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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
#Metoo mission ou démission?

En imaginant une fille de bonne famille se faire violer par un Prix Nobel de la paix, Mazarine Pingeot entend montre dans un roman éclairant qu'il est difficile de lutter contre «des décennies de servitude féminine et d'acceptation du silence.»

https://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/dans-son-prochain-livre-mazarine-pingeot-evoquerait-elle-le-viol-de-sa-niece-par-un-celebre-homme-politique_431921

Commençons par évacuer cette polémique que la presse people s'est empressée de relayer. Il faudrait voir dans ce roman l'histoire de Pascale Mitterrand, la petite fille de l'ancien président. Elle serait l'auteur de la plainte à l'encontre de Nicolas Hulot et les faits relatés par Mazarine Pingeot seraient inspirés par ce qu'elle a vécu. Outre le fait que la romancière et son éditrice rejettent ces allégations, il faut une fois encore dénoncer un faux procès et laisser aux romanciers leur liberté, le droit de s'inspirer de témoignages et de faits divers pour construire une oeuvre de fiction plausible, réaliste.
Le personnage de Mathilde Léger, jeune fille de vingt ans, est au coeur du roman. Fille «du plus grand chanteur français, artiste engagé, et image de la France» et d'une intellectuelle féministe, petite-fille d'un écrivain membre de l'Académie française et également conscience morale du pays, elle a choisi d'être photographe. Parmi ses premiers mandats, elle se voit confier la réalisation d'une série de portraits du Prince de T., Prix Nobel de la paix qui vient de perdre sa fille. Dès les premières minutes du rendez-vous, elle sent que le regard du «grand homme» est bizarre, mais reste fixée sur le travail qu'elle a à faire. C'est alors que les choses dérapent : «Il prend mon visage dans sa main, le serre, […] il pose ses lèvres violemment contre les miennes, et me mord, et cherche ma langue, quand la deuxième main s'enfonce dans mon jean, puis ma culotte et enfin mon sexe, qu'il tient fermement […] il me pousse sur le lit, me traite de petite salope, baisse violemment mon pantalon et s'enfonce en moi, il y reste peu de temps. […] il me dit que je suis belle, qu'il aime ma beauté, qu'il m'a déjà vue dans des magazines, quand j'étais plus petite, qu'il m'avait repérée, que ça faisait longtemps qu'il en avait envie, il est content, il me remercie, mais maintenant il a du travail à terminer, si je pouvais le laisser. »
Malgré le choc et la sidération, Mathilde fait les photos qu'elle était venue réaliser et qui bientôt paraîtront en une du magazine qui l'a engagée et qui lui vaudront de vivres félicitations. Mais pour la jeune fille, ces clichés seront d'abord une marque d'infamie et le douloureux rappel d'une scène qu'elle veut oublier. Parce qu'elle a «été programmée pour ne pas faire scandale. le Prix Nobel l'a bien compris.»
Car ici, contrairement au roman de Karine Tuil qui aborde aussi la question du viol et de ses conséquences, il n'est pas question de porter plainte. le premier réflexe de la jeune fille, c'est de nier la chose, de laisser le silence recouvrir la chose: «Cette scène n'a pas eu lieu, j'en suis le seul témoin, les photos n'en montreront rien.»
Mazarine Pingeot montre fort bien combien il est difficile de vivre avec une telle épreuve. Car on ne se sent pas seulement souillée, on se sent aussi responsable…
«Depuis le Nobel, tout chez moi est coupable, le corps, le manque d'appétit, la fatigue, encore elle, demeurer auprès des miens, les quitter, l'approche de la nuit, le réveil. Les mots comme le silence. Tout s'équivaut, la valeur a failli. Son idée même. C'est dire. Et moi qui préférais l'image, ça me semblait plus vrai, plus fort. Je me raccroche aux mots que je ne dis pas. Je n'ai plus aucune confiance ni dans les formes ni dans les couleurs. Je n'ai plus confiance en ce que je vois.»
Au poids pesant d'une famille qui refuse le scandale vient s'ajouter «des décennies de servitude féminine et d'acceptation du silence.»
Seule Clémentine, la soeur de Mathilde, lui prête une oreille attentive, compréhensive, essayant de la soutenir, de lui changer les idées, de faire que le mal passe.
Sa rencontre avec Fouad marquera-t-elle la fin du traumatisme? Maintenant qu'elle a trouvé un homme avec lequel elle n'éprouve pas de crainte, avec lequel elle a envie de se construire un avenir, avec lequel elle se confie. Et qui l'encourage, bien des mois plus tard, à porter plainte.
Le fera-t-elle? Sera-t-elle prête à accepter le procès? À reprendre cette histoire douloureuse? C'est tout l'enjeu de la fin de ce roman, aussi surprenante que réussie.

