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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ruy Diaz, est banni du royaume de Castille par le roi Alphonse VI, pour l'avoir défié. Suivi dans son exil par des hommes qui lui sont dévoués, il va proposer ses services au Comte Berenguer-Ramon II de Barcelone, qui l'humilie, il rejoint alors Al-Mutaman, roi musulman de Saragosse qui le prend à son service.

Arturo PEREZ-REVERTE nous offre un roman captivant. Tout d'abord, nous entrons dans l'Histoire de l'Espagne, avec les guerres de pouvoir. Mais c'est surtout un conte extraordinaire sur un homme hors du commun.

Luis Diaz, est certes un combattant exceptionnel, mais il est humain. Il a ses doutes et ses faiblesses. Homme intègre, il restera fidèle à son roi malgré son bannissement. Sa loyauté et son sens de l'honneur lui vaudront une grande reconnaissance. Il se fait respecter et aimer parce qu'il vit comme ses hommes, il dort sous la même tente, mange la même chose et se retrouve toujours en tête de combat. Il est également respectueux des autres et des coutumes.

L'auteur nous dépeint les paysages, les équipements ; rien n'échappe à son oeil inquisiteur et nous avons l'impression de rentrer dans un tableau, ou en pleine scène de tournage d'un film. Lors des combats, vivons l'intensité des affrontements, nous sentons l'odeur de la terre, du sang, nous sommes aveuglés par la poussière, nous ressentons presque la douleur des blessures.

Et puis, il y a aussi les relations humaines. La vie des troupes, l'amitié, le respect, le sens de l'honneur… Sidi est attentionné envers ses hommes, il est dur mais juste et bon, et tous le suivront jusqu'à la mort s'il le faut… Nous suivons ces hommes vaillants qui vont avec ardeur au combat : vaincre ou mourir…

Bref, un Cid réussi. Pas un surhomme, mais un chevalier qui se bat pour sa vie et pour la survie de ses hommes… Un homme qui connaît le prix de la vie.

Une bonne histoire ne suffit pas, il faut aussi une belle narration, et là nous sommes comblés. C'est un sans faute. Félicitations, Monsieur PÉREZ-REVERTE vous avez réussi votre pari, votre Cid, ou Sidi est une merveille… Merci...

Remerciements à Babelio de m'avoir proposé la lecture de ce roman.

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"Les légendes ne subsistent que vues de loin" (p 38).... Arturo Perez Reverte nous démontre le contraire, tant il nous plonge dans la légende

On a tous en souvenir cette tirade, tirée du Cid de Corneille, que certains ont dû à une époque apprendre par coeur :
"ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains."

Et bien vous pouvez oubliez ce que d'aucuns considèrent comme un mauvais souvenir, et plongez vous dans ce roman historique de très bonne facture.
J'avais quitté l'auteur il y a quelques années, 1990/2000 suite à la lecture des aventures du Capitaine Alatriste, ou le tableau du maître flamand.
Peut-être est-ce moi qui avais trouvé un manque de souffle dans ces ouvrages ? , ou peut-être est-ce l'auteur qui avait eu du mal à se renouveler ?.

Quand Babelio et les Éditions du seuil m'ont proposé à la lecture ce nouveau roman d'Arturo Perez Reverte, j'avoue que je ne m'attendais pas à me laisser happer de cette manière.
Il y a pour moi deux types de romans historiques :
Ceux dans lesquels l'aspect historique est un prétexte à venir y apposer un imaginaire, que l'on peut considérer comme collectif, voire une intrigue capillotractée. Et au final vous vous retrouvez avec avec un roman poussif dans lequel tout se mélange pour finir par composer un roman historique ;
Et ceux dans lesquels, vous êtes immédiatement happé par une histoire qui tient la route, une écriture soutenue et rythmée, des personnages charismatiques, un souffle épique, un subtil mélange entre histoire et romanesque. Bref un savant dosage qui une fois bien respecté donne ce genre de passage :

