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Marc Mécréant (Traducteur)
EAN : 9782070772773
516 pages
Gallimard (06/11/2008)
3.5/5   9 notes
Résumé :
Errances dans la nuit est le roman unique de Shiga Naoya (1885-1971), contemporain de Tanizaki Jun.ichiro désormais bien connu en Occident. L'œuvre de Shiga Naoya, elle, très resserrée et, en un sens, plus discrète et confidentielle, illustre à la perfection la conception individualiste du récit dit «récit du Je» (Shi.shôsetsu), prônée en particulier par le groupe Shirakaba (Le Bouleau) en réaction contre les excès d'un certain «naturalisme». Soutenues par un style ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
« Errances dans la nuit » est basée sur l'étude introspective du jeune écrivain Kensaku qui se cherche encore sur ses capacités littéraires. Dans un premier temps, il s'abîmera dans les activités dissolues du Tokyo des bouges et des geishas, mais sera de plus en plus attiré par l'élévation de l'âme dans une fuite dans les montagnes où il finira par trouver sa voie. C'est en le suivant dans les déboires de sa vie quotidienne que l'on perçoit toute la problématique de l'écrivain durant ces années « Meiji ». C'est une littérature du « je », encore nimbée du courant naturaliste. Shiga Naoya décrit la société Meiji sans complaisance et nous offre ainsi une vision très réaliste du japon de cette époque. Comme dans les livres de son contemporain Tanizaki, on prend conscience de l'émergence de l'individu, essayant de s'émanciper de la pensée collective dominante. Un Japon dont on perçoit dans l'immédiat background servant de cadre au protagoniste, l'irrémédiable cheminement vers la modernité.
Un grand livre, dans lequel le lecteur occidental aura parfois du mal à s'immerger, devant certaines longueurs toutes orientales mais nécessaires à la construction du récit.
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Shiga Naoya s'était d'abord illustré en écrivant des nouvelles, participant au premier numéro de la revue littéraire "Shirakaba" en 1910. Les auteurs de cette revue s'opposaient à certains excès du naturalisme en privilégiant l'introspection autour d'un personnage. Dans son roman "Errances dans la nuit", écrit sur plusieurs années, Shiga Naoya semble explorer les moindres recoins de la conscience de son héros, Kensaku, un jeune écrivain qui mène d'abord une vie des plus dissolues en compagnie de geishas à Tokyo. Celui-ci se sent accablé par son destin. Aussi décide-t-il de quitter la ville. Il se rend d'abord à Onomichi sur la mer intérieure. Il s'installera par la suite à Kyoto, où il épousera Naoko, avant d'entreprendre un ultime voyage sur le mont Daisen. A chaque fois il visite de nombreux temples, des différentes sectes bouddhistes japonaises ou shintoïstes. Kensaku s'intéresse aussi lors de ses voyages à l'art du Japon, à la peinture surtout. Ce roman se transforme parfois en un extraordinaire guide touristique et si Kensaku est un personnage mélancolique au destin parfois cruel, il trouve à la fin du livre une sérénité et une communion avec la nature qui lui étaient jusqu'alors inconnues. Il y a d'un bout à l'autre de ce roman une vibration et un rayonnement qui justifient sans doute les qualificatifs de chef d'oeuvre.
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Nous suivons les destinées de Kensaku, de l'enfance jusque dans l'entrée dans la mort. Il vit une situation compliquée, et des relations très tendues avec son père, dont il finit par comprendre les raisons. Il choisit la carrière des lettres, mais nous découvrons peu de choses sur ce qu'il écrit. le roman parle plutôt de sa vie, de sa façon de se chercher, d'arriver à un équilibre personnel, à structurer ses relations avec les autres. Tout en nuances, en subtilités, en petits événements d'une vie, dans un refus total du spectaculaire, cette vie se déroule devant nous. Beaucoup de choses restent informulées, plutôt suggérées que dites, plutôt entrevues que montrées. Shiga est l'auteur des demi-teintes, des petits tableaux impressionnistes, d'une poésie du quotidien, plus qu'un peintre des sentiments violents ou extrêmes, même si la vie du personnage principal pourrait déborder en passion parfois. Tout cela dans une écriture économe de ses moyens, tout en maîtrise et en retenue.

Etrange roman d'un écrivain avec un univers très personnel, on se demande inévitablement combien de lui-même l'auteur a pu mettre dans le personnage de Kensaku, auquel il est difficile de ne pas s'attacher. Ses interrogations, emballements ou détestations s'enchaînent, sa vie suit son chemin, sur lequel il semble avoir finalement peu de maîtrise. C'est une sorte de flâneur qui prend ce qui la vie lui offre et essaie de faire avec, même si parfois c'est plus difficile à accepter. Livre hors du temps d'une certaine façon, le plus important finalement est de trouver la bonne attitude devant la vie, ce qu'elle offre de bon ou de mauvais, plus que d'essayer d'influer sur les événements. Une certaine philosophie de l'existence en somme.
