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sur 1272 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
On pourra bien s'opposer à la philosophie de Platon, personne ne va nier la puissance exceptionnelle avec laquelle il l'a l'extériorisée. Et en plein coeur de cette oeuvre sublime, les caractères du premier alphabet disposant de voyelles brillent comme jamais dans le dialogue consacré à l'amour qu'est « le Banquet ».
L'atmosphère festive où se déroule la discussion donne au lecteur une impression de fraîcheur et de légèreté, alors qu'il assiste à une discussion portant sur des sujets parmi les plus graves et les plus sérieux, comme l'amour, le sens de la vie, le Beau et le Bien. de plus, comme on le dit avec tant de justesse depuis si longtemps « In vino veritas ». Chacun des convives (exception faite de Socrate dont l'esprit est toujours le plus libre), l'esprit délié par le vin s'y exprimera en toute franchise et avec plus de souplesse et d'ingéniosité qu'il le ferait habituellement.
Dans la continuité de l'Apologie, Platon présente à son banquet un Socrate parfaitement chaste qui ne corrompt en rien la jeunesse. Bien au contraire, l'interruption de la discussion par Alcibiade permet de montrer toute la fausseté de cette accusation faite contre Socrate à son procès, puisque ce dernier, dédaignant même le corps du plus joli des jeunes hommes d'Athènes, n'a jamais fait mine de séduire les jeunes gens que pour leur faire accoucher de leurs meilleures possibilités spirituelles et morales.
Sur le plan du discours, Platon réalise aussi sur son lecteur le même phénomène maïeutique que Socrate pratiquait dans les rues de sa cité. Il sait que personne ne peut s'élever à la moralité si elle est présentée directement, mais qu'en appâtant habilement le lecteur avec des discours esthétiques et légers, l'amour du Bien viendra couronner le tout d'une manière toute naturelle. Son apparent éloge du dionysiaque se transforme ainsi insensiblement et d'autant plus sûrement en un triomphe complet des principes apolliniens.
Quel admirable réussite que ce Banquet!
Platon demeure d'ailleurs le seul auteur de l'Antiquité dont l'oeuvre entière nous soit parvenue (dans la mesure, évidemment où l'on met de côté les hypothèses sur une oeuvre ésotérique qui n'aurait été distribuée qu'entre les seuls murs de l'Académie).
Véritable étoile au ciel de la philosophie, mais aussi de la moralité et de l'art, Platon reste éternellement présent, depuis le moment où il a dicté ou écrit lui-même ses dialogues, en passant par les multiples mains des copistes et traducteurs, puis par les presses d'imprimerie jusqu'aux formats numériques, d'environ 380 avant le Christ jusqu'à aujourd'hui, presque 2500 ans plus tard, il continue encore et toujours à servir aussi magnifiquement de point repère dans l'horizon spirituel humain.
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Que peut écrire un simple particulier, un lecteur de passage, sur un dialogue platonicien comme celui-ci, entouré de deux mille ans de lectures, d'admiration et de grands commentaires ? Il est facile de se couvrir de ridicule et, comble du ridicule, de ne pas s'en apercevoir. C'est Alcibiade qui, à la fin du Banquet, nous indique le bon état d'esprit : "atteint et mordu par les discours de la philosophie" au "coeur ou à l'âme" (218), on a "honte" comme lui devant Socrate, de n'être pas à la hauteur de ce qu'il enseigne et de ce qu'il conçoit (216). Sachant cela, il est peut-être préférable de lire le Banquet avec naïveté, comme si c'était le tout premier livre philosophique qu'on tient entre ses mains, tout en sachant, par la "pensée de derrière", qu'il y a bien plus à voir et à penser qu'on ne saurait dire.

