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sur 800 notes
Si je vous dis Jivago, qu'est-ce que ça évoque pour vous ?
Des Indiens d'Amazonie peut-être ?
Réfléchissez un peu avant de répondre, p'tite tête !
Ah oui, je sais, m'sieur ! Omar Sharif !

Ben oui, j'aurais dû m'en douter. Pour la plupart des gens, le docteur Jivago, c'est Omar Sharif, c'est Julie Christie, c'est Géraldine Chaplin, c'est la musique inoubliable de Maurice Jarre (Un jour, Lara…), bref c'est le chef-d'oeuvre de David Lean, sorti en 1965.

Mais avant ça, il y a un livre. Et pas n'importe quel livre. le docteur Jivago a été écrit vers 1945 par Boris Pasternak (1890-1960), mais vu que Pasternak et Staline n'avaient pas tout à fait une vision concordante de la Révolution d'Octobre, le roman ne parut qu'en 1957 en Italie. Les Russes ne pourront le lire qu'en 1985, à la faveur de la perestroïka. Pasternak, mort en 1960, n'aura pas eu le temps de voir son ouvrage dans son pays dans sa langue d'origine.

Quand j'ai lu le docteur Jivago, je devais avoir une quinzaine d'années, et malgré l'épaisseur du bouquin (Livre de poche triple), malgré la complexité de l'intrigue, malgré la multiplicité des personnages et de leurs noms à rallonge, je l'ai lu d'une traite (enfin, d'une longue traite), sans avoir envie à aucun moment de laisser tomber. C'est l'alchimie de la lecture : il faut le lecteur l'avec le bouquin B au moment M et dans les conditions C, tout ça ensemble. Il faut croire que c'était le cas, cette fois-là.

Pas facile de résumer l'histoire en quelques mots. L'histoire se passe entre 1902 (on était encore sous le régime tsariste) et la deuxième guerre mondiale. Elle couvre notamment la Première Guerre mondiale, la Révolution d'Octobre 1917 ainsi que la guerre civile qui s'en est suivie entre Russes Blancs et Russes Rouges, les conflits internes de l'ère stalinienne, et enfin la Seconde Guerre mondiale. Iouri Jivago, dont on suit l'histoire depuis son enfance jusqu'à sa mort, est un médecin et poète idéaliste et généreux que les aléas de l'Histoire vont ballotter, aussi bien dans sa vie professionnelle que dans sa vie privée. Partagé entre un amour sage pour sa femme Tonia et un amour fou pour sa maîtresse Lara, il ne pourra garder ni l'un ni l'autre.

Le film reste fidèle au roman dans les grandes lignes, et lui donne une très belle illustration. Mais, il lui était impossible de restituer toute la beauté de ses descriptions, la complexité touchante et la profondeur des sentiments qui animent les protagonistes, l'émotion constante, l'intensité des scènes de guerre et le souffle de l'épopée qui parfois emballe le tout. Je dirais qu'ici, le film est le complément du livre, dans la mesure où il peaufine l'impression qu'on a eue à la lecture, de la même façon que le livre est le complément du film, dans la mesure où il précise, il complète, il ajoute des éléments à la compréhension du thème développé.
Et quel est-il ce thème, sinon le portrait d'un homme dans son temps, en prise avec ses idéaux et ses contingences, un homme ordinaire dans une situation extraordinaire, tiraillé entre ses amours, tiraillé entre ses convictions, à la recherche de lui-même en temps qu'homme et en tant que poète…

Et aussi, et peut-être surtout : le poids des destinées individuelles dans le grand tourbillon de l'Histoire…


