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EAN : 9782262018665
775 pages
Perrin (07/03/2002)
4.27/5   105 notes
Résumé :
Ce livre est autre chose qu'une biographie classique.
C'est tout le règne qu'il embrasse dans une vision générale de la société du Grand siècle, renouvelant le sujet, mettant à mal bien des clichés et des vieilles lunes grâce à une documentation considérable.

Parmi elles sont présentes de nombreuses études étrangères peu accessibles, grâce tout autant à une analyse remarquable, originale, juste, du pouvoir, de ses serviteurs, de ses moyens d'ac... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Trente ans.
Cela fait presque trente ans que cette biographie de Louis XIV a été publiée. J'ai le sentiment qu'elle fait pourtant encore référence. Elle est même devenue un classique.
J'ai pris mon temps pour la lire. Il m'a fallu plus d'un mois pour venir à bout de cette brique de plus de 700 pages grand format, avec des pauses. Mais je ne me suis jamais ennuyé. Jean-Christian Petitfils sait écrire, nul doute. Son vocabulaire est riche et son verbe enlevé.

Comment résumer un pavé pareil de manière concise ? Gageure. Peut-être en commençant par dire que plus de 70 ans de règne, c'est très, très long. Et l'époque fait que c'est une longueur suffisante pour changer les pays et l'homme. L'évolution m'a paru plus flagrante que pendant les cent ans de la fameuse guerre du Moyen-âge. L'auteur a aménagé son récit en gros chapitres plutôt thématiques, mais qui suivent autant que faire se peut la chronologie. Il peut ainsi exposer les résultats de ses analyses fouillées, nous décrivant la démarche, tout en maintenant le train de l'histoire en marche. On reste un moment sur la structure du clientélisme nobiliaire des débuts de la Fronde, la rivalité des clans Colbert et Louvois ou le défilé des maîtresses officielles, par exemple. Puis on rembobine un peu si nécessaire pour reprendre le fil instantané de l'Histoire, une Histoire débordant de guerres, de diplomatie et de géopolitique (on s'approche des relations internationales des siècles plus récents), mais aussi de conflits intérieurs, religieux ou autres.

Jean-Christian Petitfils est-il objectif ? Lui-même admet dans sa conclusion que cette notion (je dirais prise dans le sens exprimé en mécanique des milieux continus : il existe une réalité indépendante de nous) n'existe pas en Histoire où tout récit dépend de son époque. Par exemple la révocation de l'édit de Nantes parait choquante à notre époque de tolérance (hem) mais à l'époque l'essentiel de la population française l'a accueillie avec joie. L'auteur en a conscience. Il décrit souvent des situations sous la forme de thèses et d'antithèses, nous faisant rebondir d'un mur du ressenti à l'autre. Par exemple, dans sa conclusion, il parvient à nous convaincre que l'État créé par Louis XIV n'est pas loin de l'essoufflement, intrinsèquement inadapté à l'avenir, avant de changer son fusil d'épaule et de faire la liste de tout ce qu'il l'a fait évoluer dans le « bon » sens, le "déféodalisant" définitivement. L'auteur juge aussi parfois ; pour lui la guerre de Hollande est une incroyable erreur, de même que le sac du Palatinat.

La péripétie est aussi présente bien sûr. Heureusement car le lecteur que je suis aime qu'on lui raconte des petites histoires. Certaines marquent. Nuit du 9-10 février 1651 « pour éviter l'émeute il fallut rouvrir les portes et laisser le peuple défiler devant le lit du jeune roi… Nuit romanesque et tragique, qui resta gravée dans la mémoire de Louis XIV et qu'il ne pardonna jamais au coadjuteur ». Février 1659 : Vexé d'être traité en enfant irresponsable, poussé par Marie Mancini, qui tisonnait insidieusement son amour-propre, Louis se révolta. Pour la première fois de sa vie il osa tenir tête à sa mère et à son parrain (Mazarin). le mariage espagnol ? Il y renonçait ! Oui, il épouserait Marie, envers et contre tous. »

