Chronique d'une crucifixion annoncée.
Avec «
soif » le dernier roman d'
Amélie Nothomb, le miracle pour moi, n'aura pas lieu.
Son roman m'a semblé une nouvelle fois bien bâclé, avec une fin des plus attendues et des plus vite expédiées. Ses réflexions m'ont semblé parfois très bancales, désinvoltes et superficielles, sur un évangile et sur une histoire biblique qui comporte déjà elle-même beaucoup de paraboles, de nombreuses incohérences et invraisemblances.
Amélie Nothomb en manque d'inspiration « divine » a lorgné et s'est inspirée du roman «
Mes Evangiles » où
Eric Emmanuel Schmitt s'était mis, bien avant elle, dans la peau et dans la pensée de Jésus, dans le jardin des oliviers.
Elle s'est glissée, elle aussi dans la peau du fils de Dieu qui s'est fait homme. Pour le faire vivre, le faire souffrir, lui faire porter sa croix et le faire mourir, tout cela d'une façon très théâtrale.
Tous les ingrédients, des mauvais clichés et des caricatures sont réunis, pour construire un roman indigeste. La conception très réductrice, d'un Dieu trop humain et père de Jésus comme ce dernier se plait à le répéter, semble être celle du vieux monsieur avec sa longue barbe blanche représenté dans les pires journaux satiriques.
Et pour celles et ceux qui connaissent le nouvel évangile, l'auteure n'a oublié aucun détail, celui du Jésus portant et trainant sa croix, qui tombera par trois fois, comme dans les bons vieux films hollywoodiens.
Amélie qui semble n'avoir pas bu d'eau bénite, écrit que les dernières paroles de Jésus sur la croix, furent : « J'ai
soif ! »…
C'est pour cette raison qu'il mord à pleine dent, l'éponge d'eau et de vinaigre que lui tend un soldat romain.
Continuant dans son délire et ses ruminations mystiques, Amélie décrit un Judas qui est bougon, gros con, antipathique et qui pose, dès le départ, des problèmes aux disciples. Il est donc le plus suspect et sera le traitre idéal !
Elle raconte un Jésus qui frétille et se pâme d'amour pour la magnifique
Marie-Madeleine (Nous sommes, à ce moment, propulsés dans le « Da Vinci Code »).
Un Jésus qui adore faire son numéro de prestidigitation de changer l'eau en vin et de danser avec sa mère Marie un peu pompette par tout ce pinard jailli des jarres d'eau.
Un Jésus avec ce mot affligeant qu'il débite aux filles de Jérusalem pleurant de le voir souffrir, je cite :
- « Allons, ce n'est qu'un mauvais moment à passer, ça va s'arranger. »
Là nous sommes dans un haut niveau de dialogue philosophique et transcendant !
Je n'ai pas su si je devais rire ou pleurer…comme une Madeleine.
Mais j'ai su que je devais refermer ce livre burlesque, presque grotesque.
Je l'aurais même jeté au feu, du diable bien sûr, mais le livre ne m'appartenait pas.
La nouvelle était tombée,
Amélie Nothomb aurait-elle bénéficié d'un vrai miracle ?
Puisque «
Soif » avait été sélectionné pour le Prix Goncourt 2019.
Ces cercles feutrés littéraires voulaient nous resservir, jusqu'à plus
soif, un roman qui pour moi manquait cruellement d'âme.
( Dieu est vraiment bon et n'est pas rancunier ! ).