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Roman de poète, auquel on a reproché une certaine pâleur des personnages, parfois réduits à de simples cartons. L'improbable des rencontres inopinées au fin fond de l'immense Russie confirme que le naturalisme n'entre pour rien dans cette errance lyrique. On s'en réjouit. Des rebondissements fantasques nous mènent par l'espace et le temps : l'espace ouvert du grand roman russe, le temps martyrisé des révolutions, de la guerre civile et des deux guerres mondiales, jusqu'à la fin du stalinisme. La figure christique de Jivago parcourt six-cents pages d'une langue éblouissante. En 1958, les traducteurs restèrent anonymes: Gallimard se méfiait du pouvoir soviétique jusque dans le dégel khrouchtévien. Il faut leur rendre hommage, cette pièce de haute littérature se lit admirablement. On va de bonheur d'écriture en bonheur d'expression. Autant dire que les cahots du récit disparaissent sous la splendeur du paysage...La route russe fascine, haro sur le lecteur mesquin qui ne supporterait pas l'inconfort ! Pasternak préfère la poésie au réalisme étriqué. Comme, dans son roman, le spirituel triomphe du matérialisme historique.
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Beaucoup d'entre nous ont sans doute encore en mémoire le film de David Lean et la chanson mélancolique qui l'accompagnait. En abordant la lecture de la nouvelle traduction du "Docteur Jivago" sortie cette année en librairie, oublions pour quelque temps les images du couple quasi-mythique que formaient à l'écran en 1965 Omar Sharif et Julie Christie, et les soubresauts de leur douloureuse et romanesque histoire d'amour. Car le roman de Boris Pasternak va bien au-delà.
Sur le fond, ce livre constitue une vaste fresque historique dans laquelle l'auteur met en scène un foisonnement de personnages aussi disparates quant à leur origine sociale et leur façon de vivre que l'était la société russe de la 1ère moitié du 20ème siècle. En les confrontant aux bouleversements politiques et sociaux de la révolution de 1905, de la 1ère guerre mondiale, de la révolution de 1917 et de la guerre civile, l'auteur fait vivre des citadins, des paysans, des intellectuels, des étudiants, modestes ou non, des bourgeois et des ouvriers. Il évoque tout un panel de personnalités aux prises avec les modes de pensée générés par leur éducation et avec leurs propres contradictions face à des évènements qui souvent les dépassent. A cet égard, Iouri Jivago et Lara Antipova, même s'ils constituent les principaux protagonistes de cette histoire, ne sont que des exemples parmi d'autres, d'existences ébranlées par les vicissitudes de la Grande Histoire.
Sur la forme, ce long roman au rythme lent est pourvu d'un souffle narratif qui emporte le lecteur sur plus de 600 pages. Saluons la précision des détails, la minutie avec laquelle sont décrits les lieux, les postures des personnages, la beauté des paysages, notamment ceux de l'Oural où se situe une grande partie du roman. Saluons le travail d'introspection de l'intime effectué par Boris Pasternak pour restituer les sentiments et les conflits intérieurs qui habitent les acteurs de ce livre. Saluons également la poésie qui, au coeur de l'évocation des traumatismes et des errances, met de la couleur à ce très beau texte.
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Tout d'abord je dois préciser que je n'ai jamais vu le film adapté du roman et que je l'ai donc abordé sans attente particulière.

