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Vincent Delezoide (Traducteur)
EAN : 9782742758562
128 pages
Actes Sud (28/10/2005)
3.69/5   8 notes
Résumé :
Une poésie presque silencieuse…

Un tout jeune garçon marche dans un désert glacé avec un sac-à-dos-ourson pour seul compagnon. Comme un Petit Prince mutique et solitaire, il va apprendre la vie dans un monde cruel. Tout au long de ce voyage, ce naufragé sera assailli par des rennes, deviendra chef de meute d’une troupe de loups, trouvera un hélicoptère abattu près de bunkers d’une guerre qui, peut-être, continue encore…
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Voici une bien étrange BD, au style et au propos qui peuvent paraître, de prime abord, déroutants et nébuleux.

Elle est découpée en trois parties disjointes : d'abord un prologue centré sur le mythe de Sisyphe, puis le corps de l'ouvrage qui donne son nom à l'ensemble et enfin une sorte d'épilogue sarcastico-loufoque où l'auteur combine les mythes du Minotaure et de Sisyphe d'une façon quelque peu non conventionnelle.

Je passe rapidement sur le mythe de Sisyphe, que l'auteur prend comme ligne directrice, au propre comme au figuré. le sillon laissé par le passage répété de la pierre est assimilé au destin, rectiligne et sans surprise, allégorie de la vie (naissance, vie, mort, cycle éternel). le seul élément nouveau, c'est qu'une oie vient questionner Sisyphe sur le sens de son existence, ce à quoi le malheureux est bien en peine de répondre.

Dans la seconde partie, on découvre un " héros ", ou plus exactement un personnage principal, qui marche sur une grande route rectiligne, au milieu de nulle part, sur un terrain plat et désolé. Il porte un sac à dos auquel il a accroché un nounours, qu'on imagine être pour lui un confident de longue date, pourquoi pas, si on pousse la réflexion là-dessus, son antique doudou.

Il parle à ce nounours, un peu à la façon dont Tom Hanks s'entretenait avec son ballon dans Seul Au Monde. Chemin faisant dans cette étendue désertique et froide, il passe ses colères sur son ours, lui reproche son mutisme. Il rencontre des rennes, qui cherchent à lui dévorer sa peluche, il croise une meute de chiens, qui pourraient tout aussi bien être des loups. Les rennes l'attaquent et les chiens pas.

Il voit passer des hélicoptères au loin, puis un bus rempli de monde qui lui passe sous le nez à fond de train sans ralentir. le bus est marqué d'une étoile révolutionnaire et l'un des passager braque au passage un pistolet dans sa direction et fait " bang " pour s'amuser.

Qu'est-ce que c'est que cet univers déjanté ? me direz-vous. Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris, ni même qu'il y ait forcément quelque chose à comprendre, mais c'est pour le moins intrigant.

Je pense que tout est symbole, tout est allégorie. Ceux qu'on croit être doux comme des agneaux peuvent se montrer dangereux et ceux qu'on imagine nous vouloir du mal savent ne pas se montrer le pires.

L'auteur voit passer le bus des revendications, l'âge des révolutions et rate le bus. La route rectiligne paraît évidemment représenter le cours inéluctable de la vie dont on ne peut pas s'écarter sous peine de se perdre encore davantage.

Je vous laisse le soin de découvrir et d'interpréter la suite de l'histoire où l'auteur découvre un hélicoptère abattu qui s'est échoué sur une manière de gigantesque pipeline. Là-bas il rencontre des gens, ... aux attitudes... surprenantes...

L'épilogue semble nous enjoindre à réfléchir sur nos relations sociales, sur le sens de l'amour et son lien à la destinée.

Donc, voilà une bien, bien singulière production, au graphisme épuré (dessin noir au trait, parfois, intercalées, des pages au trait en couleur monochrome) pour laquelle j'hésite entre 3 et 4 étoiles. le plaisir brut de lecture m'incite à ne pas aller au-delà de trois, mais la réflexion philosophique derrière et plus intéressante et justifierait les quatre.

