AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,85

sur 162 notes
5
3 avis
4
6 avis
3
6 avis
2
2 avis
1
0 avis
Je ne connaissais Pavese que de réputation, sans avoir la moindre idée des thèmes de ses livres. J'ai tenté l'aventure avec ce livre trouvé sur une brocante, sans résumé, sans quatrième de couverture ; difficile d'avoir moins d'a priori ! le « roman » s'est d'ailleurs transformé à ma grande surprise en recueil de trois nouvelles au tiers de la lecture.

L'auteur y décrit les bouleversements dans la société italienne du milieu du siècle dernier, et notamment sur le changement important de la place des femmes. Ses personnages sont tiraillés entre ces deux mondes, tradition et modernité : dans le premier récit, une jeune fille découvre le monde de la sexualité avec des amis bien plus, voire bien trop délurés pour elle ; dans le second, des jeunes issus de la campagne se retrouvent confrontés à leurs homologues de la ville, leurs fêtes et leurs goûts pour la cocaïne et l'alcool ; et le dernier met en scène une femme qui a créé sa propre entreprise, et passe son temps à se justifier, qu'on le lui demande ou non, sur ses choix de vie.

J'ai eu assez de mal à me sentir concerné par ces nouvelles. Déjà, je n'ai pas trouvé d'indications claires sur l'époque que nous conte l'auteur : avant, après guerre ? Et ensuite, je ne connais pas suffisamment cette époque pour savoir quand Pavese appuyait là où ça fait mal : j'imagine par exemple que l'évocation des amours entre femmes devait secouer plus d'un coeur dans les familles de gens biens, mais comme il ne décrit que les sentiments de ses héros, et pas les éventuels jugements ou condamnations du reste de la population, on reste dans le flou sur tous ces sujets. Et à force d'évoluer dans un monde dont on ne connaît pas vraiment les règles, on se désintéresse rapidement de ses protagonistes.
Commenter  J’apprécie          160
Turin, un été d'avant-guerre. Ginia, 16 ans, orpheline qui vit seule avec son frère ouvrier de nuit, cherche à se distraire après ses heures à l'atelier de couture où elle travaille. Elle est fascinée par Amelia, 20 ans, qui prétend servir de modèle à des peintres. Elle va se retrouver dans ces studios d'artistes plus ou moins désargentés, et comme un papillon attiré par la flamme, céder à la tentation de s'offrir à Guido, un jeune peintre dont elle est tombée amoureuse. Malgré l'ombre portée par la maladie vénérienne d'Amélia, elle continue à fréquenter ce milieu, tout en sachant n'avoir été qu'un jeu pour Guido.

La première saison de la découverte du sexe, de la fascination trouble exercée par des jeunes adultes plus mûrs que l'héroïne, de l'amour qui n'ose pas dire son nom, de la nudité dont on a honte, de l'éveil des sens et de la culpabilité. Les hésitations, les doutes, les émotions à fleur de peau, et la sensation d'être trop jeune, de ne pas bien comprendre le jeu ni les manières blasées des aînés. Tout est dit simplement, en quelques notations et dialogues écrits dans la langue de tous les jours, mais lourds de sentiments contrastés et de fascination/répulsion devant le vertige de la vie adulte.
Lu en V.O.
Commenter  J’apprécie          150
C'est l'histoire du passage fugace de l'enfance à l'adolescence. L'histoire d'une jeune orpheline de dix-huit ans, vivant seule avec son frère, qui se débat avec le sentiment de liberté qui semble accompagner la vie d'adulte et qui lutte contre ses craintes adolescentes. Sa timidité, son innocence, son ingénuité et sa peur immense d'être seule.
Terrifiée par l'idée d'être laissée de côté, attirée par les attitudes posées de ses amis adultes, Ginia ferme les yeux sur ses craintes et se force à embrasser la vie de bohème d'un cercle d'artistes, au coeur des nuits romaines d'un été trop chaud.
Elle va suivre à corps perdu son amie Amelia dont elle jalouse l'assurance, pour succomber au charme ténébreux d'un peintre égoïste. Ginia trouve enfin ce qu'elle cherchait, un véritable bel été, chaud et léger, insouciant et intense, qui lui offre une vie d'ascenseurs émotionnels, des battements de coeurs, de cris et des larmes, la vie de liberté et d'émancipation dont rêvait la petite couturière orpheline…
Un bel été, une chaleur enivrante, une vie de bohème et une liberté vertigineuse vont faire basculer Ginia vers le désenchantement abrupte et concret de la vie d'adulte, car l'été ne dure jamais.
A la lueur du jour, les artistes apparaissent égoïstes et vaniteux, l'amour semble n'avoir jamais existé chez Guido et Ginia, petite couturière tout juste adulte, retourne préparer les pâtes de son frère en regrettant l'insouciance de ses seize ans, l'innocence de son enfance, les rêves d'avant l'été… jusqu'au prochain printemps.
Commenter  J’apprécie          140
Ce que je croyais être un roman de près de 500 pages, intitulé "Le bel été" comme le mentionne le titre du livre et la 4ème de couverture, n'est en fait pas un roman (dont le premier est bel et bien intitulé "Le bel été") mais trois romans. J'ai donc été surprise àla fin du premier roman de voir un autre titre apparaître et cela a donc donné un autre point vue à l'histoire que je venais de lire puisque la fin avait sonné alors que j'en attendais la suite avec de l'action ou des événements à venir.

