Méfiez-vous de celui qui affirme : « Je ne veux pas grand-chose : juste écrire. » Soit il ment, soit c’est pire. Écrire est le désir le plus haut, à l’égal de voler. Aucun oiseau ne pense : « Je ne veux pas grand-chose : juste voler. » Pour pratiquer le vol chaque jour, il sait que c’est colossal. L’intérêt d’écrire au quotidien, c’est aussi cela : ne jamais oublier à quel point c’est difficile.
J’eus à apprendre également la règle de s’embarrasser d’un minimum de matière. Pour s’envoler, l’oiseau sait ce qu’il ne faut pas emporter : tout ce qui pèse. À quoi reconnaît-on l’écriture du débutant ? À ses excédents de bagages. Il n’épargne rien à sa phrase, et si on le questionne sur l’importance de tel ou tel élément, il s’insurge :
– Ah, ça change tout, on a besoin de le savoir !
Pouvoir différencier le détail qui compte de celui qui leste, le mot puissant du mot encombrant : un art qui prend des années.
L’être avec qui l’on peut se taire en harmonie, c’est l’élu.
Certes, nous sentions qu’il nous aimait. Nous aurions aimé qu’il le dise.
Le silence n’est pas une fin de non-recevoir, ni une rupture. Il est même le test absolu, en amitié comme en amour. L'être avec qui l'on peut se taire en harmonie, c'est l'élu.
On s’étonne de la fidélité amoureuse des oiseaux. Elle est pourtant très naturelle chez les individus à qui la notion de possession est étrangère.
L'essentiel, c'est l'émetteur. Certains défunts émettent et d'autres pas. J'espère que c'est uniquement fonction de leur désir et non d'autres facteurs moins sympathiques. Je le répète : le silence n'est pas mauvais signe. Nous l'avons tous remarqué, il y a des silences heureux. Certains morts trouvent aussitôt, si j'ose dire, l'équilibre.
Pouvoir différencier le détail qui compte de celui qui leste, le mot puissant du mot encombrant : un art qui prend des années.
La contemplation perpétuelle d'un être furtif m'enseigna l'art d'aimer l'insaisissable.
L’amour autorise à tout se dire, il n’y contraint pas.