Témoin de rien

Quand Tom Noti trempe sa plume dans l'encre noire des souffrances, c'est gage d'un livre fort, marquant qui ici me rappelle tant, Elles m'attendaient. Car Tom, vous avez de l'or dans vos mains. L'or propre à ces conteurs qui extirpent le sang des larmes.

Témoin de rien c'est ce chien qui assiste à tout et à rien à la fois car impuissant devant la tragédie. Témoin de rien c'est cet enfant, Henri qui voit ce qu'un enfant ne devrait jamais voir. Les cris, la peur, les coups.

Tom Noti nous offre un très beau roman sur le destin tragique d'une famille à travers deux soeurs que tout oppose. Jeanne et Gaetane. Leur père leur fera don d'un terrain obligeant les deux soeurs à bâtir leur maison côte à côte. La vie des deux soeurs avec leur époux, leurs enfants sera jalonnée de drames, de non-dits, de silences qui font mal.

Il y a sûrement trop peu de pages ici pour digérer la succession de drames qui s'abat là-bas, trop peu de temps pour accompagner Jeanne et Simon, Gaetane et Pierre. Il suffit parfois d'un seul drame comme un poignard dans le coeur pour que le ciel ne cesse jamais plus de pleurer. Et dans chacune de ces larmes, chacun d'entre nous s'y retrouvera. Que ce soit comme moi, avec cette mère qui voit ses enfants partir ou avec cette petite fille, Caroline qui n'est que sourire pour ramener le soleil qui est pourtant mort.

Un livre avec tant de thèmes forts et chers à mon coeur. Des citations fluorées à la pelle que je vais ranger dans mes poches car un jour, j'aurai besoin des phrases de Tom tellement vraies et réconfortantes.

Merci à toi, cher David, de m'avoir accompagnée sur cette lecture.

Je suis un clébard…
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Je suis l'insignifiant, l'invisible, le cabot de verre, celui qui a fait de l'entre-deux sa niche. Je prends la violence des mots d'adultes en pleine gueule, comme les miettes d'une mauvaise pâtée qu'on ne voit même plus sous la table lorsque les assiettes qui volent se brisent à la face des innocents…
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Je pleurniche en silence. de toute façon ils ne me verront pas, ne m'entendront pas non plus.
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L'oreille rabattue, enregistrant la moindre tension silencieuse, la moindre pulsion dévastatrice, la moindre vibration d'un corps qui se déchaîne sur un autre… La truffe anesthésiée par les relents d'alcool qui persisteront encore longtemps lorsque la dernière goutte de sang se sera coagulée et que les bleus de l'âme descendus sur les joues prendront des nuances vert sauge puis jaune safran.
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Je sors prendre l'air, je recherche la force du vent porteur qui m'éloignera de lui, qui me donnera l'impulsion de l'envol… 𝘌𝘴𝘵-𝘤𝘦 𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘧𝘶𝘪𝘵 𝘭𝘰𝘳𝘴𝘲𝘶'𝘰𝘯 𝘴'𝘦𝘯𝘷𝘰𝘭𝘦 ? Cette haie de thuyas qui traverse les jardins et sépare nos deux familles, je la connais bien. Je m'y pose quand les silences ne sont plus, quand la lourdeur des points de suspension fait place à celle des mots trop vite crachés et des coups perdus...
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Une vie de clébard sous un crachin. J'oscille d'une maison à l'autre, je quitte les premières loges de l'une pour m'évader vers les coulisses de l'autre, où tout se souffle à demi-mot, où tout se murmure, où chacun se donne un rôle qu'il ne maîtrisera pas.
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Et puis les gens autour, et puis les regards fuyants, et puis les qu'en-dira-t-on et les sourires qui n'en sont pas.
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Je passe ma vie à observer celle des autres. Je ne suis pourtant témoin de rien…
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Je suis Gloria, je suis Victor, je suis Caroline… Je suis chien et loup. Je suis cette enfance que l'on brise en silence et qu'on laisse pour écrasée dans une rubrique de vieux journal.
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Mais l'important, c'est pas la chute, c'est l'atterrissage…

