AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,3

sur 91 notes
5
3 avis
4
5 avis
3
4 avis
2
7 avis
1
1 avis
Haletant ! le rythme est sombre, fou et captivant.

L'ambiance est glauque, on assiste aux méandres de la misère japonaise de l'après-guerre. L'enquête plonge tête la première dans cette atmosphère et nous confronte à une lecture très dérangeante.

Le protagoniste, au premier abord pathétique, se révèle être passionnant. Plus les pages défilent et plus ce curieux enquêteur martèle notre esprit. Son personnage contribue grandement à l'ambiance énigmatique de l'enquête.

Bien que David Peace ne soit pas japonais, il s'empare de cette culture pour construire avec passion son roman.

Ce policier ne peut pas laisser indifférent les adeptes du sombre et de l'étrange.
Commenter  J’apprécie          80
Plongée obsédante dans une période qui n'aurait jamais dû exister pour un lieu, Tokyo, qui m'a donné l'impression, la première fois que j'y suis allé, d'aborder une autre planète civilisationnelle. Étonnant roman dans lequel cet auteur, pourtant anglais, nous immerge, que dis-je, nous balance dans la peau d'un inspecteur un peu largué, confronté à ses démons, présents et passés, et je vous assure que les japonais sont très forts pour ce qui concerne l'univers des tourments. Si c'était un film, son titre pourrait être : dans la peau (ô combien irritée - gari gari) de l'inspecteur Minami. Un plongeon qui ne se fait pas sans douleur, y compris pour nous, lecteurs, car l'auteur ne nous ménage pas, nous inondant des pensées et sensations de ce pauvre homme qui se débat dans un environnement pour le moins ingrat. Oui, l'intrigue avance pesamment et il est parfois difficile de s'y retrouver avec les noms des personnages auxquels nous ne sommes guères habitués. Mais quelle claque de nous faire vivre cette tranche de temps où le Japon, et surtout les japonais, peinaient à redresser tant bien que mal la tête. Un roman lourd et certes un peu trop long, mais que je n'oublierai pas de sitôt.
Commenter  J’apprécie          10
Dommage…

Un Japon apocalyptique, l'an zéro étant celui où l'archipel a été la cible de la bombe A.
Dans un Tokyo dévasté, l'inspecteur Minami essaie tant bien que mal de faire son boulot.
En proie à des crises de folie, il doit enquêter sur le corps de femme, retrouvé dans un dépôt de vêtements de l'armée.

Un an plus tard, le même type de meurtre est perpétré...

Totalement le genre de polar qui me convient, en tout cas niveau ambiance, décor.
Mais ces crises de Minami détruisent entièrement le rythme de lecture.

Un récit très saccadé, devenant de plus en plus éreintant au fil des pages. Pas agréable, donc.
(plus d'avis sur PP)
Commenter  J’apprécie          10
Premier volume d'un cycle consacré à la ville de Tokyo après la seconde guerre mondiale, ce roman s'inspire d'un fait divers qui sert de point de départ à la construction d'un thriller hors du commun, un renouvellement du genre que poursuit Tokyo, ville occupée (2008) et Tokyo Redux (2020), pour ceux qui ont le coeur bien accroché.

Bien que dans le Tokyo de 1946, les malheureux personnages de Tokyo année zéro soient accablés par une chaleur humide et implacable au coeur du mois d'août 1946, je suis glacée d'effroi, de tristesse et de détresse tout au long de cette enquête sur des crimes sordides dont la noirceur fait presque pâle figure ainsi immergée dans un monde détruit, un monde de cendres, de gravats, de vermine et de famine.
Le récit est conduit à la 1ère personne. Ainsi le lecteur entre-t-il dans la conscience de l'inspecteur Minami, de la police de Tokyo, une conscience déchirée entre un métier qui n'a plus de sens, une maîtresse qui n'a plus de réalité et une famille qui n'a plus d'existence. Pour ces trois univers qui font la vie d'un homme, il n'y a plus de pensée possible. Alors les seuls mots qui subsistent dans la conscience de Minami ce sont ceux de la faim, ceux de la crasse et du dégoût, ceux de la défaite et de la mort, ceux de la sueur et des démangeaisons, gari-gari.

Et pourtant l'inspecteur Minami « compte au nombre des vivants ». Malgré tout, l'inspecteur Minami mène l'enquête.

