Parfum de glace

Pourquoi un homme décide-t-il de se suicider alors qu'il vient de fêter une année de vie commune avec sa compagne la veille et que rien ne le laissait présager ?

Parfumeur talentueux, il lui a même offert le parfum composé spécialement pour elle, qu'il a nommé Source de mémoire, et qu'elle espérait secrètement.
Chagrin, incompréhension, désarroi, à ces sentiments s'ajoutent rapidement pour Ryoko l'ignorance face au passé de Hiroyuki, le défunt. La rencontre à la morgue de son frère inconnu, Akira, est le début de révélations surprenantes et insoupçonnées sur son compagnon. Il était dans sa jeunesse un génie reconnu des mathématiques et un champion de patinage : elle l'ignorait totalement, quel choc !
Très intriguée, Ryoko décide alors de mener l'enquête espérant éclairer le geste fatal de Hiroyuki à la lumière de qui il était vraiment.

Connaissons-nous jamais tout à fait nos proches ?

Ce roman de Yoko Ogawa est particulièrement réussi selon moi car il rassemble ses thèmes de prédilection, un suspens savamment distillé autour de la quête de l'identité véritable du suicidé, et une écriture claire et poétique à la fois. Un régal !
La mémoire, l'identité, le surnaturel subtil, l'attrait pour les mathématiques et surtout les fêlures de ses personnages sont ici, comme souvent, les ingrédients du cocktail concocté pour embarquer le lecteur dans son univers si particulier où réel, imaginaire et souvenir se mélangent.

Nul besoin d'extravagances, de scénarios alambiqués ; à partir de situations en apparence anodines du quotidien, de personnages à une période de rupture de ce quotidien, Ogawa, par la seule force de son imagination et de son écriture, nous entraîne à faire un pas de côté, au-delà du réel et des apparences, là où la réflexion commence évidemment. Un seul bémol peut-être, mais qui pour moi n'en est pas un : n'attendez pas une happy end ni même une conclusion. L'auteur suggère - caractéristique japonaise ? - mais ne tranche jamais, la réflexion doit aussi venir du lecteur.

Parfum de glace : de l'amour, de la tristesse, une pincée de mémoire, un zeste d'ignorance, un soupçon de nostalgie... Respirez et évadez-vous !

Entrer dans l'univers de l'auteure, c'est toujours entreprendre un voyage énigmatique, captivant, émouvant...

Ryoko vient de perdre Hiroyuki, l'homme qu'elle aime, et de la manière la plus incompréhensible qui soit pour elle: il s'est suicidé. Tout paraissait pourtant aller bien entre eux. Retrouvant des formulations mystérieuses écrites par lui, elle décide d'enquêter sur son passé, pour comprendre son geste.

de découvertes en découvertes, elle s'aperçoit avec douleur et désarroi qu'elle ne connaissait finalement rien de lui... le génial parfumeur qu'elle a aimé, et qui venait, la veille de sa mort, de lui offrir " Source de mémoire", un parfum crée spécialement pour elle, qui était-il vraiment?

Entre onirisme, scènes symboliques, événements et et souvenirs réels, Ryoko tente désespérément de recomposer l'image de l'être aimé. S'y mêlent figures sur la glace d'une patinoire, paons dans une grotte, à Prague, formules mathématiques complexes, air de violoncelle... Tout un monde d'où extraire le parfum de l'absence, du manque, de l'amour perdu...

La mélancolie émane de chacune des phrases de ce roman, la quête de Ryoko serre le coeur, et le lecteur l'accompagne en se posant de multiples questions, lui aussi, sur Hiroyuki, un être solaire qui s'est éteint , rendu fragile par la folie maternelle...

Délicat comme un danseur glissant sur la glace, subtil comme le parfum libéré par un flacon de verre, un livre de toute beauté...

