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sur 5648 notes

Critiques filtrées sur 2 étoiles  
Tu te souviens de « Code 93 » ?
Puis de « Territoires » et de « Surtensions » ?
Ben ouais, forcément. Si tu suis mes chroniques un minimum, t’a dû jeter un œil circonspect, comme le mien, sur ces romans policiers. D’autant que tu sais que j’aime pas trop ça…
Mais là, on est « Entre deux mondes ».
Le tien, et le leur. Celui de ceux qui vivent (j’allais dire survivent) à Calais. Pas dans Calais, mais à côté, dans la jungle. Tu sais le plus grand bidonville d’Europe, celui dont on est si fier… Enfin, pas toi ni moi. Ceux qui l’ont créé. Les autres. Ceux qui n’y ont jamais mis les pieds. Et puis bien sûr, il y a aussi ceux qui vivent à côté, dans leurs jolies maisons, celles dont les jardins sont vandalisés par « les gentils migrants » …
Parce que ceux qui y vivent, ce sont des fantômes, des images qu’on te montre à la télé, le truc que j’espère que tu regardes pas trop non plus. Ça veut dire que quand tu appuies sur la télécommande, pfuitt, ils disparaissent… Eux, et ceux qui vivent à côté d’eux… Pfuitt.
Trop bien.
Olivier Norek, il a décidé de nous raconter une histoire. Des histoires. Celles qu’on raconte pas trop d’habitude. Celle de ces gens qui fuient, qui laissent tout derrière eux, leur vie, leurs amours, leur dignité parfois, et qui nous apportent leurs peurs. Et ces peurs, nous, on n’en veut pas. Raconter leur histoire, donc, mais pas celle des « autres », ceux qui vivent à côté et qui ont peur, aussi…
Quand je dis nous, au fait, c’est pas toi, c’est pas moi non plus. C’est les autres. C’est toujours les autres.
Toujours.
C’était pas gagné. Parce que tomber dans le misérabilisme, c’était le piège. Nous décrire ces hommes, ces femmes, et ces enfants, comme une masse informe, celle que d’aucun appellent « les migrants », en nous laissant imaginer une foule sans identité, ça aussi, c’était le piège. Nous faire oublier qu’ils sont eux aussi partie prenante de cette humanité que l’on se targue de défendre… On, encore une fois, c’est pas toi et c’est pas moi, c’est les autres.
Tomber dans le misérabilisme qui peut aussi te faire dire que ceux qui vivent à côté, ils en ont peut-être assez, c’était pas gagné non plus. Mais Norek, il en parle pas…
Toujours les autres. Les migrants. Pas ceux qui étaient là juste avant et qui ont vu leurs jardins devenir des barbecues pleins de gens dedans. Des gens qu’ils avaient pas invités.
T’es sur un bateau, une embarcation fragile, qui t’emmène vers un ailleurs que t’espère sans morts et sans tortures. T’es sur ce bateau, et ta petite, elle est malade. Elle a pris froid, alors elle tousse. Et y a un mec qui se pointe. Le mec a qui t’as filé de la thune pour partir. Plein de thune. Et ce mec, il re-garde ta môme, et il te dit : « Ta petite, tu dois la jeter. »
T’es dedans. Et c’est sûr que ça, c’est pas du misérabilisme…
Je me suis surpris à terminer ce roman en quelques heures. J’ai pas pu lâcher ces hommes et ces femmes qui ont décidé de donner leur temps à cette humanité qui vit à côté de notre monde à nous. Celui du confort et de l’eau qui coule par le robinet. Pas pu lâcher ce petit garçon qui a plus vécu du-rant son voyage que toi et moi dans nos vies réunies. Pas pu fermer les yeux ni me boucher les na-rines face à cette misère que Norek nous donne à voir, à respirer la bouche ouverte, parce que ça pue. Ça pue grave.
Parce que les autres, ceux qui vivent à côté, Norek, j’espérais qu’il allait en dire un mot ou deux.
Que dalle. Juste les migrants, les larmes des migrants, la tristesse de ceux qui tentent de les aider, mais c’est tout. Rien de plus.
Pas pu casser le miroir de ma salle de bains tout confort pour ne plus y voir à quel point c’est facile, ici, et difficile, ailleurs.
Pas pu laisser Adam, Bastien, ou Kilani, et ceux dont Norek aurait pu parler aussi. Ceux qui s’enferment chez eux, qui achètent des fusils parce qu’ils ont peur, mais qui ne savent pas vraiment quoi faire avec…
Moi aussi, j’ai regardé Youkè, de l’autre côté de la mer, si proche et si loin à la fois, comme un rêve récurant, et souvent inaccessible, et j’ai tenté de m’imaginer, à Calais, juste à côté de ces gens qui veulent venir habiter chez moi, qui cassent ma porte et qui vivent dans mon jardin.
T’as vu, comme d’hab, je te raconte pas l’histoire.
C’est pas la peine.
Entre deux mondes » aurait sans aucun doute pu être le meilleur livre d’Olivier Norek, s’il avait décidé de tout dire. Même le politiquement pas correct.
Sa plume a grandi, et c’est pas donné à tout le monde, et putain, ça aurait fait du bien d’avoir un bouquin qui raconte la réalité de la vraie vie, des deux côtés.
Il aurait pu aussi se complaire dans « les aventures de M’sieur Coste » et son « public » aurait adoré ça, mais je suis pas inquiet. Son public va adorer ça.
Il aurait pu se complaire aussi dans ces histoires de flics que tu peux lire partout, avec plus ou moins de réalisme, de suspense, d’humour, ou de rien, dans certains cas.
Souvent.
Il aurait pu. Il a décidé de faire autre chose.
Il a décidé de te mettre en face de ce que les reportages te montrent pas, mais pas en face de ce que les journalistes te racontent pas. La misère des autres, ceux qui vivent à côté.
De ce que les journalistes te disent pas trop. Pourquoi ils t’en parlent pas ? Parce que c’est plus confortable, et sans doute qu’il a jugé que ce serait plus confortable de rester de ce côté du manche (jeu de mot) …
Les images sont crues, violentes parfois, parce que c’est la vie de ceux qui sont dans cette jungle, même si la vie de ceux qui vivent à côté est crue, elle aussi, souvent.
Tu croyais que la jungle, c’était celle de Tarzan et des gentils gorilles ? Non. C’est celle de ceux qui ne savent pas comment faire pour y survivre, c’est celle de ceux qui ont la trouille de rentrer chez eux le soir, à la nuit tombée, parce que les autres sont en guerre, parce qu’ils ne savent pas si le futur ne sera pas pire que le passé, mais ça non plus, Norek t’en parle pas.
Pour une fois, l’histoire aurait pu prévaloir sur la forme.
Et j’aurais aimé ça.