L'auteur n'en finit pas de nous décrire Louis XIV lui-même, de tenter de nous faire partager ses pensées. Il lui faut être à l'affut car c'est un homme qui évolue beaucoup. Qu'y-a-t-il à voir entre le jeune homme, religieux de pure forme, adorant la représentation de soi-même (« le Roi danse ! ») manipulé par son cardinal-ministre, le roi absolu qui décide de diriger directement les affaires à partir de 1691 et le vieil homme fatigué et presque dévot, qui a vu sa descendance passer ne laissant qu'un arrière-petit-fils pour successeur, et qui se laisse influencer par Mme de Maintenon ? Plusieurs hommes se succèdent en Louis au cours des décennies.

Il manque cependant (dans mon édition du moins) des éléments que j'affectionne dans les biographies : une chronologie historique et des images, peintures, gravures. Autre élément presque complètement absent : l'aspect culturel, scientifique, musical, théâtral et littéraire, du règne.

J'ai déjà fait trop long, hélas. Si vous avez tenu jusqu'ici, vous vous dites que ce n'est pas avec ce billet que vous en saurez beaucoup plus sur Louis XIV et son époque. Ben je n'ai qu'une excuse en forme d'exhortation à vous présenter : lisez-le.
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L'école française, plus soucieuse de formation idéologique des enfants que d'exactitude historique et de rigueur, a répandu sur Louis XIV nombre de sottises. Maintenant que la nouvelle école française semble avoir renoncé à enseigner l'histoire de France, même faussement, les sottises demeurent dans les manuels de littérature et les préjugés médiatiques des professeurs. C'est pourquoi la lecture de ce livre, avec celle du Louis XVI du même auteur (pour voir plus clair dans la Révolution), est absolument nécessaire pour comprendre vraiment le XVII°s dans sa particularité, et le règne de ce roi, qui fut si marquant en tous points qu'il "informe" encore aujourd'hui une bonne part de notre culture (la vraie). En particulier, on en saura plus sur le système de cour, sur l'absolutisme et sa pratique, et sur la civilisation que ce roi-mécène porta à un degré d'éclat inégalé, à partir du modèle curial ancien inauguré par les derniers Valois. On verra aussi que la misère des peuples ne résulte pas seulement des injustices et des inégalités sociales, mais du climat et du mode de production agricole, sur lesquels l'état n'avait aucune prise. Ainsi cette lecture contribue-t-elle à guérir le lecteur de ses préjugés gauchistes sur l'histoire.
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Il ne s'agit pas exactement d'une biographie du Roi-Soleil, mais d'une histoire de son ultra-long règne (72 ans et 100 jours) et de son action au service de la grandeur de son pays, traitée par grands thèmes, mais en suivant la chronologie.

C'est également une analyse économique et politique, autant qu'historique, permettant de mesurer à quel point ce monarque a transformé son époque … et la nôtre, dans un contexte de crise religieuse touchant toute l'Europe.

Si vous avez la curiosité de parcourir la bibliographie de l'auteur, vous serez pris de vertige devant la production fantastique de ce spécialiste aujourd'hui reconnu du XVIIème siècle et de la suite de ses travaux sur les rois qui se sont succédé au pouvoir dans notre pays, des Valois à Louis XVI.
Curieusement aussi, la surprise de lire les critiques formulées par certains historiens universitaires à l'encontre de cet auteur particulièrement clair, et surtout plein de succès auprès du grand public, je facile à aborder, nourri de culture politique – il suffit de parcourir ses titres universitaires – mais qui a fait la plus grande partie de sa carrière comme cadre supérieur d'une de nos plus grandes banques d'affaires.
Un homme d'études, qui réussit de grands tirages, et qui sait écrire de façon élégante : un comble !

Le long règne de Louis XIV est dominé par les guerres : la France poursuit son objectif de devenir la puissance prépondérante en Europe et de renforcer ses frontières, elle est donc en permanence en conflit avec ses voisins : l'Espagne, l'Empire, l'Autriche, les Pays-Bas, l'Angleterre, au gré de renversements d'alliances (exemple : le Prince de Savoie), et de l'intense activité diplomatique.

