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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Années 80 dans le New jersey, Sybilla Frye, une jeune adolescente afro-américaine est retrouvée après trois jours de disparition, dans la cave d'une vieille usine à l'abandon. Elle a été enlevée, battue et violée, le corps couvert d'excréments et d'injures racistes. Elle dira plus tard aux urgences que cet acte ignoble a été commis par des flics blancs. Cette histoire est inspirée par un fait divers réel.
La narration d'une précision, d'une finesse et d'une fluidité incroyables emporte littéralement le lecteur.
Au fil des chapitres, l'auteur explore les pensées et les sentiments d'un petit groupe de personnages qui gravitent tous autour de ce même événement tragique initial. Et ce qui fait la force des romans de Joyce Carol Oates c'est justement ce talent avec lequel elle sonde l'intériorité de ses personnages.
Le lecteur est dans la tête de Sybilla la victime ; d'Ednetta, la mère de la victime ; Anis Schutt le beau-père, Inès Iglesias la jeune policière enquêtrice d'origine hispanique, du pasteur, de l'avocat,... Par cette multiplication de points de vue, le lecteur devient en quelque sorte à la fois juge et témoin sur cette affaire, vue à travers les yeux des différents personnages.
Et si Joyce Carol Oates prend le lecteur à témoin, c'est pour dénoncer le racisme, thème au coeur du roman, mais aussi la récupération de ce fait divers ignoble par le personnage à la fois fascinant et vénéneux du Pasteur Marus Mudrick. Elle montre les ficelles de la manipulation et du mensonge à des fins stratégiques et politiques. On assiste à un brouillage des pistes entre innocence et culpabilité. Un engrenage infernal ou finalement la vérité importe peu mais où on a le sentiment que seul l'impact médiatique et idéologique compte.
Ce roman comprend aussi un aspect sociologique car l'auteur fouille dans les entrailles d'une société américaine toujours divisée par des tensions raciales, exacerbées tantôt par les médias ou des leaders religieux ou politiques assoiffés de pouvoir.
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Une jeune fille noire de 15 ans est odieusement agressée dans son quartier défavorisé du New Jersey. Il s'ensuit un récit-catalogue de toutes les turpitudes que les hommes peuvent infliger aux femmes : coups, viols, dégradations, exploitation cynique, intéressée, voire crapuleuse de leur détresse, qu'il soient "frères de race" ou "nazis blancs". Avec la triste litanie des femmes asservies, incapables de vivre seules, se choisissant des partenaires violents qui les terrorisent, vivant dans un environnement saturé de soumission hormonale, économique et sociale, incapables de dire et témoigner du malheur d'être ainsi dégradées puis exploitées jusqu'au trognon, elles restent muettes. La plume acérée et trempée dans le vitriol de Joyce Carol Oates nous livre un ouvrage atterrant et sidérant. L'affaire décrite est basée sur un "fait divers" (puisque les horreurs infligées aux les femmes sont toujours classées dans les faits divers) qui a réellement eu lieu.
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Un roman... noir! Une adolescente noire bâillonnée, après avoir été victime de sévices... une mère qui la recherche... une fois retrouvée, Sybilla accuse des policiers blancs. Toute l'intrigue se déroule alors, sur fond de suspicion de racisme, d'une quête de reconnaissance de la communauté afro-américaine, en passant par le pasteur/prêcheur avide de réputation et d'argent. C'est tout un système de co-existence de communautés qui est ici mis en exergue, voire dénoncé par JCO. Et tout cela fonctionne fort bien. On ne peut rester insensible à l'histoire de Syblla Frye, qui condense des horreurs telles que la violence intra-familiale, la réputation, les tensions dans les collèges, la cupidité, la "guerre" des religions/sectes.
Tout est en permanence en mouvement dans ce très bon voire excellent roman de "l'éternelle" prétendante au Nobel de littérature! Vaut le détour!
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Une mère afro-américaine recherche sa fille qui a disparu depuis plusieurs jours à travers les rues de la banlieue du New-Jersey. Elle interpèle tout le monde.
Dans la nuit, une femme la retrouve quasiment morte au fond d'une cave dans un immeuble désaffecté. Sybilla, la fillette accuse des policiers blancs de l'avoir « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort ». Mais de peur des représailles et de honte, elle ne veut pas porter plainte.