Lien : http://leslivresdelie.org
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Ce livre n'est certes pas un polar, mais peu importe (quoiqu'on nous le vende comme tel).
Pour moi, il est caractéristique de la position intenable du citoyen, sans cesse en équilibre instable entre la raison et l'émotion.
Si on prend un cas particulier, il est évident que l'émotion et l'empathie nous envahissent, position choisie par Olivier Norek, la plus valorisante et un peu simpliste.
Si on prend en compte l'intérêt général, là, les choses se compliquent et l'émotion ne suffit plus à envisager le "problème" dans sa globalité.
C'est ce dilemme auquel sont confrontés tous les hommes politiques dignes de ce nom.
Et ce n'est pas simple...
Pas simple non plus la situation des Calaisiens qui n'ont rien demandé et qui subissent chaque jour ce qu'on leur impose, mais ça, ce n'est pas le problème d'Olivier Norek...
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Engagé dans l'humanitaire durant la guerre en ex-Yougoslavie, puis capitaine de police à la section Enquête et Recherche de la police judiciaire du 93 pendant 18 ans, Olivier Norek a écrit ce roman avec tout le réalisme que l'on connaît par les médias des migrants de Calais.

L'auteur remercie la journaliste Belge Myriam Berghe de l'avoir incité à vivre dans la jungle, ce qui donne, en effet, toute la force du caractère du livre.

Je regrette de n'avoir pas su trouver toute l'émotion nécessaire pour apprécier l'histoire d'Adam qui doit retrouver son épouse Nora et sa fille Maya parties de Syrie.

