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sur 1813 notes
Roman de Marie Ndiaye. Prix Goncourt 2009. Lettre N de mon Challenge ABC 2010. Lecture commune avec Liliba et Milimel.

Il y a Norah, 38 ans, avocate en France, fière d'une réussite qu'elle a forgée seule, sur les miettes d'une famille détruite par l'inconstance d'un père absent et égoïste. Norah répond à l'appel de ce père, dont elle a gardé l'image d'un homme puissant et arrogant, sûr de sa réussite et de la suprématie de son argent. le père qu'elle retrouve est un homme diminué, glouton, qui dort dans les branches majestueuses d'un flamboyant défleuri. Les retrouvailles en Afrique, sur les ruines de la richesse du père, sont amères. Norah accuse le père d'être un monstre qui a fait peser sur le ventre de ses enfants des démons inamovibles. Venue pour défendre son frère Sony, Norah découvre l'inanité de son existence française sans pour autant se sentir chez elle dans ce pays d'Afrique qui lui a ravi un père et un frère.

Il y a Rudy Descas, 43 ans, marié avec Fanta et père de Djibril. Il a quitté l'Afrique après une trouble histoire de violence envers des adolescents. Arrachée à Colobane où elle avait un brillant emploi de professeur de littérature, Fanta dépérit en France où rien n'est fait pour elle. Rudy rumine sans cesse ses échecs professionnels et personnels. Il traîne avec lui des souvenirs traumatisants d'une enfance blessée par une mère qui ne l'aimait pas assez pour ce qu'il était. Obnubilé par la statue d'un artiste qu'il accuse d'avoir volé son image et poursuivi par une buse, érinye funeste qui révèle ses faiblesses, il a cessé depuis longtemps d'être l'homme que Fanta a épousé.

Il y a Khady Demba, silencieuse, enfermée dans son inutilité de veuve inféconde. Chassée par la famille de son défunt mari, elle doit retrouver sa cousine Fanta, installée en France. Lâchée sans appui dans un monde dont elle ne connaît rien, abusée par un amant sans scrupule, elle ne cesse de répéter envers et contre tout son nom: Khady Demba, Khady Demba, Khady Demba. Elle est Khady Demba.

Les relations entre Afrique, le Sénégal plus précisément, et la France font encore l'objet d'un traitement fantasmatique. Les exilés africains en France vivent dans la nostalgie d'une terre chaude et vibrante. Les prisonniers de la terre africaine placent en la métropole l'espoir d'une vie plus riche et prometteuse. Entre miroir aux alouettes et miroir déformant, les deux terres suscitent des rêves aux formes et aux couleurs différentes.

Les liens entre les trois parties du roman sont ténues voire improbables. Kadhy Demba est l'employée du père de Norah et la cousine de Fanta. Elle aurait mérité de figurer au centre du roman pour que le lien soit davantage visible. Mais la dernière place lui convient cependant, car le récit de son combat vers la liberté est le plus beaux des trois. Je n'ai pas apprécié le récit central. Pourtant dénué d'insoutenables jérémiades, le récit de Rudy Descas est insupportable de misérabilisme. Ce personnage ne sait pas être un homme. Etouffé par une mère illuminée de pensées religieuses, écrasé de remords et de regrets, il traîne derrière lui la misère de l'humanité sans volonté. Norah est un personnage complexe qui navigue entre culpabilité et révolte, affligé d'une amnésie trouble et onirique.

Trois femmes puissantes, ce titre ne me convaint pas. Norah a réussi comme avocate mais sa vie intime est envahie par un homme qui ne lui apporte rien. Et elle ne parvient pas à se libérer du ressentiment qu'elle a pour son père. Fanta se laisse dépérir dans la fadeur d'un pays qui ne la réchauffe pas et auprès d'un époux qui ne renforce pas sa nature de femme. Khady Demba, peut-être, est une femme puissante. Trahie par un homme, elle gagne seule, pièce après pièce, son passage vers l'Europe, au prix de son honneur et de sa vie.

