Big Questions : Ou l'Asomatognosie : au fait, à qui est cette main ?

Big questions : une sacré bande dessinée ! Déjà par son format : 23 cm * 18 cm et 6 cm d'épaisseur (592 pages). Poids estimé : plus d'un kilo. Pas le livre qu'on peut trimballer partout.
Le plus important : le contenu. Difficile de résumer ! D'abord, il y a des oiseaux (pigeons) qui mangent des miettes et discutent. Les dialogues sont plein de réparties et abordent des questions philosophiques. Beaucoup de vignettes sans paroles, on observe, on comprend… beaucoup de moments se passent dans le silence. Puis d'autres personnages s'ajoutent : une vieille dame et son petit-fils, un serpent, des corneilles, un pilote… et ça donne un sacré mélange ! Ils se croisent et recroisent, s'affrontent, se protègent… Un peu de mal à me retrouver dans les différents oiseaux mais j'ai aimé me plonger dans ce monde un peu étrange certes mais tellement fascinant. Une belle allégorie sur la vie et la signification

Anders Nilsen est l'auteur de plusieurs ouvrages, mais ce « Big questions », entamé il y a plus de quinze ans, peut néanmoins être considéré comme son premier livre, même si celui-ci ne s'est achevé qu'en 2011.

Débuté comme un fanzine auto-édité, mettant en scène les débats existentiels d'une colonie de moineaux dans un lieu inconnu, cette histoire a finalement donné naissance à une épopée fantastique de près de 600 pages, éditée en français par l'Association.

Tout commence dans une plaine isolée, en compagnie d'oiseaux dotés de la parole et d'un minimum d'intelligence, qui s'interrogent sur la faim et sur la signification des choses. Dans cet environnement restreint ne résident que deux personnages humains : une grand-mère et son petit-fils idiot, qui sont à l'origine des miettes de donuts dont se nourrissent les volatiles. Une série de phénomènes mystérieux, dont l'apparition d'un oeuf géant et le crash d'un avion, va cependant faire basculer leur existence banale dans un monde aussi fascinant qu'angoissant.

Suite à cet événement détonateur, le lecteur accompagne les différents personnages dans un monde en pleine évolution, particulièrement déstabilisant, et assiste à la genèse d'une nouvelle société. Au fil des pages, les oiseaux vont dévoiler leur personnalité et soulever de nombreuses grandes questions relatives au sens de leur existence. En proie à des questionnements et à de nombreux doutes, la petite communauté doit notamment revoir le fondement de ses croyances. Alliant questionnements philosophiques abstraits sur la mort, sur l'origine des choses ou sur l'au-delà, cette belle brique invite à la réflexion. Faisant écho aux angoisses de notre société et à ce besoin de comprendre à tout prix le monde qui nous entoure, cette parabole existentielle saupoudrée d'humour absorbe progressivement le lecteur. Divisé en quatre-vingt chapitres, cette histoire conçue à la base comme une succession de strips, met certes un peu de temps à trouver son rythme, mais prend progressivement forme, tout en parvenant à se trouver une cohérence.

Cette évolution, se retrouve également au niveau du visuel, avec un dessin fort dépouillé qui s'étoffe au fil de la lecture. S'appuyant initialement sur un échange de dialogues sur fond visuel simpliste, l'album offre ensuite de plus en plus de séquences muettes qui contribuent à installer une ambiance. Cette mise en avant du graphisme qui multiplie les passages silencieux, incite également le lecteur à s'interroger sur la signification des différents événements.

« Big questions » est un petit chef-d'oeuvre que je vous invite à découvrir au plus vite et que vous retrouverez également dans mon Top de l'année.
Lien : http://brusselsboy.wordpress..

