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EAN : 9782070702497
131 pages
Gallimard (31/10/1984)
4.14/5   18 notes
Résumé :
Dans une maison où les oiseaux de passage et les chats en vadrouille rappellent à chaque instant l'insouciance de la vie, une
femme est en train de mourir. Elle a quatre-vingt-dix ans, une beauté dont ni les rides ni la maladie n'ont abîmé les traits, et comme une sagesse intérieure qui se devine derrière le souffle lent de cette silencieuse agonie.

Anne Philippe, sa fille, écoute respirer celle qui va disparaître, mais dans ces lieux dont chaq... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Injustement méconnu, Je l'écoute respirer d'Anne Philippe fait partie de ces livres dont le souvenir, plusieurs années après sa lecture, ne m'a jamais tout à fait quitté.

Dans ce récit autobiographique d'une sincérité, d'une sobriété touchantes, l'auteure y raconte les jours, les instants, les derniers, qu'elle passa auprès de sa mère mourante.
Dans une écriture dépouillée, Anne Philippe décrit avec retenue, bienveillance et sans mièvrerie, tous les moments d'une relation de deux êtres en train de se défaire, que rien ne pourra plus reconstituer.

Sans ostentation, les souvenirs lentement affluent. Ceux d'une mère, d'une femme qui, déçue par un mariage malheureux et touchée par une santé fragile, n'en oubliait pas de rire, de chanter en s'accompagnant au piano («La chevelure» de Claude Debussy était son chant secrètement préféré), de lire avec passion, de s'enchanter de la petite compagnie de son chien et de ses chats, de savourer du bon champagne et d'aimer sa fille unique, tendrement.
Aux souvenirs s'agrège le présent, celui d'une femme restée belle mais qui devenue âgée, est allongée dans son lit, très éprouvée par la maladie qui progresse. Et sa fille seule à ses côtés, indéfectible présence.

Je l'écoute respirer aura été une expérience de lecture vraiment à part. Au-delà de son thème vraiment touchant (l'accompagnement d'un être proche en train de perdre la vie) qui ne peut manquer d'ébranler, c'est tout ce qu'elle mobilise en nous, dans notre attitude de lecteur qui est également à remarquer : souvent impatiente, exigeante durant la lecture, mon attention s'est ici fondue comme rarement dans le rythme lent, retenu et attachant du récit et de ses deux personnages.

Lire c'est écouter.
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Un piano qu'on laisse ouvert, quelques chats qui rythment la journée, une femme qui apprivoise la mort de sa mère, rien que de petites choses dans cette oeuvre, mais une écriture pudique et belle, lente comme une respiration qui s'éteint doucement.

Anne Philippe a écrit une très belle oeuvre sur la disparition de son amour Gérard Philippe. le titre : le temps d'un soupir que j'ai lu il y a très longtemps et dont l'écriture est admirable. Malheureusement, ses livres ne sont plus disponibles en librairie. Il faut aller en bibliothèque. On les trouve en numérique par contre.
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Le bouleversant et pudique témoignage d'une fin de vie. L'auteur(e) écoute la respiration de celle qui va disparaître : sa mère.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Je pense à la ressemblance entre un nouveau-né et ma mère mourante. Tous deux ont les yeux couleur d'ardoise après la pluie, la pupille et l'iris se confondent, chez l'un le blanc de l’œil est pur, chez l'autre presque jaune et brouillé de veinules rouges. L'un attend la lumière qu'il ne connaît pas, l'autre l'a connue et perdue. Tous deux portent des couches, tous deux dorment profondément, l'un pour prendre des forces, l'autre comme prélude à la mort. Le nouveau-né presque chaque jour découvre un nouveau son ; ma mère cherche ses mots, se bat pour les rapporter de très loin, souvent ils s'échappent alors qu'elle croit les tenir, mais elle connaît leur signification, elle sait ce qu'est la parole. L'un suce voracement le lait au sein, l'autre a presque perdu l'instinct de succion. Tous deux obéissent à leur corps ; l'un dort, pisse, rote, chie, se nourrit en signe de santé ; l'autre éprouve confusément la déchéance de son corps devenu incontrôlable, elle a honte de l'odeur qu'il dégage, de ses écoulements qu'elle ne peut retenir. L'enfant gigote et se marbre sous l'effet de l'eau dans le bain où il retrouve le ventre maternel et sourit aux anges ou au visage penché sur lui ; ma mère laisse laver son corps inerte qu'elle voudrait cacher aux regards. L'un vient de sortir de la nuit ; l'autre y entre.
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Je monte près d'elle. Je voudrais entendre sa voix prononcer les mots précis qu'elle me disait par à-coups. Je l'interroge sans espoir :
"Tu es bien ? Je suis près de toi, je ne te quitte pas. Tu es chez toi, dans ta chambre, dans ton lit."
Toujours les mêmes paroles pour qu'elle sache que tout se passe ainsi qu'elle l'a voulu. Pas l'ombre d'une réponse, pas un signe de la main droite ni un clignement de paupières. Elle reste impassible sans le moindre tressaillement du visage.
(...) Que voit-elle, qu'imagine-t-elle en ce moment ? Rien ? Qu'est-ce que c'est rien ? Je remonte et je reste à la regarder debout au pied de son lit. Je vois remuer sa jambe sous la couverture, sa main serre le drap. Peut-elle encore percevoir ma présence ? Est-ce que je la dérange ?
"Maman, je suis là".

p. 87
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Elle ronfle déjà mais je reste près d'elle et je continue à lui parler tout bas, un murmure qui l'accompagne peut-être. Je la regarde si abandonnée à moi, confiante, je me remémore les phrases qu'elle a dites depuis hier. Elle prononce les mots avec difficulté, son élocution est irrégulière, elle se reprend, hésite ou dérape, mais chaque fois elle a su trouver l'expression juste et dire ce qu'elle voulait. Et cette femme qui fut si théâtrale, si éprise de superlatifs, est devant la mort parfaitemetnt simple et naturelle.

p. 32
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Elle n'ouvre pas les yeux.Un instant,elle paraît à nouveau calme et sereine.Elle s'éloigne et le sait,elle entre dans le sommeil non pas donneur de force mais retrait de la vie.Et l'image de la barque revient,mélange de Tristan et Yseult et de la mythologie égyptienne: Ma mère est allongée sur la rive,aveugle,les yeux fermés,elle sait que le bateau approche,elle entend le vent dans la voile,l'eau soulevée par les rames.Elle l'attend,l'appelle peut-être:monter dans la barque,être emportée c'est pour elle le repos,le calme,l'endormissement profond.
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Il était sans peur dans un monde en péril, aussi inconscient des dangers que l'animal nouveau-né dans la jungle. Le regarder c'était pouvoir, un instant, croire que n'existent ni mort ni cruauté ni souffrance. Pas de maladies ni de séparation de ceux qui s'aiment, pas de trahisons ni d'abattoirs, pas de misère ni de chômeurs, pas de guerres ni de prisons, pas de goulag ni de torture, pas de viols, pas de peur entre les hommes.
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