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EAN : 9782321016786
176 pages
Le Robert (03/03/2022)
3.95/5   28 notes
Résumé :
Un texte magistral, dans l'intimité créative de l'écrivain Jean-Philippe Toussaint.

« Pour écrire, il faut sept yeux, un oeil sur le mot, un oeil sur la phrase, un oeil sur le paragraphe, un oeil sur la partie, un oeil sur la construction, un oeil sur l’intrigue — et un oeil derrière la tête, pour surveiller que personne n’entre dans le bureau où on est en train d’écrire. »

Jean-Philippe Toussaint est l’auteur de dix-huit livres publié... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
J'ai toujours apprécié les romans de Jean Philippe Toussaint et je me suis plongée avec délice dans son essai qui révèle les coulisses de la création littéraire.
Jean Philippe Toussaint nous parle en toute sincérité de son travail d'écrivain et des exigences de l'écritures et c'est comme s'il nous ouvrait les coulisses de son propre théâtre intime, nous laissant approcher les décors, toucher les accessoires.
A propos de coulisses, il dit précisément : « Je me demande d'ailleurs si je n'ai pas toujours été davantage fasciné par le processus de création que par l'oeuvre produite ».
L'auteur est un véritable personnage, quelqu‘un qui laisse son quotidien de côté pour se consacrer à l'écriture qui devient un voyage en solitaire.
« Je suis le narrateur de mes livres. Ou, pour le dire différemment, le narrateur de mes livres n'est pas la personne privée que je suis »
L'auteur de « La vérité sur Marie » roman couronné du prix Médicis et du prix Décembre, avoue en toute sincérité ses manies et ses rituels d'écriture.
« Rituels : Pendant les périodes d'écriture, je suis très organisé. Je me couche tôt, je ne sors pas, je ne bois pas d'alcool. D'une certaine façon, cela s'apparente à la préparation d'un sportif, la veille est déjà une préparation du lendemain. »
La relecture fait aussi partie de ses fondamentaux, et l'on voit que le travail d'écrivain s'apparent au travail d'un artisan qui fabrique des pièces uniques.
« Je me relis plus que je n'écris. C'est d'ailleurs ça, écrire, c'est le fondement même de l'écriture, se relire, se reprendre, raturer. Il ne peut y avoir d'écriture littéraire sans relecture. »
Il y a aussi tout un chapitre passionnant sur la ponctuation, et l'on découvre à quel point l'auteur est exigent envers le point ou la virgule qui ont leur importance dans la structuration du texte.

Au détour des pages, on apprend l'amitié sincère qui lie l'auteur à son éditeur, Jérôme Lindon, le premier à l'avoir édité aux éditions de Minuit. Il s'agissait de « La salle de bain » et depuis, Jean Philippe Toussaint est resté fidèle à son éditeur et ami.

J'ai beaucoup aimé découvrir la genèse de certains romans que j'ai aimés et les anecdotes qui ponctuent leur écriture.
Un essai sans prétention et passionnant que je conseille vivement à tous les fans de Jean Philippe Toussaint, et je pense qu'ils sont légion
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Saluons l'heureuse initiative du Robert (cité à plusieurs reprises dans cet essai) de créer cette collection "Secrets d'Écriture" (trois titres à ce jour), et particulièrement cet essai de Jean-Philippe Toussaint qui est aussi sérieux et intéressant que drôle et enrichissant. Saviez-vous par exemple qu'il a commencé à la fin des années 70 en réécrivant près de dix fois son premier roman, Les Échecs (qui ne sera jamais publié), avant de laisser tomber pour se lancer dans La Salle de bain qui sera édité par Minuit au mitan des années 80 ? À cette époque, Toussaint l'avoue volontiers, il n'est pas très lecteur. Cependant, c'est Crime et Châtiment, de Dostoievski, qui lui sert de déclic. "C'est vous l'écrivain" est un livre assez exaltant car il permet d'entrer dans la cuisine de l'écrivain, le texte oscillant tout doucement - un peu comme un bateau à quai - entre confession et divulgation, déversant son joyeux cortège d'anecdotes sur les rapports de Toussaint avec son éditeur (Lindon père, puis Irène, sa fille), avec le texte, la lecture, la ponctuation, les traductions, les signatures en librairies, etc. C'est généreux et on prend le grand large avec un immense plaisir - cap sur la littérature ! Je n'en suis toujours pas revenu.
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Ah ! Il était temps pour moi de commenter cette lecture, coup de coeur 2022 tout de même ! Procrastinatrice, moi ? Jamais !

