AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782846821872
224 pages
P.O.L. (04/01/2007)
3.85/5   17 notes
Résumé :
Adèle est conductrice de navette scolaire sur un plateau très isolé, en altitude. Elle est née ici dans un corps de garçon, y a vécu avec ses parents et son petit frère Axel, puis elle est partie avant de revenir au pays dans son nouveau corps. Elle conduit sa vie et la navette entre ce lac artificiel, recouvrant l'enfance et un autre lac, naturel et volcanique, auprès duquel elle aime s'arrêter.
Que lire après Les Adolescents troglodytesVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Lu dans le cadre du prochain club-lecture organisé par la médiathèque de ma ville et dont le thème sera cette fois-ci, non pas un auteur ou une littérature spécifique à un pays mais un éditeur, et donc ici P.O.L, je me suis laissée plus que prendre au jeu. En effet, j'ai vraiment beaucoup apprécié cette lecture dans laquelle plusieurs thèmes sont abordés, aussi divers les uns que les autres et plus ou moins graves je dirais.

Adèle est une jeune femme qui vit recluse dans les plateaux de la Haute-Ardèche, isolée du monde et pourtant tellement proche de tout. En effet, Adèle n'est pas une femme comme les autres puisqu'en venant au monde, Adèle n'était tout simplement pas une femme mais ça, très peu de personnes le savent, à part Alex, son petit frère qui ne lui a jamais pardonné de l'ignominie qu'elle / il a fait en acceptant de s'accepter tel(le) qu'il se sentait depuis longtemps à l'intérieur de lui, à savoir, une intelligence de femme prisonnière dans un corps d'homme.
Depuis, Adèle a fait son chemin (et vous verrez que c'est à prendre autant au sens propre qu'au sens figuré) car même si elle se sent enfin elle-même depuis cette transformation, elle se régale dans son métier avec ses adorables gamins qu'elle conduit à travers les routes sinueuses pour aller à l'école chaque jour. Nielle, Sylvain, Nadège, les deux M (Marie et Marine), Sébastien et j'en passe...tout ce petit monde est ce qu'elle a de plus précieux dans sa vie. Certains sont encore à l'âge d'aller à l'école tandis que d'autres vont au collège ou lycée mais Adèle a l'impression que, eux au moins, ils ne la jugeront jamais...

Une histoire sur la vie lorsque l'on se sent isolé du monde, autant de par la situation géographique qui se veut difficile d'accès, presque inaccessible...mais aussi par le fait que l'on se sait différent(e) et que l'on se sait pas si les gens qui nous sont proches finiront enfin un jour à nous accepter et nous aimer tels que nous sommes...
Une écriture fluide et légère, qui rend la lecture de cet ouvrage très rapide, même si le lecteur se sent un peu déstabilisé au départ, ne sachant pas trop dans quoi il va s'engager. Un roman sur des ados, sur l'identité, sur la différence des sexes, sur la vie des fermiers et de leur progéniture ? Oui, un roman sur tout cela à la fois, bref, un roman sur la vie quoi ! A découvrir !
Commenter  J’apprécie          310
Depuis qu'elle est revenue habiter sur les hauts plateaux, Adèle conduit la navette scolaire; un travail qui lui plaît, tant par les liens qu'elle a tissé avec les gamins des hameaux isolés qu'elle transporte, que par la liberté que lui permet la conduite du mini-bus de regarder la nature, de penser et de se souvenir d'avant...quand elle était garçon. Ici,personne ne sait qui elle est, personne ne l'a reconnue mais il suffit parfois de simples questions d'enfants un jour de grosse tempête pour que la vérité alors jaillisse.

Emmanuelle Pagano aborde le thème de la transsexualité avec beaucoup de pudeur,une infinie délicatesse,une tristesse douce, cotonneuse, profondément émouvante et juste. Les tons, tout en pastels et demi-teintes, évoquent aussi bien l'isolement silencieux de la montagne, que les pensées mélancoliques de la narratrice ou les questionnements troubles de l'adolescence en recherche. Rarement on a abordé un tel thème dans un cadre rural, l'auteur le fait avec une sensiblité remarquable et une très belle empathie.
Commenter  J’apprécie          90
"J'ai retrouvé le goût d'eux juste ce matin, comme chaque année, en me levant très longtemps à l'avance pour aller chercher la navette au garage, et me préparer tranquille, à conduire lentement dans ma nuit, avant d'aller les prendre, un par un ou presque, au tout début de leur premier jour d'école".
Dans un plateau d'Ardèche isolé et en altitude, Adèle est conductrice d'une navette scolaire. Dans un entrelacs de petites routes qui frôlent le vide ou traversent la campagne, elle rejoint les hameaux pour prendre à son bord quelques enfants et adolescents. du plateau aux écoles et inversement deux fois par jour et par tous les temps. Adèle aime ces enfants qui le matin sentent la ferme et le sommeil, peu bavards souvent encore plongés dans leurs nuits. Elle les connaît par coeur : l'histoire des familles, les amitiés, les amours de ces adolescents dont le corps change l'espace d'un été. Elle devine leurs humeurs quand ils montent dans sa navette. Eux la respecte, ils savent que la route n'est pas exempte de tout danger. Les paysage délivrent beauté et puissance à chaque trajet.

