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EAN : 9782221247259
396 pages
Robert Laffont (23/09/2021)
3.61/5   18 notes
Résumé :
Stephen Maserov a de gros problèmes. Ancien enseignant, marié à sa collègue Eleanor, il s'est réorienté et est maintenant avocat de deuxième année au sein du tout-puissant cabinet juridique Savage Carter Blanche, symbole de l’ultra-libéralisme triomphant. Bien qu'il travaille vingt-quatre heures sur vingt-quatre, il est en danger permanent, et à présent imminent, de se faire licencier.
Et pour aggraver les choses, Eleanor, qui n’en peut plus de voir les horai... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Stephen Maserov travaille dans un gros cabinet d'avocats dans lequel les membres du personnel qui ne sont pas associés se laissent exploiter dans l'espoir de le devenir un jour. En deuxième année dans ce cabinet, Stephen est sur la sellette car le principal associé, Hamilton, l'a pris en grippe. Stephen élabore un stratagème pour conserver son emploi en se faisant détacher auprès du plus gros client du cabinet, accusé de harcèlement sexuel. ● J'avais beaucoup aimé Ambiguïtés, mais je dois dire que ce nouvel opus m'a déçu. ● On y retrouve des qualités de style, une écriture bien particulière et originale, qui, sous une apparente simplicité, cache un riche sous-texte. ● le roman décline avec un humour subtil et pince-sans-rire la thématique à la mode des relations femmes-hommes, que ce soit à l'intérieur d'un mariage, dans une relation extra-conjugale, dans une amitié, ou dans le monde de l'entreprise, qu'Elliot Perlman connaît bien puisqu'il est lui-même avocat. ● Mais le roman est décidément trop long ; beaucoup de passages font du sur-place ; le rythme est languissant.
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Grâce aux Editions Robert Laffont et à Babelio (que je remercie bien évidemment), j'ai eu le plaisir de recevoir le dernier roman d'Elliot Perlman. Et en effet le plaisir est bien là. Comédie sur le monde du travail avec un sujet loin d'être source de rigolade (le harcèlement moral et sexuel ), mais aussi sur les relations hommes/femmes, Perlman avec justesse, brosse le portrait de plusieurs personnages que l'on suit avec empathie. le roman à l'écriture très cinématographique je trouve, est richement dialogué et de nombreuses joutes verbales sont un vrai bonheur. le roman aborde aussi la dureté de milieux professionnels ou les mesquineries et jeux d'influences peuvent être destructeurs pour des salariés considérés comme matière jetable. Vous l'aurez compris, Elliot Perlman confirme tout le bien que je pensais de lui à travers ces romans précédents. "Et si le cheval se mettait à parler" est à lire pour passer un agréable moment.
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Troisième lecture de l'auteur australien Elliot Perlman (Trois dollars, La mémoire est une chienne indocile), qui m'avait déjà réjoui. Ce roman explore le monde de l'entreprise, plus exactement celui très particulier des ressources humaines. Un grand cabinet d'avocats, une société du bâtiment, tous deux au coeur de Melbourne. Deux puissances qui s'épaulent et parfois se déchirent.

On ne quitte pas la ville et on ne déserte guère les milieux d'affaires, ce qui pourrait s'avérer vite ennuyeux. Or ça reste picaresque et somme toute comique avec beaucoup de causticité. le harcèlement sexuel est un prétexte à explorer les multiples faux- semblants et chausse-trappe qui sont le quotidien de ces grandes entreprises. Mais Et si le cheval se mettait à parler reste une comédie et non un réquisitoire. Les manipulations internes et les coups bas juridiques sont un peu obscurs et pour tout dire c'est parfois compliqué.

Mais l'ambiance y est. Les plus puissants sont pleins de morgue et les moins favorisés ont les dents longues. Cadeaux empoisonnés, inénarrables réseaux sociaux, indiscrétions, l'on fouine pas mal dans ce roman. Plaignantes victimes, elles-mêmes plus ou moins machiavéliques, harceleurs moyens, très moyens, la société australienne de Melbourne n'en sort pas grandie mais ne sommes-nous pas tous des Australiens et les antipodes ne se rejoignent-ils pas forcément pour le meilleur? Mais à tout prendre la créativité se loge parfois dans les memos et les machines à café.

- Vous êtes l'avocat de ses adversaires! Comment pourriez-vous l'aider?

- Vous voyez tout ça sous un angle antagoniste. Moi je suis créatif. C'est une version postmoderne dr la résolution de conflit alternative.

- Betga, mais enfin comment voulez-vous être à la fois l'enquêteur de Torrent et l'avocat des parties adverses?