"Il prit de nouveau une inspiration profonde pour juguler le vague frémissement qui montait de son aine jusqu'à son estomac et son coeur. C'était une sensation familière, qu'il avait découverte dix-sept ans plus tôt pendant la bataille de Graus, quand la cavalerie castillane avait chargé celle de l'Aragon.
Ce jour-là, pendant qu'avec trois cents autres cavaliers il baissait sa lance, serrait les dents et piquait sa monture en priant Dieu de le sortir de là vivant, il avait éprouvé pour la première fois, dans les innervations de ses cuisses et de son ventre, la sensation pareille à celle que produit le son d'une lame d'épée dont on avive le tranchant sur une pierre à aiguiser : le profond et subtil effroi, que les mots ne peuvent rendre, de la chair consciente de sa vulnérabilité quand se présente l'acier qui peut la percer, la trancher et la donner en pâture aux vers.
À cet instant-là, il s'aperçut que les Maures avaient découvert que la chênaie leur cachait quelque chose. On les entendait crier dans leur langue, quelques-uns d'entre eux pointaient le doigt dans leur direction, et le gros de la troupe s'arrêtait, en tumulte. Leurs éclaireurs faisaient demi-tour et revenaient au galop.
Le moment était venu.
Il se tendit tout entier et regarda enfin Félez Gormaz. Sans geste ni ordre, celui-ci cracha de côté, porta le cor à ses lèvres et fit retentir un long bramement. Ruy Díaz avait déjà piqué son destrier, qu'il fit sortir du bois.
Allons-y, se dit-il, résigné à l'imminence du choc. Qui s'ajoutait à la trouble sensation d'aller à la rencontre d'un ennemi sans que rien s'interposât entre eux.
De nouveau, il était temps de vivre ou de mourir. D'approcher de la rive obscure.Il éperonna un peu plus, gagnant de la vitesse. Pendant que Persevante passait du pas au trot, il songea un instant à Jimena et à ses filles, avant de les oublier. Là où il allait, elles ne pouvaient l'accompagner. Il était même dangereux de les avoir à l'esprit, elles distrayaient son attention. L'affaiblissaient. le faisaient penser à la vie, au désir de la préserver à tout prix, et cette pensée avait raison de n'importe quel guerrier : c'était le principal empêchement, si l'on voulait rester en vie. "

Vous l'aurez compris les pages défilent à la vitesse d'un destrier lancé à pleine vitesse avant l'assaut.
On ressent la poussière soulevée par les lanciers et le galop des chevaux ;
On sent la chaleur du métal des épées qui s'entrechoquent, des heaumes cabossés par les coups ;
On respire le souffle des hommes qui se battent, de la respiration des chevaux ;
On scrute l'horizon à la recherche des ennemis.
Une immersion dans la légende
Beaucoup se sont emparés du personnage du Cid, mais bien peu en connaisse l'histoire. Celle de Rodrigo ou Ruy Díaz de Vivar, dit El Cid Campeador (littéralement vainqueur de batailles), né peu après l'An Mil, et qui est un chevalier ou plutôt un mercenaire de la Reconquista. Il servira le premier roi de Castille, puis passera au service du roi de Léon, ensuite il se mettra au service de l'émir de Saragosse et deviendra Sid, Sidi : "Sidi Qambitur, dans ma langue… Maître triomphateur, dans la tienne"
Alors en résumé, enfilez votre haubert et votre camail, votre armure, votre heaume attrapez votre écu, et ¡Santiago!. ¡Castilla y Santiago! Foncez vers ce roman

Et Je partis seul à l'assaut de ce livre ; mais sans prompt renfort,
Je me vis repu de ces aventures en arrivant à bon port,
Tant, à le suivre marcher avec un tel visage,
Je lus que les plus épouvantés reprenaient de courage !
Le reste, dont le nombre augmentait à toute page,
Brûlant d'impatience, autour de lui demeure bien sages,
Se couche contre terre, et sans faire aucun bruit
Passe une bonne part d'une si belle nuit.
Par son commandement la garde en fait de même,
Et se tenant cachée, aide à son stratagème ;
Et je lus hardiment d'avoir reçu de ce livre
Une histoire que la légende continuait à faire vivre.

