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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Chacun cherche son Cid, et Pérez-Reverte a créé le sien, un Campeador meneur d'hommes qui bataille le long de la frontière du Duero.
Rodrigo Díaz de Vivar a dû quitter la Castille après une brouille avec le roi Alphonse VI, et c'est suivi d'une troupe d'une cinquantaine de fidèles qu'il offre ses services aux souverains chrétiens ou musulmans.
Le récit débute sur l'incursion du Cid et de sa troupe en territoire hostile. Des notables de la ville d'Agorbe les ont payés pour pourchasser et tuer des pilleurs maures. Pour gagner sa vie, il entre ensuite au service de la Taïfa de Sarragosse, sous les ordres d'al-Mutamán qui mène campagne contre son frère Mundir, gouverneur de Lérida, allié au comte Berenguer Ramón II de Barcelona ainsi qu'au roi d'Aragon Sancho Ramírez.
Commence alors la geste épique du Cid, qui après avoir pourchassé des petites troupes le long du Duero livre de grandes batailles dans la vallée de l'Ebre: Monzón, Tamarite et surtout Almenar, où il capture le très arrogant comte Ramón Berenguer II.

Sidi n'est qu'un épisode dans la longue et captivante existence de Rodrigo Díaz de Vivar. Mais quel épisode! On retrouve dans ce roman le Pérez-Reverte que l'on aime, celui des batailles, de la soldatesque, de la complexité des jeux politiques.
L'auteur déboulonne le mythe franquiste du Cid croisé boutant le maure hors d'Espagne.
« Sólo soy un hombre de la frontera », déclare El Campeador, et cette phrase symbolise bien le roman. Car frontière il y a, en ce XIème siècle, des territoires chrétiens, des taïfas musulmans, des pauvres gens qui tels des pionniers de la conquête de l'ouest s'installent dans des no man's land entre des frontières mouvantes et fluctuantes pour travailler la terre, et se retrouvent à la merci de mercenaires, de pillards, de maures arrivés d'Afrique..Mais cette frontera qui a fait l'Espagne est infiniment plus complexe puisque les maures ont des alliés chrétiens, et les chrétiens des protecteurs maures, et que le Cid combat tantôt les uns, tantôt les autres…

Sidi est donc est une geste guerrière, un western médiéval avec sang et poussière, qui montre la fulgurante évolution d'un petit nobliau de province qui devient peu à peu un fin stratège, un meneur d'homme respecté des maures (qui le surnomment Sidi Qambitur) et des chrétiens, un homme d'honneur en ces temps agités. Le récit est riche de scènes d'actions, et de dialogues, pétri de vocables latins, castillans, arabes. Sidi est la naissance d'une légende. Le lecteur savoure le dialogue final entre le prisonnier Ramón Berenguer II et Díaz de Vivar et apprécie l'anecdote liée à Tizona , selon la légende, l’une des épées lui ayant appartenu (avec Colada). Ce n'est pas le portrait triomphant et manichéen du héros de la Reconquista, c'est le parcours d'un homme intelligent à l'aura grandissante quelques mois après son expulsion de Castille sur ce que fut la Frontera au XIème siècle.
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Tout d'abord un très grand merci à Babelio et à l'opération Masse critique qui m'a permis de recevoir ce beau livre !
Je ressors plutôt emballé par la lecture de ce Cid version Pérez-Reverte. On est ici loin du classicisme de Corneille mais bien davantage dans le bruit et la fureur. Et d'ailleurs le livre m'a souvent fait penser, par la dimension cinématographique de ses description, et l'enchainement de son scénario à un film de Ridley Scott comme Kingdom of Heaven. Même période, même volonté afficher de montrer ce qui rapproche musulmans et chrétiens plutôt que ce qui divise. le livre comprend de très belles scènes et surtout nous permet d'approcher de manière très forte un personnage extraordinaire de combattant (Sidi ou le Cid) particulièrement droit et courageux ayant travaillé successivement pour des rois chrétiens et musulmans dans l'Espagne de la Reconquista (équivalent local si l'on peut dire des Croisades au Proche-Orient).
Les scènes de batailles sont tout à fait puissantes et ce n'est quand même pas si fréquent. On a parfois l'impression de lire un livre en CinémaScope.
Une réserve cependant : l'auteur abuse vraiment à mon sens d'un vocabulaire fort compliqué et disons-le un peu précieux. Ainsi lorsqu'il nomme les musulmans des "agarènes" ! On peut ainsi lire des passages comme "Il se signa, rabattit le ventail du camail". Pour ma part après avoir cherché quelques mots j'ai abandonné et je me suis dit que cela ne devait pas être trop grave. Mais une ou deux fois j'ai trouvé que c'était vraiment exagéré. Par exemple l'emploi fréquent du mot "Moabite" dans ce contexte pose problème car on n'en trouve même pas la signification de manière aisée dans un dictionnaire. (L'auteur veut sans doute désigner ainsi les Almoravides mais c'est dommage de perdre peut-être des lecteurs en route pour cela...).
Cette réserve faite, un très bon livre surprenant et prenant !
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Le Cid, ma première lecture de la tragédie de Corneille, en classe de quatrième, si je ne me trompe pas … Quel scénario ! Mais à part cette réminiscence livresque, aucune notion de ce que fut réellement ce personnage historique. Comme bien des gens, je pensais tout bonnement que c'était un héros de la Reconquista espagnole et je le situais un peu avant 1492 …