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J'aime l'écriture de 𝗧𝗼𝗺 𝗡𝗼𝘁𝗶 !
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Avec « 𝗘𝗹𝗹𝗲𝘀 𝗺'𝗮𝘁𝘁𝗲𝗻𝗱𝗮𝗶𝗲𝗻𝘁… », j'avais écrit que s'il n'était pas aisé de peindre la souffrance invisible de l'âme autrement qu'en nuances de gris, la palette de couleurs que Tom couche sur sa toile nous permet de voir au-delà du paraître et touche au coeur. Et c'est bien toujours de cela qu'il s'agit !
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« 𝗧é𝗺𝗼𝗶𝗻 𝗱𝗲 𝗿𝗶𝗲𝗻 », son troisième roman publié aux Éditions La Trace, aborde quelques thèmes déjà développés dans « 𝗡𝗼𝘀 𝘀𝗶𝗹𝗲𝗻𝗰𝗲𝘀 𝗻𝗲 𝘀𝗼𝗻𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲𝘀 𝗰𝗵𝗮𝗻𝘀𝗼𝗻𝘀 𝗱'𝗮𝗺𝗼𝘂𝗿 » : l'absence, les non-dits, les relations familiales, les rancoeurs, les silences… Et c'est à nouveau une réussite !
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L'écriture est plus intense, le souffle est plus court. On peine à respirer sous les bleus des vagues qui déferlent sur ces deux soeurs et leurs familles qui, sous le poids des exigences patriarcales, ont pris chacune possession d'un lopin de terre de part et d'autre de la haie de thuyas qui séparera leurs vies. On vibre crescendo dans les rouges du feu qui couve. On assiste à ce fragile équilibre familial, oscillant sur un fil ténu entre harmonie et chaos. Que se passe-t-il dans ces familles lorsque la porte se referme sur leurs vies étouffées, lorsque surviennent les failles et les fêlures ?
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Avec une écriture poétique, métaphorique, haletante et tellement sincère, Tom Noti se révèle un fin observateur des maux qui sourdent en chacun de nous et on y retrouve toujours un peu de nos propres vies, voire davantage. Les silences sont pesants mais il y a de la lumière dans cette écriture !
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Une lecture croisée que j'ai pris plaisir à partager avec mon amie Magali (La Coccinelle des livres… lisez sa belle chronique).

Merci à toi et merci à Tom !

Une très bonne surprise que ce livre de Tom Noti. L'intrigue originale, la justesse des personnages et le style magnifique font de Témoin de rien un ouvrage à lire absolument.

Parce que leur mère va mourir, le père se dit que ses deux filles, Gaëtane et Jeanne vont avoir besoin l'une de l'autre. de façon autoritaire et arbitraire (ses autres enfants n'auront rien), il leur donne un terrain sur lequel elles vont devoir chacune construire une maison.

Elles vont se soutenir, c'est vrai, mais elles vont aussi, chacune, faire siens les malheurs de sa soeur, sans que leurs différences ne prennent jamais le dessus.

Ce que j'ai retenu de ce beau livre, c'est que notre vie navigue entre bonheurs (un peu quand même), malheurs qu'on ne peut pas éviter et malheurs que l'on aurait pu surmonter ou esquiver. Cela dépend du chemin que l'on a choisi.



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Une pépite, j'en témoigne. L'histoire est touchante, prenante mais surtout l'écriture est magnifique, époustouflante de justesse et de force, laissant le lecteur sonné et admiratif.
L'histoire est celle d'une famille où un père a tout prévu afin de préserver et d'assurer le bonheur de ses deux filles, mais celui-ci va lui exploser à la figure telle une grenade dégoupillée. Devant le drame, le silence s'installe, plus ravageur encore que les blessures de l'âme.

Pas de dialogues dans ce livre, pourquoi y en aurait-il quand, dans cette famille, les mots ne parviennent pas à se dire. Alors Tom Noti prend la plume, la confie même à un chien qui témoigne de RIEN qui pourtant est TOUT et TANT. Tout était à la portée des deux soeurs, dans leurs maisons familiales construites de chaque côté de la haie. Et lorsque le drame a surgi, tout était encore possible, si seulement les mots avaient été là. Les non-dits ont accentué la tragédie, nourri la rancoeur, accumulé les incompréhensions, annihilant l'amour, conjugal comme filial, provoquant de la violence et des larmes refoulées.