Très vite, on est troublé car Adèle la narratrice emploie le masculin/ féminin pour parler d'elle.
la suite sur :
http://fibromaman.blogspot.fr/2014/01/emmanuelle-pagano-les-adolescents.html
Commenter  J’apprécie          30
Au fil des pages, c'est cette fois-ci le paradoxe de l'identité qui est abordé. Contrairement à ses livres précédents, on ne se situe plus dans la dénonciation d'un non dit, nous sommes plutôt dans une exploration à la fois des rapports familiaux et du mal-être psychologique qui se dégage d'une situation atypique allant contre la nature et qui du coup est mal acceptée par la société. Il y a toujours cette écriture si simple et poignante qui dévoile avec tant de pudeur un sujet (...)
Le blog de Hélène
Lien : http://des.cases.a.vents.ove..
Commenter  J’apprécie          40

le livre c'est le retour, les joies, les douleurs présentes parfois et leur souvenir de la fille née dans un corps de garçon, le retour du frère, la façon dont les néo-ruraux se coulent dans la camaraderie des collégiens, les enfants mort-nés, la fratrie, la ferme sous le lac, les enfants et les adolescents et ce qui les entoure, la musique et les vaches bleues, les écolos et, comme il n'est pas question de loup ou d'ours, je les aime bien les écolos


Lien : http://brigetoun.blogspot.com
Commenter  J’apprécie          30

Citations et extraits (5) Ajouter une citation
"[...] je me disais que rire autant et ensemble dans la mémoire de ce que les gens appellent le malheur, ce devait être ça le talent de la fratrie, le talent d'être frère et sœur."
Commenter  J’apprécie          220
Mon bouleau comme le reste est bleu, sali d’hématomes, sans feuilles en hiver il prend le marine des épicéas, sans âge il prend la forme de l’eau, des larmes, se redresse un peu, puis avec les feuilles glabres, douces, il se fait border de mousses outremer, mais le lac ne déborde que sur lui-même, et mon bouleau se lave au même endroit à l’eau, à l’air du lac, et moi je suis assise en dessous »…

Du brouillard, dans l’humus jusqu’au corps des arbres, inscrit dans les écorces, et quand s’étalent les brumes de l’air, nos pupilles sont énormes..

« La rumeur traversera le plateau lentement. Avec le redoux, les brumes descendront en avalanches fumantes sur les parois des gorges et on aura juste l’impression d’être dans un mauvais film…

Commenter  J’apprécie          40
Mon frère a grandi plus vite que moi, et quand j'avais neuf ou dix ans, il est devenu plus fort et plus grand (il en avait tout juste huit). Il aimait se bagarrer, moi pas, et je prenais conscience de ma différence en me regardant comme inversée dans ses jeux de plus en plus brutaux. Je me comprenais fille lentement, en creux du corps et des coups de mon petit grand frère - Davy Crocket c'était lui, et moi tout le reste : les arbres, les castors, la solitude, la tourbière léchée par la rivière.
Commenter  J’apprécie          30
"Je sais que le temps passera sur les racontars, les blessures. Les ragots deviendront ce qu'ils auraient cru cracher, une certaine vérité, la mienne."
Commenter  J’apprécie          100
"La mémoire, il faut la laver et la remplir tous les jours."
Commenter  J’apprécie          60

Videos de Emmanuelle Pagano (16) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuelle Pagano
Emmanuelle Salasc - Ni de lait ni de laine - éditions P.O.L Où Emmanuelle Salasc - qui s'est appelée Emmanuelle Pagano - tente de dire de quoi et comment est composé son recueil de nouvelles "Ni de lait ni de laine" et où il est notamment question de l'écriture de textes courts, du je et du nous, du il et du elle, de familles dysfonctionnelles et d'autobiographie, d'identification aux personnages et de non fiction, de la parution en "formatpoche de '"Nouons nous", -et où Emmanuelle Salasc lit la nouvelle "A trottinette"-, à l'occasion de la parution aux éditions P.O.L de "Ni de lait ni de laine", à Paris le 17 avril 2024
"La famille, tout le monde en a une, même ceux qui n'en ont pas, même ceux qui en ont plusieurs. La famille, c'est l'endroit au monde où on est le plus aimé, le plus haï, le plus protégé, le plus violenté, le plus soutenu, le plus abandonné, le plus nié, le plus encouragé, le plus cajolé, le plus admiré, le plus dénigré, le plus compris, le plus incompris. La famille est un superlatif. On y est seul, on y est nombreux."
+ Lire la suite
autres livres classés : romanVoir plus
Les plus populaires : Littérature française Voir plus


Lecteurs (28) Voir plus



Quiz Voir plus

Léonard de Vinci

En quelle année est né Léonard de Vinci ?

1452
1462
1472

11 questions
95 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , artiste , renaissance , italien , peinture , dessinsCréer un quiz sur ce livre

{* *}