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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Surfant sur la vague du « #Metoo », ce roman explore avec finesse et profondeur l'omerta qui entoure les agressions sexuelles.

Si le viol et ses circonstances sont hélas tristement banals, une jeune femme et un prédateur, celui-ci agissant avec l'impunité que son statut social particulièrement privilégié (un Nobel de la Paix!) lui octroie, sa proie ne tire de sa situation familiale elle aussi exposée aux commentaires publics, qu'une entrave de plus.

C'est ce que met en lumière le roman : la souffrance de la victime, qui ne pourrait s'atténuer que par une reconnaissance, est au contraire niée, sacrifiée sur l'hôtel de la bienséance , et rien ne doit éclabousser l'entourage. Certes il s'agit de la protéger, et on constate lorsqu'elle sort partiellement de ce silence emmurant, les dégâts collatéraux et le cauchemar d'une blessure réouverte.

Le constat est clair : il est impossible ni de garder le secret, ni de le conserver. C'est toute sa vie affective qui pâtit de l'impasse au fond de laquelle elle est terrée.

L'auteure va plus loin et suggère que l'histoire même du viol était inscrite de tout temps, et cela en raison des contraintes que suscite la notoriété, qui fait des célébrités des cibles pour la meute hurlante qui n'a rien d'autre à faire que de se saisir de faits divers vaguement inconvenants, et surtout amplifiés par la bêtise et le pouvoir délétère des réseaux sociaux, puisqu'il est impossible d'en faire abstraction.

Une histoire malheureusement ordinaire, dans le contexte particulier d'une victime médiatique, celui ne simplifie pas les choses pour se reconstruire. le savoir-faire et la culture de l'écrivain transparaissent à travers ces pages, et peut-être aussi l'expérience de n'être pas anonyme parmi les anonymes
Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Hasard du calendrier, ce livre réservé à la médiathèque depuis plusieurs semaines m'est arrivé en pleine tourmente médiatique au sujet du viol et de la parole des victimes, avec l'affaire « Matzneff ».

L'histoire est malheureusement trop courante, un abus de pouvoir d'une personne haut placée, ici un prix Nobel de la Paix, sur une jeune fille qui n'a pu se défendre et s'est fait violer, acte défini comme un crime.

Issue elle-même d'une famille bourgeoise et intellectuelle, où la politique s'invite souvent dans les conversations, elle s'est d'abord bâillonnée, sous état de choc, et n'a pu révéler l'indicible.

Se taire n'est plus la seule issue, à l'heure où toutes les victimes, quelles qu'elles soient, sont exhortées à parler, à révéler, à formuler avec les mots justes, de ceux qui appellent un chat un chat, et un viol un viol. (La loi détaille parfaitement toutes les définitions).

Mazarine Pingeot, qui le précise, n'a jamais subi cette infamie, a su analyser avec finesse toute la problématique de la victime, qui d'abord se sent injustement coupable, puis se confie à ses proches, pour finalement se taire, trop longtemps. Longtemps, c'est le temps nécessaire pour se rendre compte que la gangrène progresse insidieusement, dans le corps, dans la tête, et tue peu à peu.

D'un style assez agréable, et tout à fait accessible, ce roman décrit bien la vie d'une femme qui a connu un « avant » et un « après ».

Oser porter plainte quand il n'y a pas prescription, faire face au scandale s'il s'agit d'une personnalité haut placée, s'exposer à subir la désapprobation de certains, l'épreuve est loin d'être aisée.

Ne plus se taire, révéler, témoigner, dénoncer, se libérer d'un secret létal : telle est l'injonction actuelle.
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Plusieurs fois, j'ai été tenté par un des livres de Mazarine Pingeot. Seulement, en la voyant intervenir dans des émissions culturelles, j'avais une certaine appréhension face à cette enseignante en philosophie. Je craignais que son écriture et ses résonnements soient un peu trop élitistes pour le simple lecteur que je suis.