Bref, si vous vous sentez un peu paumés dans l'existence, cette histoire pourra peut-être faire écho en vous, mais probablement pas vous donner de solution. J'y vois, quant à moi, une expérience graphique et philosophique à tenter, mais ce n'est là que mon tout petit avis, en rien experte en BD d'adulte, autant dire, pas grand-chose.
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On entre dans « des chiens de l'eau » par le mythe de Sisyphe. Fils d'Eole, Sisyphe est contraint par Zeus de pousser un énorme rocher jusqu'en haut d'une côte afin qu'il puisse redescendre de l'autre côté. Malheureusement, il n'y parvient jamais, le poids du rocher l'emportant à chaque fois alors qu'il se trouve proche du but.
Si cette scène inaugurale peut paraître un peu obscure de prime abord, son absurdité reste présente à la lecture de la partie suivante. Un homme marche sur une route. On apprend qu'il n'a croisé personne depuis plus de quinze jours. D'emblée, la possibilité qu'il y ai un endroit au monde où l'on puisse errer pendant deux semaines sans rencontrer âme qui vive nous renvoie immédiatement dans l'univers sinon du mythe, au moins du conte.
Cet homme porte un manteau, un sac à dos et converse à propos de rien avec un ours en peluche (le sien ?) sanglé à l'arrière de son sac à dos. Ils errent tout deux et tour à tour vont rencontrer le laid, le moche, l'affreux de la condition humaine, ses charognes.
Dans sa préface à son recueil de photos « Errance », Raymond Depardon affirme qu'il est impossible d'errer convenablement en ce monde, que l'humain en a tellement balisé les contours, que toute quête devient par essence humaine. Au regard de ceci, associé à Sisyphe, ce voyage errant tire son irréalité de son moteur même, l'errance comme impossibilité humaine. L'art de Nilsen consiste à mettre l'abstraction idéale de son récit au second plan. En se concentrant sur le dessin, sur sa sobriété formelle, en représentant un homme au milieu de la page, dans sa blancheur immaculé, Nilsen rend possible à l'intérieur de la page l'impossibilité de l'errance. En somme, rien n'est impossible pour le dessinateur.
Au final, si cet album détonne, se démarque de ses contemporains, c'est avant tout parce que l'auteur en a pensé l'absolue limite inhérente au travail du dessinateur. Il tache au travers de son travail de justifier que la bande dessinée elle-même n'est en somme qu'un vaste Sisyphe, qu'une reconstruction de chaque instant. On peut d'ailleurs étendre ce constat à chacune des tentatives humaines de s'extraire de cette réalité toute humaine.
Nilsen conclue son album en croisant les mythes du Minotaure et celui de Sisyphe. Par cet ajout, l'humour bien présent au fil des pages renforce un peu plus le côté burlesque de cette situation.
Dire qu'il faut lire « Des chiens de l'eau » comme une bande dessinée conceptuelle n'a pas de sens tant Nilsen accorde de place à la précision du trait et à la conception narrative.
Dire qu'il faut lire « Des chiens de l'eau », tout simplement.
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Que cet album est fort étrange ! Je confirme. Il se dégage quand même quelque chose de plaisant. Au niveau du graphisme, il n'y a pas de case ce qui nous entraîne dans un univers où il n'y a peut-être pas de règle. L'impression d'infini est parfaite. le choix de l'auteur est judicieux. Je ne dirai pas la même chose de la couverture qui semble être un peu décalée.

Nous commençons par un épisode de la mythologie grecque un peu détourné mais qui n'en demeure pas moins intéressant quant à la vison de l'auteur.

Une oie interroge un homme en train de faire depuis des milliers d'années le même travail à savoir rouler une grosse pierre au sommet d'une montagne pour la lâcher en bas. On comprend qu'elle essaie de rompre le mécanisme des habitudes. Quelques fois on est toujours focalisé sur la même chose qu'on en oublie l'essentiel. La vie nous permet de réaliser beaucoup de choses pour peu qu'on ait envie de se lancer.

Ensuite, on enchaîne le récit avec un homme qui traverse seul un grand désert avec un ours en peluche sur le dos. Il ne connaît pas sa route. On voit que la thématique reste la même. Il va faire des rencontres qui vont changer le cours de son existence.

On reviendra au final sur un épilogue de la mythologie grecque faisant intervenir Sisyphe et le Minotaure. On se rend compte que l'auteur savait où il nous embarquait au début de ce grand voyage dans l'âme humaine. Pas mal en somme.
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Une très étrange bd...
Sisyphe remonte son rocher, fait une pause et discute avec une oie.
Un jeune homme marche, seul, sans but, juste celui d'avancer, avec pour seul compagnon, un ours en peluche à qui il parle.
Le Minotaure se meurt d'amour.
Trois symboliques en forme de rêveries.
Un dessin minimaliste mais clair et parlant. Anders Nilsen est intrigant.
Auteur à suivre.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Ma vie entière, en fait, n'est qu'une longue succession de choix désastreux, d'événements absurdes et incohérents mis bout à bout.
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Le vrai vagabond ne repasse jamais deux fois par le même endroit.
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