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sur 731 notes
" Faites moi oublier
Tout ce que j'ai été
Inventez mon passé
Donnez sens à la nuit"


Iris a reçu un appel de l'asile de Cauldstone et vient voir Esme, la petite soeur de sa grand-mère Kitty. Par curiosité... Pourquoi n'a-t-elle jamais entendu parler d'Esme?
-Ne regardez pas les infirmières, je vous en supplie. Elles vont croire que je vous fais peur et m'enfermer de nouveau.
Je suis ici depuis 61 ans, 5 mois et 4 jours, psalmodie Esme d'une voix claire et saccadée "...


"Inventez le soleil
Et L'Aurore apaisée
Non, je n'ai pas sommeil
Êtes-vous mon amie?"


Kitty a pris une décision grave. Parce que l'asile va fermer ses portes et que le nouveau foyer est pire, la jeune femme va garder Esme, le temps de trouver une autre solution...
- Non, elle n'est pas folle. Un peu déboussolée, à cause de son enfermement, raconte Iris.


-J'avais 16 ans, quand on m'a enfermée ici. Iris ressemble à ma mère... Mais, je lui fais peur!
Elle ne comprend pas que Kitty, (sa grand-mère) ne voulait plus d'une soeur comme moi. Moins conformiste et qui refusait le mariage. Elle était jalouse que son beau Jamie me préfère...
Ma mère et mon père ont préféré se débarrasser de moi...


A l'époque, un homme pouvait faire interner une épouse ou une enfant...indocile!
- Papa, hurle Esme, s'il te plaît ! Ne me laisse pas ici, s'il te plait! Je serais sage, je te le promets.


J'étais une jeune fille de 16 ans, libre et je voulais faire des études, aller à l'Université. Pas me marier et ma propre mère avait honte de moi...
J'étais une adolescente, je suis...


"Il faut que je m'étende
Et que je dorme un peu
Il faudrait que je tente
De nettoyer mes yeux"
J.Louis Aubert, Isolement.
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On fait la connaissance d'Esme à l'intérieur d'un hôpital psychiatrique. Elle est assise dans la salle commune et essaie d'échapper à ce qui se passe autour d'elle en se concentrant sur un souvenir d'autrefois : deux jeunes filles à un bal, l'une est habillée d'une robe rouge qui ne lui va pas et a perdu ses gants : « c'est là que tout commence ».
D'autres images reviennent par bribes. Il suffit qu'elle se concentre sur sa respiration.
Puis une jeune femme, Iris, entre en scène. Elle tient une boutique de vêtements et vient de recevoir une lettre d'un établissement psychiatrique qui doit fermer ses portes. La lettre concerne une certaine Euphémia Lennox dont Iris n'a jamais entendu parler.
Iris décide de se rendre à l'établissement en question et apprend qu'Euphémia, qui préfère qu'on l'appelle Esme a été internée pour « troubles dépressifs » et qu'elle est ici depuis soixante ans et qu'elle est la soeur de sa grand-mère paternelle. Or personne : sa grand-mère, sa mère, son père ne lui a jamais parlé d'elle.
Le temps presse l'infirmier veut qu'Iris place sa grand-tante dans une maison de retraite avant la fermeture de l'établissement. Elle va passer un moment avec Esme et la trouve plutôt lucide, ce qui la laisse perplexe. le jour où Iris va chercher Esme pour la conduire à la maison de retraite, elle ne peut se résoudre à l'y laisser car elle est encore plus sordide. Iris ramène Esme dans son appartement qui était jadis la maison de sa grand-mère Kitty et que celle-ci a fait aménager en appartement.
Elle a le week-end pour tenter de trouver une solution, de discuter avec son demi-frère Alex. En entrant dans la maison, Edme reconnaît certaines choses, certaines pièces puisqu'elle y a vécu.
Les souvenirs vont remonter peu à peu, des liens se créer entre Iris et Esme, tandis qu'un troisième personnage entre en scène : la soeur d'Esme, Kitty qui est dans une maison de retraite pour patients souffrant d'Alzheimer.
Lorsqu'Esme est enfant, la famille vit en Inde, dans la bonne société colonialiste. Esme et Kitty, sa grande soeur jouent ensemble et semblent bien s'entendre. Puis un premier drame arrive, alors qu'elle est âgée de quatre ans environ, son petit frère tombe malade et un soir alors que tout le monde est sorti, Esme se lève, inquiète car il a de la fièvre.
Ses parents la trouveront à leur retour, prostrée, elle tient le bébé mort dans ses bras et le serre si fort qu'on a du mal à le lui arracher. La mère s'effondre, son fils est mort. Il sera désormais interdit de parler de cet enfant, or Esme est petite, elle a besoin de parler de son petit frère et on commence à la punir car elle enfreint la loi édictée par sa mère, et ne peut que se réfugier dans la rêverie.