Mais l'affaire est médiatisée et certains vont se charger de mener le combat qui semble perdu d'avance d'autant plus que des doutes planes sur la réalité des faits.
Pourquoi ne veut-elle pas porter plainte. Pourquoi ne veut-elle pas se faire examiner? Pourquoi se cache-t-elle et ne va t-elle plus à l'école? Et bien peut-être car elle se sent honteuse et fortement blessée physiquement et psychiquement et qu'elle n'a plus la force de sortir car elle a été « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort » et menacée si elle disait ce qui lui était arrivée ? ou peut-être pour cacher son mensonge?

Premier livre de Joyce Carol Oates que je lis, j'ai apprécié les descriptions du quartier pauvre et qui doit faire face à celle-ci et au racisme des autorités entre autre mais aussi des diverses communautés entre elles voire même du sexisme au sein de la police.
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C'est le premier livre que j'ai lu de cette auteure et je dois dire que je suis agréablement surprise. C'est bien écrit, l'intrigue est subtilement amenée et j'ai découvert grâce à ce livre le fait d'hiver dont s'est inspirée l'auteure qui est très intéressant. Je n'ai juste pas apprécié la fin du roman qui pour moi n'était pas complète, ça m'a laissé sur ma faim.

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Le prix du silence

Ednetta Frye parcourt les rues d'une banlieue du New-Jersey à la recherche de Sybilla, sa fille, qui a disparu depuis plusieurs jours. Une femme va la retrouvée « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort » dans un immeuble désaffecté. Sybilla accuse des policiers blancs de l'avoir « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort ».

Sybilla, afro-américaine, fait partie de cette population totalement laissée pour compte de l'Amérique, tellement rabaissée et humiliée qu'elle ne semble pas avoir la force de se rebeller. Sybilla ne porte d'ailleurs pas plainte, incapable de se révolter ou ne voulant pas rajouter l'humiliation à l'humiliation…

Alors d'autres vont se charger pour elle de mener un combat que l'on imagine perdu d'avance malgré les bonnes et grâce aux mauvaises volontés, d'autant plus qu'un doute plane sur la réalité de ce qui est arrivé à Sybilla. Son silence entretien tout à la fois la possible réalité tragique de l'odieux crime perpétré à son encontre et la probable réalité de son mensonge.

En quelques phrases, les premières du livre, Joyce Carol Oates dépeint un quartier enseveli sous la pauvreté, la honte, le fatalisme avec une force absolument incroyable. Avec une économie de mots, elle rend compte d'une réalité atroce. On est en 1987 et pourtant on se dit que l'Amérique recèle encore aujourd'hui des tableaux au moins aussi sombres que ce que la palette de ses mots décrit si bien.

Au-delà de cette description saisissante d'une Amérique à la marge de la société, civile, humaine, Joyce Carol Oates déconstruit totalement la façon dont l'entourage, d'abord proche (par l'intermédiaire de sa mère) puis plus éloigné (à travers la figure du révérend), dépossède littéralement Sybilla de son propre malheur. Si la famille tente par le black out imposé à Sybilla de la protéger (et de protéger par la même occasion une cellule familiale qui n'a de famille que le nom), le révérend tente de récupérer l'histoire de Sybilla à son profit à la fois médiatique et financier. Il entraîne avec lui son frère avocat et tout une population opprimée. Et dans ce chaos infernal de voies discordantes, Sybilla retient la sienne, reste muette, prisonnière de son mensonge ou de sa vérité, parce qu'aucun des deux ne lui appartient plus.

La privation qui est faite à Sybilla de sa propre douleur n'est qu'un viol supplémentaire de Sybilla. Offerte en sacrifice pour les causes qui voudront la récupérer, Sybilla est une poupée de chiffons qu'on se balance de main en main, sans se soucier qu'elle tombe par terre, qu'elle s'abîme petit à petit, qu'elle perde de son humanité et devienne transparente à force de silences forcés, jusqu'à choisir elle-même une autre forme de silence.

La distance qu'elle marque de plus en plus avec sa propre histoire est accentuée par la répétition par l'auteur de ce leitmotiv que j'ai déjà repris en début de billet. Cette stance répétitive et syncopée « kidnappée, battue, violée et abandonnée à la mort » revient invariablement comme pour inscrire une distance supplémentaire entre le drame et sa victime et surtout entre le drame et les lecteurs : cette répétition instaure un doute dans l'esprit du lecteur tant elle semble factice et forcée.

