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EAN : 9782070362745
192 pages
Gallimard (08/12/1972)
3.72/5   185 notes
Résumé :
"Moulin de Pologne, pourquoi ce nom? Personne n'en sait rien.
Les uns prétendent qu'un pèlerin polonais allant à Rome s'établit jadis à cet endroit-là dans une cabane. Un peu après la chute de l'Empire, un nommé Coste acheta le terrain, fit construire la maison de maître et les dépendances qu'on voit encore. Coste était un enfant du pays, mais il y revenait après un long séjour au Mexique. C'était, paraît-il, un homme maigre et silencieux. On se souvient surt... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (24) Voir plus Ajouter une critique
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« le Moulin de Pologne », un curieux livre, qui par plusieurs aspects tranche avec le reste de l'oeuvre. Jean Giono nous présente un morceau d'histoire de la famille Coste ; une famille frappée de malédiction dont les membres meurent tous d'une manière ou d'une autre, mais tous de mort violente…

Le Moulin de Pologne n'est autre qu'une riche propriété à l'extérieur d'un gros bourg provençal qu'on imagine sans peine être inspiré de Manosque, la ville que Giono ne quitta guère. Un narrateur sans nom décrit la vie sur quasiment un siècle de la famille maudite.
Tout d'abord, l'installation du père Coste, un veuf, et de ses deux filles ; il a perdu sa femme et ses deux fils dans des circonstances tout à fait particulières. Aussi, veut-il s'assurer qu'il n'arrivera pas malheur à ses filles et cherche à les marier à des garçons auxquels « rien n'arrive jamais » …
Il finira par les trouver : deux frères, effectivement sans histoires. Il n'en faudra pas plus pour que le destin s'acharne contre leurs familles génération après génération ; désespérant... Restera Julie, la jolie Julie, initialement, mais à demi défigurée au moment du récit.
Elle vit en dehors de tout et de tous… Jusqu'à l'arrivée de M. Joseph. Il vient de s'installer au bourg. Sous leurs efforts conjugués, le Moulin de Pologne semble revivre. La malédiction qui frappe la famille Coste serait-elle à jamais conjurée, ou ne cherche-t-elle qu'une occasion pour frapper à nouveau ?

