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EAN : 9782912528223
88 pages
Le grand os (01/08/2015)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Livre publié en septembre 2015, traduction de de l'espagnol par Victor Martinez et Aurelio Diaz Ronda, postface de Victor Martinez.
Genre : poésie.
Prix : 12 euros.
Editeur : Le grand os (Toulouse).
Collection : QOI n°6.
88 pages. Format 13x18 cm.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
La maison d'édition Le grand os va sortir sous peu cet étonnant texte de cet auteur espagnol. En avant-première elle en a proposé une présentation et un tiré - à - part lors d'une rencontre organisée par Libfly, Le texte lui – même sera édité au cours de l'été 2015,

Cet écrivain, fils d'un poète franquiste bien connu, nous est présenté au travers d'une œuvre rédigée en 1970 - il avait alors 20 ans - regroupant de petits « éclats de littérature » parfois limités à une phrase ou à quelques mots. On pense à des éclats de verre multicolores, un kaléidoscope étrange et fascinant,
Leopoldo Maria Panero fréquentait les cercles intellectuels et anti-franquistes de Madrid dans les années 70 et il était bien connu pour être un quelqu'un d' « à part », un original un peu débranché, un poète fou des mots, un poète fou tout court, Drogue, alcool, tentatives de suicide, il a été à plusieurs reprises interné en « asile de fous » (il a récusé les mots « hôpital psychiatrique » toute sa vie),

La «  Carnaby Street » se trouve à Londres, elle fait partie du mythe des Beatles, entre autres, ici se croisent Mary Poppins, les Dinky Toys de notre enfance, Tarzan et la Belle au Bois dormant, Syd Barett des Pink Floyds et Oscar Frey (inventeur du DDT grâce à qui nos enfants n'ont plus de puces ni de punaises) et tant d'autres ! Au milieu de tout cela, un mystérieux « Homme jaune » et un « homme de Marrakech »,,,

Le mieux pour savourer ces petits textes est de leur donner la parole :

Goya, Les corps tordus, le contraire d'Antonello da Messina, La marihuana,

La métamorphose : En arrivant chez lui, il ouvrit le paquet qui contenait l'aéroplane en jouet , Il l'embrassa doucement, C'était Icare, il lui souriait,


Totalement déconcertant ! Merci à l'éditeur pour ce nouvel univers qui s'ouvre.