Lien : https://collectiondelivres.w..
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Mathilde, dont la famille est particulièrement célèbre ( père chanteur, grand père écrivain) est photographe pour un prestigieux journal du haut de ses 20 ans.

Un jour elle doit réaliser le portrait du prix Nobel de la paix tout juste endeuillé du suicide de sa fille. Victime d'une agression violente par cet homme, c'est la vicitime qui va devenir bafouée et se sentir coupable de cette terrible épreuve.

Mazarine Pingeot , qui n'a pas toujours été défendu dans ses colonnes, nous offre un nouveau roman intéressant, qui surfe parfaitement sur la vague du « #Metoo »,
Son roman sonde le poids écrasant du secret tant les vicitimes doivent apprendre à se taire ne pas faire de vagues.

Un peu comme "Le Malheur du bas » d'Inès Bayard l'an passé, "Se taire" est le portrait au scalpel dans l'intimité d'une femme qui a subi un tél événement.
Mazarine Pingeot montre bien les souffrances au quotidien le cheminement moral qui découle de cet acte, et la souffrance de la victime, qui se trouve sacrifiée par le déni et les conventions.


Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Merci à Babelio et aux Editions Julliard de m'avoir procuré ces épreuves non corrigées du livre de Mazarine Pingeot : « Se taire ».

« Se taire », tout est dit.
Ce silence qui étouffe chaque victime, ce silence qui l'entoure.
L'auteure nous le décrit avec subtilité. Chaque émoi est disséqué et montre et démontre les difficultés subies par la femme bafouée, trop soumise.
Soumise à son éducation, soumise au quand dira-t-on, soumise à l'honneur d'un milieu.
Car tout se déroule dans un monde à part, celui des gens devenus « connus » par une aura artistique ou par la politique. Ceux qui y vivent dans l'ombre et portent un nom suscitent curiosité faussant les relations.
Rien de plus difficile que de vivre sur le devant de la scène : opinion publique, médias déshonorants la profession, journalisme dévoreur, tout est passé en revue et contribue à la déchéance psychologique de l'héroïne du livre.
L'amour va mal, il se reconstruit pour se déconstruire aussitôt. A qui la faute?
Au coupable qui bénéfice d'une autre aura : celle de la paix, celle d'une reconnaissance générale : on ne touche pas aux symboles.
Le prologue est riche et amène à la réflexion.
L'histoire se déroule comme une descente en enfer dans laquelle la victime se débat.
Les conséquences se feront sentir : relations familiales, enfant gravement atteint par la sottise et la petitesse humaine qui suit le mouvement bienséant.
Un livre qui explique bien les mécanismes et les ressorts de la difficulté de nommer les faits et de les dire.
Certes un certain milieu mais « se taire » en est de tous.
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Une jeune photographe de 20 ans se fait violer par le prix Nobel de la Paix lors d'une séance photo. Elle ne peut rien dire, elle ne doit rien dire, ne pas porter plainte car ses parents sont eux aussi des personnalités connues. Elle vit avec ce drame. Elle arrive à créer une relation, un couple avec un homme d'une autre culture, je trouve que l'histoire raconte plus cette possible difficulté de vivre avec une personne ayant une culture différente, un âge différent que de sa reconstruction après le viol.
C'est une lecture en demi teinte.
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L'auteure, dont chacun connaît la naissance et l'enfance cachée, a beaucoup écrit sur ses années là, dont Bouche cousue, qui fut le premier livre que j'ai lu d'elle. Mazarine me touche, m'émeut, je l'admire pour le niveau de qualité de ses analyses sociétales, et malgré la brillance de son parcours culturel, elle demeure une personne mesurée et digne dont les interventions sont accessibles à tous, une personne avec qui je me sens en totale sororité.
La thématique du livre est le viol d'une jeune fille journaliste dont le milieu social est celui de l'intelligentsia parisienne très populaire, par un cinquantenaire, venant de recevoir le prix Nobel de la paix !
Mathilde se confie à ses parents qui lui intiment le silence. Ne rien dire, ne rien faire, omerta totale pour éviter que le déshonneur ne vienne perturber la brillante carrière d'artiste du célèbre père ; elle se confie à sa soeur Clémentine qui, en opposition totale à ses parents lui conseille de dénoncer. Jeune, influençable, Mathilde obéit à se parents.
Se taire, c'est coller un pansement sur une blessure qui ne guérira jamais.
Se taire, c'est imposer un déni à la victime pour lui permettre de survivre.
Se taire, c'est se soumettre à des injonctions supérieures qui aliènent la victime.
Après ça, le parcours de Mathilde sera houleux, douloureux…
Car la violence masculine, comme le viol, est l'acte « banal » de la domination mâle pour assujettir la femelle, créature de servitude éternelle.
Comme à l'accoutumée, l'écriture de Mazarine est maitrisée, incisive ou sensuelle quand il le faut, les phrases fluides. La narration est efficace, l'émotion aussi.
Ce livre me rappelle celui de Karine Tuil, Les choses humaines, également édité en 2019, là où dans le gotha culturel parisien, le scandale est synonyme de la pire des humiliations.
Malheureux constat du conditionnement par notre statut, quel que soit le milieu social, il nous lie.
Apprendre à s'en détacher… un autre programme !