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Roman publié en deux temps : les deux premières parties en 1921-1922 ; les deux parties suivantes en 1937. Dans son "Histoire de la littérature japonaise contemporaine" (1868-1938), Georges Bonneau traduit le titre par, La route dans la nuit noire. C'est bien d'un parcours dont il est question, celui de Kensaku, jeune écrivain tokyoïte, qui trouvera enfin sa voie à la fin de ce récit. Fin de l'errance... Fin de la nuit…
Le récit ne s'attache qu'aux évolutions psychologiques du personnage. Rien ne nous sera dit sur le contexte social ou politique ; et très peu sur les activités littéraires (on sait par quelques phrases qu'il a un bureau où il travaille, ou par quelques scènes que son travail est connu. Point). On suit quasi quotidiennement ses états d'âme et ses épreuves (désillusion amoureuse, filiation, adultère, naissance, mort etc.) jusqu'au pèlerinage final au sommet sacré du mont Daisen. Cette route est plutôt lente mais cela n'enlève en rien au plaisir éprouvé à la lecture de ce roman.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Pour avoir, pendant de longues années, été exténué par ses relations avec les gens, Kensaku jouissait pleinement de sa nouvelle existence. Il montait souvent se promener jusqu'à un temple perdu au milieu des bois, à trois ou quatre cents mètres dans la montagne : le "temple d'Amida". Quoique classé parmi les édifices spécialement protégés, le bois de sa galerie exérieure, complètement pourri, tombait en ruine ; et pourtant cela même engendrait en Kensaku une impression d'intimité.
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Par crainte de la contagion, tous mettaient un soin particulier à se désinfecter les mains. Par une matinée radieuse, Kensaku et sa belle-mère prenaient leur petit déjeuner dans le petit salon ; Naoko, faisait le tour par la véranda extérieure, se dirigeait tranquillement vers la chambre du bébé en laissant traîner derrière elle son vêtement de nuit – car c’était l’heure de la tétée – quand elle poussa un cri :
« Holà ! Non, non ! Bell !
Que se passe-t-il ? cria Kensaku.
- Venez vite ! Bell s’apprête à avaler le sublimé corrosif ! »
A la porte du salon, Kensaku enfila la paire de socques en attente et descendit dans le jardin. Le jeune chien que l’employé de la firme de Monsieur S*** leur avait trouvé y gambadait joyeusement.
« Voilà ce qu’il a l’ait de vouloir avaler, dit Naoko en montrant du doigt la cuvette à désinfectant posée sur une pierre de jardin en attendant qu’on en change le contenu.
- Mais non ! Boire ça ? Allons donc ! Il veut simplement flairer l’odeur ! Simple curiosité !
- Vous croyez ? Il avait pourtant l’air de vouloir bel et bien en boire ! Et ça le tuerait sir le coup ! »
Certes le bonhomme leur avait apporté l’animal au moment de leur emménagement, mais dès que Naoko s’était trouvée enceinte l’impossibilité leur étant apparue de le garder quand l’enfant serait là, ils l’avaient donné, avec la niche, à un voisin habitant deux maisons plus loin.
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Il n'en saisit pas moins avec douceur ses seins bien ronds et lourds et en éprouva un indicible plaisir - comme s'il caressait un trésor sans prix. Par de légères secousses, il en soupesait dans le creux de ses mains les masses délicieuses. Il n'aurait su trouver les mots capables d'exprimer une pareille sensation.
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Video de Shiga Naoya (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Shiga Naoya
« […] Akutagawa Ryunosuke (1892-1927) tenait cette nouvelle pour l'une des oeuvres les plus fortes de Shiga Naoya (1883-1971). […] Tout en usant de mots familiers réussir à donner une pareille sensation de transparence, voilà ce qui dans tout texte, à quelque genre qu'il appartienne, importe au plus haut point. […] Une telle forme d'écriture dédaigne la fleur pour obtenir le fruit : par la simplicité même, elle accède à l'essentiel comme aucun mode d'expression de la vie quotidienne ne le pourrait. […] » (Junichiro Tanizaki [1886-1965])
« […] Sa légèreté n'est qu'apparente. Elle recèle une puissance insoupçonnée. Ainsi de ces variations de Chopin, subtiles, presque imperceptibles, qui résonnent en nous, se propagent jusqu'au fond de nos entrailles comme la douleur d'une dent. […] » (Hideo Kobayashi [1902-1983])
« […] l'originalité de Shiga Naoya tient au fait que jamais dans aucune de ses nouvelles il ne se laisse aller à l'analyse psychologique de son personnage principal. Il le présente seulement comme un homme qui lutte pour essayer d'établir des relations humaines rationnelles dans le monde qui l'entoure. le personnage apparaît si profondément hanté par cette quête que Shiga Naoya ne s'attarde pas à une étude de son caractère. […] » (Sei Ito [1905-1969])
« […] En janvier 1913 paraît un premier recueil de nouvelles, dédié à sa grand-mère. le 5 août de cette même année, Shiga Naoya est renversé par un train de la ligne Yamanote. Il est grièvement blessé et doit se faire hospitaliser. Il écrit en septembre la nouvelle Han no hanzaï (Le crime de Han) puis, en octobre, part en convalescence à Kinosaki. […] L'une de ses plus belles nouvelles, Wakaï (Réconciliation) […] est publiée en 1917, peu de temps après Kinosaki nite (Le séjour à Kinosaki). […] »
17:55 - Générique
Référence bibliographique : Naoya Shiga, le séjour à Kinosaki suivi de le crime de Han, traduit par Pascal Hervieu et Alain Gouvret, Éditions Arfuyen, 1986
Image d'illustration : Autoportrait de Shiga Naoya daté de septembre 1912.
Bande sonore originale : P C III - O UT O UT by P C III is licensed under an Attribution License.
Site : https://freemusicarchive.org/music/P_C_III/O_UT_1733/O_UT
#NaoyaShiga #LeSéjourÀKinosaki #LittératureJaponaise
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