Au terme de chaque partie, un "contrepoint", qui porte bien son nom, éclaire le personnage féminin d'une lumière plus douce, consolatrice et apaisante. En quelques ultimes lignes, la femme est pardonnée, restaurée, rétablie dans sa puissance et sa suprématie.

Quant au roman en général, je ne suis plus si étonnée qu'il ait gagné le Goncourt. C'est du Gallimard pur jus sur un ton élististe qui ne semble s'adresser qu'à des intellectuels chanceux, capable de saisir les enjeux humains et politiques d'une décolonisation qui n'en finit pas et d'une féminité sans cesse bafouée et foulée aux pieds. Sans être déplaisante, loin de là, la plume de Marie Ndiayé manque de proximité voire d'humanité.

La première de couverture indique "roman" sous le titre. C'est, à mon avis, une qualification abusive. L'oeuvre de Marie Ndiayé relève davantage du recueil de nouvelles que du roman, puisque chaque partie peut se lire indépendamment des deux autres. Ce ne sont pas des chapitres, à peine des parties. Ce sont des récits fortuitement juxtaposés dont je ne retiendrai, je pense, que le dernier.
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Il devrait etre decerne le Prix du livre le plus NUL. Il y a bien le Khoncours. Ce n'est déjà pas si mal pour un début.

Alors je le demande ? Quel prix pourrait convenir ?

Peut etre 0,01 €, ou alors cadeau lorsqu'on a acheté plus de 69€ de livres à la Librairie Rive Gauche ?

Mais on ne se mettra jamais d'accord sur le nombre de zéros, je le crains.




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Certains titres sont en eux-mêmes tellement bêtes qu'ils suffisent à décourager le lecteur ( enfin moi...) d'aller y voir de plus prêt.

Et puis des allusions à cet ouvrage dans les écrits (sur autre chose) de personnes que j'apprécie m'ont donné envie de jeter un coup d'oeil
Ce que j'ai fait et je n'ai pas été déçu en bien, comme on dit dans le Midi : c'est aussi mauvais que je le pressentais au vu du titre
Le titre, d'ailleurs ! Si quelqu'un me m'expliquer en quoi ces trois femmes sont puissantes, qu'il m'écrive, il a gagné.
Quant au contenu, des historiettes ennuyeuse sur des personnages insignifiants, dans un style ampoulé. Bref ce qu'il faut pour obtenir le Goncourt
(Appréciation excessive quand-même : il arrive que l'illustre aréopage couronne un véritable écrivain, tels en leur temps Jacques Laurent ou Houellebecq
Mais assez digresse)
A moins que la femme puissante en question soit l'auteur dont les relations et l'entregent lui ont fait obtenir ledit prix. Pourtant son frère n'était pas encore ministre
Pourquoi d'ailleurs ? Il y a décidément un mystère dans la famille Ndiaye


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Je retire de ce livre une sensation de malaise sans échappatoire.  On passe la quasi totalité des 3 histoires dans la tête de trois personnes obsédées par leur passé, leurs vies ratée où celles qu'ils ont influencées autour d'eux.
Le style est insistant, tourne en boucle et malgré quelques ouvertures vers des micro-evenements insolites, on est toujours enfermé, ce qui est particulièrement vrai pour la deuxième nouvelle.
Les connexions entre les trois nouvelles sont très tenues et tiennent à un lieu lointain en Afrique, et quelques vagues liens familiaux. La troisième nouvelle sauve le livre mais il faut tenir jusque là (ou y passer directement) ; mais le style semble désinvolte au regard de la gravité du sujet et peine à nous fairé partager une quelquonque émotion.
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En bibliothèque ou librairie, feuilleter un livre de Marie N'Diaye ne m'avais jamais plu. Les critiques que j'en avais lues ne m'avaient pas poussé à lire non plus.
Et puis chez une amie, j'ai ouvert celui-là, commencé à lire les 10 premières pages. Et je n'ai pas oublié ce souffle profond pour dire l'indicible, ce voyage vers l'intérieur des êtres avec les yeux grands ouverts de celui qui sait et DOIT nommer et dire, ce style particulier.
Quelques jours après j'étais toujours hantée par le personnage de Norah. j'ai commandé le livre vers 2h du matin sur ma liseuse pour le continuer.
je l'ai dévoré en quelques jours, entre deux concerts pendant le festival Jazz In Marciac.
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Un roman choisi pour pouvoir cocher un item dans plusieurs challenges auxquels je me suis inscrite cette année.

