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EAN : 9782246821731
304 pages
Grasset (16/09/2020)
4.01/5   34 notes
Résumé :
De nos jours, nous sommes en mode, souvent connectés, toujours sur Facebook à distribuer des likes et des émoticônes, appeler à la bienveillance ou exprimer sa colère, traquer la fake news, réagir au buzz, et ponctuer nos phrases de du coup, en même temps, voilà, et bonne continuation. Dans une société de l’hyper communication, notre langue change à toute vitesse.

De nouveaux termes apparaissent, certains sont importés (impacter, racisé, selfie, burn-... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Quand j'étais plus jeune, j'entendais souvent dire que les jeunes ne savaient plus parler correctement… Ce qui est drôle, c'est que maintenant que je suis moins jeune, c'est un discours que j'entends encore très souvent, et même beaucoup plus souvent.

L'auteure, à travers cet essai, propose d'une manière assez simple, accessible, mais surtout pleine d'humour de décortiquer ces mots, ces expressions qui sont le reflet de notre société.

Qui n'a pas été surpris par la généralisation de certains mots, tout droit hérités des réseaux sociaux, ou qui nous viennent des « banlieues »… Qui n'a pas déjà utilisé « Pardon, j'ai zappé de te rappeler, je suis en mode zombie là, on est sur un gros dossier, j'ai buggé. En vrai, je suis mort, faut vraiment que je déconnecte…« . de nos jours, nous sommes en mode, souvent connectés, toujours sur Facebook à distribuer des like et des émoticons, traquer la fake news, réagir au buzz, et ponctuer nos phrases de du coup, en même temps, voilà, et bonne continuation.

Pour beaucoup, ces modifications linguistiques sont le reflet de l'appauvrissement de la langue, pour l'auteure, c'est au contraire une évolution reflet de notre société, de notre époque et de ses préoccupations. La manière dont elle présente les choses, je dois dire que c'est assez drôle tout en étant très documenté et cela donne un nouvel angle d'approche sur les modifications du langage qui peuvent nous rebuter.

Certaines expressions sont par ailleurs tirées de notre hyper connexion, ou permettent de donner plus de poids à ce qui nous arrive ou ce que l'on fait : l'emploi de la préposition « sur », qui donne à l'utilisateur de ladite préposition des airs d'expert : on est sur du 100 % coton bio, on est sur de la vache au lait cru… L'expression que l'on aime bien rajouter et que l'on entend souvent : « en mode » : en mode burn-out, en mode vacances, en mode cougar, qui fait référence au fonctionnement, aux boutons « on/off ». le parallèle entre l'arrivée d'Internet et la révolution linguistique est très intéressant notamment avec l'utilisation de terme qui, il y a 20 ans n'étaient pas utilisés dans le langage courant : « Connecté », « bugger », « googl(is)er », « selfie », « hashtag » font référence à la Toile ou à nos téléphones portables.

A travers les mots, c'est toute une étude sociétale que l'auteure nous propose sans langue de bois, avec humour et pertinence. Les puristes peuvent dire ce qu'ils veulent, la langue évolue au gré de la société, elle s'enrichit.
Lien : https://julitlesmots.com/202..
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Le postulat de la linguistique cognitive est que "Nos mots, s'ils entreprennent de décrire le monde (ils sont référentiels) décrivent surtout la façon dont nous le percevons (la construction de la référence)."
Se basant sur un corpus de mots et d'expressions un peu parisianiste, elle le reconnaît ,mais pas que , la linguiste et enseignante Julie Neveux a donc dégagé plusieurs tendances et les analyse avec un style enlevé et réjouissant. On est bien loin ici des cours de linguistique que j'ai dû subir dans un autre siècle !
De la technologie qui montre que parfois nous nous prenons pour des machines ("Je suis en mode survie, laisse-moi mourir tranquille", aux bons sentiments quasi obligatoires, sans oublier les revendications féminines , notre rapport aux médias et à l'écologie, on sent que c'est avec délectation que l'autrice collecte et  décortique nos tics, métaphores et autres néologismes.
Le propos est clair et d'un enthousiasme communicatif ! J'attends déjà avec impatience son prochain opus: il y aura de quoi faire avec ce "nouveau monde" dont on nous rebat les oreilles !
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Voici un livre qui traite avec beaucoup d'humour du vocabulaire né de la fréquentation de l'informatique et d'internet.

Il est à la fois érudit (recherches éthymologiques passionnantes), très dynamique et en prise directe avec les réalités virtuelles.
Le vocabulaire qu'elles engendrent révèle ce que nous sommes, ou plutôt ce que nous sommes en train de devenir par le biais de l'utilisation des réseaux sociaux où la sphère de l'intime n'existe plus et où les logarithmes marchandisent tous les aspects de la vie humaine.

L'expression de nos sentiments se réduit à quelques signes, à des tics de langage insérés dans un monde formaté et sans nuances. Plus la communauté d'amis grandit et plus on reste seul.

Ce n'est pas une leçon de morale qu'administre Julie Neveux, loin de là : son ton modeste et enjoué, sa rigueur d'analyse emporte l'adhésion : nous avons changé d'univers. A nous de trouver un pare-feu.
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Un essai passionnant qui décortique la société actuelle par le prisme de la linguistique, avec fluidité et humour. Un véritable coup de coeur !

