Suite à un passage de
Didier Pleux sur une radio belge au début du mois de juin, j'ai souhaité me plonger dans quelques écrits de ce "gourou psy" que je ne connaissais pas, mais dont je pressentais que j'apprécierais les idées (déjà l'interview radio m'avait quasi convaincu).
Je rigole quand je parle de "gourou psy", car
Didier Pleux est tout sauf un gourou. Et en matière de psy, s'il est bien psychologue, il semble avoir pour le "tout au psy" assez de défiance (pour ne pas dire davantage...).
Visiblement disciple de
Françoise Dolto, il s'en écarte farouchement à de multiples reprises. D'ailleurs, je dis "disciple", mais c'est une question de génération.
Didier Pleux a baigné dans Dolto comme Dolto doit avoir baigné dans Jung et
Freud. Il s'agit d'un bain forcé dont on essaie de sortir au plus vite.
Didier Pleux part de cas réels. de plaintes, de soucis, d'impasses, de lamentations de parents au sujet de traits de caractère ou de comportements de leur(s) enfant(s). Cela sent le vécu, y compris pour le lecteur qui se retrouvera très vite dans les situations décrites. Mais il ne faut pas croire que
Didier Pleux a une solution "clés en mains". le parcours qu'il surligne est chaotique, fait d'essais et d'erreurs, fatalement. D'ailleurs, un des messages en filigrane (selon moi) est de ne pas hésiter à reconnaître que l'on se trompe, en tant qu'adultes. Rien n'est pire que de s'entêter.
Le propos de
Didier Pleux se déorule sans stigmatisation, ni à l'encontre des adultes, ni à celle des enfants. Il montre les malaises, les doutes, les vides, les ennuis, les déviance (parfois) qu'il a pu observer chez les enfants (et leurs parents). Une grande part de son discours tourne autour de l'acceptation par l'enfant des frustrations inhérentes au développement de soi et à la vie en société. Pleux est assez connu pour ses livres autour de l'enfant-roi, qui devient un adulte-tyran. Si un adulte transfère, projette sur son enfant, et
Didier Pleux peut comprendre le penchant parental, cela va faire subir à l'enfant une pression dont il ne saura pas se servir pour grandir. Idem si l'adulte n'est pas clair avec le deuil, les déménagements, les choix de vie... Il faut se rappeler qu'un adulte est un modèle pour un enfant. Et qu'un enfant n'est pas un adulte en miniature (exit Dolto...).
C'est en cela que
Didier Pleux nous parle de bon sens, de logique, de respect des hiérarchies (et d'autrui). Il y a une place pour l'adulte et une place pour l'enfant dans une famille. Chacun a une position à occuper (bien sûr, ce n'est pas figé, mais il y a des lignes à ne pas dépasser, comme le parent "copain" qui irrite
Didier Pleux, visiblement). Communiquer avec son enfant, c'est OK, mais pas d'égal à égal, et pas spécialement sur tous les sujets. On a le droit, en tant que parent, de répondre "tu verras cela plus tard"...
Qui n'a pas vu un enfant jeter un smartphone ou une tablette de rage? Ou qui n'a pas eu envie d'accéder aux caprices alimentaires d'un enfant, juste "pour avoir la paix"... L'auteur se dresse également contre l'exacerbation du principe de plaisir immédiat. Cela rejoint la tolérance à la frustration. Mais il fustige les parents qui mettent leur enfant sur un piédestal, qui le portent aux nues, qui développent chez leur enfant un comportement de "winner" en voyant dans chaque situation une lutte dont il faut sortir victorieux, qui pensent que pour réussir dans la vie il faut être agressif, guerrier, dur...
Didier Pleux pourfend pas mal de clichés. Des tableaux récapitulatifs en fin de chaque chapitre permettre de concrétiser les enseignements de l'auteur, et les pistes qu'il suggère. La clé est dans la chasse au "sur"... cf. page 100, où
Didier Pleux liste les 5 "S" à proscrire... surstimulation, surconsommation, survalorisation, surprotection, surcommunication...