AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,18

sur 1495 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
J'ai lu, j'ai relu, et je relirai Suite Française. Pour moi, ce livre est à l'exode de 1940 ce que "La Peur" de G. Chevallier est à la guerre de 14/18. Un témoignage saisissant de ce que furent ces heures sombres. Plus qu'un roman, un document d'un réalisme époustouflant sur le comportement des hommes propulsés dans le chaos de la fuite. Ou confrontés à l'Occupation dans leur quotidien. En un an, Irène Nemirovsky avait compris ou pressenti toutes les ambiguïtés, toute la fausseté des rapports entre occupés et occupants. Elle raconte les tentations ou le refus de la collaboration bien avant que le mot ait pris le sens qu'on lui connaît aujourd'hui. Cette prescience est bouleversante quand on a à l'esprit, ce que fut le sort d'Irène Némirovski, dans les mois suivant l'écriture de ces textes.
Et pour connaître l'incroyable parcours du manuscrit jusqu'à sa publication, et celui, terrible, des filles d'Irène Nemirovsky, le témoignage de Denise Epstein : https://entretiens.ina.fr/memoires-de-la-shoah/Epstein/denise-epstein



Commenter  J’apprécie          100
Quelle découverte, cette écrivaine !
Dans le contexte de la situation geo-politique actuelle en 2022 dans l'est de l'Europe, j'ai trouvé ce livre « par hasard ».

J'ai lu uniquement la première partie, Tempête en Juin. Jamais je n'ai « lu » une fresque historique relativement récente sous forme de roman, peinte quasiment en direct avec autant de précision, de finesse et de lucidité, d'ironie et même d'humour!
Les mots d'Irène Némirovsky sont de véritables coups de peinture ! Un pinceau très fin, des couleurs à l'infini ; ce roman réaliste composé de 4 tableaux autour de quatre personnes et familles parties sur les routes en quittant Paris, en juin 1940, est une galerie d'art…

Une galerie d'art dans le décor réel d'un monde tragique, celui du début de la 2ème guerre mondiale.
Comment cette écrivaine, d'origine juive née à St Petersbourg dans une riche famille bourgeoise mais ayant vécu et étudié en France dans un grand confort matériel et spirituel, a appris à avoir un regard aussi acéré, juste, tendre, lucide, sans pitié, ironique mais aussi poétique sur les êtres humains et leur environnement ? Son intelligence, son sens de l'observation ?

Grande bourgeoise elle-même, dans ce premier volet l'auteure observe et brosse les portraits très riches en couleur et en psychologie des gens qui se lancent sur les routes pour fuir Paris :
Les Péricand, une famille bourgeoise avec un grand-père en fauteuil roulant et 2 fils -dont l'un est prêtre et l'autre, Hubert, qui veut se battre dans l'armée en quittant la famille pendant leur fuite. Leurs domestiques ; le riche écrivain Gabriel Corte, imbu de lui-même, et sa maîtresse Florence ; les Michaud, couple d'honnêtes employés de banque de situation un peu modeste. Leur fils est déjà enrôlé dans l'armée; Charles Langelet, célibataire égoïste raffiné et pédant qui aime les belles collections, vivant hors du temps.

Oui, ces personnes ont des caractères, des pensées, des réactions, des peurs, des ressentis, des espoirs, tous rendus d'une façon magique. Dans les épreuves, on sent que certaines changent, deviennent moins égoïstes, plus humaines. D'autres font semblant de rien, ne voient rien et espèrent que tout ira bien pour eux pour toujours. Oui, on a de la sympathie pour certain-e-s d'entre eux !

Ces récits se joignent ici et là, il y a des rebondissements inattendus et réussis. Parmi les pépites…Deux pages consacrées uniquement à l'observation d'un chat dans un jardin dévasté, un régal de poésie. La description de ce mois de juin si doux, si fleuri et printanier. Et le jeune garçon Hubert, dans sa naïveté et sa jeunesse, on ne peut que l'aimer. Et puis, les derniers instants du vieux Péricand entouré d'un notaire et de 2 nonnes …épique ! La fin surprise de ce Langelet. le retour inattendu du jeune Hubert présumé mort. de grands moments de lecture !

La mosaïque humaine que peint Némirovsky est d'une grande finesse et justesse. Sans jamais juger, l'auteure témoigne d'une très grande maturité personnelle. Némirovsky a senti arriver l'horreur avec lucidité et ne s'est pas trompée. Elle a eu 100 fois raison d'écrire ce printemps 1940 sous forme de roman. Mais voulait-elle absolument témoigner ? Pas si sûr…
Ecrire passionnément, telle était sa mission…

Un très grand talent qui malheureusement s'est éteint à l'âge de 39 ans dans les camps nazi.
Commenter  J’apprécie          95
Irène Némirovsky, Suite française - ⭐️⭐️⭐️⭐️⭐️

