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EAN : 9782356741035
223 pages
Daniel Maghen (26/08/2021)
4.14/5   127 notes
Résumé :
C’est dans les montagnes des Vosges, dans une ancienne métairie au cœur de la forêt, que Pamina a choisi de vivre isolée du monde avec son compagnon Nils. Elle se sait entourée par une harde de cerfs dont elle ne perçoit que les traces. Jusqu’au jour où Léo, photographe animalier, construit une cabane d’affût dans les parages. Léo initie Pamina à l’affût pour observer le mystérieux clan. Au fil des saisons, par tous les temps et souvent de nuit, Pamina guette l’appa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Suite à deux jolis moments de lecture avec « La langue des oiseaux » et « Un chien à ma table », je m'étais promise de revenir vers Claudie Hunzinger avec « Les Grands Cerfs ». Quelle n'a pas été ma surprise de voir son adaptation en bande dessinée.
Préférant les mots des auteurs et mes propres images, c'est un genre littéraire que je lis peu. Mais en feuilletant le livre, j'ai été attirée par, justement, l'économie de mots, mais aussi par la douceur des couleurs à dominante de bleu et par la superbe couverture où deux cerfs observent le lecteur nous invitant à les suivre.

*
Cette histoire se passe au coeur des forêts vosgiennes, dans une ancienne métairie isolée près de Colmar.
Pamina décide de quitter Paris avec son compagnon Nils et de se réfugier à la campagne, loin du stress, du bruit et de la densité de la capitale.

« Donc, nous nous situons entre la forêt, la vie sauvage, et le village qui est en bas. Nous sommes entre ces deux mondes... Au départ, on se dit que c'est une position inconfortable. Mais c'est un inconfort essentiel, parce qu'on ne quitte pas le monde humain, parce qu'on approche le monde animal et l'on s'aperçoit qu'entre les deux, il n'y a pas de mur, pas de frontière. »
Claudie Hunzinger, L'Heure bleue

Là vit une harde de cerfs que photographie Léo. Très discrets, Pamina n'entend que leurs brames qui résonnent dans la forêt. Elle aimerait s'en approcher et les observer.

« Les voir, c'est voir l'invisible. »

*
La grande place faite aux illustrations, les tonalités de bleu, le choix de faire parler les images davantage que les mots, apportent une douce sensation de sérénité, d'apaisement, de silence.
Je me suis prise à observer minutieusement les dessins, l'harmonie des couleurs pastel, et tout doucement, j'ai dérivé vers un espace hors du temps où j'ai été sensible aux odeurs délicates des bruyères, au bruit du vent dans les feuillages, au chant des oiseaux, aux craquements des branches, à la caresse froide des flocons de neige sur mon visage.
Consciente d'être seulement invitée, je me suis fondue dans la forêt et là, un monde plein de magie et de mystère s'est dévoilée.

« Il faut savoir disparaître pour que l'autre s'approche de vous. Et là, tout un monde apparaît. »

Léo explique à Pamina comment se rendre invisible pour ne pas les déranger et pouvoir les contempler à loisir. La jeune femme, fascinée par les cerfs, va alors s'engager dans un combat contre les chasseurs et l'Office national des forêts qui soutient l'industrie du bois en fixant les quotas de cervidés à tuer.

*
Par des teintes d'un bleu tendre allant jusqu'à l'indigo et le bleu-nuit, Gaétan Nocq restitue remarquablement l'atmosphère contemplative et douce du récit, la beauté de cette nature sauvage qui évolue suivant les saisons, la sensation d'espace et de liberté, la majesté des cerfs. Les dessins sont magnifiques, la douceur du tracé et les couleurs vaporeuses presque translucides, entraînent le lecteur vers un univers onirique et poétique.
C'est un récit instructif sur le roi de nos forêts, on apprend beaucoup sur son comportement, sa vie sociale, son mode de vie, ses habitudes, son habitat, le cycle de ses bois, …

