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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
C'est l'histoire d'une usurpation d'identité, d'un homme, le voleur, qui prend la place du noble Christian von Tornefeld qui veut aller faire la guerre pour le Roi de Suède, marie la femme qui lui était promise, lui fait un enfant, s'installe et gère son domaine. Il y a aussi des brigands de grand chemin, des combats, un meunier fantôme, le baron Maléfice et l'amour éternel. C'est plein d'aventures, facétieux, frondeur, réjouissant en diable. Un classique indémodable !
Lien : https://puchkinalit.tumblr.c..
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Quand j'arrive à un nombre de critique qui est un multiple de cent, j'aime à marquer le coup avec une un peu spéciale, sur un livre qui m'a particulièrement marqué d'une façon ou d'une autre. Mais tout à mon hiver parisien et son tunnel de rhumes et de gastros (le revers de la médaille quand on a miraculeusement réussi à décrocher une place en crèche) j'ai laissé passer la quatre-centième. Qu'à cela ne tienne, je célèbrerai donc la quatre-cent-troisième comme il se doit.

Nous sommes au XVIIème siècle, quelque part dans les plaines de Silésie. La Suède domine le monde. Elle a vaincu Danemark, Pologne, Saxe, et maintenant son roi fou et implacable, Charles XII, poursuit le tsar de toutes les Russies à travers les steppes infinies. Mais ici, un déserteur de son armée, un gentilhomme qui n'est encore qu'un gamin trop gâté, erre dans la neige en compagnie d'un vagabond. Il demande à ce dernier d'aller à plusieurs lieux de là, jusqu'au domaine où réside sa jeune cousine à laquelle il est fiancé, et de quérir du secours. Mais pendant sa visite le vagabond aperçoit la jeune fille, et en tombe instantanément amoureux. Pour elle, il va concevoir un incroyable plan…

Non loin de là, une gigantesque mine de fer engloutit les hommes par dizaines. Bien souvent des condamnés, les autres on ne se soucie pas trop de savoir s'ils sont volontaires. Par précaution on les enchaine tous, et on abat ceux qui essayent de s'enfuir avant d'avoir fait leurs années. Parfait pour se débarrasser du jeune gentilhomme. le vagabond se met ensuite à la tête d'une bande de brigands, et entreprend de détrousser églises, monastères et bourgeois. Pendant des années ils sévissent et terrorisent la région, puis du jour au lendemain on n'en entend plus parler. Quelques jours plus tard, au domaine de la jeune cousine qui entre temps est devenu femme, un visiteur inattendu se présente : son cousin est de retour pour l'épouser ! Ses poches débordent d'écus pour sauver les terres hypothéquées, et son coeur d'amour pour sa fiancée. Mais le vagabond peut-il ainsi faire la nique au destin et se décharger à jamais de sa condition ? Voila qui est moins sûr…

Une fabuleuse aventure au souffle mystique à travers les plaines et les collines enneigées de l'Europe centrale. le gentilhomme se fera vagabond et le vagabond se fera noble, le blé continuera de murir et la guerre de rugir au loin. Et de tout cela, il ne restera que l'amour d'une petite fille et ses souvenirs de l'être merveilleux qui, défiant l'impossible et la mort, venait la nuit toquer à ses volets pour l'embrasser.
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Deux hommes vivent une seule vie... Quand l'un est dans "l'enfer de l'évêque", l'autre mène une belle vie dans le "domaine", puis changement de rôle. Nous est racontée ici la vie du "voleur", nommé "Piège-à-Poules", très débrouillard, et qui arrive grâce à un subterfuge à se faire passer pour Christian von Tornefeld et à lui prendre sa fiancée et donc son destin. Il aura une belle vie très active et riche pendant 7 ans. Mais la vérité le rattrapera... Et la mort rapprochera les deux hommes.
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Formidable écrivain
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Je voudrais citer Olivier Cena qui parle de Léo Perutz en ces termes

Perutz est un prestidigitateur magnifique, un manipulateur de l'étrange, un maître du récit.
Il aime, comme arme suprême, utiliser l'Histoire, l'officielle et la petite. Entendez par là : dans un contexte historique bien précis, il s'insinue à travers une faille obscure dans le monde de la fiction. Là, on retrouve les thèmes privilégiés de Perutz, l'amour, la mort, la fatalité et le destin entrant dans la construction d'un jeu machiavélique de substitution.
Autant dire qu'on ne peut raconter un roman de Perutz sans gâcher le plaisir du lecteur. On ne dévoile pas la science d'un magicien. »

