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EAN : 9782021417227
240 pages
Seuil (19/09/2019)
3.68/5   30 notes
Résumé :
Voici un livre de grâce, porté par la grâce.

Comme un funambule qui avance, yeux grands ouverts, sur une corde au-dessus du vide, Bulle Ogier parcourt les étapes de sa vie d'enfant, de femme, d'actrice, de mère. Une vie jamais banale, pour le meilleur (l'art, la création, la fréquentation de grandes figures comme Duras, Rivette ou Chéreau), ou pour le pire (la mort de sa fille Pascale, évoquée avec délicatesse et intensité).

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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Contrairement au prix Renaudot de l'essai remis aussi pour un livre sur le cinéma, mais qui interpelle terriblement, le prix médicis de l'essai nous a paru cette année amplement mérité.

Il a été attribué en effet à la très belle autobiographie de la comédienne Bulle Ogier, "J'ai oublié" ( très joli titre pour des mémoires, d'autant plus qu'il décline ce concept à tous les chapitres) mis en mots par la journaliste Anne Diatkine.


"J'ai oublié dans quelle circonstances j'ai pris du LSD avec Jimmy Hendrix. Je n'en ai jamais parlé à personne, et surtout pas à Barbet que cela agace. Je ne sais ni pourquoi ni comment, Jimmy Hendrix, très peu de temps avant sa mort en 1970, et qu'il me semble n'avoir jamais rencontré nulle part et certainement pas dans les endroits ou je dansais, est entré dans ma chambre avec sa guitare"

A 80 ans l'immense Bulle Ogier, formidable comédienne au cinéma chez Rivette, Chéreau , Alain Tanner et Barbet Schroeder (son mari dont elle chante les louanges) mais qui a aussi foulé les planches des théâtres de France avec une immense grâce egrène ses souvenirs sans véritable chronologie, et raconte sa vie à travers les époques, et la lecture de ses mémoires prouve combien elle est importante pour les cinéphiles même si le grand public la connait sans doute assez mal .

Elle y parle beaucoup de sa fille Pascale, jeune actrice prodige vue chez Rohmer et décédée à l'age de 26 ans , mais aussi de ses débuts comme mannequin avec Coco Chanel et ses succès au cinéma, ( la Salamandre en 1971 ou Vénus Beauté 25 ans après) et surtout pas mal d'épreuves personnelles comme la disparition tragique de sa fille ainsi que les terribles viols qu'elle a connu dans sa jeunesse, l'un par un commissaire de police l'autre par le médecin qui a procédé à son avortement .

Ce que Bulle nous raconte est parfois d'une tristesse insondable et d'une profondeur terrifiante, mais Bulle Ogier parvient à exprimer tout cela avec élégance et légèreté voire humour et une délicatesse qui est tout à son honneur.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Bulle Ogier est une actrice qui sera pour moi éternellement jeune. Je veux dire par là qu'elle a cette fraîcheur d'une femme qui sait vivre avec intelligence, peu importe son âge. Il est donc dommage de la voire botoxée aujourd'hui qu'elle a 80 ans. Pour autant, elle reste chère à mon coeur et j'ai adoré la lire. Pour moi, elle reste associée à Marguerite Duras même si j'ai appris dans ce livre qu'elle était fâchée en raison d'un délire paranoïaque, ce qui est dommage parce que cela a beaucoup affecté Bulle Ogier. Je l'imagine dans Savannah bay (pièce culte pour moi) jouer avec Madeleine Renaud.