Mais l'atmosphère s'alourdit au fil des planches dont certaines se recouvrent de rouge et viennent rompre ce lyrisme visuel et montrer aussi la réalité : elles instaurent alors un climat radicalement différent, angoissant, brutal. Elles dénoncent la gestion ambiguë des forêts par l'Office national des forêts, l'objectif de rentabilité des propriétaires forestiers, l'exploitation irresponsable des ressources de ces espaces naturels.
Tout cela entraine la dégradation et la destruction des écosystèmes, la disparition des espèces et la réduction de la biodiversité.

Léo initie Pamina à l'affût mais entre la jeune femme et le photographe animalier, un mur va se dresser au sujet de la chasse. Un débat intéressant où il est question de respect de la vie animale, de préservation des espèces sauvages, de laisser la Nature s'autoréguler ; ou, au contraire, de contrôler et de réguler la faune en surnombre par la chasse.
Pourtant, certaines dérives comme la chasse aux trophées amènent les chasseurs à « prélever » les plus beaux spécimens. En agissant à l'inverse de la sélection naturelle, en éliminant les meilleurs reproducteurs et les animaux en bonne santé, ne désorganisent-ils pas les groupes sociaux et ne fragilisent-ils pas l'espèce ?

« Alors tu penses que les chasseurs régulent … Eh bien moi, je suis pour le renard qui emporte le faisan ou le petit lapin dans sa gueule. Je suis pour le blaireau qui, en creusant, capture le campagnol ou la taupe… »

*
« Les grands cerfs » est un magnifique récit initiatique, touchant, poétique, instructif où l'on sent derrière les dessins de toute beauté de Gaétan Nocq, les idées et le combat de Claudie Hunzinger pour une meilleure coexistence entre l'homme et la faune.
Un très beau plaidoyer pour la vie sauvage que je vous invite à découvrir.

« le monde arrive et se pose à nos pieds comme si nous n'étions pas là. Et on constate que tout le monde se passe de nous. »

***
Un grand merci à Fanny (@Fanny1980) qui m'a fait découvrir ce bel album.
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Voici une BD tout en bichromie adapté d'un roman de Claudie Hunziger. A noter que cette autrice alsacienne est également une artiste plasticienne. La nature est au centre de son oeuvre.

On assiste à une histoire vraie où je reconnais les lieux de ma région natale à savoir l'Alsace. Il est vrai que les massifs vosgiens recèlent encore de beaux cerfs qui tentent de survivre face à la chasse et à la politique pour le moins destructeur de l'ONF que dénonce d'ailleurs l'auteure plus ou moins subtilement.

J'ai beaucoup aimée ce rapport à la nature que je n'avais pas ressenti depuis un film nommé « Into the Wild » qui m'avait beaucoup marqué en son temps. Il y a quelque chose de vraiment puissant qui se dégage de ce récit et de ces images impressionnantes de beauté.

C'est une lecture qui sort des sentiers battus mais qui n'en demeure pas moins très intéressante pour peu que l'on s'intéresse à Dame Nature et aux derniers animaux sauvages. La fin de ce récit est juste horrible dans le genre boucherie de viande sauvage et nous pose beaucoup de questions qui demeurent légitimes. le rôle de régulation de l'ONF est remis en cause assez sérieusement sur fond de petits arrangements entre notables et chasseurs.

Cette BD est une belle procession à l'état sauvage pour peu que l'on soit à l'affût de l'observation dans des caches au milieu des bois. le chant du brame n'aura plus aucun secret pour vous après cette lecture.
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Je n'ai pas spécialement aimé le roman, qui faisait à mon goût, trop documentaire mais la couverture du roman graphique m'a attirée et je ne le regrette pas. de majestueux cerfs en mouvement en fondu bleu qui donne la sensation au lecteur d'être dans dans le décor et d'y faire fonctionner ses cinq sens. le questionnement restera le pour ou contre à réguler ces cervidés. Une illustration magique et inoubliable !
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Une magnifique immersion dans la faune des Vosges. Un enthousiasme encore augmenté par le fait que je n'avais pas du tout entendu parlé de ce roman graphique sorti en août 2021 malgré ses atouts !