Cependant Et si le cheval se mettait à parler n'atteint pas l'intensité si profonde de la mémoire est une chienne indocile.
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J'ai d'abord été tentée par le titre et la magnifique couverture (un cheval en costume accompagné d'un homme et d'une femme également en costume, le cheval semble décidé et savoir où il va)
J'aime beaucoup Eliot Perlman depuis ma lecture de la mémoire est une chienne indocile. Ce roman me confirme que cet auteur sait « me parler ».
Ici Stephen, le « héros », est un avocat (auparavant il était prof mais d'un commun accord avec sa femme, ils ont décidé que les salaires de deux prof en Australie ne suffisaient pas pour vivre et élever des enfants). le voilà donc jeune avocat dans un cabinet où la pression est énorme : à la fin de leur deuxième année de boulot, de nombreux avocats sont licenciés. Alors il trouve un stratagème pour ne pas faire partie de la prochaine charrette. Même si pour cela il devra défendre des hommes accusés de harcèlement sexuel sur des collègues (pour ne pas dire viols sur des collaboratrices) dans une grande entreprise de BTP, cliente principale de son cabinet d'avocats.
Pour cela il se fait aider par Jessica, une jeune femme employée aux RH et par l'avocat des victimes …
La première partie est passionnante avec toutes les conséquences du mouvement me-too qui libère la parole. La deuxième partie est également intéressante même si déjà vue dans d'autres romans (ou comment coincer des salauds quand on sait que 1% des violeurs sont effectivement condamnés …)

