement son fils mais n'aime plus son mari va oser un geste de la main vers sa voisine sur un sol français qu'elle doit s'approprier.
Khady est sans doute la plus touchante.Veuve, sans enfants alors qu'elle "avait une volonté farouche de se trouver engrossée", sans appui dans sa belle famille,en état de "stupeur mentale", "lasse des vexations,"fatiguée d'exister",elle est envoyée chez la cousine Fanta en France sous la bonne garde de Lamine.
Une mauvaise garde plutôt puisqu'elle est vendue dans un bordel et que lorsqu'elle s'en échappe, blessée au pied et qu'elle retombe sur des militaires violeurs,elle ne cesse de répéter je suis Khady Demba,Khady Demba,Khady Demba... des mots qui ricochent vers l'infini,carapace mentale que même le pire ne parviendra jamais à détruire.
Juste un petit bémol, le lien trop ténu entre les trois récits:Khady Demba,employée du père de Norah doit se rendre chez Fanta(pont entre deux rives), mais aucune ne se croise vraiment.
Une écriture sublime.Un roman fort qui n'a rien de romanesque et tient plus du témoignage sur le statut de la femme,de l'émigrée qui malgré et contre tout veut préserver sa dignité, dur le pouvoir abusif de l'homme.Trois femmes puissantes a été récompensé par le prix Goncourt 2009.Marie Ndiaye auteur d'une douzaine de romans,nouvelles,théatre a obtenu le prix Fémina en 2001pour Rosie Carpe.
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Tros femmes puissantes sont trois psychogrammes distincts. Chacun commence en plein milieu de l'action, in media res, comme on dit. Ecrits à la troisième personne, ils font suivre au lecteur les méandres des pensées de leurs protagonistes aussi bien au fur et à mesure que l'action progresse que par flash back successifs permettant de comprendre pourquoi le personnage en est arrivé là. Dans chaque récit, une femme d'origine sénégalaise apparaît sans être nécessairement le protagoniste principal. À chaque fois il s'agit de femmes relativement émancipées par rapport à la société sénégalaise qui laisse aux femmes - semble-t'il - très peu de possibilités de développer une personnalité propre. Je pense que c'est dans ce sens qu'il faut comprendre le terme de "puissantes" que l'on lit dans le titre.

La première histoire raconte le retour au pays de l'avocate Nora, née en France de parents sénégalais. Nora a été appelée par son père qu'elle a peu connu pour défendre au tribunal la cause de son jeune frère accusé du meurtre de sa belle-mère. Femme européenne émmancipée, elle se rend progressivement compte de l'emprise grandissante qu'exerce son père sur elle...

La deuxième histoire est celle de Rudy. Rudy est un raté. Chercheur en lettres médiévalles puis enseignant dans un lycée à Dakar, il est vendeur de cuisines équipées dans la province girondine. Pourquoi en est-il arrivé là? Et pourquoi son épouse Fanta qui l'a suivi du Sénégal en perdant sa profession d'enseignante le poursuit-elle sous la forme menaçante d'une buse? Est-ce que Fanta est si puissante que ça?

La dernière nouvelle - la plus courte et ma préférée - nous conte le récit à mon avis très réaliste de Khady, une jeune veuve dont la belle famille se débarasse en lui donnant l'argent et les contacts nécessaires pour s'exiler en Europe. Khady fait ce qu'on lui dit comme elle l'a toujours fait. Cependant au moment de grimper dans une sordide embarcation prenant déjà l'eau avant d'apparailler, elle se rebelle et décide que non elle va prendre son destin en main...

Trois récits sensibles. Une belle écriture, aux longues phrases très exigeantes. Un contenu profond et important pour notre époque et le rapport entre l'Europe et l'Afrique. J'ai trouvé un peu faible certains aspects de la description de Rudy, mais ce texte restera pour moi un texte très marquant.
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Trois femmes puissantes ? Quand on lit ce roman, c'est la question qui laisse perplexe...
Car franchement, comme beaucoup de babelionautes l'ont remarqué d'ailleurs, on ne voit pas de puissance qui s'exprime à travers ces 3 portraits. Quand on a l'esprit imprégné de blockbusters américains avec des héros qui escaladent des murs, frappent de nombreux adversaires (svt 1 contre 10,20 ou 2-5 contre toute une organisation), multiplient course-poursuites, cascades et qui agissent pour des buts élevés comme sauver d'autres hommes, arrêter des projets criminels, voire même sauver la planète entière... que d'écarts ! Ces 3 héroïnes font quand même pâles figures à côté. Mais venons-en à leur portrait.

