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EAN : 9782878582703
346 pages
Viviane Hamy (17/03/2008)
3.71/5   7 notes
Résumé :
Au tréfonds de la Galice, le marquis d'Ulloa ripaille, boit, chasse avec le curé, vit en concubinage avec sa servante, tandis que Primitivo, l'intendant du château, joue de tous les vices et faiblesses de son maître pour le voler et s'approprier le domaine. Frais émoulu du séminaire, Julian, le chapelain, tente de sortir le marquis de cette féodalité archaïque, de la soustraire à l'influence maléfique des lieux et au machiavélisme de son régisseur : il en sera la pr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Lecture plutôt ordinaire. Sujet un peu dur. Naturalisme. Longueurs… Ce n'est pas mauvais… Lire le Château d'Ulloa est un peu comme se plonger dans du Émile Zola, mais d'un peu moins bonne qualité. le roman s'ouvre avec Julian Alvarez, un très jeune prêtre à peine sorti du séminaire. Il est rempli de bonnes intentions, idéaliste, très pratiquant. Il vient d'être engagé comme chapelain au château d'Ulloa, un vieux manoir en ruine.

Il rencontre d'abord l'intendant Primitivo, plus adonné à la chasse et d'autres loisirs qu'à l'administration du domaine. Cela ne l'empêche pas de s'enrichir au dépend de son maitre, la marquis d'Ulloa. Cet homme paresseux et grossier est plus intéressé aux plaisirs de la vie (entre autres, il a eu une fille avec une des servantes, Sabel, fille de Primitivo). Julian Alvarez essaie de le dévier de sa vie de débauche et il pense y parvenir en aidant à arranger le marriage du marquis avec Nucha. Mais les choses ne seront pas aussi faciles…

Emilia Pardo Bazan est vraiment une émule de Zola, Maupassant et son compatriote Pérez Galdos. Elle a réussi à dépeindre avec réalisme la Galice, cette région du nord-ouest de l'Espagne, reculée, presque sauvage. Et ses petites gens ordinaires, rustiques, rustres. Comme si on y était. On sent cette oppression (et le découragement) qu'a dû ressentir Julian Alvarez. Une certaine noirceur l'entourait. Très approprié à l'intrigue mais, en même temps, cette atmosphère lourde devenait presque déprimante ! Heureusement, quelques moments plus lumineux entrecoupaient les plus sombres.

Le tout est très collé à l'actualité du moment. L'histoire se déroule vers la fin du règne d'Isabelle II, on y trouve une grande quantité de détails sur les évènements de cette époque. Un grand merci à la traduction qui a inséré beaucoup de notes de bas de page les expliquant (et, par le fait même, faciliant la lecture du roman). Très instructif, je connais peu cette période de l'histoire de l'Espagne. Bref, une lecture correcte, sans plus.
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J'ai entendu parler pour la première fois d'Emilia Pardo Bazan il y a bien des années, alors que l'une de mes amies de fac s'était vu proposer un sujet de recherche en littérature comparée sur cette autrice.

Bien peu connue en France, à l'instar de son amant Benito Perez Galdos qui a été évoqué récemment dans la presse à l'occasion d'une traduction inédite, on peine à imaginer la stature de cette femme de lettres en Espagne où son oeuvre prolifique est très célèbre et où elle fut annoblie en reconnaissance de son talent.

Anticonformiste dès son enfance, au coeur de la vie littéraire de son temps, elle épousa les débats de son époque autour du statut du roman, incarnés en France par les querelles sur le naturalisme, auquel elle prit part en introduisant la question en Espagne.

Au hasard de mes trouvailles de bibliophile, j'ai débusqué et enfin lu, 15 ans après, Los pazos de Ulloa, cinquième roman publié en 1886 par Emilia Pardo Bazan. Une lecture marquante et une belle découverte de cette autrice que je compte approfondir.

Pour résumer mon impression générale, je parlerais d'un roman typiquement naturaliste, d'une sensibilité plus fine que celle de Zola, avec une composante profondément spirituelle dans son approche de la morale.
Effectivement le héros que l'autrice a choisi est un jeune prêtre fraîchement émoulu de son séminaire, envoyé parmi les chiens et les loups d'une contrée reculée de Galice.