Nous n'aurions RIEN su, RIEN vu de cette terrible histoire familiale, si ce n'est des faits, mais Tom Noti, lui, a le génie de pénétrer les âmes, de connaître leur langage et d'être leur interprète. Il fait surgir les mots de la profondeur et parvient à traduire ce que les personnages vivent et ressentent sans être capables de l'exprimer. Il déblaie le terrain miné de tous les poids accumulés par les non-dits et les tragédies. Il rend le lecteur témoin du mur du silence, des souffrances enfouies, des échecs dissimulés, de la violence masquée, de la fierté et de l'amour indéfectible des deux soeurs au-delà de leurs différences. Les réactions de leurs maris seront aux antipodes et les relations se distendront. Quant à leurs enfants, ils subiront les ondes de choc du séisme familial mais des liens perdureront, malgré tout.

Le lecteur quitte le livre, bouleversé par l'histoire et subjugué par le talent de l'auteur.

Témoin de RIEN est la nouvelle pépite des éditions La Trace qui ne finit pas d'en "livrer". Quant à Tom Noti, un prix littéraire serait vraiment mérité pour ce livre d'une rare qualité d'écriture. A suivre !

Mon cher toutou,
Tu as été le premier à me prendre sous ton affectueuse protection.
Tu es le chien de ceux que tu choisis, les plus petits, les sans défense, les innocents…
Le patriarche a régné sur sa femme et ses enfants : les fils sont vite partis ailleurs et la fille ainée a suivi, sans retour.
Sont restées Jeanne et Gaétane, sous la férule du vieux, elles ont fait le dos rond. Différentes l'une de l'autre, mais liées à jamais par ce terrain hérité à condition d'y construire leur deux maisons. le patriarche assurait ses vieux jours, sa femme se mourait.
Le drame couvait déjà, le terrain était miné et j'ai été le déclencheur bien malgré moi, tout n'a pas explosé en un seul jour, non les fissures se sont installées et ont pris leur temps.
Pourtant ce n'était qu'un accident, comme tous les accidents, une minute d'inattention dans une vie de labeur, toute la semaine au travail et le week-end à construire les maisons, celles qui auraient dues abriter le bonheur.
Le silence n'est pas seulement un chape de plomb, il oblitère tout.
Les mots tus, tuent.
Comme l'arsenic présent partout, sans odeur et sans goût, la violence s'infiltre, se diffuse de l'un à l'autre, surtout chez les plus petits qui assistent impuissants, rage au coeur d'être trop petits.
Trop petit, je n'ai pas les mots pour dire tout ce que je ressens, heureusement, sur mon nuage, j'ai rencontré Tom Noti, en haut des montagnes et son doux regard m'a encouragé à livrer ce qui me ronge depuis des années.
Je lui ai demandé comment je pouvais demander pardon d'avoir provoqué toutes ces catastrophes en avalanche. Après m'avoir écouté attentivement il m'a dit que je n'étais coupable de rien.
Il dit que parfois les adultes sont empêtrés dans une vie qui les dépasse, le malheur, l'orgueil et bien d'autres sentiments se mélangent et les engloutissent. Et surtout, les grands ne veulent pas dire, alors ils étouffent et explosent. Souvent, ils font comme ils peuvent.
Alors il m'a promis de raconter mon histoire, pour ma famille il est peut-être trop tard, mais pour d'autres…
Du haut de mon nuage, je sais qu'il racontera fidèlement ce que je lui ai confié, sa plume fait parler les âmes blessées, parce qu'elle est délicate et empreinte de l'humanité des plus grands.
Il trouve les mots pour que la noirceur suive le courant du ruisseau des montagnes.
Il ne cache rien, mais ses mots ont une musique qui n'appartient qu'à lui, car il sait toujours regarder vers l'horizon et quand le regard sait aller au-delà, il accompagne tous les bouleversements des âmes tourmentées, sans juger.
Il ne rendra pas beau ce qui est laid mais fera surgir des profondeurs cette humanité indispensable à la vie.
Il va vous faire pleurer ce sont les mots qui sortiront en silence.
Maintenant, grâce à Tom, je suis en paix mon cher chien à mes côtés, sa mission sur terre accomplie, ma tendresse l'enveloppe à jamais.
Hector, 4 ans pour toujours.
©Chantal Lafon



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