Souvent les romanciers prennent un malin plaisir à effacer la frontière entre le rêve et le réel. David Peace, lui, sans plaisir, s'emploie à faire disparaître la frontière entre la mémoire et la conscience du réel, entre le souvenir omnipotent du passé et la perception inéluctable et insupportable du présent, de ce mois d'août infâme de l'année 1946. Ainsi, au fil des pages, surgissent les images insaisissables des temps glorieux de l'Empire du Levant, de l'ordre ancestral des êtres et des choses, et des fulgurances sanglantes de la guerre qui détruit encore les vivants après avoir anéanti les morts. Et le personnage de Minami est enfermé, emprisonné dans ce puissant conflit intérieur entre un passé qui veut s'imposer et un présent qu'il faut vivre, car Minami ne veut pas se souvenir mais Minami ne peut pas oublier : « je ne veux pas me souvenir...Mais ici dans la pénombre, je ne peux pas oublier... » C'est dans cette étroite et épineuse intersection que survit la conscience de Minami, cellule du malconfort si exiguë qu'aucune posture n'y est tenable ; cellule aux murs de laquelle se cogne, page après page, le lecteur assidu et qui ne s'inscrit dans une réalité objective que dans les dernières pages.

Et pourtant l'inspecteur Minami « compte au nombre de ceux qui ont eu de la chance. » Malgré tout, l'inspecteur Minami mène l'enquête.

Effectivement, le lecteur suit l'inspecteur Minami dans son enquête : quatorze jours d'enquête dans une chaleur torride, sous un soleil de plomb. Ce ne sont pas seulement les ruines des palais, des temples, des immeubles et des rues de Tokyo que j'arpente avec lui, ce sont aussi celles des âmes, des coeurs et des consciences de ceux qui survivent. Et l'on étouffe sous les gravats, on sue de honte et d'humiliation, on pleure de haine et on vomit de dégoût et de peur. Seules les sensations dominent : le chiku-taku de la montre, le ton-ton du marteau, le potsu-potsu des gouttes de pluie qui tombent enfin sans rien rafraîchir, en transformant la poussière en boue, le gari-gari du grattement des ongles sur la peau, la faim, la crasse, la peur, la haine. Tout cela se juxtapose et interfère pour devenir un magmas humain confus et inconnaissable. Et tout cela sans perdre le formalisme d'une courtoisie sans faille. On se salue, on s'incline, on s'excuse, on s'incline à nouveau, on ne discute pas les ordres, on obéit, on s'incline encore, on s'essuie le visage et on s'essuie la nuque, on remercie, on s'incline, même vaincu, même brisé, même en miettes, même la mort au coeur et l'arme à la main, on s'incline et on s'excuse, car, n'est-ce pas, « personne n'est qui il prétend être ».
Les victimes s'accumulent et s'entassent ainsi que les questions sans réponses, ainsi que les mensonges. Et chaque fois que l'on croit apercevoir une éclaircie, elle s'assombrit, retourne, dés qu'elle est saisie par l'oeil, dans le pays des ombres. Et lorsqu'on s'échappe de Tokyo, on croit bêtement qu'on va mieux respirer hors de la ville en ruine, à la campagne, dans le département de Tochigi. Mais c'est un leurre. Il y fait aussi chaud et les cadavres s'y accumulent plus encore. On jongle avec les squelettes, les débris de vêtements, on entasse tout dans le sac de l'armée de Minami et on porte le fardeau… Et la question demeure : qui est qui ? Parce que « personne n'est qui il prétend être. »

Alors, parvenue au bout du chemin, sagement repliée dans la cellule obtuse de mon pauvre esprit épuisé, je mets fin à l'épreuve et je referme le livre. Je m'essuie le visage et je m'essuie la nuque. Mais ça me démange encore, gari-gari...
Commenter  J’apprécie          32
Style lent, hypnotique, étouffant et noir, criant de réalisme. le détective Minami (brillant et dérangé) mène l'enquête dans un Japon dévasté par la guerre et corrompu. Sordide histoire vraie de serial killer. Suspense jusqu'au bout. Brillant !
Commenter  J’apprécie          10
La langue reine de l'obsession intime et du malaise physique au service du très noir Tokyo en ruines de 1946.