À travers ce personnage de Julian, Emilia Pardo Bazan peut développer les aspects classiques du roman naturaliste : ce narrateur venu de l'extérieur, plongé dans un contexte où il n'a aucun repère, lui permet de souligner la violence et la dislocation des rapports sociaux et familiaux. le jeune chapelain élevé dans la grande ville de Compostelle découvre également la sociologie et les rites propres à la campagne: chasse, danses, banquets, divinations, qui ressemblent bien souvent à une persistance du paganisme.

Les tourments de Julian, ses tentatives de moraliser et sauver des personnages en perdition, ne vont faire que jeter de l'huile sur le feu de l'intrigue. Et là réside à mon sens la dimension spirituelle de ce naturalisme bazanien: dans l'observation de la foi dans son expression désincarnée, mystique, sacrificielle, foi qui est autant une sorte de calmant pour l'âme que ce qui sépare les personnages de Nucha et de Julian du réel.
La dévotion catholique devient sous la plume de l'autrice un nouvel aspect du déterminisme social qui ampute les personnages de leur capacité à mener leur vie, leur permet de supporter le réel tout en les empêchant de l'affronter.

Rappelant Zola dans ses descriptions, et l'utilisation parfois assez convenue et didactiques de symboles, le style de l'autrice démontre cependant une grande sensibilité que je n'ai pas ressentie chez l'illustre père des Rougon-Macquart, quand elle évoque les personnages d'enfants notamment, ou les sentiments maternels.

L'humour n'est pas absent non plus, spécialement dans les passages traitant des visites aux nobles du secteur ou encore des élections truquées. La narration alterne de façon étonnante entre épisodes psychologiques, ethnologiques, gothiques et proprement dramatiques : la scène du bain des enfants constitue à ce titre un paroxysme, très réussi.

Que dire enfin du dénouement et du poignant chapitre final ? Il faut le lire et j'espère que vous en aurez désormais envie.
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Malgré quelques passages un peu longs, avec humour et beaucoup de verve, l'auteur nous emmène sur le chemin de l'Espagne du XIXè siècle avec ses us et coutumes plutôt rustiques, comme ses personnages. Ecclésiastiques, nobliaux, servants et valets, femmes du monde et putains. Ca reste un document historique. Emilia Pardo Bazan était un des auteurs au capés d'Espagnol 2021/2022.
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Voici un classique de la littérature naturaliste du XIXè.
Mme Pardo Bazán fut une fan d'Emile Zola et son adhésion lui valut le rejet de toute la classe intellectuelle, l'accusant d'adhérer à "la pornographie française" et à la littérature athée. On peut dire que cette polémique lui valut la rupture avec son mari et une séparation à l'amiable, le conjoint ne pouvant plus supporter les attaques faites à sa femme légitime.

Quant au livre, il est très bien conçu avec des personnages sans grand relief psychologique mais mis en avant pour défendre des rôles bien précis. Très souvent ces personnages vont par paires opposées qui mettent en valeur la thèse de l'écrivaine dans ce roman : l'emprise de la nature sur la civilisation.