--------------------------------

Nous sommes en Italie et la première histoire raconte la vie de Ginia, jeune fille de 16/17 ans, qui vit seule avec Severino son frère. Elle va se mettre à fréquenter Amelia, plus âgée qu'elle, qui lui fera découvrir sa vie de modèle pour peintres ainsi que ses amis Guido et Rodrigues qui mènent une vie de bohème et qui peignent.Ginia veut grandir, devenir une femme mais son jeune âge et sa pudeur vont être mis à mal pardes jeunes gens plus matures qu'elle et qui envisagent les relations de façon moins candides qu'elle.

---------------------------------

Dans le deuxième roman l'auteur narre la vie de trois étudiants (en médecine et en droit) que sont Pieretto, Oreste et le narrateur. A l'instar des personnages du premier roman qui passaient leur vie à errer la nuit, à aller dans des bars, à mener une vie de patachon, ces trois étudiants sont du même acabit jusqu'au jour où ils font la connaissance de Poli, qui lui est fortuné. Suite à un accident et à la convalescence de Poli, les trois jeunes gens vont aller chez Oreste, dans un village de la campagne italienne, éloigné de Turin. le narrateur et Pieretto vont faire la connaissance de la famille d'Oreste, famille de paysans italiens. de temps en temps, ils s'octroient des moments d'escapade chez Poli et son épouse Gabriella dont ils ignoraient jusqu'à présent l'existence.
--------------------------------

Le troisième roman nous emmène à Turin où l'on va faire la connaissance de Clélia, la narratrice, qui est couturière. Originaire de Rome, elle se rend à Turin afin de superviser l'ouverture d'une boutique de confection. Là encore, comme dans les deux premiers récits, il est question de rencontres, de connaissances, de beaucoup de sorties et d'une certaine manière d'une vie de bohème où chacun, chacune, boit, sort danser, se balade en voiture le nez au vent, s'essaye au théâtre, avec toutefois en trame de fond la tentative de suicide de Rosetta, une jeune femme du groupe.

-------------------------------

Mon avis :

