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Jean-François Sené (Traducteur)
EAN : 9782227470743
440 pages
Bayard (23/01/2003)
4.65/5   10 notes
Résumé :

Si l'on s'accorde aujourd'hui à voir en Baruch Spinoza l'un des philosophes les plus importants de tous les temps, on ne saurait oublier qu'il fut de son vivant l'un des penseurs les plus révolutionnaires et les plus controversés. Né dans une famille de négociants juifs portugais installée à Amsterdam, Spinoza fut banni, jeune homme, de la communauté séfarade, semble-t-il pour ses opinions jugées hér&... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Autant le dire tout de suite : ce livre très fouillé sur la vie de Spinoza comporte ce qui apparaîtra à certains lecteurs comme des longueurs car l'auteur s'applique à préciser, dans des détails de la vie de ce philosophe, dont aucun n'est anodin, les sources dont il s'inspire, et notamment pour exposer leurs contradictions. Mais c'est précisément cette plongée dans les détails qui fait l'intérêt de cet ouvrage, qui, de ce fait, devient bien davantage qu'une biographie de Spinoza : un panorama de la vie intellectuelle, politique et religieuse des provinces-unies des pays-bas au XVII° siècle ; donc au moment où ce pays développe une certaine forme (dont le livre montre aussi les limites, et les combats internes au protestantisme que cela génère) de tolérance religieuse, unique dans le monde à cette époque. L'opposition officielle de bien des universités les plus prestigieuses du pays à la philosophie de Descartes, alors même qu'elle continue à y être enseignée, est, à titre d'exemple, vraiment fascinante à découvrir.
Et l'on y découvre le développement d'une communauté juive d'origine portugaise, de création récente, formée de marranes obligés pendant des décennies, en Espagne et au Portugal, à cacher leur attachement à l'antique religion sous le couverte d'une pratique catholique sans faille. Les parents de Spinoza faisaient partie de cette génération nouvellement implantée aux Pays-bas, et qui souhaitaient redécouvrir une religion dont des décennies de pratique cachée, sans repères livresques car il était dangereux d'en détenir, en avait fait une foi un peu mythique et dont la redécouverte avec des rabbins appelés d'ailleurs n'était pas toujours sans difficultés ou heurts.
Les conditions dans lesquelles a été prononcé le "herem" c'est à dire le décret interne d'exclusion de la communauté juive de celui qui était l'un des élèves les plus doués de ses écoles sont captivantes par ce qu'elles dévoilent du fonctionnement interne de cette communauté, comme aussi de ses liens avec l'extérieur, et de sa dépendance à ce monde dans lequel elle était plongée.
Bien entendu, le livre comporte des exposés nombreux de la pensée de Spinoza au fur et à mesure de son évolution, même si ce n'est pas là son objet, car c'est tout de même indispensable pour comprendre son rapport à ses maîtres, à ses disciples, à ceux qui s'intéressent à sa philosophie. Ceux qui souhaitent comprendre vraiment quelque chose à cette dernière trouveront sans doute d'autres ouvrages pour les y aider.
Un livre donc parfois difficile, mais passionnant.
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Ouf ! Je suis très fière de pouvoir dire que je suis arrivée au bout de ces très denses 410 pages.
J'avais été attirée par cette biographie de Spinoza en lisant des critiques de Babelionautes qui la présentait davantage comme un panorama érudit de tout ce qui tourne autour de la vie de Spinoza – toutes les dimensions de la vie aux Pays-Bas au XVIIème siècle.
Je confirme, et ma curiosité a été rassasiée – et quelque peu attisée aussi… ! - ! J'ai découvert le sort des Juifs portugais (dont Spinoza est issu), leur installation à Amsterdam, le développement de cette communauté, leur organisation sociale, leurs activités commerciales internationales, leur formation religieuse, leurs croyances et les différents courants qui pouvaient exister, la cohabitation peu souhaitée avec les Ashkénazes etc.
Tout ce que vous avez toujours voulu savoir et ce que vous n'avez jamais soupçonné sur l'histoire des Juifs des Pays-Bas !
Sont également évoqués la philosophie de Descartes, son influence et les débats qu'elle suscite, les différentes guerres avec tour à tour les Français, les Anglais, les Espagnols, et leur conséquence sur la politique et l'économie du pays, et aussi bien entendu la place et les positions des congrégations chrétiennes.
Ce luxe de détails n'a rien de gratuit, il s'agit d'une accumulation d'explications pour essayer de déterminer les inspirations de Spinoza et d'aider à comprendre l'incroyable audace de sa pensée et le cataclysme qu'il a provoqué d'abord dans la communauté juive d'Amsterdam puis chez les Catholiques d'Europe.
Si sa philosophie n'est pas au centre de l'ouvrage, elle est cependant déroulée fil à fil à mesure de l'enquête de l'auteur, et par endroit clairement développée et expliquée (ce qui n'est pas une mince affaire !).
Le style est tout à fait fluide, pas jargonnant ni alambiqué, c'est donc accessible à tout un chacun – pour peu qu'on veuille prendre le temps de savourer ce bijou d'érudition.
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Un livre extrêmement intéressant, il retrace la vie complète de Spinoza en précisant le contexte historique, politique, économique, religieuse ... pour une meilleur compréhension de la vie de Spinoza ou pour une première approche du philosophe, je conseille ce livre. Il est aussi très intéressant au point de vue de l'histoire de la communauté juive du 17ème siècle. A lire pour les étudiants de philosophie .... le seul bémol est qu'il est difficile de ce le procurer, une réédition ne serait pas négligeable.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
En 1640, la famille Spinoza avait des sujets de préoccupations plus urgents que le suicide d'un hérétique. Hanna était morte depuis plus de deux ans et Michael était probablement soucieux de trouver une nouvelle épouse pour s'occuper de son foyer et de ses enfants : l'aînée, Miriam, n'avait encore que onze ou douze ans et le cadet trois ans peut-être. Le 28 avril de l'année suivante, Michael âgé de cinquante-deux ans épousait Esther (Hester) Fernand, alias Giomar de Soliz. Esther avait une quarantaine d'années à l'époque. Elle était arrivée à Amsterdam de Lisbonne l'année même et vivait dans la cité avec sa jeune soeur, Margrieta ; leurs père et mère étaient tous deux décédés. (...)
Nous en savons donc un tout ^petit peu plus sur Esther que sur les deux premières épouses de Michael mais les informations demeurent très rares. (...) Cependant, nous ignorons tout de la nature des relations de Spinoza avec sa belle-mère ou de ce qu'il pensait d'elle. c'est très regrettable car ce fut Esther qui, pour l'essentiel, l'éleva à partir de l'âge de huit ans et parce qu'elle exerça certainement sur lui une grande influence.