L'ouvrage nous présente un monarque qui a l'oeil à tout, travaille les dossiers avec acharnement, qui se veut conquérant et paye de sa personne sur les champs de bataille, pratique une diplomatie judicieuse, développe l'industrie et promeut comme jamais les arts, assure l'ordre à l'intérieur malgré les multiples « émotions » populaires, le plus souvent d'origine fiscale.

La partie intime et les multiples conquêtes amoureuses de Louis le Grand ne sont qu'une facette du personnage. Et l'auteur ne cache pas les erreurs tragiques de son action : la guerre de Hollande et la révocation de l'Edit de Nantes, le sac du Palatinat et la désastreuse bulle Unigenitus, son enfermement volontaire à Versailles et la suppression de toute communication avec les organes représentatifs du royaume, les difficultés financières dues aux guerres et l'appauvrissement des campagnes.

Ce qui transparaît aussi, c'est l'extraordinaire actualité des clans opposés entre eux (on dirait nos partis actuels), la lutte pour les privilèges, les complots, le conservatisme d'une société oligarchique face à un pouvoir de plus en plus centralisateur mais, au final, relativement faible.
Un roi modernisateur, certes, mais un pays toujours aussi résistant à toute réforme…

A ne pas manquer en fin d'ouvrage : les courtes biographies des principaux personnages traversant cette période complexe, et un tableau synoptique des événements de chaque année du règne.
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Tout d'abord, merci à Jean - Christian Petitfils d'avoir écrit ce livre (qui m'a donné quatorze heures de plaisir littéraire) et également merci à Caligramme, ( librairie au 75 rue du Maréchal Foch, Cahors) qui m'a vendu l'ouvrage. J'ai pu voyager dans le temps de 1638 à 1715.
Grâce à l'auteur, ce voyage a été agréable , plein de surprises et extrêmement intéressant.
J'ai seulement regretté que ce voyage a été trop court en descendant à la gare de Versailles 1815.
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A regarder le Soleil , on peut être ébloui , voire aveuglé .Même chose pour ce roi au règne fleuve qui sut bâtir sa légende avec un vrai génie de la communication (bien aidé par l’extraordinaire floraison de talents autour de lui) , et qui effectua une œuvre colossale ( là encore grâce à des talents qu’il sut rassembler et gérer). Mais plus lumineux est l’astre, plus profondes sont les ombres et, les dépenses extravagantes , les guerres incessantes , la bigoterie et les persécutions religieuses de la fin du règne en témoignent. Le livre de Jean-Christian Petitfils , remarquablement équilibré , permet au lecteur non spécialiste d’avoir un très solide aperçu de cette période de l’histoire car il dépasse l’aspect purement biographique pour une analyse plus globale.
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Citations et extraits (15) Voir plus Ajouter une citation
Parmi les acteurs collectifs de la Fronde on aurait garde d'oublier le petit peuple de Paris, artisans, ouvriers, colporteurs, cochers, crocheteurs, portefaix, marchands ambulants, qui seront de tous les attroupements, de toutes les "émotions". Cette "populace", comme l'appellent les contemporains, n'obéit à aucune idéologie cohérente, n'a aucune suite dans les idées. Un jour, elle applaudit les robes rouges du Parlement défilant dans la rue, un autre, elle les couvre d'injures. Elle allume des feux de joie à l'arrestation de Condé mais les rallume à sa libération. Cette foule versatile, hésitante, ballottée entre les démagogues et les agents provocateurs, s'emballe vite pour un meneur sans s'apercevoir qu'elle sert de piétaille et de chair à canons à des coteries qui se moquent de son sort... Armé, ameuté, mais oublié par les trêves et les accords conclus entre adversaires, le peuple fut la grande victime de la guerre civile.