"Le plus souvent, les légendes se construisent sur des défunts. Mais toi, tu es une légende vivante, Sidi Qambitur."
Il est certain qu'avec ce genre de texte la légende est loin de s'éteindre et est bien toujours vivante
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Sidi est la version de l'épopée du Cid dans l'Espagne du XI éme siècle par Arturo Perez Reverte. Un roman dense, magnifiquement écrit, qui se concentre en quatre parties sur la période qui a suivi l'ordre de bannissement de Rodrigo Diaz de Vivar (Ruy Diaz) de sa Castille natale suite à ses altercations avec le nouveau roi de Castille et Leon Alphonse VI.

Ruy Diaz était un proche, un familier, le porte-étendard de Sanche II, l'ancien roi, assassiné lors du siège de Zamora. A la mort du roi, il a devant la cour exigé d'Alphonse qu'il jure ne pas avoir ordonné la mort de son frère. Une mise en accusation qui a conduit quelques mois plus tard à cet ordre de bannissement qui oblige le nobliau, chef de guerre, Ruy Diaz à quitter sa femme et ses enfants pour partir avec ses derniers fidèles sur les routes entre royaumes catholiques du nord et taïfas musulmanes au sud et à l'est.

La première partie correspond à cette période de doutes. Ruy Diaz a agi comme sa conception de l'honneur lui ordonnait, par fidélité à Sanche, mais un petit noble de si basse importance n'aurait pas dû s'opposer au nouveau roi. La seule chose qui lui reste, c'est sa connaissance des combats qu'il a partagés avec les quelques guerriers qui l'entourent. Des soldats qui suivent un chef banni et dont il se sent responsable. Des hommes loyaux, qui doivent survivre dans cette zone frontière mouvante entre catholiques et musulmans, où les uns et les autres mènent des raids violents, tuant sans état d'âme et emmenant en esclavage les femmes et les enfants.
Les réflexions de Ruy Diaz sur sa situation et celle de l'époque sont remarquablement amenées par Perez Reverte, avec beaucoup de style.

La deuxième partie va expliquer comment ce chef de guerre, rejeté par tous les grands seigneurs chrétiens, s'est rapproché du roi de la taïfa de Sarragosse, Mutaman. Comment oublier les fantômes du passé, aller au-delà des oppositions religieuses, trouver un intérêt commun ? Perez-Reverte démontre là que les oppositions les plus farouches, les inimitées les plus totales, peuvent aussi, à certains moments, sous l'effet des circonstances, mener à des accords inattendus.

Les troisième et quatrième partie voient le chef mercenaire mettre en place une armée mélangeant chrétiens et musulmans, tous portés par ce chef charismatique, qui va les mener à une première victoire, chèrement payée.

La forme est plus que soignée, l'art de l'écrivain est là. le lecteur chevauche avec Ruy Diaz, le Sidi Qambitur, le maître triomphateur, perçoit ses doutes, son amitié totale pour ceux qui ont choisi de le suivre. L'auteur est dans son élément : un récit d'amitiés, de fidélité, d'honneur, dans un Moyen Age violent et brutal. Un très bon Perez Reverte.
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On connaissait le Cid de Pierre Corneille, voici Sidi, d'Arturo Pérez-Reverte. du premier, on ne retrouve que Jimena, accordée par le roi à Ruy Diaz qui avait pourtant tué le père de cette dernière pour vider une querelle familiale.
Banni par le nouveau souverain, Ruy Diaz gagne son pain et celui de ses hommes d'armes en se battant pour le plus offrant et en accomplissant les missions guerrières qui lui sont confiées par les puissants.
Ennemi puis allié des Maures, devenu Sidi Qambitur, nous le suivons sur les lieux des combats où s'écrit son épopée. Arturo Pérez-Reverte n'a pas son pareil pour raconter les scènes de bataille, la disposition des armées, l'équipement minutieux des chevaliers, les décisions de leurs chefs et leurs conséquences.
Le récit nous transporte sur la frontière entre deux royaumes, où les alliances se scellent surtout pour conquérir un territoire ou renverser un ennemi commun, bien plus que par tradition ou religion. Maures et chrétiens sont en cela bien semblables, partageant les mêmes vertus, les mêmes prières et les mêmes espoirs.
Ce livre, où le temps se mesure en Credo et en Pater, sent le cuir, le crottin et la sueur, on y brûle sous le soleil aragonais, on y entend comme on y lit le bruit et le fracas des armes et des guerriers, et on y admire ces hommes prêts à mourir pour une étendue de sable ou pour l'orgueil d'un roi.