J'avais déjà vu cette série des bouquins de la série "Secrets d'écriture" avec des auteurs plutôt commerciaux (Thilliez, Bussi). J'avoue que je n'avais pas été intéressée par ces deux-là. On suit mieux les conseils de ceux qu'on admire, non ? C'est alors avec grand surprise (très inattendue, je l'avoue), que j'ai vu ce livre de Jean-Philippe Toussaint, mon chouchou littéraire, mon idéal d'écriture ! Comment dire, quand je serai grande, je veux être comme lui ! Je me suis alors empressée de le lire et bien sûr, tout ce qu'il dit c'est parole d'évangile pour moi.

Dans un livre, j'aime surligner ce qui est important pour moi. Celui-ci est pratiquement tout peinturluré. Tout est parfait, admirable, des conseils à garder, des réflexions à mémoriser ! Difficile de faire le tri. C'est d'ailleurs pour cela qu'il m'a pris du temps d'écrire ce retour. Que dire sans le paraphraser et sans abuser des louanges ? Quelques mois de réflexion ont été suffisants (non, en fait, je n'ai pas trouvé le temps, ni le moment et je suis passé à autre chose, lol).

De quoi ça parle ? Dans ce petit bouquin, Jean-Philippe Toussaint nous raconte comment il est devenu écrivain, comment il est arrivée aux Editions de Minuit, ses rituels, ses conseils. Résumer le tout n'a aucun sens, puisqu'il faut le découvrir par soi-même.

Je pense qu'il peut intéresser tout lecteur curieux du processus créatif. Pas besoin d'être fan comme moi.

J'ai beaucoup aimé certains passages, par exemple, sur le fait que son premier roman (toujours pas publié, mais disponible sur son blog), il a passé des années à l'écrire, le réécrire et… ça me rappelle quelqu'un ! Comme il avait un ami auteur (qui en avait ras la casquette de le lire et relire), il lui a dit "passe à autre chose !". C'est ainsi qu'il a écrit son premier succès "La salle de bain" aux Editions de Minuit. (Ouvrage que j'avoue, je n'ai pas encore lu, mais je garde comme un élixir sacré, une friandise que j'ai envie de déguster au bon moment au lieu de le dévorer comme une affamée).

Le reste, c'est histoire ! Mais pas que. Passons au titre : "C'est vous l'écrivain", la meilleure leçon de Jérôme Lindon, un éditeur de génie si j'en croit à tous les bouquins qui ont été écrits autour de lui. Sacré personnage, j'aurais aimé le connaître. Alors qu'un hésitant Jean-Philippe Toussaint lui posait des questions sur son prochain roman à écrire, Jérôme Lindon lui a répondu "C'est vous l'écrivain", ce que j'ai compris par "fais comme ça te chante !" (ou "démerde-toi, j'ai autres chats à fouetter"). Finalement, un écrivain à qui on donne carte blanche, il écrit pour soi, pas pour plaire ou remplir un cahier des charges. J'adhère !

Sur ses conseils d'écriture, ma foi, tout est bon à prendre, mais j'ai surtout adoré le fait qu'il ne faut pas trop coller à la réalité si cela ne colle pas à nos désirs d'écriture. Je résume, bien sûr, mais il fait référence à l'une des scènes les plus impressionnantes dans "La vérité sur Marie", sur les souffrances d'un cheval dans un avion. Il explique qu'un cheval ne peut pas vomir, mais il voyait la scène ainsi, et c'est vrai qu'il a fait quelque chose de formidable ! Tout ce passage est magnifique ! Et puis, nous sommes 2% sur la planète à savoir que c'est impossible, non ? Il a assumé ! Et voilà ce qu'il faut faire !

Enfin, dernier détail intéressant : La clé USB et Les émotions faisaient partie de la même histoire, mais son éditeur lui a conseillé de les découper. Non seulement à cause de la longueur, mais principalement parce que les attentes "thrilleresques" de "La clé USB" ne sont jamais comblées. J'ai aimé ce parti pris et puis ça fait plus cohérent que l'aspect "deuil" (du père, du couple) est présent dans les 2 bouquins qu'on oubli le côté thriller.