« le Moulin de Pologne », un ouvrage particulier dans l'oeuvre de Giono, certes, mais un des mes préférés. Il dépeint, en arrière plan, la médiocrité extraordinaire des gens ordinaires. Giono, délaissant ici son art de magnifier sa chère Provence, nous livre un texte fort qui ne laissera pas le lecteur indemne.
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Un Moulin en Provence qui doit son nom à un pèlerin polonais allant à Rome qui y installa sa cabane, et Coste, un gars du pays revenu du Mexique après la chute de l'Empire qui fait construire un maison de maître, achète des terres et des dépendances...Il est veuf et a déja perdu son épouse + 2 fils, mais il lui reste 2 filles : Anaïs et Clara et, il va contacter Mademoiselle Hortense qui doit lui trouver 2 gendres vigoureux et sains avec la certitude de ne plus avoir de malheurs...
Mais, après ces mariages, les décès vont frapper de nouveau la famille et, d'après le narrateur anonyme qui va nous conter sur un siècle le destin des Coste : la malédiction s'abat encore sur les habitants du Moulin. La seule survivante est Julie, défigurée, moquée par les villageois !
Entre temps : un homme inconnu, nommé Joseph est arrivé au bourg, il intrigue et même fait peur à ces médiocres qui ne vivent que de ragots, de mesquineries ordinaires...
Au moment que l' on n'attend le moins, le destin envoie cet homme fort, habile qui va épouser Julie, la venger de tous, il va même retaper le Moulin, valoriser les terres et lui donner un fils : Léonce, par la même occasion : il fait revivre le village...
Jean Giono, dans ce conte provençal reprend son thème favori : le destin, l'homme providentiel ( comme dans " Que ma joie demeure " ). Un inconnu, venu de nulle part vient apporter la vie, la lumière, la joie dans ce monde fermé, noir et rabougri par l'obscurité, la petitesse des âmes ! Ce Moulin est le symbole de la tragédie humaine, de la fragilité des certitudes, des valeurs, des vanités mais aussi la victoire de la nature qui finit par avoir toujours la main sur les destinées !
L.C thématique de septembre 2022 : un LIEU dans le titre.
Challenge ABC des titres 2022/2023 .
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Ne cherchez pas : si vous vous attendez à des hussards assoiffés sur fond d'envolées chopinesques, vous n'y êtes pas du tout. Point de Pologne ici : nous sommes aux alentours d'une petite ville, un gros bourg, disons, qui ressemble – tiens donc – à Manosque. le Moulin de Pologne est le nom d'un domaine. Une belle propriété déjà ancienne, qui porte sur elle comme fatalité. le nom viendrait d'un pèlerin polonais en route vers la Terre Sainte, qui y aurait bâti sa cabane. Un nommé Coste, revenant des guerres de l'Empire, s'y serait installé. Avec lui, c'est la guigne, la mouise, la poisse qui s'installent sur le domaine. Après avoir perdu sa femme et ses deux fils dans des circonstances tragiques, il lui reste deux filles à marier. Il y arrive grâce à une entremetteuse mais la malédiction du domaine continue : de génération en génération, les morts violentes se succèdent, on en arrive à la dernière survivante, Julie, qui, non seulement est victime de la sale réputation de scoumoune de sa famille, mais en plus est défigurée et tenue à l'écart de tous. du moins jusqu'à l'arrivée de Monsieur Joseph...
« le Moulin de Pologne » fait partie de ces « Chroniques » dont la caractéristique principale est de déconcerter le lecteur : ici le narrateur (il n'y en a qu'un, cette fois) nous raconte l'histoire du domaine depuis Napoléon : au résumé que j'en ai donné, on pourrait croire que le thème principal est la fatalité, comme dans les tragédies antiques. Il y a un peu de ça, mais pas seulement : Giono ici ne se réfère pas spécifiquement à Virgile, ni à Eschyle, Sophocle ou Euripide, la fatalité est seulement un argument de romancier.
Et le romancier tient la première place : c'est lui qui tire les ficelles, qui longuement décrit la machination de la fatalité au cours des années, et qui, par un artifice qui lui est familier, (l'intrusion d'un homme providentiel, ici Monsieur Joseph), dénoue l'intrigue.
Mais, cette tragédie, Giono décide de la traiter en opéra-bouffe : il mélange comédie et tragédie comme Shakespeare, ou comme dans le « Don Giovanni » de Mozart (deux références absolues pour le poète de Manosque).
Cette situation est parfaitement analysée par Janine et Lucien Miallet (Présentation du roman dans La Pléiade) :
« Ainsi la chronique si complexe du « Moulin de Pologne », que le mode d'écriture adopté nous convie à contempler avec le détachement et la passion que l'on accorde en même temps au pur spectacle, peut-elle offrir, de façon peut-être encore plus totale qu' « Un roi sans divertissement » la fusion du comique et du tragique […] Mais le comique est comme englobé dans le tragique, et tous deux se répondent en écho […] Giono joue avec le lecteur, et nous conseille finalement de cultiver nos fleurs, si nous pouvons. Nous attendons, d'un bout à l'autre du livre, une révélation qui nous est dérobée – puisqu'il n'y a pas de vérité. Cette démarche un peu frustrante nous propose, sans insister, une vision du monde proche du désespoir et une esthétique de l'ironie »
C'est un peu le sentiment qui ressort de la lecture de ce roman : autant on reste toujours admiratif de la prose de Jean Giono, toujours aussi fluide et aussi « parlante » (bien qu'il y ait peu de descriptions et peu de dialogues), autant on a l'impression d'être resté spectateur, de n'être pas véritablement entré dans le roman.
Chacun des romans de Giono (dans sa deuxième manière) est quelque peu expérimental. Et celui-ci en est une preuve indiscutable.
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Un souvenir extraordinaire de lecture!

L'année où j'ai fait la traversée des Alpes, un soir, j'ai trouvé ce livre dans un refuge et je ne l'ai pratiquement pas lâché avant de l'avoir fini. Je ne parlais plus à mon frère, je lisais, captivé, j'aurai voulu lire tout d'une traite. Il fallait bien dormir et j'ai dû l'interrompre, mais j'avais bien calculé, au petit matin je n'avais plus qu'une dizaine de pages à lire. En petit-déjeunant, j'ai fini juste au moment où il fallait partir pour une longue journée de marche. Une lecture parfaite!

Je dirais que j'ai eu la chance de l'oublier complètement (?), et je l'ai relu récemment avec la même passion qu'autrefois.
Il est question de cette grande ombre : le Destin…
Trois personnages vont l'affronter avec trois approches :
- le père Coste qui le défiera.
- Mademoiselle Hortense qui prétendra l'endormir.
- Monsieur Joseph qui jouera aux échecs avec lui.