À la façon de Georges Perec qui a écrit "Je me souviens" elle raconte ce que elle a oublié et les souvenirs qui ne lui font pas défaut. Cela donne un titre très original pour une autobiographie "J'ai oublié" d'autant plus que c'est un écho au vieillissement, à la perte de mémoire mais aussi aux proches qui nous rappellent souvent des faits (sinon on ne pourrait pas raconter ce que l'on a oublié puisqu'on l'a oublié). Elle a cosigné ce livre avec la journaliste Anne Diatkine ce qui est une bonne chose puisque c'est très bien écrit. D'ailleurs il a reçu le prix Médicis essai 2019.
Il faut dire que la vie de Bulle Ogier est suffisamment riche pour que ses souvenirs foisonnent.
Sous un air faussement naïf on la retrouve dans de nombreux films expérimentaux ou en avance sur leur temps. Elle a toujours été discrète alors qu'elle a joué avec les plus grands, que ce soit Bunuel, Rivette, Rohmer, Bondy ou Chereau... au cinéma ou au théâtre. Mais comme elle dit, c'est une actrice de cinémathèque plutôt que de la grande distribution. Moi j'adore !
C'est aussi quelqu'un qui aime. Elle aime sa mère, sa fille, son amie Bernadette Lafon ou l'homme de sa vie Barbet Schroeder.
Bulle Ogier souffre encore aujourd'hui de la mort prématurée de sa fille Pascale, jeune actrice prometteuse, mais elle ne s'est jamais exposée aux médias. Sa discrétion n'est pourtant pas en contradiction avec ses engagements notamment pour le droit à l'avortement ou d'autres causes qu'elle trouve juste.





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« (…) j'ai eu beaucoup de chance de me maintenir sur un chemin de crête, ne subissant ni l'ignorance ni l'impétueuse gloire. » Bulle Ogier, « actrice de cinémathèque » comme elle aime se définir, pose ses souvenirs avant d'oublier dans ce récit au titre contradictoire. Accompagnée par la journaliste Anne Diatkine, elle déroule le fil de sa vie professionnelle et personnelle, cette dernière plombée par la mort subite de sa fille unique Pascale en 1984, elle-même à l'aube d'une carrière d'actrice primée.
Bulle Ogier et son doux visage, un air à la fois fragile et déterminé, s'est laissée porter par la vague et elle n'a pas oublié ce que Marguerite Duras lui disait : « Bulle, ce n'est pas la nouvelle vague, c'est le vague absolu. » Courtisée par des cinéastes audacieux, le théâtre a aussi été sa planche de salut à bien des égards, lui permettant de s'oublier dans les personnages : « Je ne sais toujours pas, après soixante ans de métier, si ce sont les rôles qui modèlent ce que je suis ou moi qui influe sur eux. »
Un ouvrage autobiographique non linéaire au ton doux-amer, distillant un parfum de nostalgie enrobé d'une aura de souffrance et qui m'a permis de découvrir tout un pan du cinéma français que je ne connaissais pas.
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J'ai oublié ou Je me souviens, je me rappelle, comme le chantait Daniel Darc « Dissimule dans le silence / Tes sentiments des espérances / Qui montent et plongent sans bruit / Étoile brillant dans la nuit.
Des souvenirs d'une vie riche en rencontres et en émotions au théâtre et au cinéma, évoqués sans affèterie, avec pudeur par une personne singulière : « J'ai oublié plus que tout au monde pourquoi je suis devenue actrice, moi qui étais si timide et détestais me montrer. » J'avais pensé être hôtesse de l'air… Des noms qui retracent tout un pan d'histoire – Coco Chanel, Pierre Clémenti, Madeleine Renaud, Marguerite Duras, Patrice Chéreau, Gérard Depardieu et l'homme de sa vie : Barbet Schroeder. Mais une vie fracturée par la disparition de sa fille Pascale. « J'ai oublié que j'ai eu une vie très amusante et joyeuse jusqu'à la disparition de Pascale. Mais cette gaîté s'est fracturée sur la tragédie, ma vie s'est coupée en deux, je suis tombée dans le gouffre entre ces deux falaises, je sais bien que j'ai été cette jeune femme enchantée et chanceuse, qui est restée sur une autre rive et parfois je la rejoins. […] J'aimerais parler d'autre chose, mais cette chose, qui est le noir du deuil, cette douleur explosive, est toujours au plus proche de moi, tapie, elle m'aimante, c'est un effort de chaque jour de m'en détacher pour prendre un visage social. J'y parviens, mais ça me prend la journée. Ce qui m'a sauvée, immédiatement après la disparition de Pascale, c'est d'être actrice. » Il faut suivre ce texte, et se faufiler dans les mots pour en apprécier la force, la richesse, la douleur et la délicatesse en suivant Anne Diatkine, coauteure, que Bulle Ogier remercie en ces termes : « Je remercie Anne qui est arrivée à se faufiler dans mes mots pour en faire de la magie. » Laissons cette magie opérer, et acceptons que des mystères restent enfouis, ce qui laisse à l'auteure un rare regret : « Mon seul regret est d'être passée à côté de la psychanalyse. Sans doute qu'entreprise très jeune, à l'orée de la vie d'adulte, cela m'aurait aidée à me défaire de certaines impossibilités ».

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J'avais oublié de parler de la nonchalante et émouvante actrice si rétive à dire oui à un rôle mais toujours partante pour des aventures extravagantes. Patrice Chéreau devait la pousser chaque soir sur scène d'une main posée entre ses omoplates, lorsqu'elle jouait la reine Hermione dans Conte d'hiver, un emploi qui résonnait tant avec le deuil de sa fille Pascale, actrice comme elle, très tôt couronnée d'un prix d'interprétation à Venise.
La vie de Bulle est à l'image de son prénom, évanescente et légère, toujours partante pour l'inédit, l'insolite. Son écriture enchante, se nourrit d'amitiés fécondes , Duras, Rohmer, Rivette,touche souvent le lecteur, à la fois ébahi, aux prises avec une bohème innée et ému quand la mère voit la fille défunte au fond de la salle.
Je n'ai jamais vu l'auteure sur les planches, je me souviens d'elle au cinéma, en ouvrière dans une fabrique de saucisse (La salamandre). Bulle coud son livre de jolis mots, sans trop chercher à relier le décousu d'une existence extraordinaire.
Lien : https://cinemoitheque.eklabl..
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critiques presse (1)
Telerama
07 octobre 2019
Elle a tourné pour Buñuel, Rivette, Chéreau… Avec l’aide de la journaliste Anne Diatkine, l’actrice se livre sans taire ses âpres souvenirs. Mais toujours avec une délicatesse infinie.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (22) Voir plus Ajouter une citation
J'ai oublié dans quelle circonstances j'ai pris du LSD avec Jimmy Hendrix. Je n'en ai jamais parlé à personne, et surtout pas à Barbet que cela agace. Je ne sais ni pourquoi ni comment, Jimmy Hendrix, très peu de temps avant sa mort en 1970, et qu'il me semble n'avoir jamais rencontré nulle part et certainement pas dans les endroits ou je dansais, est entré dans ma chambre avec sa guitare.
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J’ai oublié mes nuits à La Coupole, où j’ai rencontré tous les gens que je connais. Ou plutôt que je connaissais. Mes amis meurent. Je suis sur cette pente de la vie. Je n’ai pas oublié mes nuits à La Coupole, mais elles reviennent à moi, comme une seule et gigantesque vague réjouissante qui m’aurait emportée pendant une ou deux décennies.
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J'ai oublié que j'ai eu une vie très amusante joyeuse jusqu'à la disparition de Pascale. Mais cette gaîté s'est fracturée sur la tragédie, ma vie s'est coupée en deux, je suis tombée dans le gouffre entre ces deux falaises, je sais bien que j'ai été cette jeune femme enchantée et chanceuse, qui est restée sur autre rive et qui parfois la rejoint.
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Je n’ai plus tellement envie de passer sur un écran, maintenant. C’est derrière moi. Je n’ai pas une tête qui m’intéresse quand je la vois. Je la déteste. Elle me donne envie de fuir. Je date d’une époque où l’on était assez dilettante sur son image. Les gens avec lesquels j’ai travaillé comprenaient très bien qu’on ne soit pas à cheval sur un mauvais profil. On était tout juste contents de faire au mieux ce qu’on avait à faire. Être au service du metteur en scène et non de soi-même état la seule ambition.
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Je n’ai jamais pensé que j’avais le profil pour être actrice. Je ne sais rien faire d’autre que jouer, et pourtant, si je ne joue pas, ça ne me dérange pas. Il n’y a aucune désinvolture ni once de condescendance dans mon propos. Je sais bien que l’absence de reconnaissance engendre des tragédies, tout comme le trop immédiat et gigantesque succès, et j’ai eu beaucoup de chance de me maintenir sur un chemin de crête, ne subissant ni l’ignorance ni l’impérieuse gloire, n’étant jamais dépendante d’un seul cinéaste dont j’aurais été l’objet.
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