Le Quatuor du Yorkshire

« le quatuor du Yorkshire » réunit en un seul volume quatre romans de David Peace : "1974", "1977", "1980" et "1983". Je souhaitais découvrir l'univers de cet auteur depuis longtemps et l'achat impulsif de ce recueil m'a motivé à achever la lecture du quatuor. Sans cela, je ne serai pas allé au-delà du premier roman, "1974", qui m'a déconcerté par la confusion de son intrigue. Il faut être patient, tout prend sens progressivement à la lecture des volumes suivants.

L'histoire est vécue à travers les consciences de sept narrateurs parties prenantes du drame : trois policiers, deux journalistes, un avocat et un délinquant. Deux affaires criminelles s'entremêlent : un réseau de pédopornographie responsable de la disparition d'enfants et un tueur en série, « l'éventreur du Yorkshire », qui assassine des prostituées ou des femmes isolées.

David Peace tire à balles réelles sur les forces de police de son comté, véritable pègre du Nord de l'Angleterre capable de toutes les violences pour protéger son réseau criminel. Elles n'hésitent pas à se débarrasser de témoins gênants ou à fabriquer des coupables. Quant au « quatrième pouvoir », il est complice en relayant une version déformée des événements. Tous ceux qui en quête de justice, vérité ou de rédemption s'opposeront à ce système seront broyés par les mâchoires de la destinée.

Un graffiti sur un mur « UK DK » qui peut être traduit par : décomposition ou décadence du Royaume-Uni. Outre l'horreur de crimes impunis qui brisent les proches, David Peace décrit la réalité d'un pays en voie de décomposition sociale. Ses romans sont marqués par le contexte politique des années 70/80. L'actualité de cette époque est omniprésente, qu'il s'agisse de résultats sportifs, politiques ou de faits divers ; certains événements ayant un écho décisif dans l'oeuvre comme le jubilé d'argent de la reine ou les élections générales de 1983.
La radio diffuse ces flots d'informations mais aussi des chansons qui ont marqué cette génération, parmi lesquelles celles de David Bowie et des Sex Pistols.

L'ambiance est glauque : maisons en ruines, rues désertes, pluie battante, lumière grise. Elle est parfois rendue par des détails répétés à plusieurs reprises comme cette affiche de prévention dans la salle d'attente d'un commissariat. Et les personnages naviguent entre cauchemar, folie et fuite en avant.

David Peace se singularise par son écriture faite de phrases et de paragraphes courts qui se lisent à un rythme haletant et de répétitions quasi obsessionnelles. le style est efficace et sert parfaitement une intrigue, une ambiance et un contexte très sombres. Voilà pourquoi on peut parler de roman noir « total ».

« le quatuor du Yorkshire » est un recueil indispensable à tout amateur de polar.

Le choix de Jérome pour Collectif Polar
David Peace, 1974, 1977, 1980, 1983
Les quatre romans qui composent le quatuor du Yorkshire réunis en un seul volume. Dans le comté du West Yorkshire, avec ses trois grands districts de Leeds, Bradford et Wakefield, comté dont l'auteur est originaire, la vision se déploie sur une quinzaine d'années, entre 1969 et 1983, pour narrer la descente aux enfers d'hommes coincés entre pulsions, avidités et désagrégation forcenée.
L'un des grands du roman noir actuel. David a entamé son oeuvre part un quartet coup de poing, The red riding quartet. Une série autour de l'étrangleur du Yorkshire qui, d'entrée, a tout bousculé.
La forme, le style, le fond, fracasse tout. le lecteur est bousculé, étouffé, essoufflé, comme les personnages. Pas le temps de respirer, la narration emprunte différentes voies, utilise différentes formes, le style ne cherche pas à nous épargner, à nous mettre à l'aise. Peace ose tout et c'est pour moi, l'un des auteurs les plus marquants de ma vie de lecteur. Il a renouvelé un genre, l'a explosé, pour le remodeler, l'amener à lui. Un auteur inclassable, d'une grande noirceur incontestablement, d'un talent fou.
A ne pas mettre entre toute les mains mais qu'il faut lire (quoi, je me contredis ?) !
Lien : https://collectifpolar.blog/..

Envoûtant comme une chanson de Cocteau Twins , noir comme la lande des Moor, torturé comme du Ellroy. Un quatuor obsédant, un chef-d'oeuvre, je n'ai rien à dire de plus. Une prédilection pour les deux premiers volumes, j'avoue, les deux autres sont un peu en dessous à mon avis, mais nécessaires pour clôturer le cycle. Bien sûr c'est une lecture un peu dure, je comprends que ça ne puisse pas plaire à tout le monde. Mais quelle claque !
Over the moor, take me to the moor
Dig a shallow grave
And I'll lay me down