Le pouvoir de l'homme est une chose admirable et qui ne connait pas de limites : il choisit tout à coup des gestes insignifiants qui s'inscrivent dans l'éternité.
La vie d'un homme offre peu de choses et beaucoup de choses : tout ce qui peut se passer sous le ciel tourne autour de quelques vices et de quelques appétits, d'un petit nombre d'ambitions, de sentiments et de rêves. Le pouvoir, l'argent, la poésie, la gloire...
On ne raconte jamais le passé qu'en se souvenant d'avance du sens qu'il aura enfin pris, lourd de tout un avenir qui n'existait pas encore.
« Si ce charbonnier me demande du feu, elle m’aime ; si ce petit garçon traverse la rue, elle m’aime. » Tout ce que le hasard offre d’absurde et de vain se mettait à receler ainsi pour moi les plus chers, les plus fous, les plus déchirants des messages.
Le mot jalousie ne rend sans doute pas exactement ce que je veux dire. C’était comme si les appuis que m’offrait un monde instable se défaisaient brusquement. Seul l’amour d’un être pour moi pouvait lui rendre son équilibre. Ma passion de l’indépendance qui me faisait rejeter tout le poids de l’amour s’unissait en moi à un irrépressible besoin d’être aimé.
Ce qu’on trouve aujourd’hui, ce ne sont plus que des gestes, des paroles, des actes venus d’on ne sait où et dont on s’étonne en fin de compte qu’ils fassent encore un destin
Je crois en tout cas que le vice est beau, qu’il ne flétrit pas le visage. Ce qui l’abîme et l’use, c’est la réflexion, la sagesse, la vertu, les sacrifices admirables.
La morale toute seule, la légèreté toute seule ne sont jamais très graves. Ce qu’il y a de terrible, c’est ce mélange de rigueur et de faiblesse dont je donnais un déplorable exemple. J’étais trop dur pour ce que j’avais de faible, trop faible pour ce que j’avais de dur.
Je suis déplorablement naïf : je croirais assez volontiers, comme Socrate, que nul n’est méchant de propos délibéré et que personne ne ment jamais.
...l’amour, comme la fortune, est surtout cumulatif. Je veux dire que l’amour naît fréquemment de l’amour et qu’un homme aimé se demande aisément si tout le monde ne l’aime pas.