Je parle comme je suis. Je ne parle pas comme mes parents, qui eux-mêmes ne parlent pas comme leurs parents.
La société évolue et notre langue avec elle. Cette enquête au pays des mots en est la preuve.
Je pense qu'il faut l'accepter et ne pas la figer à tout prix (même si parfois cela peut faire mal aux yeux et/ou aux oreilles). Les mots, que l'on emploie, ont un sens, un sens directement lié à ce que nous vivons dans notre société. Nous parlons comme nous sommes, nous parlons comme nous (sur)vivons dans ce monde.

Cette lecture m'a également fait prendre conscience de certains travers de langage, qui ne me plaisent guère dans ma bouche. Prenons donc garde à ne pas perdre notre propre identité dans le tsunami de la mode langagière.
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Un bijou, un cadeau à offrir ou à s'offrir!

Après avoir entendu parler de ce livre à la radio, je l'ai cherché en vain dans mes librairies de quartier; j'ai fini par le trouver au rayon linguistique ou essais de niche des grandes librairies; ce livre ne s'adresserait-il qu'aux intellectuels intéressés par le langage? à peine paru, il reste un livre qu'on ne saurait voir.
Intitulé "je suis comme je parle", il figurerait sans doute parmi les prix littéraires et les traités sur le bonheur? En effet, qui suis-je? intéresse tout un chacun.
Et c'est bien ce dont il s'agit, par le prisme de la parole, par les mots de chacun et de tous : un jeu de mots et un jeu de société auquel le lecteur est convié. Il s'instruit en s'amusant sans lassitude aucune. Emporté du début à la fin par le flot impétueux des mots, le chassé-croisé d'expressions qui circulent subtilement et les recours aux réflexions littéraires, historiques, philosophiques et même politiques, le lecteur finit par aimer la langue et même la linguistique. le ton joyeux et plein d'humour et d'humanité y est pour quelque chose sans doute!
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Citations et extraits (26) Voir plus Ajouter une citation
Mais à quoi bon alors dire story en français plutôt qu' "histoire", me direz-vous ? La réponse, je m'en excuse, est toujours la même. Quand on importe un mot, ce n'est pas seulement une donnée lexicale qu'on importe, c'est toute une culture. Avec "histoire", débarque l'image de votre vieux livre de terminale, plein de poussière, et voilà que vous prend l'envie d'éternuer, à vos souhaits. Avec "story", vous avez des dollars plein les yeux, le clap clap des sabots des chevaux qui galopent dans vos oreilles, le vent du plein Ouest qui vous décoiffe, et l'ivresse d'une promesse de succès, avec, en écho, un autre composé : la success story. (...) Alors, on a beau savoir que le mot "story" vient de notre terme "histoire", le mythe souffle plus fort, et balaie la mémoire.
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Quand je suis connecté(e), je peux voir ce que font mes amis, les amis de mes amis, ceux qui follow (suivent) les amis de mes amis, je ne suis plus seul(e). Mais que la connexion s'interrompe, et ma vie sociale, telle une bulle de savon heurtant un coin de meuble, éclate. Personne n'est avec moi, si ce n'est ma machine, qui ne me parle pas, ou d'une voix bizarre. Ma connexion est séduisante et reflète les rayons du soleil, mais son éclat est éphémère, et sa dispersion me rend à ma solitude, réelle, et d'autant plus cruelle.
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Souvent, cette vérité exprimée par "en mode" est empreinte d'auto-dérision ; le portrait que je fais de moi est une caricature ; drôle, il grossit le trait et désarme l'attaquant. "Je suis en mode survie, laisse-moi mourir tranquille." Mais, comme toutes les métaphores quotidiennes, l'expression "en mode" n'est déjà plus perçue comme une métaphore, et c'est en cela qu'elle peut inquiéter : car "en mode" nous présente bien comme une machine capable de passer, en une nanoseconde, en un clic, d'un état émotionnel à un autre, sans transition. L'expression consacre linguistiquement l'avènement de l'homme-zapping, l'homme qui zappait ses états. Ephémérité de l'émotion, éphémérité de l'état ; à force d'être en modes, on risque de ne plus savoir qui on est, ou ce qu'on éprouve.
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Le paradoxe du lexique de nos sentiments est criant, jamais nous n'avons été aussi sentimentaux, et jamais nous n'avons été aussi peu romantiques. Le sentiment, en acquérant une valeur marchande sur les réseaux sociaux est devenu très "bankable". Notre société en tire un certain bénéfice : en pratiquant au quotidien, notamment au travail, le registre sentimental, en tentant de répondre à l'expression de la colère par des gestes "bienveillants". Mais la publication continuelle de nos quasi émotions ne nous aide pas franchement à comprendre la nature, plus complexe, de nos émotions intimes. On s'échauffe en public, on débat et s'émeut avec une facilité inouïe. Mais dans l'intimité de nos couples, ou de nos trouples, nous sommes devenus pudiques.
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(...) lorsque vous dites essuyer une goutte de béchamel (sauce chic inventée par le marquis Louis Béchameil de Nointel, maître d'hôtel de Louis XIV), sur la porte de votre frigidaire (@Frigidaire) avec votre sopalin (@Sopalin) avant de le jeter à la poubelle (dont l'emploi fut généralisé par Eugène Poubelle à la fin du 19e siècle). Il s'agit de l'emploi commun d'un nom propre ou d'une marque déposée (ce procédé s'appelle une autonomase). Le succès de la marque Google est tel que le verbe "googler" consiste à rechercher des informations sur n'importe quel moteur de recherche. Vous pouvez googler votre date sur Safari, il ne sera pas pour autant safarisé. (A part, peut-être, s'il a une tête de girafe.)
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