Probablement du fait que j'ai lu, déjà, de très bons romans sur la fuite des migrants…
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Le roman est très bien documenté sur la situation des réfugiés à Calais. Hélas, sur cette documentation, Olivier Norek fabrique une histoire de bons et de méchants stéréotypée, remplie des poncifs du genre policier (problèmes de famille et de relations avec ses subordonnés pour le chef), et bouclée par une invraisemblance digne d'Eugène Sue, Depuis les aventures de Zorro, on n'avait pas eu le bonheur de rencontrer un muet dans un roman. le style de l'auteur est d'une indigence totale ; il doit s'être exercé en écrivant des rapports de police et s'est imaginé qu'en les mettant au passé simple, il faisait de la littérature.
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J'ai lu les deux premiers romans d'Olivier Norek et je les ai appréciés. Celui-ci est très différents des précédents. L'intrigue policière est beaucoup moins présente pour laisser place à une critique du traitement des migrants. Pour ma part je me suis ennuyée. C'est bien construit mais ça ne m'a pas emballé. L'intrigue policière était vraiment trop légère à mon goût, et l'histoire réservait peu de surprises. Il reste néanmoins une dénonciation de la société actuelle.
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C'est un polar-témoignage sur ces hordes de migrants qui ont atterri à l'enclave tristement connue comme la Jungle, dans le Pas-de-Calais, démantelée depuis. Hordes de migrants de tous horizons traînant derrière eux des drames épouvantables et l'espoir d'atterrir dans un monde meilleur, l'Angleterre. En tout cas, ce monde hétéroclite de migrants arrive en nombre en France et s'installe en appliquant la loi du plus fort. Selon l'auteur et dans ce récit, ce seraient les afghans les plus nombreux, qui instaurèrent « la loi de la jungle » dans l'enclave en appliquant leur loi sur le territoire français. Ce territoire était fermé et impénétrable pour l'autorité française.

Dans le polar il y a l'histoire personnelle, très touchante et humaine du policier syrien (chrétien) qui fuit un pays où règne la terreur, la corruption, la torture. Il y a aussi l'histoire du petit africain qui, après avoir vécu un drame horrible, est déjà un assassin car il avait été formaté pour tuer, totalement dénué de chaleur humaine depuis que l'on avait massacré sa famille devant lui.

On sent bien dans ce livre que l'auteur se base sur des faits réels. le lecteur ressent très bien le vécu par les forces de l'ordre, et aussi l'absurdité de ces déplacements en masse sans aucune préparation ni compétences.

Je pense que c'est humain d'accueillir ces populations en souffrance, mais je ne trouve pas normal qu'on ne leur demande rien en échange, aucun devoir en contre partie. La moindre des choses ce serait de les obliger à respecter scrupuleusement une civilisation et un mode de vie de leur terre d'accueil, ainsi que une pratique minimale du langage.

Intéressant récit, dérangeant.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Au moment ou j'écris cette "critique" Bastoin et Adam sont toujours vivants, c'est beau ! Mais bon voilà, au final, faut le dire, Olivier Norek cède aux sirènes de la lecture de gare, du polar noir, de l'équipe de flics de chocs de code 93, ou de territoires, on tombe dans le Levy. le style déjà bien édulcoré dans surtensions, ici on passe aux migrants, à la guerre, à la jungle, c'est bien décrit, surement bien étayé, l'histoire est belle et bien déroulée, mais bon Norek est passé de la cuisine au beurre, au fast food .....rendant insipide le plat servi.
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Que dire... Je suis partagée. Je découvre l'auteur avec Entre Deux Mondes, et moi qui suis habituée aux thrillers et policiers, j'ai été déçue. Je trouve que l'intrigue est beaucoup moins prometteuse que le court résumé : "Adam a découvert en France un endroit où l'on peut tuer sans conséquences.", la Jungle de Calais. Les noms et les descriptions des personnages et contextes ne sont pas très cohérents et ne m'ont pas complètement plongée dans ce roman. L'écriture est trop simpliste. Il n'y a que quelques chapitres qui m'ont intéressée. Et pour moi l'histoire n'est pas terminée. Il manque quelques pages pour creuser l'intrigue jusqu'au bout.
MAIS, je compte bien lui donner une "seconde chance" avec Code 93 !
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Livre d'un auteur dont on parle beaucoup (trop?) Pour ma part, je n'ai trouvé qu'un thriller qui se laisse vite oublier, mais qui, il est vrai, dégouline de bons sentiments. le sort des émigrés à Calais, en attente - en espérance - de gagner la Grand-Bretagne est réellement terrible, mais n'est-ce pas totalement hypocrite de verser une larme tout en lisant un thriller, puis de passer à autre chose? il y a en tout cas mieux à faire si on est vraiment ému... Pour le surplus, le livre ne vaut pas le détour,du moins pour moi.
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C'est censé être écrit pour les personnes qui n ont pas encore compris pourquoi les migrants fuient leur pays,
Ce livre permet d ouvrir les yeux et l esprit sur toutes les atrocités et la souffrance qui va avec.
Peut être sa lecture que je recommande amènera t elle à une plus grande empathie.
Don livre. Gros bémol : s'engouffre dans tous les thèmes à la mode ressassés par les médias ...enfoncement de portes ouvertes un peu démagogique!!!!
Lien : https://www.babelio.com/livr..
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