Ce que j'en pense :

Ce roman est une véritable splendeur. L'histoire est magnifique car c'est celle d'Esme qui est le personnage central, enfermée pendant soixante ans dans un asile psychiatrique pour que sa famille ne la voie plus à tel point qu'elle finit par oublier son existence.
Esme est différente depuis l'enfance et cela dérange tout le monde. Elle est plus sensible que les autres, donc elle a besoin de s'exprimer et elle dérange la famille bourgeoise type de l'époque.
A la mort de son petit frère, en interdisant d'en parler, on nie sa souffrance pour protéger sa mère, tuant son innocence, sa spontanéité. Puis la famille décide de rentrer en Ecosse car c'est devenu trop difficile de vivre en Inde après ce drame. Bien sûr, le climat n'est plus le même, l'Ecosse c'est la pluie, les vêtements chauds, les manteaux et c'est aussi l'entrée en scène de la grand-mère maternelle d'Esme, le parfait tableau de la mégère. Elle n'a qu'un seul but : que ses petites-filles trouvent un mari de préférence riche. On les habille en petites filles modèles qu'on exhibe, ce qui plaît beaucoup à Kitty bien sûr, mais qu'Esme juge ennuyeux et stupide.
Elle préfère les livres et voudrait continuer ses études mais cela déclenche un tollé : il est inadmissible qu'une fille travaille, elle doit tenir une maison, broder, recevoir…
L'histoire nous et amenée tout doucement, l'auteure liant les souvenirs qui reviennent à Esme avec les lieux qu'elle découvre : quand elle entre dans l'appartement d'Iris et reconnaît son ancienne maison, puis au bord de la plage où elle demande à Iris de l'emmener, il y a si longtemps qu'elle n'a pas vu la mer. Là aussi vont remonter des instants de la vie d'avant, des moments avec sa soeur qui cherche un mari à tout prix.
Au retour de la plage, aussi, alors qu'elle partage un moment en écoutant de la musique, Esme se souvient qu'elle jouait très bien du piano et comme elle a l'impression de déranger Iris, elle se concentre à nouveau pour faire remonter des moments d'autrefois.
Maggie O'Farrell entretient suspens et rebondissements en dévoilant peu à peu les souffrances endurées par Esme : le viol et ses conséquences (il faut lire le livre !!). En fait, à l'époque, on enfermait à l'asile les personnes qui ne respectaient pas les règles de la bienséance, il fallait peu de choses, alors quand une jeune femme sensible subit des traumatismes violents au lieu de l'écouter on l'enferme. L'auteure nous décrit de façon très percutante le monde de la psychiatrie de l'époque.
Maggie O'Farrell a bien étudié la personnalité de chacun de ses personnages , leur lâcheté, leurs bassesses, leurs méchancetés, comment une famille arrive à détruire une enfant au nom des valeurs de la bonne société, lui interdisant d'extérioriser sa peine, lui prenant tout ce qu'elle a, jusqu'à la dépouiller de sa propre identité, et pour finir l'oubliant durant plus de soixante ans dans un asile.
Et en racontant les deux époques en parallèle, elle permet de les comparer, et met en lumière le côté libéré des contraintes et des tabous de la génération actuelle par les personnages d'Iris et Alex, qui sont décomplexés et bien plus ouverts. On voit toute l'évolution de la société sur près d'un siècle.
Maggie O'FARRELL ne sombre jamais dans le pathos, elle reste toujours dans la sobriété et c'est ce qui fait de livre, inspiré de faits réels, un vrai bijou.
Une auteure qui a vraiment émergé il y a une dizaine d'années et qu'il faut continuer à suivre de près.
Note : 9,25/10

Lien : http://eveyeshe.canalblog.co..
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Si vous pensiez avoir fait le tour des romans traitant de secrets de famille, je vous encourage à revoir votre jugement.