Pour commencer, c'est une adaptation du roman de Claudie Hunzinger portant le même titre, avec lequel elle avait remporté le prix Décembre en 2019, donc avant d'être mise en avant avec le prix Femina qu'elle a reçu en 2022. La lecture de cette adaptation et des extraits de l'émission radiophonique l'heure bleue en fin de livre donnent envie de découvrir cette autrice.

Ensuite, les dessins sont superbes, notamment sur les représentations d'animaux sauvages. Ils sont intégralement réalisés en bleu et blanc avec quelques pointes de rose en raison d'une observation souvent nocturne. Ce choix chromatique donne un sentiment de calme, hors du temps.

Enfin, le discours permet de mieux comprendre les intérêts en jeu dans la préservation ou destruction des écosystèmes des forêts entre ONF, chasseurs et autres acteurs prêts pour certains à faire des compromis pouvant aller jusqu'à la compromission. A découvrir !
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J'ai été séduit par le graphisme, c'est réalisé au crayons de couleurs, sans doute aquarellables, ou rehaussé d'aquarelle, cela donne une ambiance feutrée, on est dans les Vosges, en pleine campagne. La gamme de couleur bleuté, les teintes subtiles appuient le silence des lieux, les bruits de la forêt, le graphisme nous incite à tendre l'oreille, entendre le brâme d'un cerf au loin, qui résonne dans la haute vallée, transformé par la neige et la brume, absorbant les aigus.
C'est l'histoire d'une rencontre avec la faune, Pamina découvre cet univers sauvage, la faune qu'il faut apprendre à approcher, c'est comme un récit initiatique, mais il faudra remettre les pieds sur terre. Pamina va découvrir un univers finalement très règlementé, codifié, où le sauvage n'a pas sa place : société de chasse et d'exploitation forestière se cotoient, s'allient ou s'oppose, régulation des espèces, les fameux prélèvements, et les animaux n'ont rien à dire, même là où l'humain semble absent, c'est lui qui domine tout.
Cette bande dessinée est l'adaptation du roman du même nom de Claudie Hunzinger. C'est un récit naturaliste et zoologiste en apparence et finalement, c'est surtout un cri de colère, un livre militant. l'initiation au monde sauvage va être brutalement interrompue, parce qu'il n'est plus qu'une façade.
Cette lecture remue, j'ai aimé cette façon de nous amener, tout en douceur dans le monde des Vosges, dans la nature, pour mieux nous secouer et nous émouvoir, c'est un récit écologique fort, mais qui ne tombe jamais dans la caricature, au contraire, il reste toujours sur le sensible, il écoute les différents points de vue, il ne cherche pas à donner de leçon, il raconte les choses simplement telles qu'elles sont.
Une lecture belle et qui donne à réfléchir, un bande dessinée à découvrir.
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critiques presse (4)
Telerama
10 janvier 2022
Une adaptation libre et particulièrement réussie, qui marque aussi une plongée dans l’inconnu, pour cet artiste à la palette d’une étonnante richesse.
Lire la critique sur le site : Telerama
BoDoi
08 janvier 2022
Gaétan Nocq adapte ici avec grâce un roman de Claudie Hunzinger, sur un parti pris graphique et narratif fort : dans de grandes cases souvent taiseuses, tout de bleu inondées, il brosse de son trait réaliste une nature puissante et inquiétante, dans une ambiance quasi funèbre.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
17 novembre 2021
On parcourt des paysages magnifiques, aux pénombres tamisées en été, aux neiges fantomatiques en hiver, c’est touchant, instructif et sublime. Une grande réussite ! C’est un vrai coup de cœur en ce qui nous concerne.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
LigneClaire
27 septembre 2021
Confédération des Chasseurs, ONF, Pamina ira aux sources même de ces puissants lobbies. Nocq fait donc aussi avec cette adaptation un travail d’enquête et livre ses résultats. Comptage, chasse, Pamina sera la dame aux cerfs, rebelle. Superbe une fois de plus et d’une certaine façon bouleversant.
Lire la critique sur le site : LigneClaire
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
" Je dirais que ce soir, je ne suis pas venue toute seule dans votre studio, je suis venue avec, sur mes épaules, les arbres de ma forêt. Je suis venue avec les cerfs. Ici, ce soir, je suis venue avec les salamandres que je ne vois presque plus. Je suis venue avec le grand mars changeant, que je n'ai plus vu depuis deux étés. Je suis venue avec les autres papillons. Je suis venue avec ce qui est en train de disparaître. Et si ie suis venue, c'est pour eux. Parce qu'ils n'ont pas la parole.