Vous l'aurez compris, je pourrai en parler pendant des heures sur ce merveilleux ouvrage, mais ce serait mieux pour vous de le lire et après on en discute.

J'ai mis dans la partie citations quelques extraits qui m'ont les plus marqués. Bonne lecture !
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C'est vous l'écrivain, voici ce que Jérôme Lindon dit à Jean-Philippe Toussaint lors de la parution de son premier roman, la Salle de bain, aux éditions de Minuit.

Aucun doute pour nous, c'est un écrivain, et un grand écrivain. Jean-Philippe Toussaint parvient avec passion et clarté à nous embarquer dans ses réflexions d'auteur. On entre dans son processus d'écriture par la grande porte. Il nous parle des lieux où il écrit (un sujet qui lui tient à coeur), des relations avec son éditeur, des dix commandements de l'écriture, sans oublier l'après-livre, rencontres en librairies, relations avec les lecteurs.

Il explique les deux actes principaux dans l'écriture, l'urgence et la patience, qui est d'ailleurs aussi le titre d'un autre essai sur l'écriture, tout aussi passionnant que celui-ci. Il évoque la relecture, l'écriture en tant que telle, la préparation, notamment en prenant comme exemple la série des Marie. Bref, ce livre est un régal pour tous ceux qui sont intéressés par la création littéraire et son processus. Il se livre avec pudeur, donne des clés, avoue des failles. Un essai qui se dévore.


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Il faut imaginer Toussaint heureux.

Et il l'est sans conteste dans ce livre où il donne ses recettes de cuisine, en réalité d'écriture, et où il détaille pourquoi et comment il est devenu celui qu'il est aujourd'hui, à savoir un écrivain majeur, chef de file des Éditions de Minuit avec Jean Échenoz, aux livres toujours réussis et dont certains (la tétralogie MMMM) sont des chefs-d'oeuvre.

Au fil des pages, qui se dévorent et qui proposent en permanence des angles neufs, on va d'anecdote drolatique en conseil malicieux, de la salle de bains au terrain de football, de l'urgence à la patience, du je au jeu. On dispose d'un accès total aux coulisses (i.e. à l'atelier de l'artiste) sans jamais avoir l'impression d'être un voyeur. Tout est dit sur le travail, mais une chose (cf. entrée : le style) demeure mystérieuse : le talent de Jean-Philippe Toussaint. Et il est très grand.
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Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
"À l'époque, je n'avais pas beaucoup d'idées de la position que les Éditions de Minuit pouvaient occuper dans le champ éditorial ou dans l'histoire de la littérature, je n'avais pas du tout conscience de ce type d'enjeu. La personne qui en avait pleinement conscience, c'est Jérôme Lindon. Il voyait qu'une nouvelle génération d'écrivains était en train d'apparaître et il se rendait compte de l'intérêt qu'il y aurait de créer un nouveau mouvement littéraire, après le Nouveau Roman, pour faire connaître notre travail auprès de la presse, de l'Université et des éditeurs étrangers."
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Les sept yeux de l'écrivain

Pour écrire, il faut sept yeux, un oeil sur le mot, un oeil sur la phrase, un oeil sur le paragraphe, un oeil sur la partie, un oeil sur la construction, un oeil sur l'intrigue - et un oeil derrière la tête, pour surveiller que personne n'entre dans le bureau où on est en train d'écrire. Chacun des domaines que contrôlent ces sept yeux a ses propres règles et obéit à ses propres lois.
Une seule imprécision dans un seul de ces domaines et c'est le faux pas assuré.
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D'habitude, je me méfie radicalement de la dimension symbolique. "Honni soit qui symboles y voit" écrit Beckett. Et Nabokov d'ajouter, avec un sourire en coin : "Demandez-vous si le symbole que vous croyez voir n'est las la trace de votre propre pied."