Oui, Big Questions c'est le titre de cette BD. Et quand on lit le sous-titre, les questions sont encore plus grandes : « l'asomatologie : au fait, à qui est cette main ? » humhum… mais qu'est ce que c'est que ce truc que j'ai entre les mains (justement) se dit-on ? Première réponse à une question que vous vous posez peut être (si vous ne vous la posez pas alors là chapeau hein !), eh bien l'asomatologie désigne la perte de reconnaissance d'une partie de son propre schéma corporel, en gros, on peut regarder son pied ou sa main en se demandant à qui ils sont… Voilà voilà le décor est maintenant bien planté.

Vous avez donc compris qu'il s'agit de quelque chose de pas commun. Et bien c'est parti pour près de 600 pages ! Et ça commence avec des pinsons qui mangent des graines au milieu de nul part. Et puis en voila un qui se pose une question : « Dans quelle mesure sommes nous responsables de l'accomplissement de notre destin ? ». Et puis d'autres… Et apparaissent une grand-mère avec son petit fils idiot, et l'ombre d'un avion, et une bombe, et un serpent et … et … et …. Et ça n'arrête pas. C'est drôle et c'est un peu dingue. Et puis voila ces petits pinsons confrontés à la religion, à la mort, à la nouveauté, à l'inconnu… A la chute d'un avion. Qui entraine une nouvelle révolution dans ce monde fantasmagorique. Nous assistons à la naissance d'une nouvelle société. Au fil des pages, et de pas moins de 80 chapitres, les oiseaux vont dévoiler et développer leurs personnalités et se poser Les grandes questions philosophiques et existentielles. Entre lutte de croyances, de pouvoirs, d'idées, l'auteur nous renvoie à nos propres réflexions sur le monde.

Cet ouvrage, Anders Nilsen l'a débuté 15 ans avant de dessiner la dernière page. Les premiers strips, il les a réalisés lors d'exercices d'écriture automatique à l'université. Les suivants suivront (c'est logique non ?), mais de manière plus construite, avec une recherche de cohérence. Des personnages humains apparaissent pour enrichir le récit. L'histoire s'étoffe. Partis de quelques cases plutôt humoristiques, nous voila embarqués dans ce fabuleux récit métaphysique. Parti de simples pinsons mangeurs de graines, l'auteur laisse vaquer son imagination et laisse l'histoire se construire avant de suivre une trame cohérente (ou presque) jusqu'à son dénouement. Comme une poésie, c'est beau, c'est parfois un peu dur à suivre, mais ça coule comme une rivière (que l'on retrouve souvent dans l'histoire).
En 15 ans, le dessin lui aussi a eu le temps d'évoluer. Les pinsons dans leur case (et non cage) vont laisser place à de superbes planches graphiques. Un réel travail de mise en page rythme la lecture et nous emmène encore plus profondément dans cette ambiance curieuse entre étonnement et perplexitude. Nilsen nous plonge au fond de lui-même pour en sortir des images dont l'étrangeté nous émeut et nous trouble.

De l'humour, de la philosophie, de l'absurde, du fantastique, et plus encore. Vous l'avez compris ce pavé n'est pas à jeter dans la mare (aux pinsons) !
Lien : https://www.bdfeel.fr

Un tel pavé peut parfois intimider, même en bande dessinée (c'est le cas par exemple des livres de Craig Thompson). Pourtant, il n'en est rien. Au-delà du travail graphique remarquable (sur le mouvement, sur les paysages, sur le presque rien), c'est la narration ultra équilibrée qui rend cette bande dessinée incroyable. Une histoire que l'on pourrait résumer par : une bande d'oiseaux voit son train-train quotidien changer lorsqu'un oeuf géant (en réalité une bombe) tombe du ciel. Mais c'est bien sûr bien plus que ça, et aussi bien moins.

Un livre-monde à découvrir absolument.

Magnifique livre !! Chaque page est d'une beauté incroyable et l'histoire a la saveur d'un conte qui nous touche au moment où on le lit et qui j'en suis sûre me touchera différemment quand je le relirai.