Le mystère qui entoure Esme Lennox, vieille femme qui a passé plus de soixante ans dans un asile d'aliénés, n'est pas un petit mystère à deux balles ; dense, compact, glaçant, il semble déterminé à garder tous ses secrets.

Indes anglaises, dans l'entre-deux-guerres.
Deux jeunes soeurs, Kathleen et Euphemia grandissent heureuses.

Édimbourg, à la même période.
A l'adolescence, les caractères des fillettes rapatriées dans cette bonne vieille Europe se développent, mettant en lumière des tempéraments différents. Si la première se fond volontiers dans le moule mondain de la petite fille modèle et se prépare placidement à la "chasse au mari", la seconde, fantasque et volontaire, s'ennuie à périr aux bals et aux thés et contraste par son attitude avec les attentes d'une société guindée.

Édimbourg, de nos jours.
Iris, jeune femme sans attaches sentimentales et indépendante, gère une friperie. Masquant ses failles sous une apparence décomplexée et décontractée, elle se trouve du jour au lendemain confrontée à des responsabilités qui la dépassent en la personne de sa grand-tante, Esme Lennox, dont elle n'a jamais soupçonné l'existence.

Je n'en dis pas plus, j'ai volontairement lancé un hameçon, à chacun de voir s'il veut mordre. En ce qui me concerne, je n'ai aucun regret de m'être jetée à l'eau. Une fois la construction un peu éparpillée du roman apprivoisée, j'ai pleinement apprécié ce voyage au coeur des secrets d'une famille pas si bien-comme-il-faut que cela. Une fois commencée, difficile de lâcher cette fiction, récit d'une vie volée, et peuplée de personnages très attachants.


Challenge Petit Bac 2016 - 2017
Challenge MULTI-DÉFIS 2017
Challenge ABC 2016 - 2017
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Un commentaire délicat de Cascasimir (mille mercis) et de ce fait l'envie de découvrir cette étrange disparition d'Esme Lennox !
Attention livre exceptionnel. Je n'ai pas pu le lâcher. C'est le genre de livre qui vous donne envie de ruer dans les brancards, de mordre, d'en vouloir à la Terre entière.... mais c'est aussi un texte magnifiquement écrit où l'importance psychologique des personnages est bien là.
.
Comment vous inviter à aller, vous aussi vers ce livre ?
Un petit résumé.
Ecosse aujourd'hui (même si le livre commence en Inde il y a près de 70 ans), Iris découvre l'existence d'une grand-tante, Esme Lennox, enfermée depuis 61 ans dans un asile psychiatrique.... 61 ans....
Par petites touches et retours en arrière, nous allons découvrir la vie d'Esme. A travers elle, le sort des femmes trop libres, trop jolies, trop indépendantes, en un mot pas assez dans le moule. Et puis comme toute femme, elle est coupable, de tout, et de rien, mais coupable c'est sûr.... d'être une séductrice, d'attirer la gente masculine etc etc.... simplement d'être une femme.
Manifestement sur certains côtés catholiques irlandais et protestants écossais se rejoignent !
.
Un livre tristement passionnant. Un livre qui remue. Un livre servi par une prose originale.
C'est le premier livre que je lis de cette auteure, je pense que ça ne sera pas le dernier.....
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Un livre qui m'aurait bien plus mais je l'ai trouvé fouilli et emmêlé.
Iris, une jeune femme écossaise, reçoit un coup de fil d'une institution psychiatrique. Elle est la petite nièce d'Euphenia Lennox et doit la récupérer car l'institution doit fermer ses portes. Iris n'a jamais entendu parler de cette femme, c'est la soeur de sa grand-mère paternelle. Elle interroge sa mère (son père n'est plus là pour confirmer ou non) ainsi que sa grand-mère paternelle qui dit qu'elle est fille unique. Iris est piquée par la curiosité et se rend à l'institution. Euphenia surnommée Esme, est une dame âgée mais encore d'une grande vigueur. Elle paraît enfermer dans ses souvenirs mais c'est la moindre des choses lorsqu'on a été internée pendant 60 ans par ses parents. Et on apprend au fil des pages ce qui s'est passé, comment elle en est arrivée là.
Le roman aurait dû me plaire mais entre les deux époques : la jeunesse d'Esme et la vie en l'an 2000, tout y est emmêlé. Par moment on ne sait plus si on est dans le passé ou le présent. Au début je pensais que l'autrice avait fait exprès vu la confusion mentale de son héroïne mais la fin est tout aussi confuse, si bien qu'on n'est pas sûr de ce qui s'est passé et cela en devient frustrant. Dommage car le thème de la femme dans les années 1930, était de trouver un mari et de faire des enfants. Or Esme ne voulait pas et préférait aller à l'école voire à l'université et de pouvoir vivre de son travail. L'autre thème tout aussi intéressant était de voir avec quelle facilité, les pères ou les maris pouvaient faire interner leur fille ou leur femme récalcitrante.
Une certaine déception pour ce roman, j'avoue. Dommage!