Mais il y a d'autres cas de figure. Dans La vérité sur Marie, c'est vraiment une image qui est à l'origine du roman, l'image d'un cheval qui vomit dans les soutes d'un avion en vol. C'est l'image initiale, l'image fondatrice du livre : un pur-sang qui vomit à dix mille mètres d'altitude dans les soutes d'un Boeing 747. Le livre est parti de cette image, qui mêle le contemporain, un Boeing 747, à l'intemporel, l'animalité universelle d'un cheval. Mais, dès que j'ai commencé à réunir de la documentation pour le livre, patatras, je me suis rendu compte que les chevaux ne vomissent pas. Physiquement, ils ne peuvent pas vomir (ah, ça commençait bien). Je n'ai pourtant pas renoncé à l'image, qui me semblait avoir une grande force poétique. Non seulement j'ai gardé l'image, mais je l'ai assumée, je l'ai revendiquée, je disais en quelque sorte au lecteur : "Je sais très bien que dans la réalité les chevaux ne vomissent pas, mais, dans mon livre, il vomit." Cela m'a alors amené à aller vers quelque chose de beaucoup plus radical que prévu. Ce qui, au départ, était une infortune devenait potentiellement une aubaine. Dès lors, pendant que j'écrivais le livre, je me suis débattu au cœur de cette contradiction. J'ai mis toute mon énergie à créer un effet de réel, j'ai accumulé les descriptions réalistes, les détails, les sensations, physiques, de froid, d'humidité, de lumière, les vibrations de l'avion. Mais, lorsque Zahir se met à vomir, je romps unilatéralement le pacte tacite de la lecture, qui veut que l'on ne raconte que des choses qui peuvent survenir dans l'ordre du réel. L'image finale de la scène, le vomissement impossible dans le réel de Zahir dans les soutes du Boeing 747, devient de façon sous-jacente l'affirmation que nous ne sommes pas dans un avion en vol, mais au cœur même de la littérature.
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De façon un peu provocatrice, on pourrait dire que tout est autobiographique dans mes livres, absolument tout, à chaque fois, toujours, parce que, chaque scène, je l'ai vécue intimement, peut-être pas dans l'ordre du réel, peut-être pas dans ma propre vie — quoique —, mais au moins en imagination, en rêve ou en fantasme. Je l'ai vécue par l'écriture, avec une intensité incomparable.
p. 62.
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Je n'ignore pas qu'il y ait toujours des déperditions possibles entre un texte littéraire et ses traductions, mais je ne crois pas à toutes ces invectives à l'emporte-pièce qui jettent le discrédit sur la traduction (traduttore, traditore et tutti quanti), voire affirment son impossibilité. J'ai pour ma part une grande confiance en la traduction.
D'ailleurs, tous les grands auteurs étrangers que j'ai lus, je les ai lus en français, et cela ne m'a pas empêché de voir que tous les auteurs ne portent pas la même attention à la langue. Je suis capable, même en traduction, d'apprécier les délicieuses volutes ocellées de la prose de Nabokov dans la traduction d'Eric Kahane. Bien sûr, je me suis souvent demandé ce que lisaient exactement les lecteurs asiatiques de mes livres, mais, chaque fois qu'on voulait me faire croire qu'ils perdaient énormément en lisant des traductions, la réponse paradoxale que je faisais était que la plupart des lecteurs francophones, également, quand ils lisaient un de mes livres en français, perdaient beaucoup par rapport à la multitude de mes intentions, et que, finalement, chaque lecteur, européen ou asiatique, cultivé ou ignorant, ne se trouve qu'à des degrés divers sur l'échelle des déperditions entre les intentions de l'auteur et ce que le lecteur peut en percevoir, et que, au fond, un lecteur asiatique cultivé peut davantage faire son miel d'un de mes livres en traduction qu'un lecteur français ignorant des finesses du style qui le lirait dans sa propre langue. Car la littérature, au-delà des continents et des frontières, n'est qu'un échange intime et sensible entre deux êtres humains.
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Videos de Jean-Philippe Toussaint (62) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Philippe Toussaint
Philippe de la librairie le Divan partage ses lectures de la Rentrée littéraire 2023 "Une rentrée littéraire sans Jean-Philippe Toussaint c'est moins bien, donc là on en a deux, c'est formidable."
Notre mot sur "L'Échiquier" de Jean-Philippe Toussaint ----- https://bit.ly/3MrAIZy #coupsdecoeurduDivan #PhilippeDivan #lechiquier #jeanphilippetoussaint #leseditionsdeminuit #booktok #litteraturefrancaise #litteraturetraduite #ebook #livrenumerique Tous nos conseils de lecture ICI : https://www.librairie-ledivan.com/
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