Il ne faut pas oublier ces auteurs du XX° siècle, au moins pour cette raison: il savaient écrire. Ici, dans une langue riche et colorée, Catherine Paysan nous parle de la vie - simple - de la campagne: famille unie, voisins solidaires, générosité, peu d'appât pour le gain. Mais l'amour de la terre, de ses bêtes, du travail bien fait et de la nature. Et les épisodes rythment l'année: on tue le cochon, on marie la fille avec un voisin, en pensant à l'amour mais aussi peut-être à la propriété qui s'agrandit. Autour de deux personnages extrêmement attachants, une petite fille et son grand-père, l'auteure nous fait passer un excellent moment de lecture. Pas de tensions, pas de haine, pas de traitres ni de lâches: ce n'est pas si fréquent, profitons de ce morceau de vie simple et saine.
Commenter  J’apprécie         10
Toujours entre eux, ce dialogue de sourds. Germaine en état de révolte latente contre sa condition de paysanne. Une femme que l'odeur du fumier, le vêlage des vaches, l'arrachement des pommes de terre, les boues de l'hiver, le silence des espaces agrestes seulement rompu par le beuglement ou le glapissement guttural des corbeaux, indisposent, humilient. Réfugiée, l'après-midi du dimanche, dans le paradis des magazines, elle rêve cuisine proprette, salle à manger en plaqué façon teck, baignoire rose et lit de chambre à coucher recouvert d'une peau de guanaco ou de satin capitonné.
-Enfin Lucien, dans les villes, ils ont tout!
Même Lucien ne l'approuve qu'à moitié :
-Et l'air, est-ce qu'ils ont l'air? Et la liberté, est-ce qu'ils ont la liberté ?
Ils savourent le bonheur d'être attendus, quelque part, sur la terre, par leurs ardents amis de coeur.
Demain il fera jour. La fête continuera.
[
Catherine Paysan]
Entretien avec
Catherine PAYSAN à propos de son livre "
La route vers la fiancée" (aux éditions Albin Michel).Elle parle du métier d'écrivain, de l'histoire de son livre et des personnages, compare le VIème et le XXème siècle et parle de son travail.