Après le premier roman j'ai été très déçue. Je trouvais cela plat ; une histoire sans but, qui ne cherchait pas à révéler grand-chose, à poser des questions. J'avais l'impression d'avoir lu le début d'un roman mais ni son déroulement ni sa fin. le second m'a d'avantage enchantée car je me suis très bien imaginée dans la campagne italienne, vivant de bons vins, de bonne nourriture, allant me tremper les pieds dans les rivières dès que la chaleur devenait insupportable. le troisième m'a ramenée vers la ville, avec une jeune fille tourmentée et je n'ai pas trop apprécié cette lecture où les personnages ont l'air d'abeilles qui butinent, tergiversent, se croisent sans cesse et ont des amitiés et des amours très fluctuentes.
Des points communs aux trois : le mal-être de certains personnages, la vie de bohème à un moment donné de sa vie, les amours des uns et des autres.
Très partagée d'autant plus que j'ai aimé le style de l'auteur et que la lecture reste très agréable mais j'ai trouvé que les histoires restaient superficielles et le contenu des romans me semblait être trop anecdotique.
Commenter  J’apprécie          130
Dernière oeuvre importante publiée en 1949 du vivant de l'écrivain italien Cesare Pavese, "Le bel été" est un roman dont l'originalité vient du fait qu'il regroupe trois romans intitulés respectivement "Le bel été", "Le diable sur les collines" et "Entre femmes seules". Mais cette qualité m'apparaît comme un défaut car les trois romans se suffisent à eux-mêmes d'autant plus qu'ils ont été écrits à des périodes différentes.
Rien à voir avec un recueil de nouvelles et ce n'est pas non plus une trilogie alors je n'ai pas bien vue l'intérêt d'un tel regroupement même si le point commun est l'enthousiasme et les passions parfois déçues de jeunes gens qui découvrent la vie voire la difficulté de vivre. le cadre est essentiellement la ville de Turin d'où l'auteur est originaire.
Ce sont des romans psychologiques dans lesquels il y a peu d'actions. Il est beaucoup question d'amitié entre filles ou entre garçons mais aussi de coeurs qui palpitent et de prises de conscience du monde qui les entoure.
J'ai une petite préférence pour "Le bel été" quand la jeune Ginia qui travaille comme couturière à seize ans se lie d'amitié avec Amelia la dévergondée qui lui fait découvrir les ateliers de peintres où elle pose nue pour gagner sa vie, en ajoutant leur envie de rire et de faire la fête quand l'été est là.
Les personnages sont intéressants mais c'est une lecture qui me laisse un avis mitigé car si l'écriture est agréable j'ai eu l'impression que les histoires traînaient en longueur.


Challenge Multi-défis 2022
Challenge XXème siècle 2022
Challenge XXème siècle illimité
Commenter  J’apprécie          90
Ce petit roman de Cesare Pavese est fantastique, je l'ai lu d'une traite et le relirai, pour goûter à nouveau sa poésie. le style est cristallin, les quatre personnages, deux garçons, deux filles, touchent le coeur. L'histoire se déroule avec comme toile de fond la montée du fascisme, peu évoquée, mais présente. Il y est question d'amitié, d'apprentissage de l'amour vu du côté filles, de l'entrée dans l'âge adulte, et de son rite initiatique obligé, la perte de la virginité. Il y est question d'art, de modèles, de la nuit et de ses fêtes, du regard des citadins modestes sur la campagne et les paysans, du travail, de la joie et de la peine, de l'attente et de l'été.
Un immense espoir gonfle ce livre, celui de la jeunesse devant la vie, non exempt déjà d'un peu de nostalgie : sera-t-elle conforme aux attentes ?