Un roman qui ne m'avait pas tentée lors de sa sortie, mais que j'ai lu jusqu'au bout, tout en me demandant, souvent, si je n'allais pas laisser tomber !

J'ai poursuivi ma lecture cherchant dans chacune des trois histoires où était la puissance annoncée de ces femmes, et cherchant, en vain, un lien clair entre ces trois histoires !

On y trouve une femme qui accourt en Afrique, à la demande de son père, laissant mari et enfants en France, alors que ce père a toujours préféré son fils. Et qu'il demande à sa fille avocate de sortir son frère de prison.

Dans le second chapitre, la femme n'apparaît qu'en creux dans le long monologue de son mari dont je ne retiendrai que le racisme et une crise d'hémorroïdes !

Puissante, la femme, rejetée par la famille de son mari défunt, qu'on envoie retrouver sa famille en Europe mais qui finit dans la rue, malade du SISA, après être passée de main en main ou plutôt de sexe en sexe, sans jamais avoir manifesté une quelconque volonté, ou un refus au sort qui l'accablait ?

Un style ampoulé, de belles phrases, de jolis mots … mais cela ne suffit pas à donner du sens à une histoire, à témoigner, à raconter.

Bref, une réelle déception !
Lien : http://les-lectures-de-bill-..
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Arrivé à la page 162 j'ai lancé tomber : aucun plaisir de lecture. Et je ne lis jamais sans plaisir, même si je concède qu'il faut parfois insister et s'accrocher avant de le trouver. Ce n'est certainement pas le sujet qui m'a rebuté : trois femmes qui disent non ! Au contraire ! C'est plutôt le style, apprêté, manquant de naturel, lourdingue, abusant du subjonctif, et ce choix systématique du monologue intérieur très lassant.
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Un livre très intéressant, qui nous dépeint avec un très grand réalisme la vie de trois femmes, une métisse revenant au pays voir son père, une émigrée en France qui ne trouve pas sa place et une veuve chassée de sa belle-famille qui est jetée sur les voies de l'exode.

L'auteur nous entraîne dans les tranches de vie de ces femmes avec une plume particulière, aux envolées poétiques pour décrire la dure réalité. J'ai beaucoup aimé la sensibilité de l'auteur qui s'exprime dans ce livre.
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J'ai lu la première nouvelle en attendant qu'il se passe quelque chose. A tel point que la fin a été abrupte : "Comment ça, c'est fini ? A quoi tout cela a-t-il rimé ?". Il y avait pourtant certains éléments intéressants, mais tout éparpillés. En démarrant la deuxième nouvelle, j'ai réalisé au bout de quelques pages qu'elle était sur le même modèle que la précédente, je n'ai pas pu la continuer.
Une très grosse déception, car avec un titre (et une couverture) pareil, je m'attendais à quelque chose de fort, de marquant, voire de poignant. Rien de tout cela, seulement un vague pathétisme dans la partie que j'ai lue...
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A la lecture des premiers mots, des premières phrases, j'ai cru à un roman puissant. La plûme semblait forte, imposante et élégante. Je pensais donc prendre un certain plaisir à découvrir l'histoire racontée mais, malheureusement, ce n'était pas aussi agréable que j'aurais pu l'espérer. Je me suis, en effet, parfois ennuyée, parfois agacée des longueurs, de la lenteur, de la lourdeur de l'écriture et du propos. Les tourments intérieurs des personnages ont fini par me lasser, surtout ceux de Rudy Descas, et je n'ai pas été éblouie par la puissance des femmes ici évoquées. Elle ne sautait pas véritablement aux yeux même si elle existait, un peu en effet. Le roman n'est, en soi, pas désagréable, il peut donc être conseillé, mais il n'est pas l'excellence, la puissance que j'aurais aimé lire et découvrir. Dommage.
Lien : http://mezelamin.blogspot.co..
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