Lire, dire : en effet, il y a loin entre les Atheniens du V s de ce Banquet, et nous qui lisons ce dialogue muettement, solitairement, par l'oeil et par la pensée, deux mille ans après, selon un mode de lecture attesté pour la première fois avec Ambroise de Milan. Dans l'oralité soignée d'une culture de l'éloquence et de la compétition, il s'agit de faire un éloge d'Eros, le dieu de l'amour, lors d'une amicale réunion où chacun va concourir et tâcher d'être celui qui aura le mieux parlé. Il s'agit donc de beaux discours, et d'un dieu qui, pour nous, est mythologique. Au centre de ce Banquet paradoxal où l'on boit peu (sum-posion est un titre un peu trompeur) il y a la figure de Socrate qui, à la fin, sera l'objet des éloges d'Alcibiade. On passera donc d'une figure divine à une figure humaine, d'un dieu évidemment divin à un homme laid, négligemment vêtu, qui renferme, comme Rabelais le souligna plus tard, sous son humble et ridicule apparence une pensée véritablement divine. On ne saurait trouver un meilleur exemple de l'enfantement, par la pensée et l'art grecs, du Logos (la pensée philosophique) par le Muthos (le mythe), incarnés en deux personnes complémentaires et opposées.

De la même façon, ce dialogue nous conduira de la poésie à la philosophie, de l'image au concept, de la rhétorique à la méditation. Ce passage, cependant, n'annule pas son point de départ : en effet, le Banquet est un livre de philosophie magnifiquement écrit, où le concept se dévoile dans l'expression poétique et non malgré elle, et où l'art n'est pas au service de la pensée qu'il viendrait habiller, mais la pensée même. le Banquet est l'exemple typique de l'unité intime du beau et du vrai, ou du moins de la recherche de l'un et de l'autre. Nietzsche, philosophe-artiste s'en souvint, lui qui passa sa vie à méditer sur ce Platon dont il disait, citant les Anciens : "Platon est un ami, mais j'ai plus d'amitié encore pour la vérité" (Plato amicus, sed magis amica veritas).
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Non non … Je n'ai pas laissé prise à la tendance actuelle de mettre la cuisine à toutes les sauces ! D'ailleurs, on mange peu et si on boit, c'est avec mesure à une exception près. Si on a des plats toniques (sic), ce sera uniquement de nature spirituelle.
Non non … Ce n'est pas non plus le repas regroupant la famille au sens large autour d'une table pour la communion du petit dernier. Pas d'enfant ici … et côté festivité, la joueuse de flûte est gentiment priée d'aller souffler dans son tuyau chez les femmes.
Car ce banquet est donné en l'honneur d'un jeune homme, Agathon, brillamment couronné le jour précédent à un concours de tragédie. Et non au raout organisé par la petite Patricia en l'honneur de son « tonton »Fernand de Montauban. On est avec Platon donc et on va philosopher en s'abreuvant à une coupe et non dans une cuisine avec un tord-boyau de composition et de degré inconnu.
On choisit donc de parler et faire l'éloge de l'Amour (aucun espoir qu'on parle de Lulu la nantaise). Et chacun expose à tour de rôle sa perception du sujet.
Et croyez-moi, on en apprend plus que ce qu'on trouverait dans le cul d'une bouteille ! Vraiment pas des propos d'ivrogne … Car Platon tient les rênes et évidemment notre philosophe même pas masqué Socrate saura faire mordre la poussière à ses opposants dont je trouve la naïveté touchante de croire toujours pouvoir battre le héros modeste de ces textes.
On retrouvera notamment un joyeux Aristophane au hoquet opportun, un Socrate laid mais que l'intelligence auréole, Alcibiade éméché qui arrive lorsque la fête est finie et à l'éloge ironique du maître.
Et si on parlait un peu d'amour ? Car c'est tout de même bien de cela qu'on disserte et philosophe dans ce Banquet ! Je laisse la place aux protagonistes afin qu'ils puissent émettre leurs arguments et tentez d'oublier que tout ce qui sera exposé à la fin sera balayé par Socrate …
Et de commentaire … eh bien vous n'en aurez point !
Mais je peux me raviser si vous n'avez toujours pas envie de vous plonger dans la lecture du Banquet …
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Le discours même du Banquet ne peut faire l'objet d'une critique, encore qu'il soit possible d'émettre quelque opinion sur la traduction proposée.