Sur le blog Charybde 27 : https://charybde2.wordpress.com/2019/07/16/note-de-lecture-tokyo-annee-zero-david-peace/
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          40
Ouf! J'ai l'impression d'avoir fait un bad trip. Quelle lecture chaotique comme ce Japon de la défaite, oppressante comme les souvenirs de Minami et étrange, faite de litanies, de mélanges de réalité et souvenirs/impressions. Ce n'est qu'a la fin que j'ai vu qu'il y a un indispensable glossaire. Une liste des personnages aurait aidé aussi. Car on se perd dans ce texte sans repères, cette enquête poursuite fuite solitaire mais pleine de monde racontée par sensations, obsessions et flashs. Mais le miracle c'est qu'on comprend malgré soi, que l'image s'impose dans ce stroboscope littéraire. C'est une expérience en soi que d'aller jusqu'au bout, de glisser avec Minami jusqu'à la vérité. Un texte pénible mais très bon. Rarement peut on ressentir ainsi un texte jusqu'aux odeurs, jusqu'aux démangeaisons du personnage, jusqu'à la folie.
Commenter  J’apprécie          50
Houlà… Mon avis risque d'être aussi brouillon que ma compréhension de l'histoire de ce roman… Je ne peux pas dire que je n'ai pas aimé, car je l'ai lu assez rapidement, mais en aucun cas je ne peux affirmer avoir apprécié cette lecture. Je pense surtout ne pas être le type de lectrice qui peut faire l'éloge de ce genre de narration. En effet, hormis le contexte de l'enquête policière qui est à portée de tout type de lecteur, il y a ce style littéraire qui m'a surprise (voir, rebutée…) au début, puis j'ai dû malgré moi y faire abstraction… Et j'ai dû rater l'effet que cela devait produire sur la psychologie du protagoniste… Bref, j'ai carrément foiré ma lecture, ce qui m'agace un peu. Cependant, il faut se farcir la narration répétitive à foison… Non, rien à faire, je ne peux pas. Non, c'est impossible, pour moi c'est indigeste, peu importe les qualités littéraires que d'autres peuvent y trouver. Cela donne une sensation de lenteur, d'étouffement, comme si le temps s'arrêtait… A la limite de l'hypnose !

Mis à part ce problème, il est évident que j'ai pu finir ma lecture grâce à ce que j'ai pu apprécier, comme le contexte historique : un Japon complètement dévasté de 1945, vaincu et humilié où le typhus, les poux, la vermine, la famine colonisent le pays. Si la narration n'était pas faite pour moi, j'ai vraiment aimé découvrir cette époque à travers les crimes qu'elle a engendrés. Côté polar, enquête, crime et suspense… J'ai connu des jours meilleurs avec d'autres livres !

Il est évident que cet avis reste le mien et que je vous invite à avoir le vôtre. Je ne lirais sans doute pas les deux autres romans de sa trilogie consacrée au Tokyo de l'après-guerre, suite à cet avis mitigé. Quoi que… On ne sait jamais !

Bonnes lectures à tous !
Lien : https://avoslivreschroniques..
Commenter  J’apprécie          10
Une symphonie stylistique de répétitions et d'abstractions dans la descente dans la folie du narrateur, et une enquête palpitante, voila ce que combine, comme d'habitude, ce roman de David Peace... Mais comme la plupart du temps, il sacrifie l'enquête lorsque le narrateur bascule vraiment, et c'est plus que jamais frustrant ici, alors que j'adhérais totalement au trip textuel et à l'intrigue!

J'ai longtemps repoussé la lecture de ce roman-là, mal noté sur Babelio, et qui me semblait moins délirant sur le plan de l'écriture... J'avais complètement tort sur ce dernier point, et sur 90% de Tokyo année zéro, je me suis ré-ga-lé des constructions phrastiques, des passages complètement hallucinés et répétitifs, en m'attachant à ce cher Inspecteur Minami, qui s'incline et qui s'excuse...

Mais le dernier chapitre fait tout sauter. Alors qu'on est depuis le début dans une intrigue similaire à celle de la tétralogie du Yorkshire de Peace (le tueur en série qui a réellement existé, Kodaira Yoshio, s'en prend aux jeunes femmes sous le climat apocalyptique du Japon post-bombes atomiques) et que comme dans cette saga, le doute est permis sur l'existence d'un autre ou d'autres tueurs, voire de possibles accidents... Peace se fiche de la résolution et nous offre une fin déliquescente à la Lewis Carroll où on ne sait plus du tout quoi penser FRUSTRATION. On est tellement happé par l'enquête, que forcément, on est déçu...