Une première remarque s'impose : comment peut-on parler de portrait d'une femme dans le second récit quand Fanta brille au fond par son absence ? Qui est-elle ? Ce que l'on perçoit d'elle nous est uniquement livrée à travers le regard de son époux Rudy Descas qui, il est vrai, a l'air attaché à elle. Mais on ne peut s'empêcher de se demander quelle est la part de fantasmes et de réalité dans l'opinion qu'il se fait de son épouse. Vu que l'auteure ne mentionne aucun dialogue entre eux, qu'elle laisse Fanta dans le non-dit, on peine à se situer. Cette dernière a quitté l'Afrique pour suivre son mari, démissionnant d'un poste de professeure de lettres sans avoir retrouvé ensuite de travail en France. Certainement que Rudy a raison de concevoir cette situation comme frustrante pour sa femme tout comme l'est la sienne d'ailleurs car si lui travaille, on ne peut pas dire qu'il aime son nouveau métier. Ajouté à cela les attaques d'un oiseau querelleur (3 fois dans 1 journée), l'influence d'une mère bigote seule et passionnée par les anges, la rivalité amoureuse sourde avec son patron, le souvenir douloureux du crime d'un père qui s'est suicidé et l'incompréhension d'un fils un peu revêche. Une diversité de thèmes abordés dont on peine à voir les liens entre eux bien que l'on suppose, sans que ce soit manifeste, que Fanta joue un rôle. D'ailleurs on ne saura jamais si elle a eu ou non une liaison avec Manille comme Rudy ou sa mère le soupçonnent car ni preuve, ni aveu.

Le troisième portrait, lui, est poignant, franchement pathétique et tragique. Khady Demba est à l'image sans doute de bien des femmes africaines, écrasées par le poids des traditions, du déterminisme social. Mariée sans son consentement, victime du deuil de son mari puis du rejet de sa belle-famille, elle le sera aussi de l'exploitation par la prostitution avant d'être tuée par la répression armée qui frappe les migrants. Que de rejets, d'humiliations, de trahison, d'échecs, de misère matérielle, morale et affective ! C'est d'ailleurs bien cruel quand l'on sait qu'à la moitié du récit, elle a pris d'elle-même des initiatives en disant "Non" au passeur, en osant s'enfuir et en poursuivant, malgré des obstacles, seule ce projet de départ vers l'Europe. On peut verser des larmes en voyant son parcours et son ressenti que l'auteure exprime en nuance vu qu' elle se place ici sous son point de vue mais perso, je ne peux que faire ce constat : elle incarne l'inversion du titre, l'ironie tragique de la femme puissante. La puissance implique de l'impact sur sa vie par la réalisation de projets personnels, de l'influence sur les autres qui exécutent ordre ou suivent des conseils, de l'effet sur sa culture qui change de valeurs ou de pratiques, de l'impact sur son environnement qui se transforme selon ses actions. Khady Demba, vous l'aurez compris, n'a rien de tout cela.

Enfin, je terminerai par le premier portrait au fond qui est celui qui est le plus proche du titre, du moins en partie car là encore, puissance est un grand mot. Ceci dit, Norah a réussi à faire des études supérieures et à devenir avocate en dépit d'une famille qui ne l'a pas aidé (ni sa mère, ni son père). Elle est devenue financièrement et moralement indépendante. Si elle revient vers son père, ce père qu'elle critique tant pour le mal qu'il n'a cessé de faire autour de lui (sa mère, son frère et sa dernière épouse surtout), c'est sur sa demande. C'est lui qui la prie de revenir et non, l'inverse. Si elle ne se rappelle pas un séjour passé chez lui dans son enfance, je pense que cette amnésie est volontaire dans le récit comme pour marquer sa volonté de distance vis à vis de lui. Si elle accepte sa proposition de plaider pour son frère, c'est qu'elle sait ce dernier à tort en prison : comme la libération du frère implique l'accusation du père reconnu coupable, ce serait peut-être aussi pour elle une sorte de revanche. Reste que le récit s'arrête sans nous montrer le résultat de cette affaire. Norah est bien placée pour devenir puissante mais en fait, elle ne l'est pas vraiment encore car il reste du chemin pour qu'elle ait de l'incidence sur la vie de Sony. Après, j'ignore si elle avait réussi ou non dans les précédentes affaires qu'elle a eu à traiter vu que l'auteure n 'en parle pas.

Voilà pour le bilan de cette lecture mais je m'interroge sur l'opinion de l'auteure : a-t-elle fait exprès de faire un usage décalé de cet adjectif par désir de provocation ou a-t-elle vraiment crû que ces 3 portraits se rapportaient à des femmes puissantes ? En tout cas, le titre est assurément provocateur car il bouscule, fait réagir et peut aussi agacer, voire même révolter les esprits les plus éclairés. de toute façon le parti pris est bien entendu réaliste car ces 3 portraits au fond, résonnent comme l'écho de femmes contemporaines qui sont aujourd'hui encore globalement humiliées pour être à la fois sous la pression d'un héritage répressif très enraciné (il dure depuis si longtemps) et victimes de l'autoritarisme égoïste d'hommes, incapables de reconnaître leurs torts et de changer de conduite. On est quand même très loin de notre image traditionnelle du héros, des écarts plus marqués encore dans la période moderne quand l'on voit les perso qui se sont développés avec des héroïnes comme Lara Croft ou Diana, princesse des Amazones. Comme toujours, il n'y a que dans la fiction ou l'imaginaire, semble-t-il, que l'on a le droit et le pouvoir de devenir puissant au risque de creuser toujours plus ce fossé avec la réalité. Une réalité qui nous apparaît encore plus médiocre par effet de contraste et qui aujourd'hui, le devient davantage à cause des menaces environnementales qui frappent : catastrophes nat. et pollution qui engendrent des dégâts et durcissent tant nos conditions de vie que l'on pourrait se sentir toujours plus médiocres et impuissants. Quelle spirale infernale tout de même !




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