Erreur : nous sommes en 1082 ! le décor est donc celui de la fin du 11ème siècle, le long de la frontière fluctuante entre les royaumes chrétiens et les taïfas musulmanes, les uns et les autres combattant sans relâche, soit pour arrondir leur territoire soit pour se combattre entre frères ennemis.

Ruy (Rodrigo) Diaz de Vivar dit El Campéador ou Sidi Quambitur est né en 1043. C'est le capitaine d'une troupe de mercenaires chrétiens employé au service du roi Sanche II de Castille, puis de son frère Alphonse II que celui-ci a fait assassiner pour lui ravir le trône. Contraint à l'exil par Alphonse, Ruy loue ses services et ceux de sa troupe à qui veut employer ses talents de chef de guerre déjà auréolé du parfum de la victoire.

Humilié par le comte Berenguer-Ramon II de Barcelone, il rejoint Al-Mutaman, roi musulman de Saragosse. Il est loyal à celui qui le paie, lui et les soldats de métier dont il assume toute la responsabilité, ceux qui l'ont suivi dans l'exil comme ceux qui l'ont rejoint par la suite. La relation entre ces deux êtres d'exception, malgré la différence de leurs croyances, sera faite de respect et même d'amitié.

C'est là que se déploie tout l'art de conteur d'Arturo Pérez-Reverte : son expérience de correspondant de guerre au coeur des conflits en Europe et au Moyen-Orient, sa connaissance des sentiments des chefs avant la bataille, la lutte pour la survie, la ténacité au cours des combats sanglants.

La description de l'équipement des combattants – le heaume, la cotte de mailles, les armes blanches, les boucliers, les destriers – nous font penser à la fois aux protections dont sont équipés aujourd'hui les combattants ukrainiens et aux guerriers de Guillaume le conquérant à la même époque.

C'est un roman d'action, certes, mais surtout de psychologie, de relations entre soldats, entre chrétiens et musulmans, d'hommes pour lesquels l'honneur est une valeur sacrée, mais la cruauté des batailles intense.

L'essentiel de l'ouvrage est consacré à la description d'une campagne particulièrement sanglante et au sort incertain : la bataille d'Almenara qui opposa Al-Mutamán, roi de Saragosse contre son frère Mundir, gouverneur de Lérida, allié au comte Berenguer de Barcelone ainsi qu'au roi d'Aragon Sancho Ramírez.

Bien avant la prise de Valence, qui rendit définitivement célèbre Ruy Diaz, c'est le roman d'un épisode de la vie magnifique d'un combattant prévoyant et humble, partageant tout de la rude vie de ses hommes, intransigeant vis-à-vis de son allégeance au seigneur qui l'emploie, restant néanmoins fidèle au roi de Castille auquel il réserve toujours un cinquième de ses prises de guerre …