J'ai très vite été rassuré. Même si elle traite de sujets de société qui font énormément débat, « Se taire » est un simple roman. Aucune digression, aucune analyse complexe, juste une histoire. Elle nous raconte la vie de la narratrice après une agression dont elle a été victime. On la suit dans tous ses déboires amoureux, amicaux et familiaux. On se retrouve au coeur de son quotidien. Mais bien sûr cette aventure n'est ni futile ni innocente. Elle aborde les différentes facettes des conséquences d'un drame traumatisant. C'est donc le lecteur lui-même qui va lancer ses propres réflexions.

Les thèmes abordés mettent en lumière les tabous qui règnent encore dans notre société moderne. le poids de la notoriété, l'impunité des puissants, le statut de la victime sexuelle et plus globalement de la femme, le texte regroupe l'ensemble des préjugés qui ont perduré dans le temps et qui créent encore de l'injustice. le silence apparaît alors comme la seule solution à la vindicte populaire.

Je suis ravi d'avoir dépassé mes préjugés pour découvrir le style Mazarine Pingeot. L'écriture de l'écrivaine est de haut rang et en même temps très agréable à lire. le personnage de Mathilde est attachant et son destin chaotique est passionnant. Loin d'être larmoyant, il se présente comme une vision objective des mentalités d'aujourd'hui, avec leurs faiblesses et leurs incohérences.

Le travail vers un monde plus juste est encore long mais ce livre peut être considéré comme une pierre de l'édifice du changement. Romanesque et utile !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Une jeune femme se fait violer par un prix Nobel de la paix. On la voit lutter pour s'en relever, se laisser séduire par un autre homme et construire tant bien que mal une relation de couple. Sa soeur la soutient, mais pas ses parents qui, personnalités bien connues, la poussent à étouffer l'affaire. Je vous recommande chaudement ce roman de Mazarine Pingeot, qui se montre une de fois de plus magistrale lorsque qu'elle aborde les thèmes du secret et du poids du milieu familial.

Après avoir été marqué par la force émotionnelle de "Magda", j'ai gardé à Mazarinne Pingeot une place de choix sur ma pile, place que "Se taire" à confirmée.

Mathilde est une jeune photographe. Son père est un chanteur vedette, son grand-père est un poète renommé. Cette belle carte de visite familiale la fait remarquer par un magazine, qui l'envoie tirer le portrait d'un prince, récemment honoré d'un prix Nobel de la paix. Viol mondain, dirais-je: Mathilde ne se fait pas brutaliser dans un terrain vague mais elle se laisse maîtriser par l'autorité dégagée par le prince, seul dans son beau bureau.

Et puis elle prend la photo commandée par le magazine…

Comme la plupart des femmes qui subissent cette offense, Mathilde peine à la raconter. Et quand elle parvient à s'en ouvrir à sa famille, on lui conseille poliment d'étouffer l'affaire, pour ne pas se faire détruire par le scandale médiatique qui allait en résulter. le style vif de cette première partie fait particulièrement bien ressentir toute la colère et la haine de Mathilde.

Heureusement, pour supporter tout le poids du milieu familial imposé par ses parents, Mathilde peut s'appuyer sur la sagesse réconfortante de sa grand-mère et sur l'infatigable dynamisme de sa soeur (elle pratique le roller derby, renseignez-vous et vous comprendrez).