Ce roman a été publié en 2004, mais il a été en fait écrit dans les années quarante dans le feu de l'action de la guerre. Il devait comporter cinq parties. Nous n'en avons que deux, Irene Némirovsky ayant été déportée dans un camp de concentration à Pithiviers puis assassinée à Auswitch en 1942. La première partie relate l'exode des français qui fuient les bombardements et la deuxième, l'occupation allemande. Ce qui marque, au fil des pages, c'est l'écriture en temps réel par une auteure qui devait être tenaillée par l'inquiétude et l'angoisse. Les descriptions laissent voir, avec beaucoup de lucidité, le mépris des bourgeois pour les moins fortunés, l'égoïsme et la solidarité, la haine des allemands mais aussi l'amitié qui naît de leur fréquentation. Il y a de petites longueurs, c'est sûr, mais ce qui m'a fascinée au plus haut point, c'est le magnifique style plein de sensibilité et de précision d'Irène Némirovsky. Ses comparaisons, toujours justes, donnent à voir des attitudes, des éléments de la nature qui autrement passeraient inaperçus. Une grande écrivaine vraiment !
Commenter  J’apprécie          120
Ce livre est tout d' abord un témoignage sur les conditions d' exode suite à la débâcle de 1940. Les faits sont décrits froidement et les êtres humains sont montrés dans des conditions où il faut survivre quitte à penser principalement à soi. cette première partie décrit donc bien toutes les couches de la société touchées par ce drame. La deuxième partie montre des personnages occupés par les Allemands et leurs relations au quotidien. On est saisi par l' ambiguité ambiante et difficile à écrire et par la modernité de certains personnages(Lucille).
Commenter  J’apprécie          10
Très mal adapté à l'écran car se focalisant uniquement sur la passion interdite entre un officier allemand et une jeune française de la bourgeoisie, ce roman inachevé se doit être lu.

Lu tout d'abord en mémoire de Irène Némirovsky qui fut déportée en juillet 1942 et « assassinée » un mois plus tard, lu en mémoire de son époux Michel qui subit le même sort, lu en mémoire de leurs filles (Denise, 11 ans en 1942 et Elisabeth, 5 ans) qui échappèrent pendant 3 ans à la police et à la gendarmerie française avec l'aide de leur tutrice, cachées dans un pensionnat catholique, un couvent, puis dans une cave de la région de Bordeaux, lu en mémoire de toutes celles et ceux qui furent déportés dans des camps de la mort ou des camps d'extermination par le travail.

Lu aussi pour l'acharnement de Denise qui, du haut de ses onze ans, alla avec sa petite soeur de refuge en refuge sans se séparer des écrits de sa mère et qui, adulte, les rassembla pour permettre l'édition en 2004 du dernier roman de Irène Némirovsky, auteure très connue avant-guerre et oubliée après.

Loin d'être manichéen, ce roman se doit aussi d'être lu car écrit dans le feu de l'histoire, dépeignant presque en direct l'exode de juin 1940 et les débuts de l'occupation allemande au travers de personnages touchants tout comme d'autres mesquins.

