Ce roman était en cale sèche depuis quelques mois. Mais comme Arte propose l'adaptation en série sur sa plateforme, je me suis vite replongée dans la lecture de cette saga de mille pages consacrée à une héroïne comme on n'en fait plus.
Dis moi qui je suis est le récit d'une quête, celle d'un homme qui recherche son arrière-grand-mère, Amelia Garayoa, jeune fille de la bourgeoise madrilène qui abandonna mari et enfant pour suivre Pierre Comte, un ardent militant communiste. Quittant l'Espagne juste avant la guerre pour l'Argentine, la belle et insoumise Amalia ignore qu'elle va vivre de l'intérieur tous les soubresauts du siècle, de la Russie communiste à l'Europe en plein chaos, jusqu'à la chute du mur de Berlin. Amalia est une espionne mais aussi une grande amoureuse et son destin est déterminé par les hommes de sa vie, parmi lesquels un médecin militaire issu de l'aristocratie allemande.
Plus rocambolesque que la série des Rocambole, étrangement construit (dans l'articulation des relais narratifs qui permettent de retracer le parcours d'Amalia sur les différents points du globe), assez invraisemblable, et surtout trop long, le roman dresse quand même un joli portrait de femme combative qui paiera ses erreurs au prix fort. Plus anti-héroïne qu'héroïne finalement, même si on trouve en elle quelque chose de Marina Vega de la Iglesia, l'espionne républicaine chasseuse de nazis et de
María Teresa León, qui elle aussi, voyagea en Argentine, et à Rome, et oublia qui elle était. Pendant ma lecture, j'avais à l'esprit le roman de Maria Dueñas, L'Espionne de Tanger. Et une question, aussi, pourquoi rattacher systématiquement les choix et les combats d'une femme à ses rencontres amoureuses?
Dime quién soy, succès colossal, a certainement causé des décollements de la rétine aux historiens qui l'ont eu entre leurs mains. Lu sans déplaisir, et sans grand enthousiasme non plus, il m'a permis d'embrayer sur la série aux décors et aux costumes soignés, et servie par de bons interprètes, mais pour la vraisemblance, en revanche, on repassera.