Le marquis d'Ulloa vit comme un sauvage dans ses domaines de Galice, Los Pazos de Ulloa. Seule la chasse l'intéresse et sa vie de couple auprès de sa servante à qui il a fait un enfant, un garçon. Il confie l'administration du domaine à un régisseur qui le vole tant et plus. de plus cet homme, qui règne en despote, est le père de sa concubine.
Un jeune prêtre arrive au château afin de s'occuper de la paroisse et des papiers du domaine. Ce jeune prélat est horrifié quand il s'aperçoit de la vie qui mène le marquis.
Peu à peu il le persuade de se rendre à la ville, St-Jacques-de-Compostelle afin de rendre visite à un oncle du côté maternel.
Cet oncle à quatre filles à marier et serait d'accord pour lui faciliter le mariage avec, si possible l'aînée, Rita.
Mais le brave marquis qui vit dans le péché, trouve que sa cousine Rita est un peu trop délurée. Or il exige une épouse traditionnelle, c'est à dire, une oie blanche.
Ainsi, il va épouser Marcelina, la plus laide des quatre mais un parangon de vertu.
La pauvre Marcelina transplantée dans un milieu assez bestial et primitif, va devenir chlorotique et dépressive, surtout que son mari a repris ses amours ancillaires depuis qu'elle a accouché d'une fille qui ne pourra pas hériter des terres. Elle est si mal qu'elle voudrait regagner la maison familiale mais le complot est déjoué.
La fin est terrible.
Un excellent exemple de littérature réaliste-naturaliste avec des touches d'une drôlerie certaine et des descriptifs somptueux d'une nature sauvage et très belle : la Galice (Ulloa, près de la ville de Lugo).
Ce roman écrit en 1886 a une suite, parue en 1887 où cette fois la civilisation devrait vaincre la nature.
Une série pour la TV espagnole a été tournée en 1985 : 4 épisodes d'une heure chacun, avec des acteurs excellents (Fernando Rey, Victoria Abril) et des images très soignées. Les trois premiers épisodes concernent ce livre, et le quatrième le second tome. C'est visible gratuitement sur RTVE A la carta (series). Cette série a reçu plusieurs prix.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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Julian, un nouveau curé, vient d'arriver chez Pedro Moscoso dans une maison dans la campagne profonde de la Galice. Il l'encourage pour aller en ville rencontrer des gens de sa catégorie et épouser sa cousine Nucha, avec qui il aura une fille. Mais les moeurs de la maison ne changent pas, surtout à cause de Primitivo et de sa fille Sabel qui agissent en vrais maîtres.
Roman passionnant sur la Galice rurale du XVIIIe siècle et d'un monde qui est en train de changer, raconté avec un excellent style assez descriptif.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
Dix ans représentent une étape dans la vie d'un homme mais aussi dans celle des nations. Dix ans constituent une période de rénovation ; dix ans s'écoulent rarement sans apporter de changements et celui qui regarde en arrière est surpris habituellement du chemin parcouru en une décennie.mpourtant, il en va de certains lieux comme de certaines gens, pour eux l'écoulement de la dixième partie d'un siècle est un événement imperceptible.
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(...) je le guidai vers l'abécédaire, en répétant la monotone psalmodie où commence le savoir: be-a- ba, ... L'enfant se fondait dans d'énormes baillements, des grimaces risibles, des flots de larmes, des cris d'étourneau prisonnier; il se protégeait, se défendait contre la science de toutes les façons imaginables, tapant du pied, grognant, cachant son visage, se faufilant, à la moindre inattention du professeur, pour aller se cacher dans n'importe quel coin o retourner dans le tiède abri de l'étable.
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- Vous trouverez mon neveu assez vulgaire... La campagne, quand on y a été élevé et qu'on en sort jamais, avilit, appauvrit et abrutit.
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Jadis, au temps où il était simple curé de Anles, il avait été le meilleur agent électoral qu'on ait jamais connu. On lui avait dit une fois qu il allait perdre l'élection qu'il avait manigancée, alors il s'écria furieux: « Le curé de Anles, perdre une élection ? » et tout en criant, il donna un coup de pied magistral dans l'urne qui était tout bonnement une marmite en terre cuite. Il la fit voler en éclats, les bulletins s'éparpillèrent à tous vents et, grâce à cet expédient on ne peut plus simple, il réussit à faire triompher son candidat. Cet exploit lui valut la grande croix d'Isabelle la Catholique. Désormais l'obésité, l'âge, la surdité, l'empêchaient de prendre une part active aux élections, mais iln'en avait perdu ni le goût ni le savoir-faire. Rien ne lui plaisait tant que les joutes électorales.
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Durant de longs jours, Nucha demeura devant les ténébreuses portes de la mort, avec un pied sur le seuil, comme si elle se disait: Entrerai-je? N'entrerai-je pas ? Elle était poussée vers la tombe par les horribles tortures physiques qui avaient secoué ses nerfs, par la fièvre dévorante qui bouleversa son cerveau lorsque la montée de lait inutile afflua à son sein, par l'affliction profonde de ne pas pouvoir offrir à son petit enfant cette liqueur qui l'étouffait, par l'exténuation de son être d'où la vie s'enfuyait goutte à goutte sans qu'il fût possible de l'arrêter. En revanche, elle était attirée vers la lumière par la jeunesse, par l'instinct de conservation qui stimule tout organisme , par la science de Juncal, le grand hygiéniste, et, par-dessus tout, par une toute petite main, rouge et douce, un petit poing serré qui se montrait entre les dentelles d'une brassière et des plis d'un châle.
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