Je le conseille en collection Folio car accompagné d'une préface qui situe bien son histoire, et accompagné des correspondances de Irène Némirovsky avec son éditeur puis de celles de son époux Michel qui tente tout pour retrouver la trace de son épouse, avant d'être lui-même arrêté par la police française.
Commenter  J’apprécie          142
SUITE FRANÇAISE d' IRÈNE NEMIROVSKI
Livre inachevé sur la débâcle de Juin 40 et le début de l'occupation jusqu'à fin 41, la mort ayant empêché Irène NEMIROVSKI de poursuivre son travail d'écriture.
« Tempête en Juin « relate l'envahissement de la France jusqu'à l'armistice de Juin 40, la fuite de la population sur les routes sous des bombardements, on suit quelques familles issues de milieux différents, simples ou riches et les manières dont chacun se débrouille pour manger ou se loger. Toujours impressionnant de noter à quelle vitesse la progression allemande se produit et la rapidité avec laquelle la population s'est lancée dans l'exode sans préparation. Une fois le choc initial passé, l'armistice signé, les familles que l'on suit vont soit rentrer chez elles, soit poursuivre l'exode en zone libre.
« Dolce » est la seconde partie du livre avec l'occupation et l'accueil obligé dans les familles de soldats ou d'officiers allemands. NEMIROVSKI va suivre une famille aisée Lucile et sa belle mère d'un côté et Madeleine et Benoît, des fermiers. Elle va magnifiquement analyser l'évolution des relations entre occupant et occupé mais aussi entre les occupés entre eux au fur et à mesure que le temps passe, car évidemment haïr les envahisseurs à distance est facile mais comment faire lorsque certains s'avèrent aimables, voire plus et que l'on vit sous le même toit. Sans juger mais en montrant les différentes attitudes des familles NEMIROVSKI dresse le tableau des possibles dans cette période où nul ne sait qui sortira vainqueur demain.
Une suite était prévue, deux chapitres, NEMIROVSKI pensait que le livre ferait autour de 1000 pages mais Auschwitz en décidera autrement.
C'est un livre splendide, émouvant, qui nous fait revivre presque en direct une page douloureuse de notre histoire.
Prix Renaudot 2004.
Commenter  J’apprécie          50
Comment donner mon avis sur cette Suite interrompue ?
C'est tout simplement magnifique. Je n'ai pas les mots pour traduire l'émotion ressentie à la lecture des deux premiers romans.
L'élégance, l'attirance et l'amour sont dans l'écriture d'Irène Némirovsky.
Mais elle sait aussi la part d'ombre des hommes.
En temps de guerre, la nature humaine n'est pas généreuse, c'est ainsi. L'auteure ne juge pas les comportements, mais elle les contextualise.
Ce sont les lâchetés dans le sauve-qui-peut de « Tempête en juin », contredites parfois par des actes généreux.
Dans « Dolce », Les soldats de la Wehrmacht occupant Bussy-la-Croix sont plus vertueux que les bourgeois, nobles et paysans du cru.
Irène Némirovsky met tout son art pour décrire le savoir-vivre des soldats et le raffinement des officiers allemands.
Et pourtant, elle ne se faisait pas d'illusion sur l'issue de sa vie.
Elle a été assassinée par l'ennemi allemand, exterminée à Auschwitz.
J'aurais aimé être emporté par les trois autres romans de Suite française. Elle n'a pas eu le temps de les écrire.
Le destin inachevé sublime cette oeuvre d'Irène Némirovsky.
Commenter  J’apprécie          20
Irène Némirovsky écrit ce roman alors qu'elle est elle-même en résidence surveillée de part son statut de juif apatride (Irène est russe blanche ayant fui la révolution russe, convertie au catholicisme mais d'origine juive).
Son récit commence au moment de la débâcle de juin 40 alors que tout semble perdu, les français se jettent sur les routes pour fuir vers le sud. Une marée humaine composée de pauvres gens, de bourgeois, d'écrivains célèbres et d'hommes politiques.
Une fois les Allemands installés, chacun regagne Paris et on s'intéresse alors à l'occupation d'une petite ville bourguignonne. L'auteure se penche sur les relations entre la population et les forces d'occupation en entrant dans le détail de la lâcheté de chacun. Ici point d'héroïsme mais des arrangements quotidiens.
Irène Némirovsky avait prévu la suite du roman comme on peut le voir dans les notes qui ont été insérées en fin de roman mais son arrestation et sa déportation à Auschwitz ne l'ont pas permis.
C'est un jugement dur et implacable qu'elle porte ici sur les français pendant l'occupation auxquels elle n'attribue aucun sentiment patriotique et au contraire un égoïsme à toute épreuve.
Les notes et les correspondances en fin d'ouvrage se révèlent à mon sens indispensable à la lecture du roman.
Quelle magnifique écriture et une perte épouvantable.
Commenter  J’apprécie          80
Juin 1940, l'exode. Plus que les faits historiques, ce sont les personnages qui intéressent l'auteure, les vaines mondanités du célèbre écrivain Corté, du banquier Corbin et sa danseuse Arlette Corail, de la famille Péricand subissant, autant que le pauvre couple Michaux, les mêmes bombardements, hôtels bondés, magasins dévastés.

Dans la deuxième partie, un petit village, la cohabitation avec les boches distribuant des friandises aux gosses, la collaboration qui se met en place dans la bourgeoisie et la petite noblesse, le désarroi de la jeune Lucile Angellier dont l'homme est prisonnier, hébergeant un officier allemand raffiné, coupé de sa famille depuis des mois.

L'écriture est classique et très belle et sa vision est excellente, raillant les petites médiocrités, à la recherche de l'essentiel. Ce n'est pas si noir, c'est fort, ça sent terriblement le vécu.

En annexe une émouvante correspondance, les derniers moments de l'auteure arrêtée et déportée en juillet 1942.
Emouvant aussi de comparer l'accueil des réfugiés en 40 avec ce que peuvent ressentir les Ukrainiens.
Commenter  J’apprécie          510
Quand passe la tempête, il y a deux solutions : soit elle vous tue, soit vous en sortez vivant. Irène Nemirovsky ne survivra pas à la 2ème guerre mondiale et ses atrocités. le destin collectif imprimé au plus grand nombre par des tyrans totalitaires aura raison de son propre destin individuel. Mais voilà, l'écrivain a l'art pour allié et l'immortalité pour patrie. Suite Française - Tempêtes comme songeait à l'appeler son auteure - est un chef d'oeuvre, comme le voulait aussi son auteure. Composé comme un film, de la ligne directrice aux éclairages, de la petite musique de chaque scène aux couleurs générales, le destin collectif joue avec nos destins individuels, la guerre avec la paix, l'amour avec la haine, l'art avec la vulgarité, la peur avec le courage. On sait le sujet : je n'y reviendrai pas. Dans son traitement tout est beau, fin et juste, des contrastes saisissants de la 1ère partie à la fusion impossible dans Dolce, la seconde - la scène au jardin des Perrin est un bijou mais on pourrait en citer tant d'autres !
Commenter  J’apprécie          180




Lecteurs (4329) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3236 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *}