Le handicap est un sujet peu abordé dans la littérature. Lorsque c'est le cas, on se retrouve plus souvent face à des textes mettant en scè
ne la résilience. On présente très peu le handicap comme une fatalité et d'une certaine manière tant mieux, car un être différent ne tolère que très peu qu'on le réduise à son "anormalité". Oui le mot est dur, dégueulasse même ; mais en lisant cette nouvelle dans laquelle l'auteur souhaite pourtant mettre le doigt sur les difficultés auxquelles sont confrontées ces personnes dites "différentes", pour mieux appréhender la complexité du traitement du handicap en France, moi j'y ai vu plus d'éléments propres à stigmatiser.
Pour bien faire comprendre le quotidien d'un handicapé, l'auteur croise les points de vue de quatre personnages : Nicolas, un enfant en fauteuil roulant, sa mère, son auxiliaire de vie et son professeur.
Je m'attarderai plus longuement sur le personnage de Nicolas car sa description est celle qui m'a le plus interpellée. A l'aube de l'adolescence, Nicolas est un jeune garçon déjà bien plus mûr que son âge, qui manie l'ironie et le cynisme avec une aisance qu'on pourrait juger particulièrement déconcertante. Rien d'étonnant à cela pourtant car on sait qu'un vécu difficile incite les jeunes enfants à développer des mécanismes d'auto-protection dont les mots sont souvent les premières armes. "Je préfère provoquer et manipuler, avant d'être moqué." nous dit Nicolas. A ces mots, j'ai reconnu les traits de caractère d'un jeune meurtri, mais malgré l'évidente maturité précoce, je trouve que le ton adopté dans ce récit n'est pas celui d'un petit garçon. N'oublions pas que la maladie, le handicap n'enlève pas TOUT à l'enfance. David Olivier nous présentant un caractère dur, dévoré par la rancoeur et qui n'a que peu d'indulgence pour les "valides" qui l'entourent. Mais malgré toutes les difficultés que cet enfant à pu traverser, la naïveté et l'espoir restent essentiels pour accepter la vie.
Par ailleurs, l'utilisation du passé simple formalise le discours et met de la distance avec le lecteur. Peu importe le point de vue adopté, le ton reste le même : laconique, incisif et ne sert pas suffisamment la personnalité de chaque personnage.
Ce qui se voudrait un plaidoyer pour l'égalité, je l'ai perçu comme plaie vive et amère. On sent plein de haine, de l'agressivité presque. Je ne suis pas sûre que l'attaque, le fait presque de demander au lecteur de rendre des comptes soit l'approche idéale pour faire passer un message. Bien que cela soulève des questions, notamment celle des aménagements désastreux de nos villes pour faciliter les déplacements de ce public, j'ai peur que le texte soit trop virulent pour retenir l'attention. de plus, l'auteur décrit un tableau noirci de la France qui m'a profondément dérangé. On sent un côté presque un peu réac à base de "avant c'était mieux..." qui ne colle pas du tout avec les réalités actuelles. On tape sur internet, sur l'ingratitude de l'adolescence, sur l'éducation, sur les sites de rencontres... Qu'est ce que tout cela vient faire ici ?
Personnellement, je trouve que ce récit manque de nuances. On tombe dans le "A cause de l'égoïsme des valides qui vivent dans le confort, les handis sont malheureux". Mais la situation est bien plus complexe que ça. Oui, être différent suppose de faire beaucoup plus d'efforts que les autres pour exister. Oui, l'amertume, le sentiment d'injustice sont prégnants du début à la fin. Oui, le regard des autres est douloureux. Oui, la vie n'est pas simple quand on sort de la norme. Mais ce que l'auteur oublie de mentionner et me semble pourtant essentiel, c'est que cette catégorie de la population est habitée par une hargne, une envie de s'en sortir qui les font déplacer des montagnes. Ce sont des gens sensibles, observateurs, qui analysent. Beaucoup transforment justement leurs handicaps en atout, se jouent aussi de la société et de ses règles stupides. Mais surtout, les gens différents veulent, peut être plus que les autres, croire en l'avenir. Ils ont de l'espoir ! Oui, le handicap créé des difficultés, mais aussi beaucoup de qualités.
Pour moi, ce récit ne correspond pas à l'état d'esprit de la majorité des concernés. On ne fait jamais le deuil de ce qui nous manque, mais on apprend à vivre avec, par la force des choses.
MA NOTE
10/20
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