Un livre qui se lit sans répit, vous transporte au milieu de la bataille, plus haletant que n'importe quel film d'action … Un des meilleurs d'Arturo Perez-Reverte, dont j'ai lu presque toute l'oeuvre. Un régal !
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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"Il y a de nombreux Ruy Díaz dans la tradition espagnole, et celui-ci est le mien." le Cid d'Arturo Pérez-Reverte est donc très personnel, fruit du mariage fécond entre histoire, légende et imagination. Et par conséquent, loin de celui de Corneille ou du brillant film éponyme de Anthony Mann. Plutôt qu'une biographie exhaustive, l'écrivain a choisi de se concentrer sur une courte période de l'existence du héros, d'une bataille à une autre, toujours à proximité des frontières, au moment de son exil et de son passage au service d'un souverain Maure. Se vendre au mieux offrant, alors que les alliances sont alors fluctuantes dans l'Espagne chaotique du XIe siècle, semble une obligation économique pour celui qui ne craint pas d'être traité de mercenaire. Dans Sidi, Pérez-Reverte insiste sur la qualité de chef de guerre de Ruy Díaz, stratège habile et meneur d'hommes sans pareil. Si l'auteur excelle dans la description des batailles et de la cruauté du traitement des vaincus, la partie la plus passionnante du livre, bien que nécessairement en grande partie imaginée, est celle de la psychologie d'un héros humble, courageux et madré et de ses relations, parfois à la limite de l'insolence, avec les puissants de l'époque, comme un homme soumis aux ordres mais néanmoins libre de ses pensées et de ses faits et gestes. Tout juste manque t-il à ce récit flamboyant, bien dans la manière d'un auteur qui ne cesse de revisiter l'histoire de son pays, une touche féminine. L'on se prend à rêver d'une vie de Chimène, loin des fracas des combats de son époux, narrée par le romancier de la peau du tambour. Qui sait s'il ne l'écrira pas, un jour ?
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Un bon moment de lecture qui m'a fait découvrir un héros espagnol du moyen-âge, Ruy Diaz de Vivar, alias le Cid, alias Sidi (Seigneur en langue arabe).

L'histoire se déroule au 11eme siècle dans une Espagne instable, à la frontière entre les royaumes chrétiens au nord et les royaumes musulmans au sud.
Sidi est un chef de guerre sans patrie, après son bannissement par Alphonse VI, le nouveau roi de Castille.
Il est à la tête d'une armée d'hommes aguerris aux combats, qui l'ont suivi et qui lui sont entièrement dévoués ; son nom et son prestige militaire promettent aventures et richesses.
Sidi est un homme d'honneur, il reste loyal au roi qui l'a banni, incapable de le combattre lui ou ses alliés chrétiens ou musulmans.
Il est aussi un mercenaire qui doit faire la guerre pour sa survie et celle de ses hommes. Ne pas la faire ou la perdre équivaudrait à son anéantissement. Pour cela, il fait preuve de pragmatisme en offrant son épée au roi de Saragosse, le musulman Al-MUTAMAN.

La narration d'Arturo Pérez-Reverte est un régal. Hâte de le lire à nouveau.
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Reçu dans le cadre de masse critique.

4 chapitres : La chevauchée, la ville, la bataille et l'épée.

La chevauchée permet de présenter le personnage principal et d'expliquer l'origine de son surnom. Sidi.
Suite à leur défaite, les maures se prosternent devant Ruy Diaz en l'appelant Sidi, soit le maître.

Sidi est donc l'histoire romancée du vrai Cid. Comme parfois, un tel personnage est rattrapé par sa légende et de fil en aiguilles cornéliennes un Sidi devient un Cid, un roitelet mésopotamien un prototype de Gilgamesh-Hercule ou encore un Charles de Batz de Castelmore un héros dumassien.

Rodrigo Ruiz Diaz de Vivar, chevalier de petite noblesse est donc un guerrier stratège de renom.
Banni du royaume de Castille pour cause d'honnêteté irrévérencieuse et éconduit par le comte de Barcelone auquel il voulait vendre ses services, c'est que Ruiz Diaz à la tête d'une petite troupe se la joue mercenaire comme le voulait son époque, Ruiz Diaz trouve donc un emploi auprès du roi de Saragosse, un musulman ce qui n'est pas un problème toujours à cette époque.
Ce roi est en bisbille avec son frère cadet, problème d'héritage. Cerise sur le gâteau, le comte de Barcelone prend le parti du petit frère et va donc retrouver sur sa route notre hidalgo écologique.

Quelques commentaires.

Très bien écrit et construit, c'est vivant, on participe à l'attente, longue puis au combat. Attention à ne pas prendre un coup qu'il soit de taille ou d'estoc.