L'édition des Belles Lettres publiée en 1989 s'ouvre par une notice de Léon Robin et se poursuit par une traduction de Paul Vicaire. le texte original en grec ancien est proposé.

La traduction de Paul Vicaire se différencie de celle de Léon Robin (disponible en ligne facilement) dans le sens de la simplicité : périodes plus courtes, expression plus concise. le style reste élégant.

Nous voilà parés pour un voyage passionnant à travers les commentaires du Banquet de Platon à travers les âges. Pour le siècle dernier, les commentaires de Simone Weil, de Léo Strauss et de Jacques Lacan m'ont substantiellement nourrie. La valeur d'un texte découle également de la qualité des analyses et des réflexions qu'il suscite. de ce point de vue, le Banquet de Platon prouve, s'il le fallait, son caractère essentiel.
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« le Banquet » est un livre extrêmement subtil, puissant et plaisant à lire.

J'en ai apprécié l'enseignement dialectique, la recherche graduelle de la vérité par l'intermédiaire des différents orateurs pour aboutir à la conclusion finale donnée par Socrate.

Il apparaît à sa lecture la définition de l'amour dit platonique, c'est à dire comme l'enseigne Socrate l'amour d'une belle âme supérieur à l'amour physique au final même refusé par le philosophe qui a atteint un niveau de sagesse supérieur.

Enfin en supplément, j'ai été également charmé par l'interprétation mythique de la recherche de l'amour dans une autre "moitié" par le poète Aristophane.

Tout ceci mit bout à bout fait de ce livre un classique dont l'influence sur nos cultures me paraît évidente !
Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Ah! L'amour !!!! Comment le définir et qu'en dire ....

Socrate et quelques amis à lui décident de discourir sur le sujet de l'amour. Les uns après les autres, ils apportent leur pierre à l'édifice et l'on découvre toutes les facettes que peut avoir ce mot et ce que chacun projette sur ce sujet.

Lu parce qu'on me l'a conseillé, j'ai été étonnée par la richesse de ce court texte qui apporte des éclairages extrêmement intéressants et très peu dépassés si l'on enlève le peu d'esprit que l'on accorde aux femmes .

Un texte qu'il me faudra relire car s'il est court il est dense .
Lien : http://theetlivres.eklablog...
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Et si l'on avait ici tout simplement le plus grand ouvrage de l'histoire sur l'amour ? Chaque mot est parfaitement â sa place , l'intelligence est partout présente , l'on découvre avec une sensation troublante que ce que l'on pensait étre la véritable vision de l'amour n'était en réalité qu'un leurre . Platon apporte avec ces mots , sa sagesse , une nouvelle maniére de concevoir l'amour , différente , qui vient sans que l'on s'en rende compte , se substituer à notre vision faussée .... Dire que ces mots sont importants c'est peu dire . Essentiel.
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Le philosophe Platon a composé, vers 385 avant J.-C., un ouvrage intitulé le Banquet (to Sumposion, en grec) et qui se présente comme le récit d'une soirée passée chez un jeune poète, Agathon, lequel a convié quelques amis intimes à un dîner. Platon convoque à ce dîner des gloires de la philosophie et du théâtre (le philosophe Socrate, le poète comique Aristophane…) et nous décrit le déroulement de la soirée : au fur et à mesure que les invités arrivent, ils sont pris en charge par de jeunes esclaves qui leur lavent les pieds, puis les conduisent à leur place ; les convives s'installent sur des lits disposés autour de tables basses, et le dîner est servi. Une fois le dîner achevé, l'assemblée chante un hymne en l'honneur de Dionysos, le dieu du Vin. Un des invités, le médecin Éryximaque (dont le nom signifie “celui qui combat le hoquet” !) met en garde les autres convives sur les dangers qu'il y a à s'enivrer, et alors tous décident, d'un commun accord, de ne boire que modérément durant le reste de la soirée. Et Éryximaque propose aussi un sujet de débat : l'Amour.