Si le titre du roman n'est pas trompeur, on nous raconte bien l'histoire du Docteur Jivago, il est assez réducteur car c'est en faite une foule de personnages qui vont nous être contés . Et surtout, la vrai héroïne de ce roman, c'est la Russie elle même : la Russie éternelle au travers la société qui entour le Docteur Jivago au début du roman, la Russie qui veut créer un monde nouveau avec ses révolutions et la Russie qui tente de construire douloureusement ce nouveau monde pendant la guerre civile...C'est aussi un roman sur le temps qui passe et l'implacable cycle des saisons que rien n'arrête : la neige finit toujours par fondre...et par revenir, quelle que soit la situation de nos héros. Et c'est bien sur enfin, un roman d'amour : l'auteur nous fait délicieusement languir alors que Iouri et Lara, se croisent et se frôlent avant l'inévitable : la rencontre et l'amour. Bref, j'ai été emportée par le tourbillon de neige, d'histoire et d'amour de ce très grand roman .
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J'ai lu la traduction d'Hélène Henry parue chez Gallimard en 2023, mais ne connaissant pas la première je ne pourrai pas les comparer.
Le Docteur Jivago est le grand roman russe du XXe siècle. Pourtant, il suit la ligne de ses grands prédécesseurs, Dostoïevski et Tolstoï. On a ainsi l'impression de lire un roman du XIXe siècle.
La force de ce récit tient dans un jeu d'équilibre entre l'épopée et le drame amoureux. Jivago est comme une barque sans gouvernail ballotté au gré des courants et des tempêtes de l'histoire et de l'Histoire. Pasternak excelle dans les descriptions de la Russie, notamment dans les scènes hivernales de la Sibérie. Il développe avec brio les jeux d'ombre et de lumière, les reflets, les brillances et les contrastes. C'est aussi un remarquable conteur qui a pioché dans les récits populaires, renforçant ainsi la sensation du roman traditionnel.
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Le passage de la Russie tsariste à la Russie soviétique, sur fond d'histoire d'amour.
À moins que ce ne soit l'inverse : l'histoire d'un amour fou, sur fond de révolution russe.
Peu importe, le Docteur Jivago est une histoire de tourmentes.
Celle de l'Histoire, d'abord : l'insurrection de décembre 1905 réprimée dans le sang, la première guerre mondiale, la révolution bolchevique de 1917.
Celle de la nature, aussi : les hivers qui semblent interminables et le froid sibérien, qui nous valent de magnifiques descriptions de la neige.
Celle de l'amour, surtout : si les événements terribles cités ci-dessus bouleversent les rapports sociaux, ils soumettent aussi les liens conjugaux à rude épreuve. Ah, il ne faisait pas bon être né à la toute fin du dix-neuvième siècle ! À peine marié, Pavel Antipov se porte volontaire pour intégrer l'Armée, fuyant un mariage avec Lara qui ne le rend pas heureux. Continuant à l'aimer d'un amour "pur et fort", et sans nouvelles de lui, Lara obtient son diplôme d'infirmière et se fait affecter à Méliouzéiev, dans la zone de combat d'où Pavel lui a écrit sa dernière lettre. de son côté, Iouri Jivago, jeune médecin marié à Tonia dont il est fou amoureux, et poète à ses heures perdues, est envoyé au front, au même endroit, et il retrouve Lara, qu'il avait croisée pendant ses études. Ainsi se présente l'intrigue amoureuse qui va, crescendo, tenir le lecteur en haleine : "C'est ainsi que t'ont jetée vers moi les tempêtes de la vie, ô ma fierté" déclarera plus tard Jivago à Lara (cf. Retour à Varykino - XIII).
Je ne résumerai pas ici cette oeuvre superbe, récit d'un amour à la fois fou et impossible. Je dirai seulement qu'il s'agit d'une grande fresque montrant les vicissitudes de l'amour conjugal, sa puissance et aussi sa fragilité. Jusqu'où va la fidélité ? Où commence l'infidélité ? À Iouri qui lui demande : "Tu veux savoir si dans nos bonnes relations il ne s'est pas glissé quelque chose de plus personnel ?", Lara, prise de vertige, répond : "Seigneur, comme nous sommes misérables ! Qu'allons-nous devenir ? Que devons-nous faire ?" (cf. En face de la maison aux statues - XII et XIV).
Le roman est long. Les cent premières pages sont ardues : elles présentent les très nombreux personnages ; il est donc utile de commencer la lecture de ce livre avec, en main, une feuille de papier et un crayon pour écrire leur nom et les liens qui existent entre eux. Parfois, le nom d'un personnage occupe toute la largeur d'une ligne : le prénom, la mention de la filiation (Nikolaï Nikolaïevitch : Nicolas, fils de Nicolas), puis le nom. L'usage d'un surnom est fréquent : Lara, pour Larissa, par exemple. le récit s'étire sur plus de trois décennies et permet aux protagonistes de se rencontrer, de se perdre de vue et de se croiser à nouveau, à l'image de la vie. La vie qui fait s'entremêler les destins, comme ceux des deux officiers combattant ensemble en 1917, Pavel et Galioulline, qui se retrouvent dans les camps opposés de la Révolution, l'un rouge, l'autre blanc.
Roman d'aventure et d'amour, le Docteur Jivago ne se limite pas à cela. Comme dans les grands classiques de la littérature russe, il y a ce questionnement religieux sur le bien et le mal, sur l'existence de Dieu et sur la vie éternelle : le livre est ainsi émaillé de références, non seulement à Dostoïevski, mais aussi à Tolstoï, Pouchkine, etc.
Enfin, s'il porte le nom de son héros masculin, l'ouvrage est illuminé par la grande figure de Lara, à la beauté "étourdissante" et "merveilleuse", qui a été magnifiée par la musique de Maurice Jarre (la fameuse "Chanson de Lara") composée en 1966 pour le film de David Lean.
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Roman de Boris Pasternak