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Avertissement : ne vous attendez pas à un avis consensuel et laudateur...
Le préambule étant posé, j'ai d'abord envie de dire : ah la famille et ses secrets ou ah les secrets de famille, quelle aubaine pour les auteurs !
La famille n'est-elle pas en effet "le totem sacré et tabou " de nos bonnes vieilles sociétés "religiosantes" ( un néologisme qui sent la naphtaline).
Et tout en écrivant ces mots, je pense à " La Familia Grande " de Camille Kouchner ainsi qu'au bouquin de David Cooper - Mort de la famille -, que j'avais lu dans les années 70... Une mine intarissable, disais-je...
Lorsque j'ai entrepris la lecture de l'ouvrage de Maggie O'Farrell, m'est revenue ou s'est imposée la fable - Les porcs épics - de Schopenhauer.
Vous savez, cette bande de hérissons qui, cernés par l'hiver, le froid, la neige et la bise essaient de se tenir côte à côte la nuit pour se réchauffer et pouvoir dormir. Mais leurs piquants les blessent et c'est la débandade. Ce n'est qu'au prix de plusieurs tentatives qu'ils parviendront après mille précautions et en abaissant leurs piquants à se rapprocher et à trouver enfin le sommeil.
Belle allégorie, non ?
Donc l'auteure nous conte l'histoire d'une famille, des années trente jusqu'à nos jours, une famille bourgeoise où le paraître tient lieu d'être ( un bon vieux cliché ), et où il ne fait pas bon être "un vilain petit canard". Esme, soeur cadette de Kitty, est le vilain petit canard en question. Elle est libre comme Max, vous me suivez ? Et cette liberté, elle va la payer cher, ou plutôt sa famille va la lui faire payer au prix fort de 61 années d'internement dans un asile psychiatrique... pour "trois fois rien".
Six décennies plus tard, alors qu'elle a disparu de tous les écrans radars qui sont censés témoigner que les vivants vivent, l'asile ferme ( enfin ! ) et Esme se retrouve en transit entre cette prison pour aliénés et une maison de retraite "normale" où elle pourra finir ses jours comme n'importe quel citoyen lambda... transition soudaine, brutale et peu cohérente (?).
Pour ce faire, l'administration fait appel à sa seule parente connue, sa petite-nièce Iris, laquelle n'a jamais entendu parler de l'existence ( et pour cause ) de la vieille dame emmurée depuis plus de soixante ans dans cette oubliette "intemporelle".
Où et à quoi va mener cette rencontre improbable ?
Alors là on pense qu'effectivement, il fut un temps où la bonne comme la moins bonne société pouvait se débarrasser de ses filles, pour toutes sortes de raisons.
Il y eut d'abord les couvents... on songe à Diderot et à - La religieuse -, puis leur succédèrent les asiles, et là on peut se référer à - le bal des folles - de Victoria Mas ou à - La salle de bal - de Anna Hope ( ce ne sont que quelques exemples ).
Et donc, des années 30 jusqu'à la fin des années 50, on peut concevoir, en tirant beaucoup sur l'écheveau de l'Histoire, qu'un tel internement (abusif)ait pu perdurer... mais il faut vraiment tirer beaucoup sur l'écheveau !
Mais lorsqu'on se réfère aux progrès de la psychiatrie à partir des années 60... aux différentes révolutions ( presque partout dans le monde dit libre ) qui ont changé le regard de la société sur cette discipline et ses institutions, il est inenvisageable d'imaginer une seconde qu'une jeune femme ( elle a un dossier psychiatrique très "maigre" ) ait pu passer au travers de trois ou quatre générations de praticiens, sans qu'aucun d'entre eux ne comprenne qu'il avait affaire à une machination familiale machiavélique...
Et que dire des différentes administrations auxquelles ces établissements sont soumis, des services sociaux... et des lois ?
Bref, vous l'avez compris... ce Château d'If hors du temps transposé à Édimbourg où Nessie serait le baromètre de la normalité psychologique des Écossais... je n'y ai pas cru !
Si j'ajoute à cela l'Alzheimer alternatif de Kitty... il y aurait vraiment des raisons de perdre la sienne...
J'ai pourtant apprécié la structure narrative, utilisant intelligemment la 3ème personne du singulier, la simultanéité d'un récit au présent et au passé et les insertions "rupture(s)" de la voix "conscience de Kitty.
Mais hélas, trop de répétitions viennent gâcher un style qui est pourtant plein des qualités d'une plume de talent... 7 fois "balayer du regard ou des yeux" en 232 pages... autant de fois l'emploi du verbe "ciller", plusieurs fois " se carrer dans son fauteuil" ou le verbe "dépiauter". Etc etc...
Conclusion : une intrigue bien ficelée si on aime les rouleaux de ficelle. Une histoire attachante si l'on ne s'attache pas trop à la réalité.
Je ne déconseille pas ce livre qui ne m'a pas convaincu.
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C'est l'histoire d'une vie volée. Une histoire dure, lourde.
Mais parce qu'elle est subtilement racontée par petites touches, et parce que les personnages sont formidablement bien campés, la lecture n'a pas été lourde du tout. Bien au contraire, elle a été agréable et paradoxalement presque légère, même.
Trois femmes, trois générations, pour raconter des faits terribles.
J'ai aimé ce récit à trois voix, entremêlant différentes époques et mettant en évidence le poids du passé dans la vie présente.
J'ai eu un peu de mal à entrer dans ce roman, mais après un début que j'ai trouvé un peu déconcertant, j'en ai adoré chaque page.
J'ai aimé, entre autres, la relation qui s'installe doucement entre Esme et sa petite-nièce Iris. Iris, dont la vie est compliquée, et qui s'ouvre, se confie à cette parente qui a fait irruption dans sa vie, comme si elle sentait instinctivement qu'elle pouvait tout lui dire.
Si vous n'avez pas encore lu ce livre, venez à votre tour faire la connaissance d'Esme Lennox. Vous verrez qu'elle n'a pas disparu mais que ce qui lui est arrivé est bien pire.
Vous découvrirez de bien vilains secrets de famille.
Et je suis certaine que vous allez aimer ça !
Ce livre est le premier que je lis de Maggie O'Farrell : si parmi vous certains ont d'autres titres du même auteur à me conseiller, j'accepte volontiers vos suggestions !
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La découverte de cette romancière irlandaise a été pour moi marquante: quel choc que l'histoire racontée !