Tous perdront avec du malheur, de la cruauté, des morts horribles…
Les victimes et la société qui les entourent tissent une sorte de linceul de malédictions qui renforce et provoque les tragédies sur plusieurs générations.
Le narrateur qui ne s'exclue pas de ces médiocres, nous glace en décrivant une stupéfiante scène de lynchage où l'on ne sait plus qui est victime.
Au moment où l'on se trouve désorienté en pensant : «…Et si c'était possible?»; on tombe sur cette phrase énigmatique enfouie dans le roman :
«Le destin n'est que l'intelligence des choses qui se courbent devant les désirs secrets de celui qui semble subir, mais en réalité provoque, appelle et séduit.»
… Que j'interprète comme : on porte en soi le Destin, mais il est écrit en runes indéchiffrables. On peut comprendre comment il fonctionne, mais en aucun cas le maitriser.
Tout le récit est palpitant, on veut lire plus vite, on oublie de respirer…et de gouter ce style inspiré qui vaut bien celui de Flaubert pour rendre les sensations…

Ne ratez pas «Le Moulin de Pologne»!
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Que vient faire la Pologne en Provence ?
On n'en saura rien car ce n'est absolument pas le sujet.
Ce roman est écrit dans un style magnifique au service d'un cynisme à toute épreuve. En donnant la parole à l'un des personnages très engagés dans le récit, Giono donne une profondeur savoureuse aux mesquineries des uns et des autres dans un village où chacun s'épie.
On est entre Balzac et Pagnol, c'est un régal.
C'est ma première lecture de Jean Giono. Ici, pas de description de la Provence comme j'en ai souvent entendu parler. Mais un portrait de la nature humaine avec juste ce qu'il faut d'ironie, une acuité qui force le respect.
Je me suis régalée.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Je sais très bien faire le feu.
Il parait que c'est l'apanage des amoureux et des poètes.
Je pris mon repas bien au chaud en le faisant traîner.
Je ne suis pas de ces hommes seuls qui se dépêchent.
Mon état m'a toujours plu.
Il n'y a jamais eu aucune raison que je me hâte.
Mes plus grandes JOIES, je les ai toutes eues dans ces lenteurs.
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L’essentiel n’est pas de vivre : c’est d’avoir une raison de vivre. Et cela n’est pas facile à trouver. Je sais bien qu’il y a des gens qui ont toujours la grandeur à la bouche, encore faut-il pour trouver une raison de vivre dans la grandeur, avoir les éléments de cette grandeur en soi ou autour de soi. En nous-mêmes, il est impossible qu’il y en ait. Et je vais vous dire très simplement pourquoi. Tout notre temps est pris par la recherche du nécessaire matériel. Plus que tout le monde, mais disons, si vous le préférez, comme tout le monde, il nous faut manger avant d’être vertueux. Neuf fois sur dix nous constatons que, pour nous emplir la bouche, il faut vider celle du voisin. A ce régime, celui qui porterait en lui les éléments de la grandeur crèverait, la bouche vide, comme doivent mourir les plus faibles. Aussi bien ceux d’entre nous (et il y en a, hélas!) qui ont été dotés de certains éléments de grandeur s’empressent de s’en débarrasser, sinon ce serait un suicide. D’instinct, on va aux choses capables de nous conserver la vie. C’est ce que nous faisons. C’est pourquoi, en nous comme autour de nous, tout est petit.
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Il pouvait vivre indéfiniment seul, mais il fallait être dépourvu de la plus modeste des intelligences pour méconnaître son extraordinaire appétit d'amour que son mépris apparent dissimulait par timidité.
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Les danses devaient avoir commencé depuis un certain temps. On jouait une valse. Il ne restait que de toutes jeunes filles dans les couloirs. Elles étaient radieuses avec des teints éclatants et faisaient voler autour d’elles des regards excités comme si tout leur appartenait. Elles parlaient toutes à la fois, sans s’écouter mutuellement et gesticulaient avec une vivacité et une volubilité excessives ou tombaient brusquement des silences, des immobilités de biche entendant le cor.
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C'était à mon avis une si imprudente déclaration qu'il me sembla entendre siffler l'enfer dans la profondeur des sycomores.
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Videos de Jean Giono (61) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean Giono
Denis Infante a publié son premier roman Rousse publié aux éditions Tristram le 4 janvier 2024. Il raconte l'épopée d'une renarde qui souhaite découvrir le monde. Un ouvrage déroutant par sa singularité. Son histoire possède la clarté d'une fable et la puissance d'une odyssée et qui ne laissera personne indifférent. L'exergue, emprunté à Jean Giono, dit tout de l'ambition poétique et métaphysique de ce roman splendide : "Dans tous les livres actuels on donne à mon avis une trop grande place aux êtres mesquins et l'on néglige de nous faire percevoir le halètement des beaux habitants de l'univers."
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