Un grand merci à Babelio et aux éditions du Seuil pour ce cadeau reçu dans le cadre d'une masse critique.
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En premier lieu, un grand merci aux éditions Seuil et Babelio pour m'avoir proposé de découvrir ce dernier roman d'Artur Pérez-Reverte dans le cadre de Masse critique. Cet écrivain espagnol a le talent de nous faire battre le coeur au diapason de ses personnages. A l'instar du héros Sidi (plus connu en France sous le surnom du Cid), l'écriture est conquérante et vous prend souvent les tripes, le style ralentit ou s'accélère, savamment, en fonction des chapitres, et c'est tout l'art de l'auteur. Il s'empare d'une légende, Ruy Diaz de Vivar, mélange les réalités historiques et les mythes, et puis forge son propre « Cid ». Les pages se tournent au seul plaisir de la lecture, avec toujours, pour ma part, la tentation d'aller sur Wikipedia, en savoir plus sur ce héros espagnol. Mais faites comme moi savourez l'instant et le bonheur de la découverte.

Au XIème siècle, Ruy Diaz est un valeureux chevalier attaché au roi de Castille, Sanche. Malheureusement, ce dernier meurt dans des circonstances qui poussent Ruy Diaz à demander de façon irrévérencieuse au nouveau roi Alphonse, s'il n'est pas l'assassin de son défunt frère. Alphonse VI va en garder rancune et le bannira du royaume de Castille. Ruy Diaz à la tête d'une troupe de mercenaires fidèles, lutte aux frontières des royaumes musulmans. Son panache, son courage et son audace vont lui valoir le surnom de Sidi, Maître. A partir de là, il vendra son épée au plus offrant, seigneurs Chrétiens ou Maures. A cette époque, il n'est pas rare que les alliances entre Maures et Chrétiens se fassent au détriment d'autres territoires chrétiens ou musulmans. Dans ce roman, Arturo Pérez-Reverte retrace une partie de la vie de Ruy Diaz, quelques mois, qui vont faire de faire de lui, une légende.

Je connaissais le Cid à travers les vers de Corneille dont « Nous partîmes cinq cents ; mais par un prompt renfort - Nous nous vîmes trois mille en arrivant au port. » Mais la tragédie de Corneille est très loin de la réalité historique, si tant est qu'elle soit vérifiable. Avec Arturo Pérez-Reverte c'est plutôt le souffle épique qui traverse les pages, on y croise la violence des combats, la peur, la mort omniprésente, mais aussi des moments de grâce, la croyance à un Dieu tout puissant, l'amour et l'amitié entre les guerriers plus forte finalement que tout le reste.

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Tout d'abord avant de débuter cette chronique, un grand merci à vous, Nathan , ainsi qu'à toute l'équipe Babelio pour m'avoir de nouveau proposé une lecture lors de cette masse critique privilégiée. Merci également aux éditions Seuil pour l'envoi de ce livre.

Qui ne connait pas l'épopée de Rodrigo Diaz de Vivar, dixit le Cid ou Sidi!
Corneille s'en est inspiré tout comme de multiples artistes revisitant le mythe de ce célèbre guerrier, figure de l'Espagne.
Arturo Pérez-Reverte, à son tour, nous livre son propre portrait.

XIème siècle.
L'Espagne se déchire entre royaumes. Léonais, Castillans, Galiciens, Francs, Aragonais, Asturiens, Navarrais s'affrontent entre eux, se lient parfois par alliances et surtout s'attaquent ou résistent aux Royaumes Maures quand ils ne pactisent pas...
Banni par Alphonse VI suite à la mort du roi Don Sanche, Sidi Qambitur, le campéador, (le triomphateur) chef de guerre craint et adulé vend ses services aux bourgeois les plus offrants qui le missionnent lui et sa fidèle armée.

Arturo Péres-reverte n'en est pas à son premier roman historique et on le ressent bien.
Sa plume nous fait parcourir les plaines et montagnes arides d'Espagne comme si nous y étions. Là, chevauchant avec cette armée, à ressentir les éléments et la poussière, la fatigue, les muscles tendus.
Guerriers, recrues, va-en-guerre, nous portons le poids du combat et de l'attente interminable de l'assaut.
Il balaie tout un pan de l'histoire espagnole au gré des voies empruntées vieilles de plusieurs siècles foulées tant par les romains et les goths que les envahisseurs islamiques.