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Leopoldo Maria Panero publie "Ainsi fut fondée Carnaby Street" en 1970, à 22 ans, alors qu’il a déjà derrière lui un certain lot d’expériences décalées et une réputation (justifiée) d’agitateur politique. Le recueil est composé de textes courts (de quelques mots à une page et demie) et puissants. Ne s’encombrant pas de cohérence, l’auteur alterne listes, collages saccadés et scénettes comme extraites de la littérature pulp la mieux troussée. On ne trouvera certes pas de lien direct dans l’écriture de Panero avec les expériences des limites qui ont été les siennes, mais bien des jeux de réponse d’un texte à l’autre, et surtout une manière tout à fait singulière d’emprunter des thématiques, des motifs et des personnages de toutes origines. Le recyclage des fantasmes et des influences est total et le monde de Panero ressemble à ces coffres de jouets dépareillés permettant aux enfants d’improviser des histoires avec une poupée, un GI Joe et trois petits soldats ; ou mieux encore, à ces constructions adolescentes consistant à coller sur un mur articles de presse, morceaux de textes, dessins et photographies en un cadavre exquis toujours en expansion, sorte de témoignage à l’instant T de la construction d’un individu : une forme d’expression indistincte, la naissance d’une individualité par l’accumulation et la remobilisation de références.
On croise ainsi quelques personnages de comics (Batman et Mandrake), quelques groupes de Rock (le livre est dédié aux Rolling Stones, mais c’est plutôt l’ombre psychédélique des Pink Floyd que l’on discerne), une poignée d’influences littéraires (Peter Pan, renommé Peter Punk), le souvenir encore vivace de quelques contes (Le Joueur de flûte de Hamelin), ainsi que quelques influences philosophiques (Deleuze). Par ces croisements improbables, Panero se crée une sorte de Pays Imaginaire, à mille lieues du monde que s’emploient à fabriquer les franquistes et l’Église catholique espagnole en cette année 1970.
Et ces textes de rappeler qu’avec la poésie, on peut s’attendre à tout, même à l’ouverture vers un ailleurs qu’on se construirait sur mesure, que la poésie entretient un lien essentiel avec la liberté, qu’elle serait même l’outil de libération ultime, celui qui permet de s’affranchir de la pesanteur du quotidien, de recombiner son existence au gré de ses désirs, de ses fascinations. Et Panero de prouver que l’on peut aussi procéder par agrégation, que l’acceptation de ses plaisirs et que le développement de son goût, libéré de toute référence imposée ou socialement acceptable, est bien une voie à la construction de soi.
Profitons-en pour saluer le passionnant travail de l’éditeur, Le Grand Os, éditeur de poésie depuis 1997 et qui procède à un travail de défrichage fondamental quoique encore trop peu identifié par les lecteurs.
Lien : http://addict-culture.com/ai..
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Les excellentes éditions toulousaines du Grand Os, que j'ai découvertes un peu par hasard il y a quelques mois, publient cet assemblage de deux textes longs et d'une douzaine de poèmes courts de l'Espagnol Leopoldo María Panero, dans leur collection Qoi et dans une traduction de Victor Martinez et Aurelio Diaz Ronda.
« Tarzan trahi » date de 1967 et « Ainsi fut fondée Carnaby Street », qui le précède dans cette édition somptueuse, a été publié en 1970. À cette époque, âgé d'une vingtaine d'années (il est né en 1948), Leopoldo María Panero se débarrasse à sa manière de l'encombrant héritage de son père Leopoldo, poète officiel du franquisme, en conduisant notamment de décidées expérimentations psychédéliques et de résolues affirmations de son homosexualité, les deux le conduisant alors à plusieurs internements psychiatriques.
S'appuyant sur une redoutable maîtrise de ce qu'on ne nomme pas encore, en ces années-là, la « pop culture », il cultive une vision à la fois hallucinée et affûtée de la mort programmée des rêves d'enfance et de la dissolution mercantile qui s'annonce déjà sous couvert de « libération ». Mobilisant ainsi Peter Pan, Mandrake, Tarzan, Dashiell Hammett, Cecil B. de Mille, Captain Marvel, Disney, Grimm, Andersen ou le mystérieux Homme Jaune, il enchaîne en de cinglants paragraphes, allant de quelques lignes à quelques pages, les mises à mort, conduites avec une rare tendresse, de l'ensemble des mythes ayant pu nourrir nos enfances, sous le signe emblématique des Rolling Stones, à qui est ironiquement dédié «Ainsi fut fondée Carnaby Street», détectant extrêmement précocement, en une analyse gramscienne instinctive, que derrière les chemises à jabot londoniennes c'est déjà la Marchandise qui prépare son triomphe.
Bien que n'utilisant que des formes brèves ou très brèves, il nous offre au long de ces 65 pages un flot quasiment épique. La précieuse postface de Victor Martinez rappelle avec justesse l'irrigation deleuzienne qui sourd de ces vers lancinants et de ces proses aiguës, et la manière dont se fonde ainsi un « simulacre posé sur un vide de sens, organisateur de mythes consommables, producteur de destinées vivantes mais détachées, coupées, séparées d'une conscience historique, finalement peu individuées ».
C'est avec une sombre et belle joie que la lectrice ou le lecteur se plongera dans ces phrases tendres, vives et indispensables, où toute une « Logique du sens » s'effondre paisiblement en une si douce apocalypse.
Lien : https://charybde2.wordpress...
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Désir d'être peau-rouge

La plaine infinie et le ciel son reflet.
Désir d'être peau-rouge.
Aux villes sans air parvient parfois sans bruit
le braiement d'un onagre ou le trot d'un bison.
Désir d'être peau-rouge.
Sitting Bull est mort : aucun tambour
pour annoncer son arrivée sur les Grandes Plaines.
Désir
d'être peau-rouge.
Le cheval de fer traverse à présent sans crainte
des déserts brûlés de silence.
Désir d'être peau-rouge.
Sitting Bull est mort et aucun tambour
ne le ramènera du royaume des ombres.
Désir d'être peau-rouge.
Un dernier cavalier a traversé la plaine
infinie, laissant après lui une poussière
vaine, qu'ensuite le vent a défaite.
Désir d'être peau-rouge.
Dans la Réserve ne niche plus
le serpent à sonnettes, mais l'abandon,
DÉSIR D'ÊTRE PEAU ROUGE.
(Sitting Bull est mort, les tambours
le crient sans espoir de réponse.)
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