Chapitre IV. Talmud Torah
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A l'automne de 1639, (...), Baruch de Spinoza eut sept ans. Il avait donc atteint l'âge où la plupart des garçons de la communauté commençaient leur éducation obligatoire à l'école élémentaire de la congrégation. Sa mère était décédée un an plus tôt, le 5 novembre 1638, et la famille Spinoza traversait certainement une période peu heureuse. Michael était de nouveau veuf mais cette fois il avait cinq enfants à sa charge.
Le jeune Baruch, nous pouvons en être certains, brilla dans ses études tout au long de son cursus et son père dut en tirer quelques motifs de fierté. Lucas rapporte que Michael " n'ayant pas les moyens de le pousser dans le commerce, résolut de lui faire apprendre les lettres hébraiques". Dans un autre récit biographique ancien il est suggéré que Michael déplora la préférence marquée de son fils pour la littérature plutôt que pour les affaires. Cela semble fort peu vraisemblable. Il ne fait aucun doute que Michael tenait à ce que ses fils -nés, contrairement à lui, juifs dans une communauté religieuse florissante- reçussent une éducation juive conforme. Il est clair qu'il s'intéressait beaucoup à l'éducation car il siégea deux fois en tant que parnas (en 1635-1636 et 1642-1643) au conseil des gouvernements qui contrôlaient les institutions d'enseignement de la communauté. Il veilla également à s'inscrire ainsi que ses trois fils sur le registre d'adhésion de la société Ets Chaim dès sa fondation en 1637. Il paya non seulement la cotisation d'entrée de dix-huit florins mais fit un don de cinquante-deux florins. de tels faits rendent difficilement crédible l'idée que l'éducation de l'un des philosophes les plus éminents du XVIIe siècle n'ait été qu'une concession faite avec réticence par un père déçu.

Chapitre 3. Bento / Baruch
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Lorsque Rachel mourut en 1627, Michael avait environ trente-huit ans. Il n'attendit guère après ce décès pour tenter de nouveau de fonder une famille. Vers 1628, il épousa Hanna Deborah Senior, fille du marchand Henrique Garces, alias Baruch Senior et de Maria Nunes. Hanna avait deux frères, Joshua et Jacob. Nous ignorons le lieu de naissance de Hanna et même l'âge qu'elle avait quand elle épousa Michael. En fait nous ne savons presque rien d'elle, à l'exception de la date de naissance de ses enfants et de celle de son décès. En 1629, Michael et Hanna eurent une fille à laquelle ils donnèrent le nom de la mère de Hanna, Miriam. Entre 1630 et le début de 1632, un fils, Isaac, naquit. En novembre 1632, Hanna donna naissance à un second fils à qui fut donné le prénom de son grand-père maternel, Baruch.

Chapitre 2. Abraham et Michael
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Cet ouvrage constitue la première biographie développée et complète de Spinoza jamais parue en langue anglaise. C'est aussi la première à être rédigée en quelque langue que ce soit depuis bien longtemps. (...)

La question qui s'inscrit au coeur de cette biographie est comment les divers aspects de la vie de Spinoza -son arrière-plan ethnique et social, son exil entre deux cultures aussi différentes que celle de la communauté juive portugaise d'Amsterdam et celle de la société hollandaise, son évolution intellectuelle et ses relations sociales et politiques - se sont conjugués pour produire l'un des penseurs les plus révolutionnaires de l'histoire.

Préface
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Il semble, cependant, qu'il y ait eu un lien entre la famille d'Uriel da Costa et celle de la mère de Spinoza, Hanna, lien qui remontait au temps de leur vie dans le nord du Portugal. Quoi qu'il en soit, il ne fait aucun doute que Spinoza lui-même, comme tout membre de la communauté à l'époque, connaissait les idées hérétiques de da Costa qu'il médita certainement avec beaucoup d'attention.
Uriel da Costa naquit en 1585 dans une famille aristocratique de Porto. Son père, Bento da Costa, était, selon Uriel lui-même, "authentiquement chrétien", mais il semble que sa mère, Branca, ait été judaisante. Uriel reçut une éducation chrétienne classique et étudia finalement le droit canon à l'université de Coimbre pour servir ensuite comme trésorier d'une église collégiale. Il menait, selon toute apparence, une vie parfaitement pieuse, craignant la damnation éternelle et se confessant régulièrement. Mais il conservait quelques doutes.

Chapitre IV. Talmud Torah
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Steven Nadler talk on Spinoza - Part 2 of 2
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