Je suis en accord total avec ces quelques lignes citées à la fin du roman. Je me sens incapable d' écrire une critique équivalente
Un seul conseil: lisez Perutz. C' est magique
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La Troisième balle en mieux! C'est peu dire : le cadre est différent mais le fond est identique. On retrouve ce jeu du hasard et/ou du destin qui fait danser ses personnages comme autant de pantins articulés. Quand on sait que ce roman a été publié en Autriche en 1936, on ne peut s'empêcher d'avoir froid dans le dos...
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Perutz est le moins connu des écrivains autrichiens de l'entre deux guerre. Roth, Schnitzler, Musil...Guère d'espace pour exister.
Pourtant, ses livres sont vraiment bien, en particulier celui-ci.
Le thème est assez classique, un roturier prend la place d'un aristocrate et se compte mieux que celui-ci. Perutz réussit à faire ce jeu de miroir une vraie réflexion sur l'identité.
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Un très bon récit, j'ai beaucoup apprécié, je suis étonné que l'auteur, l'histoire, ne soit pas plus connu que cela, j'ai déniché ce chef-d'oeuvre dans un Emmaüs, pourquoi n'ai-je pas connu avant ?
Je ne me suis pas lassé durant ma lecture, j'ai été porté tout du long.
J'espère découvrir d'auteurs ayant ce même talent et qui mérite d'être connus. le style me fait penser à de la littérature du XIXe siècle, un siècle que j'apprécie par son foisonnement littéraire, avec entre autres : Maturin, Shelley, Goethe ( moitié des deux siècles), Dickens, Hugo, etc. Je suis encore débutant pour cette découverte de ce siècle ainsi que la moitié du XXe, mais depuis je ne me lasse pas. Les deux siècles sont riches d'originalité...
Leo Perutz un auteur a retenir...
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Les éditions Libretto possèdent le don de rappeler à l'ordre la postérité quand cette dernière, tête en l'air… du temps, abandonne l'oeuvre de certains auteurs importants à la poussière.
Ecrits il y quarante ans ou il y a un peu plus d'un siècle, je ne me lasse pas de découvrir les romans de Wilkie Collins, Vladimir Bartol, Max Aub, Erskine Childers, Robert Margerit ou Robert Penn Warren.
Leo Perutz, « le Kafka aventureux » selon Borges, appartient à cette confrérie prestigieuse dont il faut absolument momifier les mots sur du papier pour qu'ils traversent les siècles.
Né à Prague en 1882, de langue allemande, Leo Perutz s'est installé à Vienne. Blessé grièvement durant la première guerre mondiale, il a ensuite fui l'Anschluss en 1938 pour la Palestine. Il est revenu en Autriche en 1953 et y est mort quatre ans plus tard, dans un relatif anonymat.
le Cavalier Suédois, son chef d'oeuvre, écrit entre 1928 et 1936, est comme tous les grands romans, impossible à cadenasser dans un seul genre littéraire. Roman d'aventure, Roman historique, Roman d'amour, Roman fantastique, conte philosophique, manifeste politique contre les inégalités et l'hégémonisme. Une oeuvre "gigogne".
Le récit s'articule autour d'une imposture. Il nous transporte au début du XVIII ème siècle en Silésie, lorsque le jeune roi de Suède, Charles XII veut soumettre l'Europe Centrale et Orientale.
Dans les frimas de l'hiver et dans une campagne enneigée, un jeune noble, Christian von Tornefeld, parti pour rejoindre l'armée suédoise, en quête de gloire et de prestige, se réfugie dans un moulin pour se protéger du froid. Il est accompagné d'un voleur de grand chemin, plutôt de "petit sentier", surnommé Piège-à-poule. Les deux hommes ont en commun d'être pourchassés, l'un pour désertion, l'autre pour ses larcins.
Le moulin est hanté par son meunier, chasseur de têtes chargé d'alimenter les mines d'un Prince-Evêque, en forçats de travail et âmes égarées. L'offre ne fait pas rêver les deux fuyards quand on apprend que le Prince Evêque est surnommé « l'ambassadeur du diable » et qu'une légende raconte que son recruteur est un être maléfique, plus mort que vivant, qui se serait pendu quelques années plus tôt.
Profitant de la pédanterie et de la lâcheté du jeune noble, le voleur lui propose un pacte et les deux hommes échangent leur destin. Par couardise et naïveté, le jeune noble rejoint les forges de l'Evêché et Piège-à-poule endosse l'identité du noble Suédois.
Le roman suit les aventures du voleur qui va profiter de l'aubaine de cette noblesse inespérée. le « von » ouvre des perspectives. Pour faire fortune et venger son infortune, à la tête d'une poignée de brigands, il va multiplier les sacrilèges en pillant les églises, s'emparant d'objets du culte et de reliquaires.
Devenu riche, il va conquérir la jeune fille promise à Christian von Tornefeld et en tombera follement amoureux. Elle l'épouse, croyant avoir affaire au noble cousin.
Mais les beaux jours sont comptés et le Cavalier Suédois va être rattrapé par son passé.
Je vous rassure. Il ne s'agit pas du scénario d'un film de cape et d'épée avec Jean Marais.
Ici, les personnages ne sont pas binaires, il n'y a pas les gentils d'un côté et les méchants de l'autre. le voleur sans scrupule et plutôt détestable du début évolue en bon père de famille, prêt aux plus grands sacrifices. Il ne recherche aucune absolution mais il acquiert une noblesse de coeur digne du titre qu'il a usurpé.
Les questions de l'identité et du jeu des apparences sont au coeur de l'ouvrage. Hitchcock aurait adoré en faire un film, même sans blonde platine à l'affiche. Les histoires de doubles et d'usurpateurs ne manquent pas mais Leo Perutz échappe à la tentation du manichéisme. Sur le sujet, je trouve qu'il prolonge et approfondit à sa manière et de façon très subtile les questionnements de Stevenson dans « L'Etrange cas du docteur Jekyll et de M.Hyde ».
Si le récit est haletant, les passages les plus réussis à mes yeux sont ceux qui expriment l'amour unissant Le Cavalier suédois à sa petite fille. Ils sont d'une poésie incroyable pour un roman de ce genre et le petit soupçon de fantastique distillé avec parcimonie permet à l'auteur d'envelopper le récit d'un voile mystérieux qui ensorcelle le lecteur sans déshumaniser les personnages.