... Et je vois, et j'ai vu le monde disparaître en deux ans sous mes yeux. C'est quelque chose de vertigineux qui est en train de se passer, et c'est parce que c'est vertigineux et parce que ça va très vite que je suis sortie des bois et que je suis venue accompagnée de tout ce monde sur mes épaules et derrière moi. Il y en a plein dans le studio, on peut pas les voir mais ils sont là et je parle pour eux. "
Claudie Hunzinger, entretien avec Laure Adler L'Heure bleue, 26 août 2019
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« Dans le livre, Léo est photographe animalier. Et je crois qu'il est pris dans la compromission du monde. Pour pouvoir continuer à faire ses photos, pour pouvoir continuer à approcher les cerfs, il faut qu'il s'entende avec l'Öffice national des forêts, il faut qu'il s'entende avec les adjudicataires - comme on nomme ceux qui ont acquis les droits de chasse et le droit légal de venir chasser partout. Il y a compromis sans forcément compromission, dit-il. Moi, j'ai senti une trahison.
Mais au départ, ce garçon, je lui dois tout. C'est lui qui m'a initiée au cerf.
C'est lui qui m'a appris, qui m'a dit : " Avant de vouloir écrire sur eux, observe-les. Il faut connaître leur passage, il faut connaître leurs habitudes. Il faut te cacher ensuite, très bien te cacher, devenir invisible sous un filet de camouflage. Pour pouvoir les observer, c'est une ascèse, une véritable passion. Il faut lui donner tout ton temps, il faut te lever très tôt le matin à 4 heures. Tu te lèves, par le gel, et tu sors, et tu vas te poster où tu penses qu'ils passeront peut-être, ou alors le soir, parce que c'est aussi le soir que tu peux les voir si tu connais leur passage. Tu vas te poster et tu attends.
Et on attend en effet, on attend, enveloppé d'un simple filet d'affût, on attend, enveloppé dans une petite cahute, fabriquée n'importe comment avec des fougères.
On attend... On attend quoi ? Le passage de la beauté, de la puissance, le passage de la force sauvage des forêts qui nous vient du fond des temps. Bon, il m'a appris tout ça. Il m'a appris à les reconnaître. Il m'a appris à les nommer. C'était une magnifique initiation dans l'émerveillement et, à un moment donné, il m'a semblé qu'il m'avait trahie. »
Claudie Hunzinger, L'Heure bleue
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Avec elles, c'est si simple de regarder le monde, il devient tellement clair.
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J’étais fuie par les cerfs et mal à l’aise parmi les humains, comme si ma place était là entre deux mondes, sans cesse en déséquilibre, suspendue dans le vide.
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Je découvrais l’effet affût. Le monde arrive et se pose à nos pieds comme si nous n’étions pas là.
Et on constate que le monde se passe de nous.
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Gaetan Nocq - Les grands cerfs
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