On sait la force du mythe de l'androgyne primitif ; on sait aussi que la réalisation la moins imparfaite de la fusion et de l'unité des sexes, à savoir l'orgasme, a toujours servi de symbole à l'achèvement et à la perfection des activités humaines apparemment les moins liés à la sexualité, comme en témoigne par exemple le langage des mystiques chrétiens les plus classiques.
Si la sexualité est un lieu privilégié de l'affirmation et de la recherche par l'homme de sa complétude et de sa puissance en même temps qu'un lieu privilégié de l'affrontement à son incomplétude et à sa contingence, c'est à cause de l'originalité et du caractère radical de la différence dont l'être humain se trouve marqué par elle. (page 40)
Or, qu’est-ce que le péché ? Le récit de la Genèse l’a défini de façon exemplaire : faites ceci, dit le tentateur, « et vous serez comme des dieux » (Genèse 3, 5).
Tout l’enseignement de l’Ancien et du Nouveau Testament sur le péché peut être finalement rassemblé autour de ce thème : le péché est une rupture avec Dieu, et cette rupture vient du fait que, d’une façon ou de l’autre, l’homme a voulu s’affirmer lui-même contre Dieu et nier ainsi que c’est Dieu qui était Dieu, s’affirmant du même coup comme celui qui est Dieu.
S. Augustin dira donc que le péché est une imitation perverse de Dieu.
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La conviction préalable à la présente étude est qu'il importe de reconsidérer la position générale du christianisme en matière de plaisir et de sexualité.
Reconsidérer est à prendre ici en son sens le plus strict : considérer de nouveau, sans préjuger du résultat de cette reconsidération.
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