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EAN : 9782072827396
464 pages
Gallimard (25/02/2021)
3.33/5   3 notes
Résumé :
L’après-pétrole est désormais un mot d’ordre dans les pays arabes. Dans le nouvel orientalisme que les pays du Golfe offrent à leurs touristes, l’or noir est relégué à l’arrière-plan. Au début du XXIe siècle, la transition économique est pourtant particulièrement difficile pour les pays arabes tant elle implique un changement radical de leur modèle de société.
En un peu plus de deux générations, ces tard-venus du pétrole ont vécu au cours de la seconde moitié... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Philippe Pétriat nous livre avec cet essai fourni et détaillé une véritable analyse de l'impact de l'exploitation du pétrole sur les sociétés arabes du Moyen-Orient.

Cette histoire arabe du pétrole peut s'écrire en quatre temps : l'émergence de l'exploitation pétrolière et l'euphorie qui en découle, le retour brutal à la réalité lors de la Seconde Guerre mondiale, les luttes d'influence entre pays arabes établis, et enfin la remise en cause du modèle d'État rentier pétrolier dans un monde préoccupé par l'écologie.

L'auteur nous éclaire sur les conditions de travail inégales entre travailleurs arabes et travailleurs indiens, encore britanniques au début du XXe siècle, et qui bénéficient donc de nombreux avantages par rapport aux locaux. Les employés locaux sont pour la plupart des ruraux ou des bédouins espérant rompre avec leur pauvreté, mais ils tombent sous le joug de ponctions salariales et de dettes qui ne sont pas sans rappeler la situation des pêcheurs de perle du Golfe narrée par Albert Londres.

Si l'exploitation du pétrole fait l'objet des rêves les plus fous, la Seconde Guerre mondiale impose au Moyen-Orient de nouvelles préoccupations, et fait entrer en crise une industrie jeune et une ressource naturelle qui va vite devenir l'instrument d'une politique d'indépendance et de souveraineté, à l'image de l'Algérie et de la Libye qui usent du pétrole pour soutenir leur politique "révolutionnaire", aidées en cela par la nouvelle classe ouvrière qui contribue à l'exploitation de l'or noir. de nouvelles villes sortent de terre au gré des résultats des prospections (Kirkouk, al Ahmadi...), tandis que le panarabisme peine à surmonter les rivalités économiques entre des pays nouvellement maîtres de leur destin.

Les chocs pétroliers sont le témoignage d'une nouvelle rupture, où certains récusent même l'emploi du terme "choc" qui viendrait accuser les pays arabes de manipulation des cours et de la situation économique catastrophique. Ces pays arabes rentiers n'ont d'ailleurs plus grand chose à voir avec leurs homologues tiers-mondistes en développement, et participent pleinement du système banquier international puisque les fonds tirés du pétrole sont placés dans des banques étrangères occidentales, tandis que les pays occidentaux arrosent les pays arabes de leur aide au développement...

Un des points les plus intéressants de cet effet est la description que fait l'auteur des luttes d'influence et d'une totale inversion de la hiérarchie établie jusque-là entre les pays arabes : la grande et intellectuelle Égypte pan-arabe doit laisser son statut de puissance régionale influente à l'Arabie Saoudite plus conservatrice et panislamique. Avec l'invasion du Koweït, l'Irak parachève également sa chute au profit de son voisin, tandis que l'industrie pétrolière recrute à grand tour de bras des employés étrangers, craignant que les locaux fassent preuve de trop de nationalisme ou n'exigent des revendications.
On comprend dès lors mieux la situation épineuse dans lequel se trouve le Moyen-Orient aujourd'hui, avec des pays garants de la stabilité de la région totalement "faillis" et incapables de redonner au Golfe le tissu économique solide en place au début du XXe siècle.

Cette analyse des sociétés arabes par le prisme du pétrole est passionnante bien que parfois complexe, et met en lumière autant l'arme géopolitique qu'il a constitué que le puissant instrument identitaire sur lequel se sont appuyés des pays libérés du joug colonial ; l'auteur cite également de nombreux ouvrages, romans et poèmes inspirés par cette ruée vers l'or noir et les bouleversements qui suivirent sur des sociétés ayant pour la plupart encore un mode de vie traditionnel.

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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
La puissance financière et technique des entreprises européennes et le soutien diplomatique qu'apportent leurs gouvernements respectifs à leurs concessions dans l'ensemble de l'Empire ottoman assurent à ces investissements étrangers une durée de vie et des promesses de bénéfices supérieurs. Les décisions politiques et économiques des pays vainqueurs de la Première Guerre mondiale accélèrent le passage en des mains étrangères d'intérêts pétroliers qui, s'ils ne sont plus ottomans, commencent à peine à être identifiés comme des intérêts nationaux arabes.
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Source de revenus pour ce que la presse arabophone et étrangère appelle de plus en plus « des régimes » plutôt que des « États», le pétrole est perçu par les populations libyenne, irakienne et syrienne comme l'aliment de logiques mafieuses qui bénéficient aux groupes clientélisés par le pouvoir. Les nationalisations glorieuses des années 1970 sont désormais critiquées pour être devenues le moyen de l'appropriation sans contrôle des revenus par les factions au pouvoir.
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Le drame de ces experts qui défendent une approche résolument panarabe est que leur action aide chacun des États arabes à prendre le contrôle de ses ressources pétrolières. Ils assistent par conséquent à l’élaboration de politiques nationales parfois concurrentes alors même qu’ils sont encore les principaux acteurs et, pour certains, les héros, d’une communauté arabe pétrolière encore naissante.
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Les premières entreprises nationales sont donc de premiers instruments d'indépendance vis-à-vis des entreprises occidentales, suspectes de néocolonialisme, autant que des mesures politiques découlant du nationalisme arabe dont le pétrole devient un fondement.
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Pour les gouvernements planificateurs comme pour les oppositions de la gauche arabe nationaliste, le pétrole est devenu une matière politique.
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Video de Philippe Pétriat (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Philippe Pétriat
Samedi 1er octobre 2022 "Du pétrole aux panneaux solaires : la transition énergétique dans les déserts du monde arabe" avec Nadia BENALOUACHE, géographe, Philippe PETRIAT, historien, Eric VERDEIL, professeur de Géographie et études urbaines, animée par Roman STADNICKI, géographe
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