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Louis, qui avait passé des journées entières à cheval, ressentit soudain une profonde lassitude, suivi d'une poussée de fièvre pourprée. Mazarin eut toutes les peines du monde à le persuader de revenir à Calais, où il arriva le 1er juillet 1658. Ni les habituels lavements, ni les saignées ne vinrent à bout de sa terrible migraine, du redoublement de la fièvre, de l'éruption de taches pourpres et de bouffissures sur tout le corps. Il s'agissait de la scarlatine, maladie mortelle à l'époque. L'état du patient plongea les Diafoirus en robe noire et bonnet carré dans l'angoisse : le roi passait de la torpeur à l'agitation extrême. Il délirait, et ses délires s'accompagnaient de convulsions. La purgation et les vésicatoires ne produisirent aucun effet. Vallot en perdait son latin...
Dans la nuit du 6 au 7 juillet, l'état du roi empira. On lui apporta le saint viatique. Il communia pieusement, envisageant la mort avec un calme et une fermeté de caractère surprenants de la part d'un jeune homme si robuste et débordant de vie.
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A l'imitation des Hollandais, Colbert s'attacha à créer de nouveaux canaux: sa plus belle réussite fut le canal des deux mers, dû à l'un de ses protégés, l'ingénieur Pierre Paul Riquet. Cette entreprise pharaonique, unissant la Méditerranée et l'Océan par la Garonne, permit, à partir de 1681, à des flottilles marchandes de bonne taille d'éviter le détour par le détroit de Gibraltar. Elle coûta 20 millions de livres, employa jusquà 12000 travailleurs et donna l'occasion au vieux Corneille de magnifier, une fois de plus, la gloire du souverain : "France, ton Grand Roi parle et les rochers se fendent..."
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L'influence de sa mère fut, en revanche, considérable et durable. Anne avait pour ce fils adoré une vraie et profonde tendresse. Le dauphin ne fut jamais privé de caresses. Dans sa prime jeunesse la reine s'occupa beaucoup de lui ; elle le promenait en voiture dans le parc de Saint-Germain, jouait avec lui. Quand, en novembre 1647, il fut gravement atteint de la petite vérole, au point que l'on crut qu'il y laisserait la vie, elle fut bouleversée. En retour, Louis éprouva de sincères sentiments d'affection. Ils vécurent longtemps en étroite communion, particulièrement dans les premières années.
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La guerre de Hollande fut certainement l'une des erreurs les plus graves du règne. Ses causes sont si incompréhensibles à première vue que les historiens, désorientés, ont exprimé des opinions divergentes. Pourquoi en effet Louis XIV, dont l'objectif essentiel était de capter une partie de l'héritage espagnol, s'est-il lancé dans une folle entreprise contre ce petit pays qui, autrefois, s'était soulevé - et avec quelle ardeur! - contre la domination de Philippe II et qui, naguère, avait tenu en respect la puissance anglaise, en pleine expansion ?
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Vidéo de Jean-Christian Petitfils
https://www.laprocure.com/product/1412535/petitfils-jean-christian-jesus
Jésus Jean-Christian Petitfils, Vincent Ravalec (illustrateur) Éditions Fayard
« J'en ai profité pour actualiser le livre [Jésus, 2011] avec les derniers travaux, notamment dans tout ce qui a été fait à Nazareth par l'archéologue Ken Dark – on a retrouvé, on en est à peu près certains, la maison de Marie et Joseph, là où Jésus a vécu, donc à Nazareth – et puis, donc, de l'ouvrir à un public différent, peut-être plus vaste, par ces illustrations. Alors ces illustrations, en effet, elles sont nombreuses. Elles accompagnent le texte et elles ont pour but d'immerger le lecteur dans le texte, et ça a été conçu de cette façon-là par Vincent Ravalec [Illustrateur] et son équipe, qui travaille avec une équipe et qui a utilisé les mécanismes de l'intelligence artificielle. Mais je dirais que c'est une intelligence artificielle contrôlée, très contrôlée… »
©Jean-Christian Petitfils, pour la librairie La Procure Animation, Guillaume Vanier, libraire à La Procure
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Dans la catégorie : Louis XIV: 1643-1715Voir plus
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