Iris apprend avec stupéfaction l'existence d'une grand-tante, Esme, dont on ne lui a jamais parlé. ..Et pour cause! Elle vit depuis soixante ans dans un asile, à Edimbourg, qui ferme ses portes .Elle va donc sortir.

Révoltant et effrayant,cet enfermement psychiatrique orchestré par une famille! Esme, victime à seize ans des non-dits familiaux, des secrets étouffés, se retrouvera emmurée vivante...Élevée dans l'Inde coloniale , après un drame de la petite-enfance qui n'a jamais été digéré, faute de consolation et de compassion de la part de ses proches, elle n'arrive pas à s'acclimater ensuite à la froideur écossaise et surtout aux carcans sociaux des années 30.A l'époque, les personnes qui ne suivent pas les règles au sein d'une famille, on pouvait de façon abusive les faire interner. Et Esme, par son tempérament insoumis et sa sensibilité à fleur de peau, dérange, en effet.

Iris va se lier d'affection pour cette grand-tante, qui ne semble pas si folle et dont les souvenirs commencent à affluer dangereusement ...faisant éclater la terrible vérité. Une autre narratrice fait entendre sa voix, c'est Kitty, la soeur d'Esme, atteinte d'Alzheimer, et donc à la mémoire effritée.

Ce roman aurait pu verser dans le mélo, mais pas du tout, l'auteure nous fait entrer dans l'intimité des personnages très attachants d'Esme et d'Iris avec finesse et sobriété, sans porter non plus de jugement.

On retrouve son goût des secrets de famille dans d'autres de ses romans, comme " En cas de forte chaleur", que j'ai aimé aussi, même s'il n'a pas la même force que celui-ci.