Il est aussi intéressant de voir comment Joyce Carol Oates parle de racisme. Elle fait en sorte de rendre compte de la bilatéralité de ce racisme. Si le premier racisme sur lequel elle braque ses projecteurs est celui qui a a priori abouti au drame qui frappe Sybilla, celui des blancs (incluant toutes les communautés autres que la communauté noire et englobe donc aussi bien les communautés hispaniques ou asiatiques) à l'encontre des noirs, la figure du révérend Marus Mudrick équilibre le roman en montrant une violence et un rejet tout aussi puissant par certains afro-américains des blancs.

Lien : http://wp.me/p2X8E2-JV
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Étroitement lié à "Eux", un précédent roman de Joyce Carol Oates publié en 1969, Sacrifice s'inspire d'un fait divers ayant secoué les États-Unis 20 ans après les "désordres raciaux urbains" de Détroit en 1967.

En octobre 1987 à Pascayne, une ville sinistrée du New Jersey, une jeune fille noire est retrouvée dans une usine désaffectée, ligotée, battue, violée et abandonnée à la mort. Elle accuse des flics blancs d'être à l'origine de cette barbarie. Si elle est dans un premier temps contenue par le fait que la famille semble vouloir faire profil bas, "l'affaire Sybilla" atteint son apogée lorsqu'elle est récupérée
par deux frères qui, sous couvert de la lutte pour les droits civiques, se font un devoir d'haranguer les foules et d'exacerber sans aucun scrupule les tensions raciales.

En alternant fréquemment les points de vue, JCO éclaire différents aspects de l'affaire, semblant dans un premier temps vouloir démêler le vrai du faux avant de délaisser la recherche de la vérité pour se concentrer sur le contexte plus large dans lequel s'inscrit ce crime et sur la manière dont ce dernier sera instrumentalisé. Car instrumentalisation il y aura. La vérité, au final, importe peu. JCO s'attache ainsi à montrer comment, dans une société profondément gangrenée par les questions raciales, la politique et la religion sont utilisées pour justifier les pires bassesses.

En bref: lecture percutante et dérangeante. Elle interpelle, interroge et pousse à la réflexion. À lire.
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le "first" que je lis et l'appât à fonctionner : j'ai accroché sévère. Ce qui me plait surtout, c'est cette écriture très féminine, très classe nous décrivant les déchets de l'âme humaine et de la société. Alors bien sûr, dans ce livre, il y a la condition des noirs, les ghettos, les abus des flics... blancs. Mais pour moi, l'argument principal est que la soif de pouvoir n'a pas de couleur. Blanc, noir, chacun à sa modeste place sur l'échelle social est prêt à tout pour étancher cette soif. Bref, j'ai aimé.
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Inspiré de faits réels, sur fond de tensions raciales, toujours d'actualité aux Etats-Unis, un roman captivant très bien construit. L'histoire d'une jeune fille noire et de sa mère empêtrées dans leurs mensonges qui vont se faire manipuler. Une petite ville sinistrée, des usines désaffectées, des habitants pauvres et désoeuvrés, la méfiance, voir la peur vis à vis de la police, une société gangrenée par le racisme, voilà le tableau dressé, reste à mettre tout cela en musique, et l'auteur réussit à nous délivrer une belle partition.


Lien : http://notreavis.canalblog.c..
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Eh oui, encore elle !

Joyce Carol Oates est de retour avec un roman portant, au départ, sur les tensions raciales aux Etats-Unis mais, au fil des pages, le lecteur réalise, bien vite, que l'ouvrage aborde une multitude de thématiques.

Sybilla, jeune fille d'origine africaine de 17 ans, est retrouvée abandonnée, victime de violences et recouverte d'excréments dans une vieille usine désaffectée. Dès sa libération, l'adolescente incrimine un groupe de policiers blancs. le ton est donné mais, rapidement, son récit se teinte de zones d'ombre semant le doute.

Joyce Carol Oates n'aura de cesse, au fil des pages, de souffler le chaud et le froid.

Personnellement, je trouve le livre très réussi : le lecteur bascule, sans cesse, de l'empathie et compréhension pour cette victime à l'effroi glacial face au caractère inexorable de l'engrenage dans lequel Sybilla et sa famille se trouvent impliqués, le tout dans un climat de misère sociale.

Un Oates dans la lignée des tous bons Oates. Comme à son habitude, un univers très sombre mais emprunt de thématiques intéressantes qui transforme un fait divers sordide en un bon livre !

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