Ryoko est en train de repasser une chemise de Hiroyuki quand coup de fil l'informe de sa mort. le jeune homme s'est suicidé dans l'atelier où il créait des parfums. La veille encore, ils fêtaient leur première année de vie commune et il lui offrait un parfum spécialement conçu pour elle, Source de mémoire. Désemparée par le chagrin et l'incompréhension, Ryoko va voir une dernière fois le corps de Hiroyuki à la morgue. Là elle rencontre Akira, le frère du défunt. Or, elle ignorait l'existence de ce frère. Et d'ailleurs que savait-elle vraiment à propos de celui qui partageait sa vie ? Peu de choses en vérité. Pour comprendre et pouvoir faire son deuil, Ryoko a besoin de partir sur les traces de Hiroyuki. de Prague jusqu'à la petite ville qui l'a vu grandir, elle apprend à connaître, un peu, son mystérieux partenaire.

En cherchant Hiroyuki, Ryoko trouve Rooky, un petit garçon surdoué, capable tout à la fois de résoudre des problèmes mathématiques, de reconnaitre les espèces d'orchidées rien qu'à leur odeur, de faire des merveilles sur des patins à glace, un adolescent qui, un jour, a quitté sa famille sans plus être capable de retourner chez lui, un jeune homme qui a choisi, entre toutes, la carrière de nez. A travers son parcours, Hiroyuki touche d'un peu plus près à l'essence de celui qu'elle aimait...
Entre passé et présent, réel et imaginaire, Yoko OGAWA évoque des sujets lourds -le suicide, le deuil-, mais sa plume sait se faire légère et pudique. Plus qu'une histoire, c'est tout un univers qu'elle nous offre; un univers poétique et onirique, empreint de douceur et de tristesse, où vivre est parfois une douleur si insupportable que la mort est la seule issue. Parfum de glace est, en cela, un livre qui joue sur l'émotionnel et interroge aussi sur la relation amoureuse. Aussi proche que l'on soit de quelqu'un, on ne sait rien de sa part d'ombre, de ses failles les plus profondes, des blessures qui l'ont façonné... Un très beau roman.

Envoutant, magique, sensuel et troublant ce parfum appelé " source de la mémoire"!
Ce parfum qui a été crée par Hiroyuki pour sa compagne Ryoko et qui résume l'atmosphère de ce "conte" lyrique, sensuel, extra sensoriel et poétique ou les thèmes de l'identité, de la mémoire, du suicide, du deuil, du chagrin sont évoqués dans un style limpide...voire aérien !
Ryoko ( la narratrice ) va découvrir peu à peu le passé de son compagnon qui s'est suicidé sans raison apparente après un an de vie commune ! de révélations en révélations, elle va apprendre qu'il a été un jeune génie des mathématiques, poussé et vampirisé par sa mère, qu'il a été un champion de patinage artistique et même, qu'après son départ du domicile parental, il a travaillé pour un internat d'aveugles..
Elle va remonter le temps, aidée parfois par Akira ( jeune frère de Hiroyuki ), elle va retourner à la villa Bertramka de Prague pour connaître la raison de l'abandon de ce dernier concours par Hiroyuki, et elle va y rencontrer le gardien des paons qui va lui expliquer que le coeur de ces volatiles colorés est enfermé dans un pot après avoir recueilli les mots de ceux qui sont venus raconter leurs souvenirs !
Yôko Ogawa nous transporte dans un univers ou la symbolique et la réalité s'entrecroisent sur un fond de tristesse, de mélancolie dans les vapeurs de ce parfum capiteux qui enveloppe ce magnifique roman......

Mon roman préféré d'Ogawa mais peut-être aussi le plus neutre de toute sa série de romans. L'auteur nous a davantage habitué à du glauque (Le Musée du Silence), du roman d'anticipation (Cristallisation secrète), de la tendresse (La Formule préférée du professeur) ou de l'intimiste à ambiance étrange (Tendres plaintes). Ici, le discours n'est froid mais c'est l'ambiance qui est aseptisée. La mort englobe les personnages, le parfum de paon évoque le vert donc le froid, ce qui est accentué par une certaine grotte et le patinage artistique.
Cependant, Ogawa démontre à nouveau qu'elle peut s'adapter à toutes les situations et à différents univers : ici la parfumerie et le patinage, ailleurs les musée, la musque, la médecine, l'enfance ou encore l'écriture.