Une disparition qui se révèle plutôt être une vie sacrifiée, un effacement injuste d'une existence niée, comme si Esme n'avait été qu'une étincelle vite éteinte ...Une étoile filante.





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« Nous ne sommes que des vaisseaux par lesquels circulent nos identités… on nous transmet des traits, des gestes, des habitudes, et nous les transmettons à notre tour. Rien ne nous appartient en propre. Nous venons au monde en tant qu'anagrammes de nos ancêtres. »

Après l'immense coup de coeur pour « Hamnet » que je vous conseille très vivement, j'ai eu envie de lire un autre roman de Maggie O'Farrell. Mon choix s'est porté sur « L'étrange disparition d'Esme Lennox », suite au superbe billet de Cascasimir que je remercie infiniment.

L'auteure nous emmène très loin dans les recoins les plus sombres de l'âme humaine, là où la jalousie, les désirs et les mensonges ont triomphé de la bienveillance, de la charité humaine et de l'amour.

« Je n'aurais pas pu devoir mon bonheur à un tort, à une injustice causés à autrui... Quelle sorte de vie pourrions nous construire sur de telles fondations ? »
Édith Wharton

*
Iris Lockhart reçoit un coup de téléphone : sa grand-tante Esme, dont elle ignorait l'existence, sort de l'hôpital psychiatrique Cauldstone dans lequel elle a été internée pendant près de soixante ans.
Ce qui est pour le moins surprenant, c'est que la grand-mère d'Iris, Kitty, a toujours affirmé être fille unique. Mais les papiers d'Esme ne laissent aucun doute sur son identité.
Pour Iris, c'est la consternation, l'incompréhension.

Pourquoi sa grand-mère a-t-elle menti ? Quel terrible secret renferme ce mensonge ? Pourquoi Esme a-t-elle été enfermée ? Qu'est-ce qui justifiait qu'Esme n'existe plus pour sa famille ? Esme est-elle folle et dangereuse ?

*
Maggie O'Farrell révèle progressivement et subtilement les ressorts du drame qui s'est joué autrefois.
Pour cela, l'histoire nous est racontée des points de vue d'Iris, de sa grand-mère Kitty atteinte de la maladie d'Alzheimer, et de sa grand-tante Esme. Cette triple narration est un peu déroutante au départ et demande un petit temps d'adaptation, les transitions entre les trois récits si habiles qu'il est parfois difficile de se repérer dans le temps et l'espace et de savoir quelle narratrice a pris la parole.

On navigue ainsi entre deux chronologies, dans les années 30 lorsqu'Esme et Kitty sont enfants puis jeunes adultes, et aujourd'hui.

L'intrigue est brillante, magnifiquement racontée, chacune des trois femmes ayant sa propre narration.
L'histoire d'Esme émerge à travers ses souvenirs d'enfance et la mémoire défaillante de Kitty, sa soeur aînée. Ses souvenirs confus, troublants et parfois incohérents, sont, de part sa maladie, plus complexes à comprendre, mais ils deviennent intelligibles et composent au final un récit clair, abouti et terrifiant.

Je n'ai pas du tout vu venir la fin. le dénouement est bouleversant, assez déroutant et pourtant si bien amené. Il fallait tout le talent de Maggie O'Farrell pour transmettre autant de profondeur et d'émotions fortes à cette histoire.
*
L'écriture de l'auteure est magnifique de simplicité. Et en même temps, elle sait capturer les émotions et créer une atmosphère douce-amère.
Les personnages sont extrêmement bien travaillés. Leur psychologie prend forme au fur et à mesure que nous avançons dans le récit des deux soeurs. L'auteure sème des indices qui dévoilent doucement l'indicible vérité.

*
Maggie O'Farrell embrasse de nombreux thèmes, les secrets de famille, les trahisons, la jalousie, la folie, mais elle s'attache surtout à décrire les moeurs anglaises au début du XXème siècle pour mieux mettre en évidence le statut des femmes à l'époque Victorienne, leur sort et les conditions de leur internement dans des hôpitaux psychiatriques.