À tour de rôle, les invités prennent la parole, pour livrer leur vision de l'amour, et les dissertations philosophiques se succèdent, émaillées de quelques incidents cocasses...
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J'ai lu les sept discours sur l'Amour du banquet de Platon dans mon adolescence et c'est probablement un des textes qui a eu le plus d'influence sur moi et sur ce que je suis devenue. Mes souvenirs sont certainement émoussés et je ne me lancerai d'ailleurs pas dans une critique philosophique du contenu mais me contenterai de citer ce qui m'est resté.

Les convives de l'auteur dramatique Agathon exposent leur avis sur l'Amour à travers une joute oratoire au cours d'un dîner arrosé. Phèdre se lance dans une apologie du grand et antique Eros. Pausanias distingue deux Amours, un noble et un vulgaire, Eryximaque différencie lui aussi les deux Aphrodite et étend sa théorie à des considérations physiciennes, artistiques, médicales d'harmonie universelle. Pour Agathon, l'Amour est, contrairement à ce qu'en dit Phèdre, le plus jeune des dieux, et inspire création poétique, convivialité et sociabilité. Enfin Socrate s'emploie à convaincre les autres des vertus de l'amour « platonique », celui de l'absolu. Je passe sur le discours d'Alcibiade, saoul, qui refusera de parler de l'Amour mais fera un éloge de Socrate.

Mais c'est surtout le discours d'Aristophane qui m'a laissé le plus de souvenirs. Il raconte comment l'ancêtre des hommes était autrefois double, deux corps ne faisant qu'un avec deux têtes, huit membres et deux sexes. Ces êtres pouvaient être composés de deux hommes, un homme et une femme ou deux femmes. Pour affaiblir ces êtres, Zeus les a divisés en deux, avec l'aide d'Apollon, et les a ainsi condamnés à rechercher sans cesse leur moitié. La quête de l'amour... de nos jours où nombre de discussions font débats et polémiques sur les thèmes de l'homosexualité, l'intervention d'Aristophane trouve un écho fort moderne.

À mon avis, un grand texte fondateur. de tous les dialogues platoniciens, « le banquet » est l'un des plus accessibles et celui qu'il faut lire pour comprendre les sources de notre manière de concevoir le monde.


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"Le banquet" de Platon.
Cela fait longtemps que je n'ai pas lu de livre et je ne pense pas que j'en lirais plus de deux ou trois ce mois ci, hors mangas (les examens me prennent trop de temps).
Mais je voulais au moin lire un bon Platon pour compenser la chose.

Le banquet : de quoi ça parle ?
Le livre nous parle d'un banquet qui est fait entre plusieurs personnages connus de notre belle Grèce antique (avec Socrate mais en tant que personnage secondaire la moitié du dialogue et ne venant sur le devant de la scène seulement vers la moitié et la fin).
La discussion philosophe s'axe principalement sur la question de l'amour et de la divinité Éros (dieu de l'amour). L'aspect "amoureux" est surtout vu du côté du beau et non pas seulement sur l'aspect sexuel (qui possède tout de même une part importante du livre avec l'amour homosexuel en Grèce antique omniprésente).
La seconde partie est plus un éloge amoureux de la part d'Alcibiade pour Socrate.

J'ai énormément apprécié ce livre. Cela faisait longtemps que j'avais envie de lire de nouveau du Platon (après "La République" que je n'avais pas vraiment apprécié à cause de sa longueur et des idées un peu trop excentriques à mon goût).

En soit je vous le conseille vivement étant également assez rapide comparé à d'autres oeuvres de Platon.

(10/10
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