Connaît-on vraiment les personnes que l'on aime ? Kyoko, une jeune tokyoïte, vient d'apprendre le suicide de son mari Hiroyuki, parfumeur de son état. À l'occasion de la préparation de ses obsèques, elle va faire la connaissance de son jeune frère Akira, et de sa mère, la fragile Reiko. Brusquement, tout un pan inconnu de la vie de son mari va lui apparaître, et bouleverser sa propre vie. Pour en apprendre plus, elle va entreprendre un voyage à Prague où Hiroyuki, jeune prodige de dix ans, était venu défendre les couleurs de son pays dans un tournoi international de mathématiques. le roman oscille entre réalisme et fantastique, sans que la frontière entre monde réel et imaginaire soit clairement définie. L'art de l'auteure est de maintenir un savant équilibre entre les deux, le récit avançant telle une enquête policière à la recherche d'une vérité qui échappe à tout entendement…

Comme pour les autres livres de Yoko Ogawa, l'écriture est douce, souple, sensuelle, même lorsqu'il s'agit de peindre la souffrance, l'oubli et la violence. J'aime ainsi errer dans les espaces et les vies qu'elle met en pages. Son écriture sait effacer les limites entre le réel et l'imaginaire entre le conscient et l'inconscient, et de ce livre-ci Parfum de Glace jaillit une sensualité délicate. Un moment délicieux.

Comme souvent chez Ogawa , la narratrice (presque toujours des narratrices), Ryoko a perdu un proche . Ici la perte est violente car son compagnon Rooky s'est donné la mort. Elle se lance alors dans une quête pour découvrir qui était vraiment ce parfumeur génial , ce patineur virtuose … Avec l'aide d'Akira le jeune frère de Rooky dont elle ignorait l'existence , elle voyagera dans le passé du disparu jusqu'à Prague . Qui sont vraiment les gens qu'on aime ? Comment s'accoutumer à la perte de l'aimé ? Avec sa douceur coutumière la romancière pose des questions qui s'adresse à tous.

J'avais commencé ce roman dans un vol pour Prague. Prise dans la magie de cette ville qui pour moi est la plus belle du monde, je l'ai regardée sous un jour encore plus fantastique, irrationnel. Et j'ai recherché les lieux où l'auteur place son intrigue et les étapes que suit son héroïne dans cette quête qui doit l'amener à découvrir qui était vraiment l'homme qu'elle aimait. Je n'ai pas retrouvé la grotte aux flancs de la colline dont les parois ruissellent de cette étrange humidité, je n'ai pas vu les paons, je n'ai pas trouvé la mèche de cheveux. Et pourtant à chaque fois que je vais patiner, depuis, je vois Rooky le surdoué évoluer sur la glace en incroyables figures, et je rêve d'un amoureux qui aurait créé pour moi un parfum unique, inoubliable.

Peu connaisseuse de littérature japonaise mais sortant tout juste de la lecture délicieuse d'un roman fleuve de Murakami, je me suis laissé tenter par Parfum de Glace après en avoir lu une critique sur Babelio. Et je ne peux que remercier le lecteur qui m'a conseillé cet ouvrage ! Subtile, délicate, l'écriture se met au service d'une histoire qui l'est tout autant.
A priori, le roman n'avait rien pour me séduire : un énième récit que j'imaginais pour lecteur pleurnichard - l'histoire d'un homme qui se suicide et de sa compagne qui part à la recherche d'une explication.
Pourtant, le roman est magistral : Yoko Ogawa nous emmène dans un thriller psychologique à la recherche de ce qui fait notre humanité – amour, famille, mémoire. L'héroïne est extrêmement attachante et la petite touche d'irréel et de fantastique parfaitement au service de l'histoire. Comment vous dire – lâchez cette critique et allez voir : ce roman se lit d'une traite et on le referme heureux. Que demander de plus ?