« Esme se doute de ce qui risque d'arriver et décide de fermer la bouche, la gorge, de croiser les mains, une attitude qu'elle a affectionnée. Sa spécialité. Se rendre absente au monde, se faire disparaitre. Mesdames et Messieurs, regardez bien. Surtout, il importe d'être immobile. le simple fait de respirer peut leur rappeler votre présence, donc, des respirations très courtes, très superficielles. Juste de quoi rester en vie. Pas plus. »

*
Deuxième roman de cette auteur, et à nouveau une magnifique lecture. Si vous ne connaissez pas encore Maggie O'Farrell, je vous engage à lire ses romans.
« L'étrange disparition d'Esme Lennox » est une histoire émouvante qui laisse, une fois le livre refermé, un sentiment de tristesse, de vie gâchée.
Un roman poignant, une fin bouleversante, une héroïne inoubliable.

« le seul problème, quand on ment, c'est de se rappeler ce qu'on a dit à telle ou telle personne. Et je n'ai jamais eu aucune difficulté parce que j'ai raconté la même chose à tout le monde. »
*
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L'hôpital psychiatrique Cauldstone est sur le point de fermer. La direction téléphone à Iris Lockhart : sur les papiers qu'a signés sa grand-mère, Kathleen Lennox, Iris est désignée comme personne responsable d'Euphemia Lennox, sa grand-tante paternelle, que non seulement elle ne connaît pas, mais dont elle ignorait jusqu'à l'existence ! La mère d'Iris, Sadie, vit en Australie et ne sait rien de cette histoire. Son père est mort jeune et sa grand-mère, que tout le monde appelle Kitty, est atteinte de la maladie d'Alzheimer : la communication avec elle se révèle compliquée et manque singulièrement de clarté… Iris vit chichement des revenus que lui procure son magasin de vêtements d'occasion. Sa vie sentimentale ne la satisfait pas, et elle entretient des relations compliquées avec Alex, « son frère d'adoption ». Elle décide de rencontrer Euphemia. Elle apprend alors que celle-ci préfère qu'on l'appelle Esme et qu'elle est enfermée depuis plus de soixante ans… Et le doute s'installe : Esme est-elle vraiment folle ? pourquoi personne dans la famille n'a jamais parlé d'elle ? quels sont les motifs de son enfermement ?
***
La complexité de la construction se dévoile au fil de la lecture. On visitera principalement deux époques, les années trente et une époque plus contemporaine (les années 80 ?, 90 ?), et deux endroits, les Indes britanniques et Édimbourg. La narration à la troisième personne sera régulièrement interrompue par les souvenirs de Kitty à la première personne, Kitty qui s'immerge dans des rappels d'événements décousus, pas toujours cohérents, mais surtout incomplets… Quand Maggie O'Farrell nous donne accès au point de vue d'Esme, on constate que ses souvenirs aussi sont parcellaires, et que cette dernière ne comprend pas toujours ce qui lui est arrivé. Au lecteur de remettre les pièces à leur place et de compléter ce qui manque…
***
J'ai dévoré ce roman. L'Étrange disparition d'Esme Lennox m'a immergée dans la vie de cette famille, sur cinq générations. Contrairement à ses parents si soucieux de la bienséance, Esme suscite forcément l'empathie : son personnage de petite fille, puis d'adolescente originale, fantasque, incomprise ne peut que toucher, je crois. Son mépris des usages et son désir de liberté lui causent sans cesse des ennuis. Personne ne semble attacher de l'importance aux traumatismes qu'elle subit, pas même sa soeur Kitty, formatée pour accomplir sans broncher ce que l'on attend d'elle. La grand-mère d'Esme, chez qui toute la famille se retrouve à Édimbourg après le retour en Europe, joue les dragons et représente à elle seule une époque déjà révolue, mais tout le monde se plie à ses exigences, sauf la rebelle, bien sûr. Grâce à ce personnage, on mesure la vitesse de l'évolution des moeurs. Si entre cette femme antipathique et ses petites-filles, rien ne semble avoir bougé, entre Kitty et Iris, un gouffre s'est ouvert. D'emblée, Iris, qui tente de prendre sa vie en main, se sent plus proche d'Esme. J'ai beaucoup aimé avoir accès aux points de vue de ces trois personnages féminins qui donnent certaines clés de leur personnalité : les certitudes de Kitty et l'immensité de sa déception, de sa frustration, le désarroi d'Esme, son courage et l'amour qu'elle porte à Kitty, les hésitations d'Iris, sa volonté et son immense générosité. Lisez ce beau roman ! Pour ma part, Hamnet m'attend à la bibliothèque…
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