Ensuite, le rythme du texte s'apaise lorsque Mathilde rencontre Fouad avec qui, petit-à-petit et avec la méfiance qu'on imagine, elle entame une relation de couple. Fouad fait preuve de beaucoup de bienveillance. Mais tout de même... Je trouvais qu'il avait tendance à faire preuve d'une certaine autorité qui, malgré toute son affection, rappelait un peu l'autorité du prince. Je vous laisse découvrir la suite…

Reste enfin à Mathilde à exorciser son viol, à poser un acte qui la fera prendre le dessus, une fois pour toutes, sur ce qu'elle a subi. J'aime beaucoup la solution proposée par Mazarine Pingeot; je n'en dirai pas plus…

Enfin, si vous avez lu ce livre, je suis curieux de comprendre comment vous avez compris le tout dernier paragraphe. Je me suis demandé s'il signifiait le bout de récit qui le précède était un film que Mathilde s'était joué dans sa tête avant de frapper à la porte (répondez-moi en message privé pour ne pas en dire trop à ceux qui n'ont pas lu). Et j'ai bien apprécié que le récit se termine sur ce petit mystère: cela laisse un beau sillage d'ambiance en terminant la lecture.

Un excellent moment de lecture, même si la force du texte était moins intense que celle de « Magda ». Quoi qu'il en soit, je laisse Mazarine Pingeot sur ma pile, assurément !
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Dans Se taire, la victime 20 ans, jeune photographe, est venue faire des photos du Nobel chez lui, pour un prestigieux journal, lorsque celui-ci la contraint à une relation sexuelle. Mathilde en parle à sa famille, mais son célèbre père fils d'un célèbre poète, la met en garde contre un dépôt de plainte. Ce monde de paillettes est peuplé de requins, de sauvages, d'envieux qui vont saisir cette chance pour mettre à terre et traîner dans la boue son illustre famille, un déferlement de haine risque de s'abattre sur eux par sa faute, aura-t-elle les épaules pour supporter cette violence, ces humiliations ? Alors Mathilde se tait. Elle se tait et se terre, change de métier, et se marie.Et puis un jour, elle confie son lourd secret à son époux qui crie, se fâche, et la pousse à porter plainte. Au commissariat, le policier lui conseille de faire juste une main courante, qui engage moins qu'une plainte qui pourrait avoir des conséquences terribles, en effet pourquoi porter plainte si longtemps après ? Elle doit encore réfléchir, le temps passe. Et puis un jour, l'affaire parait au grand jour.

A l'heure de #balancetonporc et #metoo, Mazarine Pingeot s'est inspirée, pour écrire ce roman, de l'actualité mais peut-être aussi, bien qu'elle s'en soit défendue, de sa cousine Pascale Mitterrand qui, en 2008, avait déposé plainte contre Nicolas Hulot pour un viol commis en 1997, chez lui, alors qu'elle était jeune photographe. Comme Mathilde, elle a changé de métier, comme Mathilde elle s'est tue longtemps, comme Mathilde, ce n'est pas elle qui a décidé de rendre publique son histoire. Il y a de nombreuses similitudes c'est vrai. Mais finalement les histoires de viols ne sont-elles pas toutes un peu les mêmes ? Des femmes contraintes d'avoir des relations sexuelles avec des hommes qui profitent de leur force physique, de leur influence, de leur notoriété... Un livre nécessaire pour comprendre pourquoi certaines choisissent de se taire sans que cela amoindrisse leur douleur. Celles qui crient au crime n'ont pas forcément plus souffert que les silencieuses.
Lien : http://www.levoyagedelola.com/
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Un roman qui décrit très bien les blessures et la souffrance que vit quotidiennement la victime d'un viol qui tait ce traumatisme. de plus ici, le personnage est ici obligé par ses proches de se taire. le clan a plus d'importance que l'individu !!!!!?????
Mais l'autrice décrit vraiment les émotions et le ressenti vécu par une victime de viol. Ce dernier s'imprime profondément dans sa vie de tous les jours. Car la première étape du cheminement vers la guérison est la reconnaissance de l'agression. Ce silence transforme l'agression en une agression quotidienne.
Un roman à lire mais certains passages sont révoltant.
merci à l'autrice.
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« Moi, la fille du plus grand chanteur français, artiste engagé et image de la France, j'ai été programmée pour ne pas faire de scandale. le prix Nobel l'a très bien compris. »
Mathilde, apprentie photographe, est aussi la petite-fille d'un écrivain académicien et d'une intellectuelle féministe. Jeune femme très belle et de bonne famille, Mathilde fera la photo pour laquelle elle est venue au domicile de son prédateur, mais après…

