14 nouvelles, classées dans un ordre chronologique. Ce ne sont pas les mêmes personnages qui semblent apparaître dans les différents textes, si on s'en tient à une minutieuse exactitude, mais ils sont tous Slovènes, de Trieste, et racontent une même histoire, l'histoire de gens qui sont nés à cet endroit à une certaine époque, comme si, d'une certaine façon, cette identité et cet ancrage historique et géographique, primait sur les caractéristiques individuelles. Et ces histoires semblent de toute façon trouver un écho dans les biographies de l'auteur, comme s'il lui était impossible de s'affranchir de cette expérience, et que la seule façon de la digérer, de la rendre supportable était une transmutation en mots, qui lui donnent une dignité, un sens.
Il s'agit d'une histoire douloureuse, entre persécutions fascistes, déportations, et la sensation d'être un étranger dans le pays dont on est citoyen. Mais en même temps l'auteur ne force pas le trait, il s'attache à des petits événements et expériences, souvent à des personnages qui sont des enfants ou des anonymes, des sans grades, et l'immense injustice se traduit dans des petites injustices du quotidien. Tout cela dans une belle écriture fluide et poétique, qui aimerait dire autre chose, des bonheurs et des joies, mais à qui la réalité inflexible ne le rend pas possible.
Comme dans tout recueil de nouvelles, certaines semblent plus fortes, plus réussies que d'autres, mais on retrouve le ton de l'auteur dans toutes. L'auteur capte incontestablement merveilleusement bien des instants et c'est une belle lecture, même si, pour pouvoir avoir une vraie estimation de la valeur de cette oeuvre, j'aimerais lire des romans, voir de quelle façon
Boris Pahor développe une histoire, et construit un récit, construit des personnages et leur évolution. Peut être avec sa trilogie triestine,
Printemps difficile (1958),
Jours obscurs (1975) et
Dans le labyrinthe (1984).