Commenter  J’apprécie          90
Cesare Pavese, né en 1908 à Santo Stefano Belbo et mort en 1950 à Turin, est un écrivain et poète italien. Après avoir étudié la littérature anglaise à Turin et écrit une thèse sur le poète américain Walt Whitman en 1930, il traduit en italien des oeuvres d'Herman Melville, John Dos Passos, William Faulkner, Daniel Defoe, James Joyce ou encore Charles Dickens. Il s'inscrit de 1932 à 1935 au Parti national fasciste, sous la pression selon lui des membres de sa famille. En conformité avec le régime, il est choisi en 1934 comme directeur de la revue Culture éditée par Einaudi et tribune de ses amis antifascistes, ce qui lui vaut d'être arrêté l'année suivante. Exclu du parti, il est exilé en Calabre pour huit mois. Après la Seconde Guerre mondiale, Cesare Pavese adhère au Parti communiste italien, s'établit finalement à Turin et continue de travailler pour les éditions Einaudi. Il ne cesse d'écrire durant ces années. Pavese se suicide le 27 août 1950 dans une chambre d'hôtel à Turin, laissant sur sa table un dernier texte, La mort viendra et elle aura tes yeux, qui se termine par « Assez de mots. Un acte ! ».
Le Bel été, qui vient d'être réédité chez L'Imaginaire, et justement sous-titré Trois romans, est un recueil de trois textes, le Bel été écrit en 1940, le Diable sur la colline en 1948 et Entre femmes seules en 1949, date de parution de cet ouvrage.
Le Bel été, le premier texte, c'est celui de Ginia une jeune fille de seize ans qui par l'intermédiaire de son amie plus délurée Amélia va faire connaissance avec le milieu des artistes peintres qui cherchent des modèles. La plus jeune perdra son innocence dans les bras de Guido et la seconde se fera soigner pour sa syphilis. Avec le Diable sur la colline, ce sont les garçons qui sont à l'honneur. Trois adolescents vont se lier avec Poli, un jeune homme plus âgé qu'eux, conduisant une voiture, se droguant, connaissant les femmes et d'un milieu plus aisé, il les entraine dans des aventures et des excès dont ils finiront par se lasser. Enfin, Entre femmes seules, c'est une tranche de la vie de Clelia qui revient à Turin dix-sept ans après son départ, pour surveiller les travaux de construction d'une boutique de mode, pour le compte de ses patrons romains. Il y sera question d'époque du carnaval, de jeunes gens voulant monter une pièce et d'un suicide.
Tout ceci est assez bien écrit, dans un style alerte et vif mais, désolé, je me suis légèrement ennuyé avec élégance tout du long. Ca papote beaucoup, ce n'est même que cela, des discussions sans fin et guère intéressantes, comme on en a quand on est jeune. On peut trouver du charme à ces émois et troubles, pudiquement évoqués. Parfois des réminiscences de films italiens en Noir&Blanc des années 50 ou 60 ont allumé quelques lumignons dans ma conscience, une voiture klaxon à deux tons chargée de jeunes hommes cigarette au bec filant sur une route, des jeunes filles bras dessus, bras dessous, bavardant en jetant des regards en coin quand elles croisent des garçons…
« Trois romans urbains, trois romans de découverte de la ville et de la société, trois romans d'enthousiasme juvénile et de passion déçue » en disait son auteur. Certes, certes…
Commenter  J’apprécie          90
La bella estate, publié en 1949 a obtenu le Prix Strega en 1950, l'année de son suicide.
La tende :1940; le diable sur les collines, écrit en 1948 et " Entre femmes " seules écrit en 1948.
Les trois romans ont la même thématique : le passage de l'adolescence à l'âge adulte et les souffrances, les désillusions qui l'accompagnent.

