La Tribune est le troisième roman d'
Emilia Pardo Bazán, un roman naturaliste de province, publié en 1882, un livre qui va marquer le début de la littérature naturaliste en Espagne et un genre qui va culminer avec
le château d'Ulloa publicado en 1886.
Cette date de 1882 est importante parce qu'elle marque l'entrée du naturalisme en Espagne.
Emile Zola se fera connaitre avec trois versions de L'assommoir et deux de Nana et
Thérèse Raquin.
Pardo Bazán a inventé un lieu fictif por ses romans, appelé Marineda, un lieu qui réunit toutes les structures sociales nécessaires à ses écrits. C'est un prototype de ville de province, tout comme d'autres écrivains ont créé Vetusta dans La Regenta, Orbajosa et Ficóbriga chez Pérez Galdós, Macondo chez
Garcia Márquez, etc.
Dans La Tribune, l'écrivaine se base sur des faits historiques : les conséquences de la révolution de 1868, l'effervescence des idées ouvrières (les cigarières dans le roman) et la proclamation de la république. La Tribune est le premier roman espagnol avec un protagonisme ouvrier et avec une orientation nettement féministe. le roman fait état d'une analyse sans concessions d'une couche sociale et d'une interprétation osée de cette effervescence d'idées en 1868.
Il faut remarquer le travail d'investigation de l'auteure qui s'est rendue pendant des mois à la fabrique de cigares de la Coruña afin de s'imprégner avec exactitude de l'aspect social/ laboral des ouvrières du cigare.
La Tribune est aussi un roman engagé, chose rare au XIXè siècle.
LE ROMAN : la tribune c'est Amparo, la protagoniste, une jeune fille pauvre, mais digne et intelligente. Elle était l'une des rares personnes sachant lire dans son quartier pauvre; elle lisait le journal au barbier du quartier. Avec le temps elle acquit une excellente technique vocale, une modulation de la voix qui captivait l'auditoire.
La mère d'Amparo, ancienne cigarière, était invalide et prostrée au lit et le père était vendeur ambulant de crêpes dentelle, aidé par Amparo qui rêvait d'intégrer l'usine afin de faire rentrer plus d'argent à la maison; elle aspirait à améliorer sa condition de pauvre.
Elle se fera embaucher grâce à
l'intervention de deux militaires concupiscents qui l'avaient repéré lorsqu'elle chantait dans une chorale en ville, pour ramasser quelques sous.
A l'usine, elle deviendra la porte-parole de ses camarades; au plan personnel, elle se laissera séduire par le jeune homme de bonne famille qui l'avait recommandé.
Mais Amparo et son séducteur appartiennent à deux milieux trop différents.
C'est l'histoire d'Amparo, trahie en amour, mais réalisée et confiante avec les idées portées par la révolution.
Le descriptif de Pardo Bazán est d'une grande richesse, son texte est d'une modernité troublante et le roman se lit très bien car il est vivant et pragmatique. Il y a même de l'humour sous sa plume, même si le sujet est ardu. J'ai trouvé moins de misérabilisme et de désespoir que dans certains textes de
Victor Hugo o d'
Eugène Sue.
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