Ce roman ne fait que 200 pages mais ses mots pèseront dans ma mémoire .
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Remarquable. Ce roman est un véritable enchantement. Empreint de mystère, avec une touche de fantastique, il débute pendant la guerre opposant les troupes russes aux troupes suédoises durant la Grande Guerre du Nord au début du 18è siècle et s'achève à la bataille de Poltava, par la défaite de Charles XII de Suède, et la mort du Cavalier Suédois, mort dont nous apprenons la nouvelle dès le début de l'ouvrage.
Mais qui est donc ce Cavalier Suédois ?
"C'est l'histoire de deux hommes, lesquels se rencontrèrent dans une grange, un jour de l'hiver 1701 où il gelait à pierre fendre. Ils y scellèrent un pacte d'amitié. Après quoi, tous deux cheminèrent de compagnie, sur la route qui va d' Oppeln jusqu'à la frontière de Pologne, à travers la campagne enneigée de Silésie ..."

Je ne vous en dirai pas davantage et vous laisserai la surprise de découvrir avec jubilation les péripéties offertes par ce conte magistral, remarquablement écrit dans un style flamboyant, qui vous entraîne tambour battant dans les méandres d'une intrigue passionnante, et nous fait toucher du doigt l'injustice sociale, l'implacabilité de la destinée et la profonde absurdité de l'existence.

Vous y jonglerez avec traîtrise et fidélité, amour et vengeance, violence et douceur, courage et lâcheté, aventures picaresques et félicité conjugale, religion et superstition, pour finir le parcours, épuisé, dans les forges infernales du prince-évêque, le tout baignant dans une atmosphère onirique.

Enfin, après avoir perçu le souffle du diable, vous effleurerez le doigt de l'ange ...
A lire, évidemment, et puis relire, bien entendu !
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