Une oeuvre gigantesque, de par la quantité d'évènements couverts, sa multitude de personnages et destins croisés, mais surtout sur la durée de l'action, qui commencera à l'enfance de Iouri et finira des années après sa mort.

On suit ici Iouri Jivago, qui se retrouvera orphelin, sa mère mourant de maladie et son père mettant fin à ses jours.
Recueilli par son oncle, fervent défenseur des droits du peuple, il verra la naissance de la pensée communiste en Russie.

Et ce sera là le départ d'une immense épopée, du mouvement des décembristes de 1905 à la situation chaotique de la première guerre mondiale. de la révolution de 1917 à la guerre civile, pour finir au coeur de l'URSS. Nous suivrons la vie de Iouri Jivago, ainsi que son histoire d'amour.

Ce qui m'a le plus marqué, c'est le reflet de la pensée Russe à travers ce récit.
Si il y a une volonté de changement, une acceptation des sacrifices pour que le régime évolue, les protagonistes vont au fil du temps faire face à des doutes, puis une désillusion quant à la légitimité du régime.

Iouri incarnera aussi ce que le peuple a sacrifié au nom du communisme, le confort et les biens matériels dans un premier temps. le revenu et la subsistance par la suite. Pour finir par la liberté et la pensée.

Un roman émouvant que je pense relire car il a de nombreuses facettes, que je pense pas avoir pu cerner avec une seule lecture.
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Iouri Jivago est un enfant de la révolution russe. Celle qui façonna le destin de millions de gens.

Pourtant, son destin est aussi lié de façon irrémédiable à une autre personne : Lara Fiodorivna.

Lara, elle, à la beauté et la pureté des héroïnes de Dostoïevski. Comme elles, elle chutera mais ne cessera d'être forte.

Lorsque l'on parle de ce roman, c'est d'abord pour évoquer leur d'amour.

Mais en préambule, il faut préciser que ce roman faillit ne jamais être publié. Raconter le destin d'hommes et de femmes des prémisses de la révolution de 1905 à l'après-guerre sans en occulter les tragédies était une chose risquée.

D'autant plus, lorsque l'auteur n'a survécu aux grandes purges que par miracle. Que sa muse fut envoyée au Goulag pour le punir indirectement.

Cette censure ne permit pas la publication du livre en URSS mais celui-ci fut passé en douce à l'ouest avant d'être réintroduit sur le sol soviétique de façon clandestine.

Mais qu'en est-il du roman ? Roman d'amour entre Jivago et Lara ? Peinture d'une époque ? Réflexion sur l'art et la beauté ?

Oui, ce roman est tout cela à la fois. Il est foisonnant de personnages, de lieux et de rencontres. Mais pour autant il laisse une place au lecteur. Des pointillés que chacun comble à sa guise.

Iouri Jivago apparaît de prime abord comme un héros soviétique. Pourtant, petit à petit, on assiste à sa déchéance comme causée par cette révolution qui s'oublie, qui se gangrène et qui dévore ses enfants. L'on se sent encerclé par la prémonition d'un péril imminent malgré l'intervention de personnages providentiels, archétypes des opportunistes qui réussissent à survivre à toutes les marées.

Il est difficile à la lecture de ses mots de ne pas faire un parallèle entre l'histoire de Jivago et celle de Pasternak. D'autant plus lorsque l'on sait que le personnage de Lara a été inspiré par sa muse et maîtresse Olga.

Cette histoire d'amour est d'autant plus belle qu'elle est très adulte, réfléchie. Pas de passion qui oblitère tout mais une nécessité impérieuse de s'aimer malgré l'amour qui reste pour les conjoints.