C'est à la fois cynique et plein d'humour …Une réussite
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8 ans s'étant écoulés depuis La mémoire est une chienne indocile, ample roman choral, il était vraiment temps que l'australien Elliot Perlman revienne sur le devant de la scène. La chose est faite, et bien faite, avec Et si le cheval se mettait à parler, lequel n'a sans doute pas l'ambition de son livre précédent mais se révèle malgré tout délectable pour ceux qui apprécient depuis longtemps l'auteur du brillant Ambigüités. "Je suis absolument terrifié à l'idée de perdre ce boulot que je déteste absolument", telle est la première phrase de son nouvel opus qui nous transporte dans le milieu de l'entreprise et dans celui des avocats d'affaires, des lieux féroces où tous les coups bas sont permis, commis de préférence par ceux qui détiennent le pouvoir aux dépens des moins privilégiés. le personnage principal de l'histoire est au bout du rouleau : séparé de sa femme et de ses enfants et menacé de licenciement, jusqu'à ce que ... le livre est une comédie assez irrésistible dont le sujet premier est pourtant le harcèlement sexuel, autant dire un thème qui n'incite pas vraiment à la plaisanterie mais ce genre de défi ne fait pas peur à l'auteur, qui s'en repait même, et s'il y avait un reproche à lui faire, ce serait sans doute de "profiter" de l'air de temps, post #MeToo. Mais Perlman a l'art et la manière de désamorcer les critiques, par le développement haletant de son récit et par l'adjonction de sous-intrigues astucieuses, du domaine du privé, qui ont le mérite d'apporter un peu de légèreté , sans compter une propension délicieuse à l'absurde, en particulier dans des dialogues assez souvent savoureux. La description du monde du travail, dont les ineffables Ressources humaines, est à la fois caustique, pertinente et très drôle, quoiqu'elle n'ait rien de spécifiquement australien, on s'en doute. Comédie de moeurs, tragédie sociale, thriller implacable et même western urbain, Et si le cheval se mettait à parler est un modèle de zeitgeist socio-économique qui permet aussi, ce n'est pas le moindre de ses atouts, de se divertir intelligemment.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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critiques presse (1)
LeFigaro
21 novembre 2021
L’avocat et écrivain australien Elliot Perlman nous plonge dans un monde où la trouille règne à tous les étages. Brillant.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Relevaient de la catégorie des "personnes dispensables" les avocats de la firme qui n'étaient plus sur les bons rails pour devenir associés, mais qui pour une raison quelconque n'avaient pas encore été licenciés. Ils n'étaient pas nombreux, mais les autres -tout le monde, en fait- les reconnaissaient au premier coup d'oeil. Une personne dispensable pouvait par exemple avoir un indice de masse corporelle embarrassant pour le cabinet, au cas où elle aurait dû sortir du bâtiment ou être vue par un client. De même, une personne dispensable était susceptible de porter des vêtements avec des taches de nourriture dont elle n'avait pas conscience car sa vue s'était affaiblie au cours de toutes ces années passées à essayer de gagner sa vie. S'il s'agissait d'un homme, peut-être arborait-il une pilosité faciale ne reflétant aucune des modes en vigueur chez les hommes plus jeunes, mais plutôt la condition d'un vieux solitaire qui pleure la nuit dans les profondeurs de son oreiller.
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- Qu'est-ce que c'est, le crédit idiosyncrasique ?
- Un concept en psychologie sociale. Mais peu importe.
- Si, dites-moi de quoi il s'agit.
- On s'en sert pour expliquer pourquoi certaines personnes ne sont pas sanctionnées lorsqu'elles s'écartent des normes du groupe, alors que d'autres sont ostracisées, ou tout au moins critiquées pour le même comportement. Quand une personne est considérée consciemment ou non comme un leader, non seulement les membres du groupe tolèrent ses écarts, mais un vrai chef réussit même à faire des émules.
- Intéressant. Donc, si quelqu'un est un bon chef, ses idiosyncrasies seront tolérées, voire imitées ?
- C'est ça, d'après certains psychologues. [...]
- Frank Cardigan trouve ça absolument fascinant, et il veut que je lui invente des écarts de comportement par rapport à la norme qu'il puisse adopter au sein de l'entreprise, ou tout au moins de son service, afin que je puissed déterminer qui voit en lui un leader. (p. 111)
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- Et bien, pour notre premier audit basé sur les faits, nous voulons que vous demandiez aux deuxième-année ce qu'ils pensent du hot desking.
- C'est quoi, le hot desking ?
- Un système d'organisation où il n'y a plus de postes de travail fixes pour les employés, du coup, ils sont libres de s'asseoir près de collègues différents.
- Donc les gens doivent continuellement changer de bureau ?
- Oui, et souvent sans que cela soit annoncé, lui expliqua Bradley Messenger avec enthousiasme.
- Mais pourquoi ferait-on ça ?
- Pour faire l'expérience du changement ! Parce que le changement, c'est corporate. Et ici, chez Freely Savage, nous impulsons les changements de la société, n'est-ce pas ? Et ce n'est qu'un début.
- Le hot desking, c'est corporate, et c'est pour impulser les changements de la société ?" répéta Maserov, incrédule, passant outre autant qu'il le pouvait la tendance impénitente de ces services à jargonner sans fin en tordant les mots pour leur inventer de nouveaux sens, et transformer sans vergogne les substantifs en adjectifs pour créer l'illusion de termes techniques appartenant au champ sémantique d'une discipline précise.
"Nous voulons exploiter les conséquences énergisantes du changement."
(p. 75)
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Maserov resta assis un moment, abasourdi par cet accueil du directeur des ressources humaines. "Vous savez, il a été prouvé que la division en personnalités de type A ou de type B n'était pas valable. En tant que professionnel des ressources humaines, cela devrait vous intéresser", répondit-il avec une nonchalance inhabituelle. Après tout, il avait tenu tête à Hamilton, et il était toujours en vie.
"Vous verrez que le classement en personnalités A et B est partout en usage.
- Comme la carte American Express. Qui, en réalité, n'est pas accepté partout. Mon pressing, par exemple, la refuse.
- Non, si vous poursuiviez un tout petit peu vos lectures, vous verrez que ces types de personnalités ont été crées par des médecins, voilà pourquoi j'ai toute confiance !
- Sauf qu'ils étaient cardiologues. Ni psychologues ni psychiatres. Et en réalité, leurs études étaient financées par l'industrie du tabac. (p. 73)
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Ces femmes ont su d'instinct quelle était la politique non officielle de notre service.
- Et quelle est-elle ?
- Silence radio. Elles ont dû hésiter, elles étaient réticentes à l'idée d'aller voir les ressources humaines pour tout leur raconter, car elles savaient que leurs témoignages seraient enterrés, ignorés, et que le simple fait d'avoir parlé pourrait même leur attirer des ennuis. Ça ne leur aurait fait aucun bien, et n'aurait causé aucun mal à leurs agresseurs. Voilà pourquoi elles ne viennent pas nous voir pour nous parler du harcèlement sexuel qu'elles subissent, et cela permet à la compagnie de continuer à prétendre que ce genre de problème n'existe pas dans notre culture d'entreprise. Depuis que la première loi sur le harcèlement sexuel a été votée, c'est ainsi qu'on traite les choses. Silence radio. (pp. 159-160)
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Vidéo de Elliot Perlman
Bande annonce de la série Seven Types of Ambiguity (2017), adaptation du roman d'Elliot Perlman, publié en français sous le titre Ambiguïtés.
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