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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Alors que je repose l'ouvrage sur mon bureau, je n'arrive pas à retenir le frisson qui caresse mes vertèbres. le froid qui sévit n'est en rien responsable de mes tremblements. J'ai bradé mon âme au diable pour quelques centaines de pages de papier brochées et une goutte de célébrité dans l'océan numérique. Maintenant que j'ai signé, il me faut assumer les conséquences et honorer ma part du contrat.
Encore une fois pris au piège de la toile, je me suis inscrit voilà quelques mois sur un site de partage de bibliothèques, une sorte de communauté en ligne de lecteurs. J'y trouvais l'avantage de pouvoir référencer facilement la plupart de mes livres, de partager mes goûts et mes dégoûts, de découvrir d'autres horizons littéraires. Bref, que du bon. Tant qu'a céder son âme au malin, j'en profite pour faire la publicité de ce sympathique endroit qu'est babelio.com. Ce site organise régulièrement une opération nommée Masse Critique, probablement parrainée par Lucifer. L'opération est simple, il s'agit de s'inscrire le jour de l'opération pour recevoir gratuitement un livre en échange d'une critique. de nombreux éditeurs y trouvent leur compte, à faire connaître leur production à moindre frais. Je me suis inscrit et j'ai bien reçu l'ouvrage, je dois donc soumettre revue de lecture. Voilà donc que je n'exerce plus ma plume gratuitement pour l'édification des curieux perdus sur mon blog, je le fais contre rétribution de cellulose. Me voilà soumis aux chaines de la publicité. J'aurais du sentir l'odeur de souffre, car lors de mon inscription j'avais sélectionné une demi-douzaine de livres de genres variés et le sort m'a octroyé L'affaire des Poisons : Crimes et sorcellerie au temps du Roi-Soleil, de Jean-Christian Petitfils.

Le facteur m'a donc apporté de bon matin un petit colis contenant le livre convoité. Premier contact, premiers indices. La première de couverture représente un petit dragon bicéphale symbolisant le poison, extrait d'un tableau représentant Saint Jean et la coupe empoisonnée. L'image est belle, mais la mise en page est révélatrice, le choix des polices d'écritures et les couleurs, jaune et blanc, la matière et la qualité du papier, tout converge. Je jette un coup d'oeil au catalogue de l'éditeur, plus de doutes. Je n'ai pas en main un roman destiné aux masses consuméristes, mais un ouvrage d'universitaire. Me voilà en possession non pas d'un roman historique mais d'un livre d'histoire. Mes connaissances dans le domaine sont profondément immergées dans ma mémoire, le temps à fait son oeuvre et érodé les souvenirs des monotones heures de cours d'une matière honnie. Humblement, j'attaque donc la lecture.

Qui dit livre d'histoire, dit histoire. Et la période qui sert de toile aux intrigues du livre est certainement l'une des plus riches de notre passé. La fin du XVIIe Siècle cristallise dans l'inconscient collectif la France classique. Malgré les ambitions bellicistes du grand monarque, le pays est alors un phare qui illumine l'Europe et préfigure le siècle des lumières. Un parfum de chauvinisme inhabituel me pousse à énumérer les auteurs dramatiques comme Corneille, La Fontaine, Molière ou Racine qui ont habité cette époque. C'est enfin et surtout le règne de Louis XIV, le plus souvent associé aux adjectifs de grand roi ou de roi soleil. Personnalité remarquable qui aura dompté la noblesse d'épée et les seigneurs de guerre dans une parade courtisane des apparences.

Mais derrière l'opulence de la cour, notre livre évoque la sorcellerie en reniant l'héritage de Descartes, de Pascal ou de Fermat. Car la fin du XVIIe Siècle est une période de paradoxe, ou la guerre côtoie la raison, la superstition fricote avec la science, l'intelligence politique s'exprime dans une monarchie absolue. Sous le luxe et le raffinement va éclater l'un des plus grands scandales de l'obscurantisme, la fameuse affaire des poisons. Jean-Christian Petitfils se plonge dans les archives pour nous faire le récit éclairé de cette affaire. Si les séries télévisées américaines excitent l'audimat en présentant des enquêteurs chargés de résoudre les fameuses affaires "classées", le travail de l'historien par comparaison est titanesque. Surtout lorsque le dossier est embrumé par les siècles et élagué par la censure d'un roi craignant les éclaboussures.
En effet, vu des hauteurs de la cour, lorsque les petites gens s'entretuent gaiement ou s'adonnent à des niaiseries comme l'astrologie ou recherche de la pierre philosophale cela reste quantité négligeable. Malheureusement derrière les voiles de l'alchimie se cache souvent une assez grande connaissance dans la chimie ou la biologie, voire d'autres procédés plus ou moins exotiques pour faire périr son prochain. le poison reste une formidable invention pour faire valoir les droits de successions. A cela s'ajoute qu'il ne faut pas grande force physique pour verser une poudre dans une coupe ni grand courage pour épicer un plat. Ces dames avaient donc enfin une arme à leur disposition pour revendiquer un féminisme ambiteux face à l'hégémonie masculine, brutale et carnassière. Lorsque l'on parle des dames, outre le bas peuple, il reste ces Dames que l'on désigne avec une majuscule et dont le patronyme s'affuble de particules précieuses et de titres. Celle-là même qui pavanent à la cour du monarque solaire, soupirant une attention royale.
Dès lors comment s'étonner que le roi connu pour son penchant pour la bagatelle n'aie eu quelque maitresse décue. L'empoisonement et son cortège de messes noire et de pactes avec le malin doivent alors être passées sous silence pour éviter de troubler une population prompte à la fronde. Il faut cacher la justice sous le sceau de la raison d'état pour permettre à la politique de dicter le bien de la cité.