Le style de l'auteur est d'une incroyable beauté. La poésie des descriptions apporte une douce lumière au récit même dans des moments les plus sombres.

Ce roman de Pasternak est une oeuvre majeure de la littérature russe et mondiale, et ce à juste titre, je suis ravie de l'avoir enfin découvert.

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S'il est bien un film plus célèbre que le roman dont il est tiré c'est bien le Docteur Jivago. On a tous vu et revu cette grande épopée romanesque au coeur de la tourmente révolutionnaire dans l'immensité russe reconstituée avec luxe par David Lean.
Après un énième visionnage du film, j'ai pensé un jour que le roman, qui permit à son auteur Boris Pasternak d'obtenir le prix Nobel, méritait certainement une lecture.
Si les premiers chapitres denses mais passablement confus installent les personnages principaux de l'oeuvre on plonge assez vite, et ce pendant 350 pages, dans une immense fresque historique où chaque court chapitre pourrait constituer un tableau, une facette de cette époque. Les scènes sont souvent déconnectées les uns des autres, des personnages pittoresques apparaissent puis disparaissent rapidement. le fil conducteur c'est la révolution russe. le personnage récurrent c'est le docteur Youri Jivago, personne honnête, modeste, idéaliste, plutôt neutre qui assiste, participe et subit l'ensemble des évènements et qui cherche l'équilibre entre deux femmes, sa femme Tonia et Lara, une infirmière rencontrée. Son moteur, comme chacun à cette époque, est la lutte pour la survie quotidienne, survie magnifiée ici par la rencontre de la lumineuse Lara elle aussi mariée et séparée de Pacha devenu général de l'armée révolutionnaire. Ils sont témoins parfois acteurs contre leur gré des évènements qui constituent l'essentiel du roman. A travers leurs destinées la petite et la grande histoire s'entremêlent.
Là où l'idylle sentimentale se noue, la fresque pédagogique passe en arrière-plan et on est captivé par une belle histoire entre ces 2 personnages. le contexte est toujours là, omniprésent, menaçant, oppressant mais la violence, le dogmatisme, la misère, la bravoure sont mis à distance, ils ne sont plus que le cadre d'un bel amour. Hum… on repart assez vite à nouveau pour 100 pages de description de la vie, prisonnier des partisans au coeur de la forêt sibérienne. .. Seules les dernières parties se recentreront sur les personnages en s'attardant sur leur destin.
Il est probablement injuste de comparer les deux oeuvres le film et le livre. Pasternak a voulu écrire une somme et a inscrit au centre de celle-ci une histoire bouleversée et bouleversante. La Révolution et les troubles afférents sont les personnages principaux et justifient les épreuves auxquelles sont confrontés nos deux héros. La fresque épique est centrale. le film lui se polarise sur ce couple superbe ballotté par les événements tragiques dans une nature magnifiquement filmée. Mais sans le film le roman aurait-il connu un retentissement aussi pérenne ?
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L'ouragan de l'Histoire et l'ouragan de l'Amour se heurtent, et heurtent deux êtres, un homme, une femme, et ce qui les entoure. Youri croise Lara, par hasard, par destin, mais se croit une autre vie, une autre famille. Elle aussi. Puis viennent la guerre, la Révolution, la guerre civile, la barbarie rouge et blanche. Ils se croisent à nouveau, lui médecin, elle infirmière, s'éloignent à nouveau, va-et-viens qui ne cessera pas, car l'histoire, dans ce roman d'amour, joue le rôle de la rivale, plus que Tonia, l'épouse, et que Strelnikov, le mari infidèle qui épouse la Révolution. Youri doit errer aux côtés de l'armée rouge, en Sibérie. Il s'échappe, traverse à pied une nature que le roman chante et que l'homme piétine, retrouve Lara. Ils se cachent, au milieu de rien, mais on est en Union soviétique, et Jivago a des idées trop peu ordinaires, un langage trop libre, des origines bourgeoise. Leur bonheur doit cesser. Elle s'en va. Pour toujours. Il sombre. Leur amour avait la force de l'évidence. Ils ne pouvaient lui survivre. L'Histoire a-t-elle gagné la partie? Quand elle revient enfin, il est mort.
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