L'art de la guerre de ce stratège transperce les pages au même titre que les âmes des soldats de Ruy Diaz qui sont admirablement traitées. Au delà de leur fait d'armes sans pitié, se sont bien celles d'hommes n'ayant que deux dogmes, Dieu et Sidi ( maître en Maure) .
Sidi, cet homme au nom qui résonne dans toutes les contrées , conspué des rois chrétiens , redoutable et calculateur, conquérant émérite aux multiples victoires, héros inébranlable des plus grandes batailles mène ses troupes pour la survie de tous.
De déconvenues en conquêtes se tissent au beau milieu de la sauvagerie un code d' honneur et de respect tandis que s'élève la félonie des divers royaumes.
Perez Reverte épice à merveille cette épopée que ses mots illustrent sans peine , exalte le lecteur par un rythme toujours à propos.

Au delà de la guerre, c'est aussi la richesse des mélanges des cultures qui ressort , l'accent sur les nuances d'un islam modéré maure face aux charges dévastatrices des djihadistes venus d'Afrique du nord, les réceptions somptueuses dans des palais féériques orientaux à l'opposé de l'austérité chrétienne, les populations décimées ou vouées à l'esclavage, puis ces existences pour d'autres vouées aux combats sur leurs chevaux, les alliances de tacticiens que tout opposait.
Deux maitres mots : conquêtes et pouvoir.

Ainsi était l'Espagne médiévale.
Ainsi Sidi fut l'Espagne.

Voilà un roman historique sur le Cid que je n'aurais pas choisi, un peu loin de mes choix littéraires du moment et j'en suis donc doublement comblée. En grand reporter de guerre, Perez-Reverte éxecute avec brio l'ecriture des champs de bataille et des esprits guerriers. Une découverte fort intéressante doublée de voyages dans le temps qui m'ont littéralement happée et ravie.
Tout me pousse à approfondir l'oeuvre d'Arturo Perez-Reverte.

Un roman d'une grande maîtrise, passionnant et exaltant.
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Ruy Díaz a été exilé. le roi de Castille Alphonse VI l'a exilé pour avoir osé lui demander de jurer qu'il n'avait pas trempé dans l'assassinat de son frère, dont Díaz a été le porte-étendard. Suivi par une petite troupe de fidèles, le voici dans la nécessité d'assurer du pain à ses hommes. Après avoir pourchassé quelques incursions maures à la frontière, et faute de seigneurs chrétiens ayant l'intelligence de retenir à son service ce chef de guerre dont la réputation monte, il passe au service du roi maure de Saragosse, qui lui a bien l'intention de se servir de cette épée que le destin lui fait tomber entre les mains.
On est fort loin ici de l'image de guerrier propre sur soi boutant les Maures hors d'Espagne: la frontière bouge tous les jours, les chrétiens font alliance avec des royaumes musulmans contre d'autres chrétiens, qui en font autant, ça pille, ça massacre, et quand la cavalerie lourde charge, sauver sa peau est la seule vraie pensée. C'est une partie courte de la vie du Cid et au fur et à mesure du roman, on voit sa légende lentement enfler et on le referme avec satisfaction, heureux de la chevauchée.

C'est du Arturo Pérez-Reverte au mieux de sa forme.
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Je découvre Pérez-Reverte par ce roman "SIDI" - alors qu'il est un écrivain largement reconnu - sur le conseil de ma libraire.
Que le personnage principal, que nous ne quittons pas un seul instant, soit le Cid n'importe guère ; c'est ce guerrier (mercenaire pour employer un mot aujourd'hui péjoratif, mais le terme n'est pas utilisé dans ce contexte historique du XIème siècle) dont l'auteur dresse le portrait : dur, cruel mais droit, attaché à l'honneur mais philosophe au regard des situations. Et c'est l'autre intérêt de ce roman : la richesse des dialogues et des réflexions – qui prennent le pas sur les scènes de batailles, et c'est heureux.
Une invite à se pencher sur les autres romans de Arturo Pérez-Reverte.