Malgré une volonté du secret et la destruction des dossiers de l'affaire des poisons, l'historien a réussi à reconstituer le drame. Grâce notamment à) la découverte fortuite des "dossiers de la Bastille" au XIXe siècle et notamment des dossiers d'instruction du lieutenant général de la police qui avait mené l'affaire.
On découvre donc dans ce livre les complots des petites et des grandes gens relaté presque au jour le jour. Il n'est pas question de fiction, mais de fait. c'est tout juste si l'auteur interprète un peu les réactions chez les protagonistes. Seule la fin présente un argumentaire sur la culpabilité ou l'innocence des favorites du roi dans cette affaire.
Si les faits sont relatés chronologiquement et que l'écheveau de l'intrigue de dévoile petit à petit à mesure que la justice la découvre, l'histoire reste assez difficile à lire. Be aucoup trop de personnages sont impliqués pour tous les retenir, après quelques dizaines de pages la confusion guette. Certaines conclusions des enquêteurs manquent de clarté. Tout cela ne rend pas la lecture facile.
Alors même si ce livre m'a ouvert les yeux sur les pratiques de l'époque, le fonctionnement de la justice ou les jeux de pouvoir. Il reste que ce livre s'adresse plus à des amateurs éclairés ou des hommes de l'art qu'à un modeste oiseau curieux.
Lien : http://oiseauchanteur.blogsp..
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« L'affaire des poisons » est à l'image de l'arsenic, quatre siècles après, elle laisse des traces, si plus dans la mémoire collective, au moins sur un plan historique, auquel Jean-Christian Petitifils apporte avec soin son analyse. Dès l'érudite préface, il balaie toute l'imagerie d'Epinal et replace chronologiquement les faits dans le contexte de l'époque, non pas seulement sur un plan parisiano-versaillais, mais bien national. La Voisin perdant de ce fait son rôle de grande prêtresse de l'affaire, ne devenant que l'une des protagonistes. Et ils furent nombreux ! S'en suit une première partie très fouillée et documentée, basée sur les minutes de la Reynie (Lieutenant Général de la Police et responsable de la Chambre Ardente). Chaque coupable ou présumé, voit son parcours recomposé et ses propos cités. Cette partie révèle l'ampleur de ce drame et la peur qu'a vécu la société française d'alors. Elle met en exergue également les responsabilités de Madame de Montespan et de Mademoiselle des Oeillets. L'étude des ces deux cas fait l'objet de la seconde partie relançant la vielle querelle d'historiens depuis le XIXème siècle : l'ex favorite de Louis XIV était-elle coupable ? Si l'auteur faisait preuve d'une grande précision digne d'un orfèvre quant à la description de l'affaire en général, il se trouve nettement moins convainquant dans le débat contradictoire qu'il s'impose. Sa seconde partie est plus confuse voire répétitive. Toutefois, « L'affaire des poisons » n'en reste pas moins un essai de référence et offre une vision exhaustive non seulement des crimes qui furent commis, mais également des moeurs de cette époque où convoitise et forfaiture conduisaient à des actes déraisonnés et abjects.
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le livre se lit de manière plutôt agréable : il présente l'affaire des poisons sans une trop grande prétention historienne, sans pour autant tomber dans une vulgarisation qui ôterait toute saveur aux informations. Celui qui a toujours été intrigué par le scandale de 1679 trouvera son compte dans le travail de Petitfils. Les faits sont exposés de manière claire, complète, avec des informations et des sources bien mentionnées.
L'Affaire des poisons est le genre d'ouvrage qui peut susciter l'envie d'approfondir ses connaissances historiques, cet épisode de la fin du XVIIème siècle faisant partie de ces grandes intrigues où foisonnent rebondissements inattendus, secrets jamais révélés et nouvelles hypothèses avancées, encore de nos jours. Pour ceux qui sont déjà amateurs d'Histoire, le livre présente l'avantage d'approfondir et de s'attarder sur un point particulier de l'Ancien Régime qui reflète pourtant bien les moeurs et les mentalités de l'époque du Roi Soleil ; il saisit des traits utiles à la compréhension globale de la société de Louis XIV. C'est aussi, mine de rien, une lecture qui implique de savoir se défaire de ses connaissances actuelles et de se plonger dans la psychologie de l'époque, de contextualiser les événements pour comprendre les comportements, les réactions de ceux qui en furent les protagonistes, dans le vif du sujet et sans recul.
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Le roi Louis XIV est un personnage que je trouve fascinant. En septembre, au moment du tricentenaire de sa mort, je lisais Nous, Louis, Roi d'Eve de Castro. Dans l'optique d'en apprendre plus sur ce souverain, j'ai acheté deux essais qui lui sont consacrés suite à cette lecture, dont L'affaire des poisons de Jean-Christian Petitfils. Par un heureux hasard, ma copinaute Bianca venait justement de se le procurer : nous nous sommes donc programmer une lecture commune autour de ce titre.