Lien : https://www.babelio.com/conf..
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C'est le premier livre que je lis de Mazarine Pingeot. Une histoire qui peut hélas sembler banale dans le contexte actuel où émergent plusieurs cas de relations incestueuses.
J'ai eu un peu de mal à m'habituer au style d'écriture de l'auteure, un style riche où chaque phrase est lourde de sens. Aucune légèreté, aucune fioriture dans l'écriture, on a l'impression que chaque mot est pesé, c'est presque chirurgical, on ne peut rien ajouter, ni retirer. J'ai même failli renoncer tant je trouvais que c'était oppressant.
L'analyse des conséquences psychologiques d'un viol est percutante. On mesure à quel point la victime est confrontée à la double peine, celle se subir et celle de se taire. Mathilde, après avoir été abusée, est entrée dans une spirale infernale, celle de l'échec dans ses relations amoureuses.
La fin du livre lui offre une petite échappatoire bien que l'auteure nous laisse le soin de l'imaginer.
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Mathilde a 20 ans et doit photographier un très célèbre prix Nobel, un homme respecté et admiré de tous. Elle stresse énormément. Sera-t-elle à la hauteur ?
Mais l'entretien, elle va le vivre en tant que spectatrice, même à travers l'objectif de son appareil, car elle va subir un viol.
Et elle va se taire.
Elle, fille d'une famille connue et médiatisée, qui pourrait la croire ? Qui pourrait croire cette jeune femme de 20 ans ? On va penser qu'elle veut s'inventer une vie, qu'elle veut briller sous le feu des projecteurs. Alors on lui dit de se taire. Et elle le fait. Elle va continuer sa vie, abandonner la photographie, essayer de se réinventer. Rencontrer le père de son fils, se taire, encore une fois. Jusqu'à quel point ?

C'est un bon roman, même si je me suis ennuyée sur une bonne partie du livre. C'est simple : j'ai aimé le début et la fin. Entre les deux j'ai trouvé que c'était un peu long, que les pensées de la narratrice étaient lancinantes, répétées. le sujet abordé est très intéressant : le point de vue d'une victime de viol, une victime "connue". Mention spéciale pour la fin qui m'a surprise, et que j'ai vraiment beaucoup apprécié. Dommage qu'il n'y ai pas eu autant de surprises durant tout le roman.
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Bon livre, Mazarine Pingeot est une magnifique écrivaine. le message qu'elle souhaite passer est réussi, le récit est parfaitement bien emmené.
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Mes avis sur ce livres ont été similaires à des montagnes russes. Je l'ai apprécié comme détesté. Je ne sais pas sur quel pied danser, et quoi penser de ce roman. J'ai aimé la façon d'écrire de Mazarine Pingeot autant que je l'ai méprisé. Je reste sur ma fin, je ne trouve même pas les mots, mais je tiens quand même à dire que je suis déçue malgré un roman bel et bien « sombre et percutant ».
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Elle est jeune photographe, elle débute dans le milieu, sa famille est ultra-connue, et elle se fait violer par un homme célèbre, prix Nobel de la paix. Comment vivre après cet acte?
En pleine affaire #MeToo, en plein bouleversement social, Mazarine Pingeot sort ce livre. Inspirée d'une historie vraie? Rappelons que l'auteure a accusé de viol Nicolas Hulot. Les faits totalement troublants à la lecture de ce livre dont les similitudes se multiplient en cours de lecture.
Où s'arrête la réalité? Où commence la fiction? Peu importe, dans Se taire, on suit les pas d'une jeune femme bouleversée par un homme. Ce viol modifie sa manière de penser et d'agir. Cet acte la hante toute sa vie. Construit à la manière d'un thriller, Se taire décrit le parcours d'une femme perdue, qui survit, qui tente de suivre le chemin tracé par ses pairs, mais sans être totalement dans le moule. Pour cause, son corps est cassé et son âme a été volée. de nombreux livres traitent du sujet de viol, Se taire sort-il du lot? Reconnaissons à M. Pingeot l'intérêt de suivre l'héroïne pendant des années, pour montrer les souffrances au quotidien & le cheminement moral qui découle de cet acte sauvage. Les dernières pages dévoilent un final sauvage & cathartique qui met à mal la morale : jubilatoire.
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