Deux batailles, une petite pour Sidi et une grande car Barcelone est une grande équipe. Mais l'une dans l'autre c'est un peu court pour un récit de 343 pages. Ceci dit on n'allait pas coller à Ruy des combats qu'il n'a pas menés.

Jiména. À peine évoquée en une page. Ce n'était pas l'objet de Sidi mais la femme n'est pas un objet pour Sidi.

Les femmes. Quasi inexistantes hormis je ne sais plus qui pourtant d'un fort caractère. Il leur en fallait en ces temps là, pour exister.

Question. L'auteur a t il été fidèle à ce qu'a vraiment été la vie de Sidi. Vu mes brèves recherches internet, probablement oui mais sans aller jusqu'à Valence.

Psychologie. A l'instar d'un bon film les personnages secondaires ne sont pas négligés d'où des beaux portraits, des lieutenants de Ruiz, de rois ou comtes dont la grandeur du rang n'efface pas la petitesse d'esprit et ce capitaine maure tout aussi chevaleresque que notre Sidi hispaniquement national.

Sidi.
Un beau livre d'aventures un peu court d'aventures mais il s'agit du reflet d'une réalité probablement enjolivée.
La phrase de la fin comme j'aime bien à les citer.
- Dans quelques années personne ne se souviendra de ton triste nom.
- Probablement, monseigneur dit il . Probablement.
Sans commentaires.
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Tout d'abord, je tiens à préciser que j'ai souhaité lire ce livre pour enfin découvrir cet auteur et bien que je ne savais pas à quoi m'attendre surtout, que c'est sur une période de l'Histoire dont je n'ai pas du tout de connaissance. du coup, j'avais un peu peur d'être perdue et en fait pas du tout.
Dès les premières lignes, j'ai été happé par l'histoire tant c'est haletant. Il faut dire que l'auteur a un énorme talent pour nous décrire des combats au point où on a l'impression d'en être spectateur avec aussi, de belles descriptions sur l'équipement des combattants .
De plus, le récit est riche en cultures puisqu'il traite également des traditions des Maures et des chrétiens.
Pour ce qui est de Ruy Diaz dit « El Campéador » ou bien Sidi Quambitur, son courage ainsi que sa psychologie nous sont très bien dépeints, on ressent à quel point il a une influence et on comprend pourquoi il est tant respecté de ses hommes car, c'est un chef de guerre qui prend soin de ses derniers, qui dort dans une tente aussi modeste qu'eux et qui prend les mêmes repas qu'eux. J'ai également aimé les passages sur ses pensées envers sa femme et ses filles car c'est aussi un mari et un père qui espère les retrouver saines et sauves.
Pour conclure, c'est un roman très haletant, sans temps mort, qui se lit donc sans répit. Bref, une belle découverte et c'est le premier livre dans ce genre que je lis.
Lien : https://meschroniquesdelectu..
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Ma première critique stipendiée. Et réglée d'avance par le présent du dernier roman de Perez-Reverte. Ce qui donne une similitude avec Sidi, se battant bien sûr pour l'honneur et la cause, mais aussi pour le butin. le portrait de ce mercenaire honnête et tortueux, calculateur et courageux, cynique et ombrageux est plus convainquant que son flamboyant double cornélien.
J'ai aimé la peinture de cette Espagne bigarrée et guerrière dont la richesse ne repose pas dans ses terres arides et poussiéreuses, mais bien dans ses hommes orgueilleux et opiniâtres. J'ai aimé cette leçon de philosophie qui montre que la vie est d'autant plus intense et savoureuse quand la mort n'est, ni crainte, ni niée. J'ai moins aimé les Moabites trop vite sortis des rangs de DAESH et Rachida trop libre pour ne pas sentir plus l'anachronisme que le musc.
En conclusion, un bon roman d'un bon artisan qui affermira encore la légende du Cid au grand dam de cet obscur et prétentieux comte barcelonais.
Lien : https://walfroy.blogspot.com..
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Espagne, 11ème siècle. La Reconquista est en marche.
Une frontière fragile et dangereuse sépare les royaumes chrétiens des taïfas musulmanes.
Plus fragile encore est l'équilibre géopolitique de la péninsule, où chaque camp est miné par d'incessantes divisions internes favorisant des alliances avec l'ennemi pour se débarrasser d'un rival.
C'est en cette période troublée que vit Ruy Díaz de Vivar, noble castillan qui a été banni du royaume pour avoir humilié publiquement le roi Alphonse VI.
Dépossédé de ses terres, éloigné de son épouse Jimena et de ses filles, n'ayant plus rien que son honneur et sa réputation de guerrier redoutable, il devient mercenaire et propose ses services aux rois et princes, qu'ils soient chrétiens ou Maures.
Il est bientôt recruté par l'émir de Saragosse, Mutaman, qui est en lutte contre son frère.
Celui que les musulmans appellent Sidi (Maître) va alors s'engager dans la dangereuse campagne militaire d'Almenar.
Dans ce beau roman d'aventure qui mélange Histoire et fiction, A. Pérez-Reverte nous livre sa version de l'épopée du Cid, chef de guerre exceptionnel devenu au fil des siècles une légende.
Attention, le récit contient de nombreuses scènes de violence qui peuvent heurter les âmes les plus sensibles.
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[Livre lu dans le cadre d'une Masse critique et donc envoyé par Babelio et l'éditeur]
Reprendre la légende du Cid et en fait un best-seller, voilà le projet tel que décrit sur le bandeau de couverture ; il est vrai que le roman d'Arturo Pérez-Reverte a tout les atours du roman qui se vend par palettes : de l'aventure, un héros immédiatement charismatique et un style fluide, accessible tout en ayant ses moments de grâce.
Sidi c'est donc l'histoire du véritable Cid, du grand vainqueur, du héros de cet épisode notable de l'histoire espagnole, la Reconquista. Banni du royaume car étant bien trop franc (sans mauvais jeu de mots...) Ruy Diàz, notre personnage principal, devient un mercenaire dont les exploits vont être croissants au fur et à mesure du livre, de la petite escarmouche à la grande bataille. Surtout, c'est l'histoire d'une alliance contre-nature pour l'époque : un noble castillan déchu s'allie avec un roi musulman... de quoi faire naître la tension et de nouvelles visions politiques.