L'affaire des poisons est l'un des événements qui ont marqué le règne du Roi Soleil. Jean-Christian Petitfils, historien spécialiste de cette époque revient sur ce fait historique mêlant sorcellerie et crime. Si Louis XIV a fait détruire tous les documents relatifs aux différents procès mené par la Chambre Ardente (tribunal créé spécialement pour cette affaire), l'auteur parvient à retracer les différentes étapes de l'enquête et des procès en se basant notamment sur des lettres écrites par La Reynie, le lieutenant général de la police de Paris.

L'affaire des poisons est un essai particulièrement complet qui revient sur l'affaire des poisons depuis l'arrestation, la condamnation et l'exécution de la marquise de Brinvilliers pour assassinat par empoisonnement. On découvre les protagonistes de l'affaire, dont La Voisin dont le nom est passé à la postérité, et on suit leurs révélations : des noms proches du roi sont alors cités parmi lesquels celui de Madame de Montespan.

Si Jean-Christian Petitfils expose les faits tels qu'ils sont, il propose également quelques pistes d'interprétation démontrant comment certains auraient pu se servir de cette affaire pour compromettre leurs ennemis. Il revient aussi longuement sur le cas de la marquise de Montespan essayant de faire la lumière sur son rôle notamment dans le cas de la mort de Mademoiselle de Fontanges, morte dans des circonstances troubles.

J'ai trouvé cet essai particulièrement intéressant et instructif. Par contre, je tiens à préciser que l'auteur écrit dans un style que je qualifierai d'universitaire et qui pourrait rebuter un lecteur non averti. En tout cas, je suis sûre que vous ne pourrez pas trouver un ouvrage plus complet sur le sujet donc s'il vous intéresse, n'hésitez pas.
Lien : http://tassedeculture.com/20..
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Je vois en JC Petitfils l'un des plus talentueux écrivains actuels, s'inscrivant dans la grande lignée des auteurs français conjuguant beauté de l'écriture et précision du propos. Je suis un fan inconditionnel de son « Jesus » et du dernier de ses ouvrages sur le Saint-Suaire.
Je dois reconnaître que je n'ai pas été séduit par ce livre sur l'affaire des poisons, ni par celui sur la Bastille. Je ne sais pas si c'est lié à la noirceur du sujet, à cette face obscure du Grand-Siècle ou bien au sentiment que ces ouvrages n'ont pas pour colonne vertébrale des personnalités aussi fortes que dans les autres textes de Petitfils. On apprend des choses, mais on ne s'envole pas dans les hauteurs auxquelles nous a habitué l'auteur.
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Jean-Christian Petitfils est un spécialiste des 17è et 18è siècle, vous l'avez sûrement déjà vu dans Secrets d'histoire de Stéphane Bern dans lequel il intervient régulièrement. Il connaît ses deux siècles sur le bout des doigts, aussi j'étais sûre de lire un ouvrage sérieux et précis sur le sujet, ce qui s'est avéré juste.

L'historien revient ici sur l'affaire criminelle la plus retentissante du règne de Louis XIV : L'affaire des poisons. Elle éclate en 1679 lorsque La Voisin et ses complices sont arrêtés par le lieutenant général de police, l'incorruptible La Reynie (personnage fort intéressant soit dit en passant) mais tout commence réellement le 16 juillet 1676, le jour où la marquise de Brinvilliers est brûlée pour sorcellerie et pour avoir accélérer la succession familiale en tuant tous les mâles de sa maison !

Lorsqu'éclate L'affaire des poisons, l'heure est aux soupçons les plus fous. Madame, la belle-soeur de Louis XIV est morte brusquement et les rumeurs vont bon train. Aussi, le roi soleil prend cette affaire très au sérieux d'autant que certains accusés affirment avoir été mandatés par Mademoiselle des Oeillets et Madame de Montespan pour empoisonner Mademoiselle de Fontanges, emportée elle aussi brusquement, et le roi lui-même !

Jean-Christian Petitfils rappelle les faits, reprend les témoignages et l'enquête du lieutenant général de police La Reynie, revient sur les différents procès et essaie de donner des interprétations historiques à ces événements. Ce qui n'est pas facile car Louis XIV a fait détruire après la mort de la Reynie toutes les pièces juridiques qui auraient pu éclairer l'implication ou non de Mme de Montespan.

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