Je n'ai pas tenu jusqu'au bout. Même en tant qu'auvergnat, Montluçon et Clermont-Fd je connais, ça ne m'a pas parlé du tout. Ca sonnait faux. Tout comme les parties à Paris, croiser les grands personnages du temps, dans un train d'enfer en survolant tous les événements. J'ai capitulé. Mieux vaut lire un bon livre d'histoire sur 1848 que ce roman. le coup de grâce ce fut de retrouver plusieurs fois le qualificatif de "sénateurs" alors qu'il s'agissait encore à cette date de pairs de France...documentation approximative? Passons.
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Avant de redescendre, il contempla la Sioule et se tambourina la poitrine. Il était le Roi du Monde.
Pas pour longtemps. La grand-mère était réveillée et plutôt furieuse de voir l'oiseau envolé. Il n'échapperait pas au bol de lait écoeurant, aux taloches et aux jérémiades à propos de son instituteur : "Si c'est pas une honte de vous fourrer pareilles idées dans la tête. Est-ce que j'ai été à l'école, moi?" Napoléon enfin en prendrait pour son grade : "On voit bien que tu ne l'as pas connu l'usurpateur. Il a mis la France à feu et à sang. Et nous sur la paille." On ne parlait jamais politiques chez les Tabarant. Mais la grand-mère aimait le roi, un point c'est tout. Le roi quel qu'il soit. Hier Charles X, aujourd'hui Louis-Philippe, connaissait-elle au moins son nom? Elle savait en tout cas que les guerres napoléoniennes lui avaient volé son homme, et c'était assez comme ça.
Vers la fin du siècle dernier, une vieille dame naguère indigne eut un remords.
Elle se rendit au cimetière de Neuilly et chercha la tombe d'un jeune homme qui fut son amant quarante-cinq ans plus tôt. Les temps étaient alors à la folie, au romantisme et au panache. On s'aimait, on se déchirait. On se battait en duel, on montait sur les barricades.
La sépulture fut difficile à trouver. Comme personne ne l'entretenait ni ne la visitait, elle était envahie de ronces et d'une végétation sauvage. Mme Pilloy dégagea comme elle le put les mauvaises herbes qui recouvraient la tombe et retrouva le nom qu'elle était venue honorer : "Alexandre Tabarant".
Elle revit alors le visage d'un très beau jeune homme et dit simplement, avant de quitter le cimetière : "Pardon, petit aigle."
Contrairement à ce qu'on dit, les hommes sont souvent plus bavards que les femmes. Ils se vantent à tort et à travers. Ils ont une fâcheuse tendance à réécrire l'Histoire.
Dans La Grande Librairie François Busnel reçoit :
Delphine de Vigan, Les Heures souterraines (JC Lattès)
Véronique Ovaldé pour Ce que je sais de Vera Candida (L'Olivier)
Patrick Poivre d'Arvor pour Fragments d'une femme perdue (Grasset)
Justine Lévy pour Mauvaise Fille (Stock)