Les manifestations

Le protagoniste s'appelle Paul. Il est employé à la Société d'Histoire et de Généalogie de Sherbrooke. Ophélie, son ado de fille, cultive son penchant hypocondriaque en finançant Dying Lucy, expérience létale en direct, et son ex-épouse se console du divorce en passant le tiers de son temps dans d'autres lits que le sien. Quant à sa mère, pensionnaire d'une maison de retraite, elle peine à savoir qui il est. Dans ce (sur)prenant roman du désenchantement, Nicol place sur la pente glissante un quarantenaire en quête de vie augmentée. Dans la marge, L Histoire littéraire -de Victor Hugo qui fait tourner les tables à Guernesey à Breton en façonnage des Champs magnétiques- suggère qu'un autre possible peut survenir. Et si contre toute attente, il commençait avec l'urinoir de Marcel Duchamp ?

Que reste-t-il de nos vies, qu'est-ce qui en manifeste le présent, à quelle bouche d'ombre confions-nous nos paniques de la disparition ? Par fragments qui finissent par se répondre, par autant d'obsessions qui entre elles communiquent, Patrick Nicol écrit moins un roman de revenants qu'un récit sur le risible de ce qui revient, sur, de Victor Hugo à André Breton, nos arrangements pour y croire. Entre généalogie et histoire, Les manifestations superpose de belles images de notre quotidien ordinaire ainsi que la mémoire d'une ville ouvrière, Sherbrooke.
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