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L'Espagne du XIème siècle est fracturée en divers Royaumes gouvernés par les enfants du défunt Roi Ferdinand. Cet héritage conduit à des luttes fratricides. Au cours des campagnes du Roi Sanche II de Castille, son bras armé et porte-étendard, Rodrigo Díaz de Vivar, se forge une solide réputation de combattant fidèle. Il acquiert le surnom de Sidi Qambitur, le Seigneur Triomphateur.
A la mort de Sanche II, son frère Alphonse VI reprend la couronne de Castille. Ruy Díaz, suspicieux des circonstances de la mort de son défunt souverain, adjoint publiquement Alphonse VI de prêter le serment de ne pas avoir fomenté son assassinat. A la suite de cette provocation, quelques mois plus tard, Ruy Díaz et ses hommes sont bannis du Royaume.
Sans roi, sans terre, Sidi choisit d'offrir ses services aux mieux offrants. Au début du roman, Ruy Díaz et ses hommes poursuivent des guerriers Maures, lesquels pillent villes et villages.

Un roman historique
Sans que le roman ne s'alourdisse, l'auteur parvient à rendre compte de la grande complexité de cette époque. Les jeux de pouvoir, guerres et alliances se jouent entre les Navarrais, Agaronais, Castillans, Léonais, Galiciens, Francs, mais aussi Maures et Moabites.
L'aspect historique du roman transparaît également par le réalisme des combats, et le pragmatisme des réflexions stratégiques, les conflits entre religions – leurs ressemblances néanmoins plus que leurs différences – musulmans et chrétiens étant prompts à unir leurs forces contre un ennemi commun.

Stratégies, art de la guerre, jeux de pouvoir
Que ce soit lors de la course-poursuite des guerriers Maures, ou bien à l'occasion de batailles épiques , la stratégie est omniprésente dans le roman. L'auteur parvient à exprimer la complexité et la multiplicité des éléments à prendre en compte : analyse du terrain, de ses ressources, une anticipation – voire un pari - des mouvements de l'ennemi...
Ces choix difficiles peuvent, par ailleurs, être contraints par la politique, le Roi étant in fine seul décisionnaire. .
Il ressort du roman qu'il n'y a jamais réel vainqueur ou vaincu, que l'issue d'une bataille dépend moins des forces en présence que des choix stratégiques et du courage des Hommes. le roman dépeint des atrocités inhérentes à la guerre – pourtant, à travers la philosophie de Sidi, et le code moral qu'il applique, elle n'est pas exempte d'une certaine noblesse.

Le respect des valeurs, la fidélité des hommes,
Sidi, excellent stratège, est également reconnu pour ses qualités de meneurs d'homme. Une caractéristique qu'il doit à son attitude, « dure mais juste » ; implacable ; et à son courage, n'hésitant pas à se mettre en première ligne.
Hélas le rôle qui lui incombe nécessite des décisions tragiques et déchirantes, .
Grâce à son égalité de traitement intransigeante et son dévouement à ses hommes ; il a su gagner la confiance de ses guerriers.
Homme d'honneur,

Le clin d'oeil ironique à la renommée du Cid


Je remercie Babelio pour l'envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique.
Rythmé, réaliste sans que la complexité du contexte historique ne nuise à la lecture, épique et dramatique, Sidi est le genre de livre qui reste encore dans la tête pendant plusieurs jours après l'avoir refermé.
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Ce roman est vendu comme la véritable histoire du Cid mais comme le dit M. Pérez lui-même « Il y a de nombreux Ruy Diaz dans la tradition espagnole, et celui-ci est le mien ».
Première lecture de cet auteur et je me demande pourquoi ne l'ai-je pas lu avant ?
En tout cas, son histoire du Cid m'a complètement embarqué dans cette Espagne du XIème siècle. Une aventure épique où résonne le cor de Félez Gormaz, où la sueur et le sang se mêlent jusqu'à recouvrir le sable chaud de la province de Lerida. Une histoire d'hommes pour lesquels la loyauté et la fraternité ne sont pas des vains mots.
J'aurais voulu continuer la chevauchée avec Sidi, ses chrétiens et ses Maures à travers les terres espagnoles. Et c'est donc par pure frustration que je n'ai pas mis 5/5.
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