Une histoire très actuelle portée par une plume raffinée, « Se taire » en dit long sur le poids des valeurs familiales, de la notoriété, de l'éducation bourgeoise. de l'ombre qu'elle était enfant, Mathilde est devenue adulte fragile sans défense, la proie idéale. Alors que le déni qui s'est emparé de la victime s'estompe, qu'une lueur apparaît laissant croire à une lente mais possible reconstruction, c'est le spectre de la domination qui ressurgit.

Mazarine Pingeot décrit avec gravité et habileté les méandres d'un fléau humain qui conduit sans retour une femme à la détresse… encore que…
La fin est un peu surprenante mais très bien amenée.
Après le mouvement Mee too, les récentes affaires Matzneff et Polanski , ce roman fait écho à celui de Vanessa Springora.


Lien : https://mireille.brochotnean..
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Ce livre raconte l'histoire de Mathilde, une jeune photographe de vingt ans, violée par une sommité politique au domicile de ce dernier au cours d'une séance photo.
Ses parents et sa grand-mère font pression sur elle afin qu'elle ne dépose pas plainte et qu'elle ne rende pas publique cette agression.
Seule sa soeur Clémentine semble la comprendre et lui apporter tout le soutien dont elle a cruellement besoin.
J'ai apprécié ce roman bien qu'il ne fasse pas partie de mes coups de coeur.
Les thèmes abordés dans ce roman sont ceux qui sont si chers à @Mazarine Pingeot : le poids du secret, le scandale et l'opposition entre valeurs familiales et valeurs individuelles.
La plume de l'auteure est agréable à lire. La psychologie des personnages est très bien décrite.
Je me suis un peu perdue au détour des considérations d'ordre architectural abordées dans une partie du livre.
Cela reste néanmoins un roman intéressant à plus d'un titre.
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Qu'advient-il après un viol ? Mazarine Pingeot à travers son dernier né, paru en cette rentrée littéraire expose toute la manipulation psychologique qui peu résulter d'un tel drame.

Notre narratrice vient d'une famille bourgeoise parisienne bien connue et a un rôle à tenir. Photographe pour un prestigieux journal du haut de ses 20 ans, elle ne peut décevoir lorsqu'elle doit réaliser le portrait du prix Nobel de la paix tout juste endeuillé du suicide de sa fille. Doit-elle révéler au monde qu'il vient de la violer dans son manoir ?

L'autrice développe un thème on ne peut plus d'actualité. Certes, la parole des femmes s'est libérée mais il reste tant à faire car des décennies ont fait de ce sujet un tabou. Si le texte se veut dénonciateur, il ne va, à mon sens, pas assez loin dans la psychologie, ne fouille pas les coins et recoins de la psyché humaine. le récit est trop rapide, la vie reprend son cours trop facilement. le lecteur ne sent pas la destruction, l'effondrement. C'est fort dommage car le roman reste ainsi en marge du sujet mais sans confrontation directe. Peut-être est-ce là une volonté propre à l'autrice mais il restera pour moi, une occasion manquée.
Lien : https://topobiblioteca.wordp..
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le sujet est très tendance , on flirté sur la vague metoo#, l'écriture est intéressante rien à redire mais le thème devient redondant à cette exception près que l'oeuvre de l'auteur est de pure fiction mais c'est très justement analysé .
Comment vivre après un viol, pourquoi le silence familial , est il possible de passer à autre chose ?
C'est d' autant plus intéressant au niveau de l'étude que la narratrice n'est pas la personne agressée et donc son roman ouvre des éclairages différents
Attention cela ne veut pas dire que je comprends et cautionne l'entourage de l'héroïne du livre .
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