La protagoniste du bel été est Ginia, couturière de seize ans, orpheline, qui vit avec son frère ouvrier.
Elle est gaie, insouciante, se lie d'amitié avec une jeune fille un peu plus âgée qu'elle et du "bel été", un avenir rose et heureux. Elle croit l'atteindre quand elle tombe amoureuse d'un artiste peintre. Elle se donne de tout son être mais le jeune homme se montrera décevant. Il n'y aura de bel été durable mais la douloureuse séparation.

"Le diable sur la colline" est l'histoire de trois amis qui aiment se promener dans la colline. Jusqu'au jour où ils tombent sur "le diable" évanoui, sous l'emprise de la drogue. Un jeune homme plus âgé qu'eux, anticonformiste. Ce qui ne peut donner rien de bon.

Trois femmes seules, est, au contraire, un univers féminin.
Une jeune fille , Clelia, qui apprend le métier qu'elle s'est choisi et qui , de retour en ville où elle veut s'installer, découvre une société bourgeoise cynique et dépourvue de valeur morale.

Donc le thème commun est le passage à la maturité qui ne va pas sans désillusions et crise personnelle.
Tout ceci sur fond d'opposition classique entre la ville, son hypocrisie et la campagne qui se charge de significations symboliques.

Commenter  J’apprécie          80
. Volume constitué de trois courts romans :« La bella estate »(1940) Chronique douce amère du passage à l'âge adulte .Giulia, jeune couturière de 17 ans, découvre grâce à une amie plus âgée qui pose nue pour des peintres , l'amitié, la sexualité ,l'amour . « Il diavolo sulle colline » (1948) Trois jeunes hommes , trois amis ,de milieu modeste ,font la rencontre de Poli ,fils d'un riche milanais . Par lui ils vont se frotter à un autre monde entre alcool ,drogue , femmes. L'histoire s'achève dans une villa dans les collines et un marivaudage tragique . Encore une fois il s'agit de la perte de l'innocence.« Tra donne sole » (1949) Clélia revient à Turin auréolée de sa réussite professionnelle dans la mode. Elle peut partager la vie des riches qui la faisait rêver dans son enfance pauvre. Elle en découvre la vacuité , la cruauté et ,parfois, le désespoir chez les plus fragiles. On pense à « La dolce vita » (moins l'humour).Point commun aux trois histoires , le mal-être des « transfuges de classe » (pour parler « moderne) , le tragique (la mort est toujours présente) .
Commenter  J’apprécie          70
« LE BEL ÉTÉ » Cesare Pavese (Poche, 440 pages).
(Cesare Pavese, 1908-1950, traducteur d’auteurs anglais, enseigne la littérature anglaise à Turin, s’inscrit au parti fasciste en 1932, en est exclu à 1935, exilé pour quelques mois en Calabre ; après la guerre, s’inscrit au PCI, et se suicide en 1950).
Lu dans la première édition française de 1955, c'est un petit pavé qui rassemble selon le vœu de l’auteur trois romans écrits entre 1940 et 1949.
Le premier, « le bel été » nous raconte l’entrée en vie adulte de Ginia, jeune fille assez pauvre de 16 ans. Elle est en appétit de vie et d’amour, suit une amie plus âgée qui, posant nue pour des peintres, l’introduit dans ce milieu. Elle tombe amoureuse d’un peintre, Guido, qui la traite avec légèreté. Elle y perdra ses illusions.
Dans le second, « le diable sur les collines », Pavese emboîte le pas de trois jeunes hommes, étudiants de condition plus ou moins modeste, pendant un été. Par la bouche de l’un d’entre eux, nous les suivons entre sorties nocturnes à Turin, vacances « farniente » dans la famille paysanne de l’un d’entre eux, avant qu’ils ne s’installent chez un de leur ami, riche jeune homme dévoyé, qui cohabite séparément avec sa jeune femme, belle et libre de son corps. Le rythme est lent, on s’imprègne d’un parfum campagnard, parfois on a l’impression de longueurs ou d’immobilisme du texte, avant que le nœud se noue de manière plus complexe entre les amis, à la lumière de leurs désirs, des jeux plus ou moins dangereux de certains d’entre eux, au point qu’on en attend un dénouement dramatique. Mais c’est surtout d’une « insoutenable lourdeur de l’être » dont il s’agit ici, glacée, comme un périple dangereux dans un tunnel sans issue.
Dans le troisième, « entre femmes seules », Clélia, la narratrice, raconte son retour à Turin, où elle vient superviser, dans le quartier même où elle vécut une enfance pauvre, les derniers travaux d’installation d’une boutique de mode commandée par sa riche patronne romaine. Elle retrouve des connaissances, noue de nouveaux contacts avec des femmes et des hommes de la moyenne bourgeoisie désœuvrée. Témoin d’une tentative de suicide par empoisonnement d’une jeune femme aisée qui ne trouve pas de sens à sa vie, elle va l’accompagner dans ses sorties. Les dialogues plus ou moins futiles entre femmes ou avec des prétendants alternent avec les beuveries, les coucheries (plus suggérées que décrites), on croise un monde interlope, une sorte de société qui s’effondre (écrit en 1949, on se croirait pourtant plus dans un avant-guerre crépusculaire et désespéré que dans un après-guerre prometteur).
Le point commun entre ces trois courts romans c’est un pessimisme ambiant, une couleur grise qui nimbe les textes. Malgré une écriture le plus souvent assez vive et simple (mais que vaut la traduction, je ne sais pas), le temps s’étire dans ces histoires pleines de vides (mais c’est justement là le sujet), et j’ai eu parfois la sensation de m’enliser dans la lecture. Cesare Pavese dresse un portrait sans complaisance de cette micro-société, parsemant ici ou là ses textes de sentences éloquentes. Et l’on se dit que ce petit milieu tout boursouflé et fermé sur lui-même de l’immédiat après-guerre en Italie ressemble à s’y méprendre, par sa fatuité, à une certaine bourgeoisie commune à bien des pays aujourd’hui. Un assez bon livre, qui m’a intéressé sans m’enthousiasmer.
Commenter  J’apprécie          71




Lecteurs (611) Voir plus



Quiz Voir plus

Grandes oeuvres littéraires italiennes

Ce roman de Dino Buzzati traite de façon suggestive et poignante de la fuite vaine du temps, de l'attente et de l'échec, sur fond d'un vieux fort militaire isolé à la frontière du « Royaume » et de « l'État du Nord ».

Si c'est un homme
Le mépris
Le désert des Tartares
Six personnages en quête d'auteur
La peau
Le prince
Gomorra
La divine comédie
Décaméron
Le Nom de la rose

10 questions
834 lecteurs ont répondu
Thèmes : italie , littérature italienneCréer un quiz sur ce livre

{* *}