Alors certes, Peace dira s'attacher plus à la peinture d'une folie causée par l'horreur d'une époque, à la conception d'une écriture géniale descendante de Joyce, Faulkner et Beckett (et le roman accumule les passages grandioses grâce à elle, le début très fort, les voyages en train, la campagne, les errances de Minami dans Tokyo, le quotidien cyclique à la Un jour sans fin...) mais bon sang, ce serait bien qu'une fois de temps en temps, il évite de faire de l'anti-roman policier, de l'anti-Agatha Christie, et qu'il donne quelques réponses aux questions qu'il pose! Sinon, qu'il ne fasse plus du polar, mais purement du roman sur la folie à la Dostoïevski, et cela évitera les déceptions finales! Il atteint des sommets d'écriture ici, et ma déception sur le manque de résolution claire n'en est que proportionnelle...

Reste que le propos est évidemment passionnant. Le Japon post-1945 tient à coeur à l'auteur, et le dénuement absolu dans lequel se déroulent les investigations est tout bonnement stupéfiant, rappelant d'autres territoires aujourd'hui. Le pays n'est plus que ruines, on est au milieu d'un enfer beckettien dont la mort serait une délivrance, où l'occupant américain fait absolument ce qu'il veut, et où les japonais si fiers n'ont plus qu'à se soumettre et mourir, tout en perdant toute raison... L'idée des identités factices et provisoires est géniale, et ajoute au cauchemar généralisé (et bien évidemment à celui de Minami), à cette fresque de morts-vivants sans nom trébuchant sur leurs répétitions et humiliations...
Commenter  J’apprécie          132
Ceci n'est pas un livre, mais une litanie qui se déroule à l'ombre d'une cité à l'agonie. Après avoir déversé sa plume malsaine dans la région de son Yorkshire natal, David Peace a quitté la Grande Bretagne pour trouver refuge au Japon où il a désormais entamé une trilogie décrivant les affres d'un pays alors à l'aube de sa renaissance. Tokyo Année Zéro débute au moment où l'Empereur annonce à la radio, la capitulation de son pays. Année Zéro où les bourreaux d'hier deviennent les victimes des Vainqueurs. Année zéro où un peuple déshonoré tente de survivre dans une cité dévastée. Les marchés sont en main des mafias locales. La police fonctionne au ralenti, victime des remaniements et des purges imposées par les Vainqueurs et les femmes vendent leurs charmes dans les parcs en friche. Deux d'entre elles sont découvertes dans les jardins désolés d'un temple de Tokyo. Même modus operandi, l'inspecteur Minami va donc enquêter sur un tueur en série qui sévit depuis plusieurs années. Basé sur un fait divers réel, David Peace ne s'attarde pas vraiment sur ces crimes en série mais s'attache à nous décrire une société en pleine décomposition où personne n'est ce qu'il prétend être. L'humiliation de la défaite, la folie d'une guerre sanglante, nous suivons les traces d'un policier possédé par les images d'un passé dont il ne peut se défaire. Nous suivons ses errances dans une ville faite de décombres et de charniers où la population tente de survivre comme elle le peut.

Dans ce roman nous découvrons plusieurs voix d'un seul et même personnage ce qui donne au récit un côté schizophrénique en lien avec le contexte chaotique des décors dans lequel il se déroule. Comme dans la quadrilogie du Yorkshire, les phrases sont courtes, répétitives comme s'il s'agissait d'une espèce de procès verbal dévoyé. Une lecture peu aisée, qui se mérite, voici comment l'on peut décrire le premier opus de cette trilogie japonaise. le style de David Peace à cette particularité du radicalisme le plus absolu pour les lecteurs : On aime ou on déteste avec le mérite de ne laisser personne indifférent. Comme pour ses romans précédents, l'histoire se base sur un tueur en série ayant réellement existé pour mettre en relief, l'horreur d'une société laminée par la défaite qui peine à se relever et va entamer un long chemin de résilience.

Avec ce premier opus, David Peace a su se dégager de son univers sordide du Yorkshire pour nous entrainer dans un voyage au coeur de la folie d'un pays meurtri par la défaite. Un texte rythmé fait d'onomatopées pour nous faire ressentir la crasse, les démangeaisons, la chaleur et la vermine qui ont envahi une cité à l'agonie. Serez-vous du voyage ?
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (263) Voir plus



Quiz Voir plus

Retrouvez le bon adjectif dans le titre - (6 - polars et thrillers )

Roger-Jon Ellory : " **** le silence"

seul
profond
terrible
intense

20 questions
2879 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , thriller , romans policiers et polarsCréer un quiz sur ce livre

{* *}