Je ne connaissais pas l'auteur à vrai dire, et d'ailleurs ce n'est pas tellement le type de littérature que j'affecte particulièrement : j'aime L Histoire, certes, mais je préfère les essais ou des récits plus "sociaux". La guerre et la fétichisation des grands guerriers, très peu pour moi. Pourtant j'avais déjà pu apprécier par le passé les récits d'un Jaworski qui parvenait à mettre dans des récits militaires une certaine nuance, un récit bien plus humain que morbide. Arturo Pérez-Reverte tente ici la même approche avec un début de roman très terre-à-terre, centré sur les relations entre soldats, la camaraderie à toute épreuve dans un contexte de guerres et affrontements usants. On ressent bien cette usure dans cette troupe de mercenaires fidèles mais qui pourrait chanceler à chaque instant et en soi les 150 premières pages se dévorent et tiennent en haleine (alors qu'on y retrouve "juste" l'attaque d'un petit camp d'ennemis, rien de spectaculaire).
J'ai davantage perdu l'auteur lorsque l'on arrive dans la cour de Mutaman et que les intrigues deviennent très ficelés... Je comprends bien l'idée de faire le récit d'une légende mais je trouve que l'auteur n'arrive pas à choisir véritablement ce qu'est son héros : le monde de Ruy Diaz semble poussiéreux, laid et usant, fait de sang et de complots, et l'on retrouvera une psychologisation et des intrigues qui plairont aux amateurs de saga type Trône de Fer... Mais à côté de cette envie de "réalisme", de rendre crédible, on se retrouve avec un Ruy Diaz très monolithique, sans véritables peur, une figure dont on ne sentira jamais vraiment proche. Il y a la volonté de faire d'une légende un homme dans le récit mais j'ai toujours eu l'impression d'être davantage comme un des fidèles du Cid, constatant les exploits et la construction de la légende mais n'en étant pas le centre réel.
J'en ressors donc avec un certain plaisir de lecture mais également le souvenir d'un personnage principal froid, du moins traité avec une telle distance que le Cid restera un "simple" personnage, un autre. Et de préciser que plus de 300 pages de récits d'hommes virils qui se querellent pour des bouts de terre et des croyances tout à fait instrumentalisées, au bout d'un moment...
Reste des récits de batailles haletants et une écriture parfois cinématographique qui nous garantit un spectacle littéraire.
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